Yves Tchakounte

Cameroun: 11 mai 2014, une fête des mères amère pour Josépha Kileba

Josépha Kileba ne connaît pas la fête des mères cette année. Depuis plus de 17 ans, elle a le cœur meurtri. Le monde entier s’agite sur le sort des 223 enfants enlevées au Nigéria par Boko Haram. C’est un groupe d’islamistes et criminels qui a kidnappé les enfant pour une destination inconnue. Pendant ce temps, le Cameroun, ce pays de l’Afrique centrale qu’on dit en miniature, s’illustre dans la bêtise humaine. Depuis 1997, Madame Josépha Kileba se voit retirer ses deux enfants mineurs. Ils ont été enlevés pour une destination inconnue. Tout ça avec la complicité des hauts responsables du ministère des affaires sociales (MINAS).

Josèpha Kileba
Josépha Kileba à la recherche de ses deux enfants/Matango Club/Crédit photo : Collectif SOS Enfants Volés

Les débuts de l’affaire Kileba

L’affaire Kileba commence donc en 1997. Il s’agit maintenant d’une affaire pendante au tribunal de première instance du Mfoundi à Yaoundé. La pauvreté et l’indigence obligent dame Kileba à solliciter l’aide du MINAS. Le ministère place son garçon de 2 ans et sa fille de 5 mois dans sa crèche. Celle-ci est dénommée « Centre d’Accueil des Enfants en Détresse » (CAED). Kileba, lasse des démarches vaines, adressée une lettre aux Camerounais ce week-end. Elle écrit comme suit : « Humble camerounaise, malmenée par la vie, j’avais en dernier ressort, eu recours à la protection de cet Etat ». Voilà ! Un pays qui ne peut plus protéger les pauvres citoyens n’est même un « Etat », c’est une palmeraie.

Madame la directrice du CAED propose à la mère de vendre ou de faire adopter les enfants. « Vendre » ? Quelle audace ! Un refus catégorique de Mme Kileba courrouça la directrice. Face à l’affront, la directrice opta pour la force. C’est donc en 1998 qu’une interdiction catégorique d’accéder au CAED fut signifiée à la mère. Celle-ci n’avait plus alors la possibilité de voir ses enfants. Le début de la galère, quoi. Le vrai malheur commence en 1999. Date où l’information selon laquelle les enfants ont été mis en adoption est parvenue à dame Kileba.

Madame Kileba entame les démarches

En 2000 elle prend l’initiative de mener des démarches auprès de la Délégation Régionale du MINAS pour le centre. Sans oublier le ministère. Mais ces démarches se sont soldés par des échecs. Lasse et déçue par l’attitude irresponsable du MINAS, dame Kileba change alors de stratégie. Elle décide de récupérer ses enfants coûte que vaille. Par la suite, elle adresse donc à cet effet une demande de récupération des enfants le 1er août 2007. Cette demande qui se solde par une fin de non-recevoir du MINAS.

En 2009, plusieurs démarches judiciaires ont été entreprises par la mère sans suite favorable. Le problème c’est que, faute de moyens financier pour engager les procédures, tout bloque. Le 06 janvier, une plainte est faite contre Madame NANA Yvonne, Directrice du centre d’accueil des enfants en détresse. Le 23 juin, une requête aux fins d’intervention a été faite à la Ministre des affaires sociales par Me MBOGMBOG. Le 18 juillet, une requête aux fins d’intervention a été faite à Monsieur le Procureur de la république près du Tribunal de Grande Instance (TGI) du Mfoundi.

La réaction du ministère des affaires sociales (MINAS)

Ce n’est qu’à partir de 2012 que le MINAS, dans sa correspondance du 30 juillet, va enfin sortir de sa réserve pour répondre à une ultime requête de la mère qui veut récupérer ses enfants en ces termes. Les termes de la ministre sont sans appels : « Les enfants sont en bonne santé et sont élevés dans deux familles différentes ». Cette correspondance indique également que « Le ministère se penche sur la situation pour une rencontre entre la famille héréditaire et la famille d’accueil ».

Cette réponse est loin de satisfaire dame Kileba qui veut à tous les prix que ses enfants lui soient remis. Tout de suite, dame Kileba sollicite le concours des associations de défense des droits comme « Cameroun Ô Bosso » (CÔB) et la « Commission Indépendante Contre la Corruption et la Discrimination » (Comicodi) qui se mobilisent autour de ce qui est désormais convenu d’appeler « Affaire Kilèba ». Un avocat spécialiste des droits de l’homme, Me Meli Hyppolite, est sollicité pour défendre les droits à la maternité de dame Kileba.

Les démarches de Me Meli Hyppolite

Depuis 2013, les démarches légales de Me Meli Hyppolite ont consisté à la rédaction d’une lettre adressée au MINAS en vue de récupérer les enfants de dame Kileba. Elle avait d’abord comme objectif « Ouverture d’un droit de visite à la mère, communication des documents administratifs de placement des enfants dans les familles d’accueil ainsi que les frais exposés pour leur éducation ». Ensuite et surtout, à une « Requête aux fins de dessaisissement et de dédommagement du MINAS de l’affaire ». Et enfin à une « Requête aux fins de reconnaissance des droits constitutionnels en représentation d’enfants sous placement provisoire, contrôle en révision judiciaire des mesures administratives des deux enfants recherchés  près le tribunal de grande instance du MFOUNDI ».

Les réactions de la ministre n’ont été que des confirmations des bêtisassions diaboliques qui gangrènent les couloirs de ce ministère qui n’a d’yeux que pour le « non-social ». La réponse du MINAS aux démarches de Me Meli Hyppolite sonne comme un coup de poignard : « Les enfants sont la propriété exclusive des familles d’accueil » d’une part, et d’autre part, « Les enfants vont bien et que les mesures sont en train d’être prises pour une rencontre entre les deux familles ». Voilà donc ça !

Et la suite ?

En ce 11 mai 2014, jour de la fête des mères, pendant que tout un « Etat », le Nigéria, se bat au nom de la dignité humaine, pour retrouver ses enfants kidnappés par Boko Haram, un autre, celui dont je suis originaire, le Cameroun, cet « Etat » voyou se bat pour vendre les enfants au nom de la cupidité et la méchanceté. Quelle est cette fête des mères si amère que je viens de passer-là ?

Voilà que ma Tata adorée, Christiane Oto, mère d’enfants elle aussi et présidente de l’association de droit français La Perche, s’est fâchée et elle n’est pas du tout tendre dans cet état et les mots qu’elle crache sont aussi amers « Au nom de quoi ? De qui ? Pour quoi ? Pour qui ? ». Quand je dis que ce pays me dérange, je le pense sincèrement. Un coup de fil à cette dame me le confirme lorsqu’elle avoue avoir été tentée par la corruption pour la réduire au silence à jamais. Un ami à qui je raconte souvent les bêtises de ce pays a toujours la mauvaise habitude de me répondre en reprenant cette citation « L’Etat est un monstre froid ». Et à moi de toujours lui rétorquer : « Le Cameroun est-il un Etat ? ». Vraiment, le pays-ci !

Tchakounté Kemayou 


Cameroun : Les 10 curiosités des Jeux Universitaires

L’Université de Douala, pour la troisième fois de son histoire, abrite depuis samedi 03 mai 2014 la 17ème édition des Jeux Universitaires du Cameroun (J.U) placé sous le thème « Les jeux de la concorde nationale » et organisé par la Fenasu (Fédération Nationale des Sports Universitaires). Ce samedi 10 mai, les 22 universités d’Etat et instituts privés d’enseignements supérieur composées de 4075 participants dont 3143 athlètes, membres des Fans clubs, clubs olympiques, 668 encadreurs et officiels techniques qui ont répondu présents vont se dire au-revoir au cours d’une cérémonie d’apothéose.

Le bilan provisoire des compétitions a dévoilé le classement final qui confirme l’INJS (Institut National de la Jeunesse et des Sport) à la 1ère place avec 16 médailles en or, suivit de l’Université de Douala très applaudie avec ses 11 médailles en or et de l’Université de Yaoundé 1 avec 10 médailles en or respectivement à la 2ème et à la 3ème place.

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L’animation était au rendez-vous. L’Université de Dschang, champion des « Fans Club »
Crédit photo: TKC_Yves

Je vous invite plutôt à jeter un coup d’œil sur des attractions diverses proposées à tous les visiteurs. Aux campus 1 et 2 de l’Université de Douala, les J.U ne sont pas seulement un rendez-vous du sport et de l’olympisme. C’est aussi et surtout l’occasion pour les étudiants camerounais, les cop’s (en langage populaire), de se déstresser à fond.Les deux campus de l’Université de Douala ont été aménagés pour la circonstance. Les attractions diverses sont proposées dès que le visiteur franchit les entrées principales. Ces attractions sont considérées, pour moi, comme des curiosités à pareils circonstance. Un grand rendez-vous annuel sportif et national des universités camerounaises, les J.U ont toujours été des occasions de défoulements récréatifs très courues par les jeunes.

1. L’exposition et l’orientation universitaire : Ce qui attire d’abord le visiteur qui franchit l’entrée du village des J.U ce sont des expositions réservées aux universités elles-mêmes. Ici, même les universités qui ne participent pas aux jeux sont invitées à se présenter au public. Les universités ne manquent pas de stratégies pour se faire connaitre. L’accent est d’abord mis sur la beauté des stands. C’est l’université la plus belle et la plus attirante qui va susciter l’envie du visiteur à venir. Voilà l’orientation marketing que ces universités ont choisi de mettre en exergue. De la beauté du stand à la beauté des hôtesses. Tout y est mis pour créer l’envie des étudiants. Les filières de plus en plus diverses et variées sont proposées : de l’informatique 2D, 3D et 4D à l’expertise maritime, du journalisme classique au web journalisme, de la gestion financière et comptable à la gestion administrative. Le visiteur a donc l’embarras du choix des filières proposées. Le seul regret ici est l’absence criarde des universités d’Etat qui estiment, peut-être à raison, qu’en dehors des journées portes-ouvertes, qu’elles n’ont pas de pub à se faire à pareille circonstance. les universités privées ont donc saisi la perche et se donnent à cœur pour se vendre.

2. La présence du Gabon : Parmi les universités présentes à cette exposition, le Gabon à travers BBS, établissement privé d’enseignement supérieur situé à Libreville, est bel et bien là et se positionne comme une université en pôle d’excellence. C’est une curiosité dans la mesure où personne n’aurait imaginé une université non camerounaise venir dans un campus camerounais se faire une publicité. Curiosité aussi parce que c’est la première fois qu’une université étrangère vienne aux J.U. Une certaine opinion est même allée jusqu’à imaginer les J.U de la Cemac, donc les universités de l’Afrique centrale. En tous les cas, pas mal comme idée ! Mais alors, une université de la sous-région invitant les camerounais à s’y inscrire… C’est quand même osé. Surtout qu’il faut avoir des filières introuvables sur place au Cameroun. En dehors de la « Gestion des risques » qui peut susciter la curiosité du visiteur, toutes les autres filières comme la finance, la comptabilité, le marketing, le management et le droit sont aussi des filières habituelles chez les jeunes camerounais qui n’ont d’yeux que les universités occidentales. Après tout, ce sont des ambitions légitimes sur lesquelles il m’est difficile d’étudier les contours dans ce billet.

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Le déploiement de YooMee au campus 1
Crédit photo : www.camer.be

3. La publicité des produits et services adaptés aux étudiants : Les entreprises qui proposent des produits et services et qui sont susceptibles de se bousculer pour proposer tout ce qui est adapté à la clientèle estudiantine n’existent malheureusement pas. Toutes les entreprises n’ont pas leur place ici. Elles sont donc inexistantes ces entreprises qui ont des options réservées aux cop’s. On aurait dû penser que la clientèle estudiantine n’est pas une option efficace pour nos entreprises. La banque UBS se démarque de toutes de par sa présence et son produit d’épargne spécifique pour les étudiants. Ainsi, il est possible de solder sa pension universitaire à temps en demandant un crédit scolaire et/ou universitaire avec un taux d’intérêt presque nul. C’est la seule différence qui existe entre UBS et les autres banques qui proposent le même produit. Les autres entreprises comme YooMe Cameroon et MTN Cameroon ne sont présentes qu’en tant que sponsors officiels. YooMee Cameroun partenaire traditionnel de l’Université de Douala a des offres spéciales internet (sur le wifi et le résidentiel).  Pendant toute la durée de la compétition les étudiants sont appelés à surfer à haut débit et à téléphoner à un coup très réduit grâce à une couverture wifi sur toute l’étendue des deux campus 1 et 2 de l’université de Douala, sans oublier qu’une réduction des prix sur les équipements des téléphones Smartphones est aussi prisés par les cop’s. MTN Cameroon, c’est le grand sponsor de la Fenasu depuis 12 ans maintenant. Dans un communiqué rendu public le leader de la téléphonie mobile au Cameroun, MTN Cameroon a pris une part active dans : « La participation au réaménagement des infrastructures sportives ; la prise en charge des primes, médailles et trophées des meilleurs équipes et athlète ; l’organisation d’animations culturelles sur le site des jeux ; la fourniture d’équipements sportifs aux athlètes et officiels… ». En plus du fait que tous les sites abritant les jeux portent les couleurs de Mtn Cameroon, le podium où les artistes camerounais viennent se produire chaque soir à partir de 20 heures jusqu’à minuit est offert gratuitement et qui attire davantage le public. Une autre curiosité offerte par ce sponsor officiel c’est la formation gratuite à l’utilisation des technologies innovantes. Les tentes installées sur le site du Campus 1 servent de salles de cours et d’expérimentation. Les étudiants qui sont acteurs des jeux et visiteurs ont l’opportunité de flirter avec le nouveau monde digital de MTN Cameroon.

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Le « Fan Club » de l’Université de Ngaoundéré
Crédit photo: TKC_Yves

4. la diversité culturelle représentée par les « Fans clubs » : C’est l’une des attractions les plus remarquables de cette 17ème édition des J.U. Toutes les universités présentes aux jeux n’ont pas de « Fans Club ». C’est un luxe qu’il faut se payer, car il faut aussi se donner les moyens de l’avoir comme on le fait pour constituer une équipe de football ou hand ou encore de volley. Les « Fans Club » c’est une aussi une équipe constituée d’étudiant-e-s et avec pour objectif principal de booster leurs collègues sportifs pour les amener à la victoire. Ce qui frappe le visiteur qui débarque au campus, c’est d’abord un grand bruit assourdissant provenant de mélodies endiablées de différents « Fans Clubs » qui se rivalisent d’adresse en termes de cadences et d’intensités vibratoires des tambours et de percussion sonores. Il n’y a pas que les équipes en compétition qui les intéresse. C’est à qui va proposer la plus belle mélodie, la plus belle chorégraphie au public pour maintenir celui-ci en alerte. C’est un régal fou de voir comment toute cette jeunesse camerounaise réussit manier la diversité musicale du terroir. Mêmes les costumes ont été conçus pour la circonstance. « C’est les modèles que vous voulez voir ?! » : voilà comment on pourrait traduire cette exclamation à la façon camerounaise face à la richesse vestimentaire que ces jeunes étudiants donnent à voir. Les mots ne suffisent pas pour les décrire en fond et en comble. Les images parlent d’elles-mêmes. A la fin des jeux, le « Fan Club » qui aura eu une meilleure prestation sera promu. Comme quoi, il n’y a pas que les équipes sportives qui auront les médailles. C’est donc l’Université de Dschang (Université publique) et L’Université St Gérôme de Douala (Université privée) remporte chacune la palme d’or, trophée réservé aux « Fans Club ».

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La bouffe à l’honneur
Crédit photo: TKC_Yves

5. La diversité culturelle représentée par les stands de la restauration : On ne le dira jamais assez : les camerounais aiment, pardon, adorent la bouffe. Pas une cérémonie sans réserver un espace spécialement pour la restauration. Peu importe qu’elle soit payant, pourvu que qu’elle soit prévue. Bien que ce soit une habitude dans toutes les cérémonies, les manifestations festives, la bouffe a toujours été une curiosité dans la mesure où chaque cérémonie a son originalité. Partout où il y a la bouffe et la beuverie, il y a aussi les bouches et les panses prêtes et à bonne condition pour une consommation à grande échelle. Du Ndolè de crevettes ou de poissons fumés au Mbongo-tchobi de carpe, du poisson braisé au barbecue, du bouillon aux pattes de porc au Condrè à la viande de chèvre, les restaurateurs se rivalisent aussi pour se faire de la clientèle. Il ne s’agit pas de professionnels aguerris, mais ce sont en majorité des étudiantes qui ont souscrit à cette offre pour se faire un peu de sous pendant ces jeux. A l’occasion donc, elles ne tarissent pas de stratégies pour inviter les camarades étudiants à venir déguster les plats du terroir qu’elles savent le mieux faire. Par curiosité donc, les fins limiers de la cuisine sans être cordons bleus comme moi y vont pour se faire une idée de l’habileté gastronomique de nos séduisantes cuisinières.

6. Handisport : Cette discipline fait partie de ce que la Fenasu appelle « Disciplines para-olympiques ». Les étudiants handicapés, comme d’habitude, ne sont pas en reste pour cette 17ème édition de la Fenasu. Après une rude revendication, ils ont été admis à présenter des disciplines sportives de leur catégorie. Une seule discipline était en lice au départ et avec le temps, une deuxième a été introduite : La course à tricycle et/ou fauteuil roulant et la dynamophilie. Cette année, la curiosité a été le record de la discipline de l’haltérophilie Homme 88 Kg et Femme 65Kg remportée respectivement par l’Université de Yaoundé 1 et l’Université de Ngaoundéré. En attendant que les autres discipline prennent place dans le handisport dans nos universités, le handisport reste la discipline avec laquelle il faudra désormais compter comme des curiosités qui attirent toujours du monde. Cette curiosité est due au fait que la conscience collective a toujours pensé que la personne handicapée n’avait pas voix au chapitre en matière de sport qui exigent de l’athlète une certaine capacité physique avérée. Seul regret par contre, le handisport dans nos universités camerounaise n’est pratiqué que par les handicapés moteurs. Les personnes aveugles réclament aussi une discipline qui leur conviendrait. Pour cette 17 ème édition, c’est une fois encore l’Université de Douala qui remporte la palme d’or de ces J.U. En attendant que les choses vont mieux, je dis bravo à mes chers amis les handicapés.

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La beuverie à l’honneur
Crédit photo: TKC_Yves

7. La vente de la boisson alcoolisée : Il me souvient que tous les bars et espaces marchands commercialisant les boissons alcoolisées avaient été récemment interdits et déguerpis tout autours de l’Université de Douala. Ce respect de la discipline aurait pu persister même pendant les J.U. Bien que semblable à une foire, les J.U se déroulant dans un campus universitaire seraient de loin perçus comme le dit l’adage « Un esprit saint dans un corps saint ». Que non. Ici règne la « folie », cette ambiance féérique chère aux cérémonies festives. C’est la détente, la distraction qui prime. Rien à voir avec ces maximes qui « déroutent » la jeunesse pendant le temps d’une petite récréation d’une semaine par an réservée aux étudiants de toutes les universités camerounaises. Le visiteur n’aperçoit pas les boissons alcoolisées à première vue. Normal, puisqu’elles doivent être discrètes. Elles ne sont visibles que dans les stands de restauration. Le visiteur bien averti et habitué du campus est donc frappé par la présence de ce type de boisson dans un lieu universitaire. Une débauche tout de même ne ferait pas de mal en une semaine, n’est-ce pas ?!

8. la distribution des préservatifs : Depuis le 03 mai, pas un pas sans qu’une étudiante qui sillonne le campus aborde un homme pour lui parler des méthodes de lutte et de prévention contre les MST ou le SIDA. Habitué que je suis à les écouter, j’ai toujours eu, comme beaucoup d’autres camerounais d’ailleurs, du mal à leur prêter ne serait-ce qu’une seule oreille. Mais, ces vaillantes femmes sont toujours là vous tirer les oreilles et à vous dire sans cesse : « La répétition est la meilleur de la science de l’apprentissage ». Comme pour vous rappeler qu’une sensibilisation de plus pour préserver la santé n’est pas de trop pour une jeunesse qui reste l’avenir, la prospérité d’une jeune nation appelée à se construire. Il y va donc de l’intérêt de cette jeunesse d’être toujours en santé pour relever le défi du développement. Lorsque, malgré tout ce beau discours, elle se rend compte que le vaillant gars turbulent que je suis est indifférent, elle évoque alors le cas des préservatifs que les équipes d’hygiène et de propreté ramassent au sol chaque matin dans le campus même en plein cours. Je tends alors une oreille et dis : « Hein ? ». Elle renchérit en disant : « Imagine que les préservatifs n’avaient été distribués aux jeunes étudiants pendant ces J.U, quel aurait été les risques d’infection ? Les jeunes sont vraiment irresponsables !». Heu Yeu !!! M’écriais-je. Tout de suite j’ai eu envie : « Donc les étudiantes libèrent facilement comma ça ici ? Pardon chérie, je veux 10 ». Et à elle de sourire convaincue de m’avoir eu pour de vrai : « Non, grand frère. Comme tu es ma personne je te donne 5, car chacun a droit à 2 seulement par jour ». Même après les J.U ça peut toujours servir cher amis.

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Un environnement propre
Crédit photo: TKC_Yves

9. La campagne de sensibilisation pour l’hygiène et la propreté : Comme je l’ai signalé plus haut, la curiosité la plus marquante pour moi c’est l’innovation que l’Université de Bamenda a instaurée cette année. L’Université de Bamenda est une jeune institution universitaire d’Etat qui n’a que trois ans d’existence. Avec l’Université de Buea, l’Université de Bamenda fait partie des deux universités anglo-saxonnes actuelles que compte le Cameroun. Pour leur troisième participation, cette université va quand même fait parler d’elle. Elle est venue aux J.U de Douala avec cette ambition, non seulement de sensibiliser le monde estudiantin à la notion de propreté, mais surtout de prêcher par l’exemple. Ainsi, son « Fan Club » n’est pas seulement venu pour se défouler les hanches, mais aussi pour ramasser tous les déchets traînant au sol : papiers, nylons, objets dangereux comme les objets pointus et tranchants, sans oublier les préservatifs jonchant le sol dans la broussaille. Vous voyez ?! Les belles occasions comme celles-ci il faut en profiter au max, même en plein air. Les gars ne donnent pas le lait. Expression bien d’ici comme pour dire « No piti in Business » à la manière de l’humoriste ivoirien Gohou.

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Même le « Djambo » était à l’honneur
Crédit photo: TKC_Yves

10. La présence des jeux de hasard : Qui l’aurait cru ? Oui, même ici au campus, les J.U aidant, les jeux du hasard ont accès ici ? Je crois savoir que c’est une erreur des organisateurs ou même une infiltration inaperçue par les vigiles qui sont à l’entrée du village des jeux. En tous les cas, parlons-en tout de même. Le gars dispose d’une machine de fabrication locale. Elle est constituée de bois d’environ 0.25m de hauteur, de 35 cm de largeur et de 60cm de largeur. Sur un écran blanc est inscrit les montant de 0 à 5.000Fcfa ou 10.000Fcfa, c’est selon. Une pièce de 100Fcfa introduit dans la machine vous donne droit un essai pour tourner la manivelle qui va faire pivoter une aiguille qui va s’immobiliser sur un des montants classés en désordre sur le cadran. Exactement comme le loto qui fait ressortir les boules numérotées. Ici, c’est plutôt une aiguille qui vous indique votre gain qui vous est remis à l’immédiat. Le langage populaire appelle ce jeu « Djambo ». Ça désigne aussi ce genre de jeu de jonglerie de cartes où vous êtes appelé à choisir la bonne pour avoir votre gain. En tous les cas, j’ai aimé ça. Beaucoup d’étudiants ont été marqué par cette ingéniosité camerounaise à concevoir aussi des jeux. Tout prêt de là, un autre style de jeux aussi attrayant que le premier. Un grand tableau de presque un mètre carré où figurent les chiffres est à même le sol. Le jeu ici consiste à jeter une pièce de monnaie sur un chiffre qui correspond à un objet (Un seau, des verres, une casquette, un panier, une bassine, etc.) que vous emporté. Attention à ne pas tomber sur un numéro foiré qui ne correspond à rien du tout.

Il m’a fallu tenter à ce jeu de « Djambo » avec une pièce de 100Fcfa pour avoir ce qu’il me fallait pour le taxi du retour. Vous comprenez donc qu’il est toujours nécessaire de bien se préparer aux J.U qui se déroulent chaque année dans une université choisie par la Fenasu. Toutes les attractions sont aussi fascinantes les uns comme les autres. Les tentations sont donc grandes et il est aussi important d’éviter de mauvaises surprises. C’est un conseil pour des hommes qui savent ce que être gallant veut dire. L’année prochaine, l’Université de Yaoundé 1 est pressentie pour accueillir les J.U de 2015.

Tchakounté Kemayou


Pour une histoire de passeport biométrique…

Mon mariage avec la famille Mondoblog de RFI commence le 9 septembre 2013, date à laquelle je reçois une fiche de candidature que je remplis et envoie immédiatement. Il serait peut-être prétentieux de dire ici que j’attachais beaucoup d’importance à ce « concours ». J’étais loin d’imaginer ce que cela pouvait représenter pour moi d’appartenir à cette grande famille des blogueurs francophones. Même un tour dans la file d’actualité du site de Mondoblog ne changeait rien à cette posture, en quelque sorte, naïve. C’est le 7 octobre 2013 que le message de l’équipe Mondoblog RFI m’annonce que j’ai été admis à faire partie de la famille. Du coup, un réel enthousiasme dont je n’arrive pas toujours à percevoir l’origine m’envahit tout d’un coup. Il faut aussi dire que, manifestement, je suis hanté par l’écriture depuis fort longtemps, mais une occasion me manquait pour avoir une tribune où la libre pensée était de rigueur.

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Passeport biométrique CEMAC
Crédit photo: https://ditengou.over-blog.com/

Mondoblog a donc été un déclic qui a réveillé en moi cet esprit. Petit à petit, je me construis mon monde, je partage mes convictions sous divers aspects de l’actualité nationale et internationale à travers les billets si médiocres soient-ils. En 7 mois (d’octobre 2013 à avril 2014) d’existence, je comptabilise plus de 40 billets environ. Ce qui me vaut l’honneur d’être invité via un message de l’équipe Mondoblog le 6 mars 2014 pour être parmi les bénéficiaires d’une formation en « Journalisme et en technique du web » qui aura lieu à Abidjan du 2 au 12 mai 2014. Subitement, je me rends compte que je n’ai même pas de passeport. J’étais en convalescence et j’estimais avoir le temps devant moi. Le 16 mars 2014, je reçois une lettre d’invitation pour la circonstance et je me résous, malgré ma convalescence, de me faire établir ce fameux sésame le plus tôt possible. Je contacte quelques aînés qui me donnent des conseils et des directives. Parmi eux, le Dr Shanda Tonme, président de l’ONG Comicodi (Commission indépendance contre la corruption et la discrimination) qui me fait sonner les cloches avec raison dans un courriel en ces termes : « Tu es encore derrière comme les fesses et j’ai peur que ton émergence n’arrive qu’en 2099. Bon, tout ce constat parce que personne ne comprendrait qu’un Charlot TK connu pour être un intello alerté et un citoyen avisé et moderne, ne dispose pas en permanence d’un passeport ». Non seulement ce message m’avait anéanti, mais c’était aussi et surtout une prémisse de ce qui allait m’arriver.

Le lundi 17 mars, habitant Douala, je suis en route pour la capitale Yaoundé après avoir pris rendez-vous avec Emile, un ami à mon frère aîné, qui est commandant à la Garde Présidentielle (GP) et qui accepte de me donner un coup de main pour accélérer le processus. Nous prenons la direction de l’Emi-Immigration où je reçois le soutien du commissaire. N’ayant pas les frais de timbre de passeport qui s’élèvent à 50 000 F fCa, j’avais pris le soin de contacter un ami une semaine avant qui me l’a promis pour la fin du mois. Comprenez donc qu’il ne pouvait compter que sur son salaire pour me sauver de la « fessée » mémorable de celui que je considère comme mon oncle, Shanda Tonme. J’ai fini de constituer tout mon dossier ce 17 mars et j’ai pris la route vers midi et demi pour Douala, ma ville de résidence avec la ferme conviction de revenir à la fin du mois.

Le 3 avril donc, je retourne à Yaoundé pour payer les frais de timbre pour ce fameux passeport. Mon invitation de RFI en main, je ne manque pas de faire un crochet dans le bureau du commissaire et ensuite de celui de son adjointe qui me donnent la certitude que mon passeport sera tout fin prêt dans deux semaines au plus tard. Je reste à Yaoundé pour attendre le 15 avril et retirer mon passeport. C’est avec cette sérénité que je répondais aux interpellations incessantes de Raphaëlle Constant et surtout de Manon Mella sur la situation de mon passeport en leur disant que tout sera fin prêt le 15 mars 2014. Connaissant assez bien ce pays, je ne doutais pas un seul instant que les paroles d’un commissaire pouvaient être mises en doute surtout pour une situation comme la mienne. Vraiment, j’étais loin de ne pas le croire. A la date du 15 avril 2014, rien ne pointe à l’horizon et je retourne à Douala puisque j’avais un rendez-vous avec mon médecin le lendemain, 16 avril 2014. Je suis resté stressé dans l’attente de ce passeport jusqu’au jour fatidique où le commandant Emile de la GP, à qui j’ai pris soin de laisser le reçu qui permet de retirer le passeport, m’appelle et me dit qu’il a envoyé mon passeport via l’agence de voyages « Buca Vouyage ». Nous sommes le 23 avril 2014, après 3 semaines d’attente. Très content de pouvoir enfin voyager, je cours rapidement à l’agence retirer le passeport. Après l’avoir retiré, j’ouvre l’enveloppe pour contempler le fameux sésame, je soupire après et j’arrête de respirer. Première page et hop, je constate que la photo n’est pas la mienne bien que toutes les autres infos sont exactes. Je reste immobilisé sur place pendant plus d’une heure me demandant ce qui m’arrivait compte tenu du temps qui me restait pour respecter le rendez-vous du 2 mai 2014 à Abidjan. Tout de suite, je renvoie le passeport au commandant Emile qui ne s’était pas rendu compte de l’erreur. Normal, puisqu’il me voyait pour la première fois le 17 mars dernier. Difficile donc pour lui de s’en rendre compte.

Le commandant Emile reconstitue un dossier pour rectification en joignant encore une fois de plus la lettre d’invitation de Mondoblog RFI pour accélérer le processus. Le lendemain, il revient pour prendre connaissance de l’avancement de mon dossier et patatras… Il se fait dire que la Sarcel entreprise chargée de confectionner les cartes nationales d’identité et les passeports camerounais, est en rupture de connexion internet provenant de Camtel (Cameroon Telecommunications). Du coup, la Sarcel ne pouvant plus avoir accès à mon fichier logé dans son serveur pour modifier ma photo, se trouve en arrêt total d’activité. Malchance ! Juste au moment où il faut me servir ? Ainsi, tout le week-end du 24 au 28 avril 2014, moi-même j’ai été victime de cette perturbation d’internet qui a été ressentie dans tout le territoire national. Je suis encore resté stressé jusqu’au 1er mai 2014. J’écris à l’équipe Mondoblog RFI pour annoncer mon échec. En réponse, Raphaëlle Constant m’encourage en me réconfortant et en me donnant une dernière chance. J’appelle mes collègues mondoblogueurs Ulrich Tadajeu Kenfack et Josiane Kouagheu qui expriment leur surprise. Normal ! On ne peut être que surpris. Ils m’encouragent sur mon initiative de me rendre sur place pour m’enquérir de la situation. Grâce à eux, je reprends mon courage à deux mains.

Je repars à Yaoundé dans la nuit du 1er mai 2014 et j’arrive dans la capitale autour de 4 heures le 02 mai 2014. Je vadrouille à la gare routière de Mvan pour attendre 7 h30, heure d’ouverture des bureaux. Le commandant Emile vient me rejoindre et me conduit partout : à l’Emi-Immigration, à la police des frontières, à l’ambassade de la Côte-d’Ivoire, à la Sarcel. Tout ceci pour trouver une issue qui pourrait me permettre de rejoindre mes collègues mondoblogueurs. J’ai même bénéficié des apports des amis, frère et sœur, Bergéline Domou et Mathieu Youbi qui ont essayé de dénouer l’écheveau de cette administration pour trouver une astuce qui pourrait me sortir de la galère. Face à cet échec, je retourne alors sur Douala où j’arrive autour de 23 h 30 le 2 mai et je découvre le message de Josiane qui s’inquiète et veut savoir ce qui se passe. Presque, en larmes, je lui réponds que je ne pourrai pas aller à Abidjan. Le lundi 5 mai 2014, une nouvelle me vient du commandant Emile selon laquelle l’entreprise Sarcel ne pourrait reprendre du service que vers le 15 mai 2014 ! Tout est bloqué. Tout est en panne. Dans quel pays ! Pour l’histoire, le passeport biométrique qui est en cours a été lancé le 19 août 2013 date de la cérémonie d’inauguration de la machine de fabrication capable de produire 1300 passeports par jour. Deux semaines après son lancement, cette machine était tombée en panne. Les techniciens avaient été dépêchés du Canada pour sa remise en service. La panne actuelle est donc la deuxième qui survient après 8 mois de sa mise en service.

A vrai dire ce n’est pas la formation qui m’intéressait. J’avais soif de cette chaleur humaine d’une diversité et d’une densité culturelles certainement humaniste et fraternelle. Sociologue de formation, je voulais vivre cette expérience qui n’est pas unique dans ma vie (je suis un habitué des rencontres initiées par les réseaux sociaux), mais qui est exceptionnelle par sa particularité : les francophones partageant l’amour pour l’écriture, le partage des idées, de la pensée, bref une rencontre de blogueurs, de libres penseurs se réunissant pour échanger. Voilà le challenge que je voulais relever. Hélas ! Les dieux de la technique ont décidé autrement, ajouté à cela de la désinvolture administrative, de l’incompétence notoire.

A travers donc ce billet, je transmets tous mes remerciements à l’équipe mondoblog RFI qui n’a pas cessé de booster mon moral pour avoir ce passeport. A mes collègues Ulrich et Josiane pour leurs encouragements. Mes salutations vont enfin à tous ces mondoblogueurs francophones présents à Abidjan pour qui je dois beaucoup d’admiration à travers la lecture de leur blog respectif. Beaucoup de blog m’ont enchanté et j’ai espoir qu’un jour, un jour nos plumes changeront quelque chose dans ces bêtises humaines que sont la désinvolture et l’incompétence qui tuent et annihilent le génie dont fait preuve la jeunesse africaine.

Complétez vous-même cette phrase : « Pour une histoire de passeport biométrique,… (…J’ai loupé Abidjan ; …Josiane n’a pas eu son chocolat ; …j’ai échappé aux fessées de Ziad sur mes fautes de grammaire et d’orthographe ; …j’ai raté le bisou de Manon ; etc.)

Tchakounte Kemayou 


Le Cameroun singe sa mise au vert

Après un grand tapage médiatique pour l’interdiction des emballages plastiques non-dégradable au Cameroun depuis le 24 avril dernier, le Cameroun signe-t-il définitivement son entrée dans le monde des verts de la protection de la nature avec son Blue Bus? Le premier bus solaire voit le jour en septembre 2010 à Okayama au Japon. Bien que les voitures solaires existent déjà avant, il n’existait pas encore de voitures solaires de transport public. Le Solarve, puisqu’il s’agit de lui, est conçu et équipé des panneaux solaires sur le toit. Ces panneaux solaires peuvent fonctionner en autonomie continuelle et lorsqu’une intempérie survient, les batteries prennent le relais. Voilà pour ce qui est de l’histoire de véhicules solaires.

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Crédit photo: Blue Bus. Le jour de l’inauguration du Blue Bus flambant neuf

Grâce au groupe Bolloré, le 02 mai à Yaoundé, le premier ministre Yang Philémon a inauguré dans la matinée des « Blues Bus ». Ce sont des bus à énergie renouvelable de 20 places maximum. Ils ne sont pas équipés de panneaux solaires comme à Okayama au Japon ou comme dans  la ville de Colonia del Sacramento en Uruguay. Ils sont plutôt équipés de batteries rechargeables de 25 kilowattheures chacune. Les 228 panneaux solaires sont exposés dans un entrepôt situé au lieu-dit « Stade Matéco » de 2000 m² au moins. Après 150 Km de fonctionnement, les véhicules bus sont appelés à rentrer à l’entrepôt se faire changer les batteries qui ont été au préalable rechargées par l’énergie des panneaux solaires afin de couvrir tous les 18 points d’arrêt de Yaoundé qui ont déjà été ciblés. C’est donc une grande première en Afrique centrale. Voilà pour la description sommaire du véhicule.

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Crédit photo: Blue Bus. Un point de stationnement au Campus de Yaoundé 1

Mon séjour à Yaoundé a été d’une grande richesse, quand même. Lorsque j’apprends cette nouvelle de la mise en circulation de ce bus sur toute la ville de Yaoundé, je me dépêche immédiatement au lieu de stationnement unique actuel du bus. De là, j’apprends désespérément que « Blue Bus » n’est réservé que pour les étudiants et les enseignants de l’Université de Yaoundé 1. Mais, ce qui est intéressant, et c’est cela qui me comble de joie, c’est que tout a été prévu pour des étudiants handicapés : pont bascule à l’entrée, espace intérieur réservé aux fauteuils roulants, sièges adaptés et modulables à souhait. Tout y est ! Pour tromper la vigilance des vigiles pour le premier coup d’essai, je me présente comme un « étudiant handicapé ». Une carte d’étudiant m’est exigée. Ce que je n’ai malheureusement pas. J’ai quand même réussi à entrer. J’étais émerveillé et stupéfait. Propre et simple. Pas de luxe. C’est un transport en commun, tout de même !

Il m’est revenu de méditer encore une fois de plus sur les choix de nos gouvernants sur des décisions à prendre concernant l’amélioration des conditions de vie de la population des grandes métropoles. D’abord, pour presque 1 milliard et demi, il est encore préférable d’avoir des bus entièrement autonomes dotés de panneaux sur le toit. Il ne serait donc pas nécessaire de retourner à l’entrepôt pour changer de batteries. Celles-ci ne peuvent fonctionner qu’en cas de défaillance du système photovoltaïque. Ensuite, le fait que le Blue Bus ne soit réservé que pour les étudiants ayant une carte d’étudiants est malheureusement un affront qu’il faudra désormais géré, car l’Association pour la Défense des Droits des Etudiants du Cameroun (ADDEC) ne se laissera pas faire du tout. Surtout qu’elle avait déjà combattu cette gabegie selon laquelle la délivrance d’une carte d’étudiant est subordonnée au paiement de frais subséquents et que cette carte confère au propriétaire le statut d’étudiant. Pourtant, la loi de 1993 sur la réforme universitaire est claire et indique que le paiement des frais de scolarité de 50.000Fcfa donne automatiquement aux propriétaires du reçu de paiement le statut d’étudiant. Aucun autre frais n’est exigé en dehors des frais de scolarité. Enfin, les handicapés vont, pour une fois, profiter d’un système en milieu éducatif qui ne les avait pas donné une place au soleil. Les étudiants handicapés bénéficieront d’un transport gratuit. Mais, le hic est que le Blue Bus a des points d’arrêt qui peuvent être situé loin du domicile de l’étudiant indigent qui ne possède ni fauteuils roulants, ni canne, ni béquilles. Beaucoup d’entre eux vont au campus à quatre pattes sur un support en bois. Dommage !

Tchakounte Kemayou 


Cameroun : CAMRAIL s’invite à la concurrence

De retour de Yaoundé où je me trouvais pour un problème de passeport camerounais que je n’ai pas pu résoudre (J’y reviendrai dans les détails dans un billet), les commentaires fusaient de partout pendant une discussion que j’avais engagée avec mon co-voyageur de siège. Il avait ouvert un site (www.investiraucameroun.com) où l’information selon laquelle l’entreprise de transport interurbain par rail au Cameroun, CAMRAIL (Cameroon Railway) lancera son train Inter-city ce lundi 5 mai 2014 qui va relier pour un premier temps Douala et Yaoundé. J’ai d’abord ri à gorge déployée on aurait cru à un porc sentant sa mort venir. Ce qui a attiré l’attention des autres voyageurs qui se sont demandés s’ils ne se sont pas trompés de car.

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Crédit Photo: TKC_Yves. Le restaurant

« Quelle sauvagerie ! ». S’exclama mon co-voyageur qui n’arrivait toujours pas à comprendre ce cri si indisposant. A dire vrai, rien n’est fait au sérieux dans ce pays. Même les petites études de marchés que les étudiants de BTS appliquent avec modestie échappent toujours aux esprits lucides et clairvoyants que ce Cameroun regorge. C’est cette conclusion tirée à la suite de l’article qui justifie ma sauvagerie, je l’avoue.

En 2013, CAMRAIL, entreprise camerounaise mise en concession au profit du groupe Bolloré Afica Logistic, -voilà-ça ! Encore les Français !-, annonce à grande publicité l’achat et la réception de 40 voitures voyageurs pour un investissement total de 11,2 milliards de francs Cfa. Waouh ! Quel pactole ! Ça doit être des trucs luxueux le genre qui rend aveugle-là. Mais, quelle n’a pas été ma surprise lorsque j’ai vu ces wagons manutentionnés au port de Douala. La chinoiserie ancienne. Une technologie déjà démodée à 11,2 milliards ? Non, pas vrai. Mais, l’objet de ce billet n’est pas la chinoiserie. C’est plutôt la stratégie de marketing mise en place par CAMRAIL qui m’intrigue. Tenez : L’entreprise parle de train à grande vitesse avec une distance de 265 Km entre Douala-Yaoundé de 6h00 à 9h40, donc en 3 heures 40 minutes. Quand j’apprends que Paris-Bruxelles c’est 308 km et Le Thalis fait 1 heure entre ces deux villes, je peux pleurer jusqu’au matin, hein. Restons un peu ici au pays : les agences de voyage par route proposent l’option VIP ou PRESTIGE à 3h30mn. Avec un peu de chance, en fonction de l’affluence sur l’axe routier, le voyage peut durer 3h seulement. C’est donc quoi cette histoire de train à grande vitesse avec la chinoiserie de l’autre siècle ? Vous comprenez pourquoi j’ai ri, n’est-ce pas ? C’est la première incongruité.

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Crédit Photo TKC_Yves: Vue intérieur wagon Classe Primium

Une autre incongruité, et pas la moindre : « Selon Camrail, l’Intercity assurera quatre rotations journalières entre les capitales économique et politique du Cameroun, dont deux départs à Douala à 6h et 14h 45 mn, puis deux départs de Yaoundé, à 10h 25 mn et 19h 20 mn ». Les agences de voyage routier les plus populaires proposent un minimum de 5 voyages pour Douala et pareil pour Yaoundé avec une différence de 15 à 30 minutes d’heure de départ pour les 2 villes. La logique voudrait qu’il y ait la même heure de départ pour le premier voyage de la journée pour Douala et pour Yaoundé. Sinon, il faut une analyse sociologique pour connaitre les raisons qui poussent les Camerounais qui les obligent à aller à Yaoundé et à programmer son voyage plus tôt que ceux qui voyagent pour Douala. A ma connaissance, aucune raison particulière ne peut justifier ces différences d’horaire de départ des 2 départs de la journée. L’affluence dans les gares routières et agences de voyage de Yaoundé est un argument suffisant pour voir cette incongruité de CAMRAIL. A moins d’ignorer les objectifs et les motivations réels de l’entreprise, ces horaires sont conçus par élégance, par suffisance.

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Crédit photo: TKC_Yves. Vue intérieur du wagon Première Classe

La troisième incongruité, c’est la tarification. « Les passagers de l’Inter-city, apprend-on, devront respectivement débourser 9000 et 6000 francs Cfa, pour la première classe (voitures climatisées) et la classe prémium (voitures ventilées) ». Voilà où mon rire a failli précipiter ma crise asthmatique. A vrai dire, jusqu’ici, je cherche ce qui me motiver à entrer dans ce « train à grande vitesse » je ne vois pas. Les agences de voyage routier proposent 2000Fcfa à 3000Fcfa pour le même service que propose l’Inter-city à 6000Fcfa et 6000Fcfa à 7000Fcfa pour le même service que propose l’Inter-city à 9000Fcfa. Voilà où CAMRAIL devrait attraper les Camerounais, champions du moins cher dans le piège. En marketing, mes modestes lectures m’enseignent que le prix ou le coût d’une marchandise ou d’un service est le « piège » pour « attraper » les clients comme une lionne attrape sa proie. Pour bien comprendre comment une entreprise peut rendre la vie difficile à une autre concurrente voire précipiter sa mort à travers la politique de ses prix. Un exemple camerounais pour illustrer cette théorie c’est la bataille des prix sur les boissons gazeuses entre les entreprises « Les Brasseries du Cameroun » détenue par les Français et « Union Camerounaise des Brasseries » détenue par les camerounais contre « Source du pays » détenue par les Libanais qui disent venir casser le monopole et l’inertie des Français et des Camerounais sur ces produits. « Casser » le prix c’est « rendre le produit ou le service accessible au grand nombre ». « Source du pays » a joué sur la quantité et non la qualité de ses boissons. L’argument du coût du transport est plus important que celui de du temps du voyage. Plus récemment, le soudan du Sud, pays en guerre, qui vient d’obtenir des trains plus sophistiqués et plus luxueux que ceux du Cameroun a joué sur le prix par rapport aux concurrents : « Le Nile Train dessert Khartoum, la capitale, à Atbara, une ville située à 300 kilomètres au nord. Et le trajet dure 6h40, soit deux fois plus qu’un voyage en bus. Et les populations semblent ravies, d’autant plus que le prix d’un voyage revient à six dollars, deux fois moins qu’un ticket de bus » (www.slateafrique.com).  Pourquoi les Soudanais, pour moderniser leur chemin de fer avec le même métrique que celui du Cameroun, commande des trains rapides chinois différents des nôtres et qui a coûté 13 millions de dollars seulement !

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Crédit photo: TKC_Yves. Le bar. Voilà-ça, la chinoiserie.
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Crédit photo: TKC_Yves. Le bar. Voilà-ça, la chinoiserie

L’entreprise croit dure comme fer que les arguments de sécurité et d’hygiène pourront jouer en leur faveur. En effet, « Le lancement du train rapide entre Yaoundé et Douala participe de la lutte contre les accidents de la circulation sur cet axe routier, en particulier, et au Cameroun, en général ; le train étant un moyen de transport plus sécurisé que les véhicules ». Comme mesures d’hygiène et de confort, dans le train il existe des cabines climatisées (Pour la première classe) ou des cabines ventilées (Pour la classe prémium), toilettes, rafraîchissants à bord, téléviseurs, voitures neuves, salle d’attente climatisée, sièges auto-réglables…) que les cars des agences de voyage de transport interurbains n’ont pas. Ces arguments sont-ils suffisants pour mettre les concurrents à ses pieds ? Non ! D’autant plus que, même si sont des arguments de poids, il est serait illusoire de penser que les concurrents seront dos au mur comme le sont SABC qui a été obligé de s’adapter aux produits du concurrent.

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Crédit photo: Dieudonné Gaïbaï. Le manutentionne-ment et le dédouanement. Voilà ça., en provenance de chez les Chinois

Je termine ce billet par une analyse intéressante d’un internaute sur la question de la stratégie commerciale de CAMRAIL : « Le seul argument de la sécurité ne suffit pas pour changer les habitudes de consommation des Camerounais. Sait-on simplement le nombre de risques que les Camerounais prennent par jour pour survivre? Même pas peur pour le bus surtout qu’il suffit de lancer une fuite d’information selon laquelle le train pourrait dérailler suite à la vétusté des rails. Cette info fera plus peur au Camerounais que les dangers de « l’axe lourd ». Aussi, lorsque les Camerounais penseront que le train pourrait ne jamais arriver à destination à cause des pannes comme c’est fréquemment le cas sur le tronçon Yaoundé-Ngaoundéré, alors personne n’ira monter dans ce truc alors qu’il a le choix de rejoindre Douala ou Yaoundé en 3 h. Je suis très étonné par la stratégie commerciale de Camrail ».

Bon week-end !

Tchakounte Kemayou 


Crise énergétique au Cameroun : Delor Kamgaing, enjeux et leçons d’une grève de la faim

Après l’annonce de son départ du Cameroun en novembre 2013, les consommateurs camerounais croient enfin, dur comme fer, que le secteur d’électricité détenu par AES SONEL depuis 2001 va maintenant connaître un assainissement digne de ce nom car l’Etat va enfin avoir l’occasion de corriger les erreurs commises pendant plusieurs années et qui ont plombé ce secteur dans l’abîme. Que non ! Immédiatement, AES SONEL décide de rétrocéder la totalité de sa participation (56%) dans à Actis, un capital-investisseur spécialisé dans les pays émergents, à un montant de 220 millions de dollars le 7 novembre 2014.

Du coup, le secteur de l’électricité devient un énigme et les langues se délient sur la future augmentation du coût de l’électricité conformément aux clauses entre l’acheteur (AES SIROCCO LIMITED) et le vendeur (Le gouvernement camerounais). Les consommateurs, à travers la Ligue Camerounaise de Consommateurs (LCC) estiment que la médiocrité du service rendu jusqu’ici par AES SONEL ne justifie pas une augmentation du prix de l’électricité. Et son président, Delor Magellan Kamseu Kangaing décide de faire un sit-in devant le siège de l’Agence de Régulateur du Secteur de l’Electricité du Cameroun (ARSEL) et entame une grève de la faim, suscitant ainsi un remous au sein de l’opinion camerounaise qui est divisée sur le choix de la stratégie qu’a fait le citoyen Kamgaing de se révolter contre le système de gestion opaque de l’électricité et même de l’eau potable dans les villes camerounaises.

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Delor Magellan K. Kamgaing en compagnie de sa Bible et la constitution

Les détracteurs de la grève et le discours de l’inertie : « On va faire comment ? »

Beaucoup de voix se lèvent pour condamner cette grève de la faim qui, pour elles, est peine perdu car le gouvernement ne cèdera pas aux caprices d’un individu. Beaucoup encore envisagerait une action collective à la place d’une grève de la faim dans le but de renforcer le rapport de force. D’autres enfin sont tout simplement septiques et ne croient véritablement plus à une action collective au Cameroun. Ils ont fondé leur argument sur l’échec de cette grève par deux faits majeurs. D’un, dans un article de quotidien gouvernemental Cameroon Tribune du 23 avril 2014, le directeur général de l’agence de régulation (ARSEL) Jean Pierre Kedi dont l’organisme semble principalement interpelé par cette action citoyenne pacifique affirme « qu’aucune hausse du tarif de l’électricité n’est prévue ni envisagée au Cameroun » ; de deux, le 25 avril 2014, suite à une forte déshydratation et une exposition excessive au climat peu clément de Yaoundé, Delor Magellan KamseuKamgaing est transporté d’urgence dans un centre hospitalier pour soins. Ces faits seuls ont suffi pour que les détracteurs se livrent à une séance incantatoire de dénigrement de la grève et d’autosatisfaction suite à la confirmation de leur analyse prospective sur l’échec probable de cette grève.

Il est tout de même aberrant de constater que le camerounais sombre dans la peur, le dénigrement et l’autodénigrement. C’est le résultat d’un pays qui est pris en otage par une clique, une dictature, voire un totalitarisme affiné et ayant comme mode de gouvernance la répression et le matraquage psychologique. Même dans des situations qui intéresse le bien commun, qui augurent un lendemain meilleur -ici le refus de la hausse du prix de l’électricité qui touche bien tout le monde-, les camerounais sont toujours enclins à développer un discours permissif de fatalité excessive. Pour reprendre l’écrivain Patrice Nganang : « Il [Parlant du détracteur, donc, de certain camerounais] ne défend pas ses droits, mais profite de quelque chose de grand pour faire son petit truc à côté. Ne t’attaque pas de front, mais s’en va dire à ton patron, à ton frère, à ta femme, que tu es un salaud. Et pourtant, parfois, dans le tunnel de la tyrannie qui a fait de nous des latéraux, il arrive un moment de vérité comme celui-ci ou le Camerounais est face à face avec sa propre Grandeur historique: Delor Magellan KamseuKamgaing ». Ces détracteurs sont donc considérés comme des lâches qui seront les premiers à profiter des fruits de cette grève. Cette tendance au discours de l’immobilisme, de la passivité et de la fatalité qui consiste à dire que la révolte à nos jours appartient à ceux qui lorgnent des prébendes et l’héroïsme au détriment des pauvres est d’une naïveté déconcertante. Ce genre de discours est symbolisé par une rhétorique usuelle et populaire : « On va faire comment ? » qui signifie en réalité qu’il n’y a plus rien à faire dans un pays où la dictature est l’une des plus vielle d’Afrique. Erreur. Voilà comment le régime de Yaoundé a réduit le mode de pensée du citoyen caractérisé par une myopie intellectuelle à nulle autre pareille. Par cette action de courage et de bravoure qui constituent la plus grande leçon de cette grève de la faim, Kamgaing a le mérite de laisser par devers lui plusieurs autres leçons dont nous sommes appeler à méditer tous.

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Delor Magellan K. Kamgaing, en solidaire

Les 5 leçons de Kamgaing au peuple camerounais

1- La première bataille d’une grève de la faim doit d’abord être celle de la communication. Qu’il mange ou qu’il jeûne, qu’il poursuive ou qu’il cesse, la grève de la faim de Kamgaing avait d’abord pour but de sensibiliser l’opinion sur une stratégie qui pourrait être payante désormais : « La marche demandait une autorisation, or la grève de la faim n’a pas besoin d’autorisation. Et c’est une action forte et inédite » déclare Kamgaing lui-même. A travers donc cette grève de la faim, le président de la Ligue Camerounaise de consommateurs (LCC), à lui seul, a réussi à ouvrir au sein de l’opinion publique et médiatique un chapitre crucial concernant le prix du Kilowatt/heure de l’électricité au Cameroun. Il faut aussi avouer que personne n’accordait une moindre importance à ce dossier étant donné que les camerounais ont toujours eu à subir la dictature des prix des produits de consommation. Même le personnage de Kamgaing n’influençait personne dès le départ.

2-La deuxième leçon de cette grève est la démonstration du courage de cet homme de 39 ans, président de la Ligue Camerounaise de Consommateurs. Le Cameroun est sérieusement pris en otage par une clique (comme je l’ai annoncé plus haut) et, sortir de sa bulle d’enfer et oser s’humilier devant le monde entier, risquer sa vie sous la pluie, le soleil, les affres de la nuit, la solitude est tout autant pire que la souffrance humiliante du peuple sous l’effet du coût élevé de la vie. Dans un pays meurtri par une indifférence totale des dirigeants face à une revendication citoyenne plus ou moins légitime, il serait hasardeux de prendre le risque de les interpeller. Toute personne qui serait tenté par une initiative de revendication citoyenne de ses droits peut déjà considérer, dès le départ, qu’il ne sera pas écouter et qu’il perd son temps pour rien à défaut de risquer sa vie. Dans un tel environnement, seuls le courage et la détermination sont le socle d’une révolte réussie. Dans un pays où les gens ne défendent plus leurs droits et vont jusqu’à se moquer sous cape de celui qui tient à défendre les siens, et que ces gens sont prêt à jouir les fruits de la revendication, dans ce pays-là Kamgaing nous montre ce qu’est un citoyen. Le citoyen c’est celui qui a le courage de se lever et de défendre ses droits, rien que ses droits et tous ses droits, et qui au besoin met en jeu son droit ultime – le droit à la vie (Patrice Nganang), comment de pas parler de son courage et de porter son sac, comme on dit chez nous.

3- La troisième leçon est purementphilosophique et juridique. Elle est contenue dans cette idéologie de l’habeas corpus qui est le fondement même de la citoyenneté : « Mon corps m’appartient, à moi et à personne d’autre et j’en fais ce que je veux » (Patrice Nganang). Mon corps, entièrement mon corps m’appartient, c’est-à-dire: ma tête, mes pieds, mes mains, mon estomac, ma gorge, mon sexe, mes doigts, mes yeux, mon anus. Oui, mon corps m’appartient. Le principe de l’habeas corpus est reconnu comme le socle de la citoyenneté, du maître de soi, du contrôle de soi, bref, de la responsabilité. De ce principe découle le fait que tout individu, tout citoyen, en vertu des droits que lui confèrent les lois de son pays peut revendiquer, sans crainte d’être inquiété, tout ce dont il a besoin pour jouir de son corps. Selon donc ce principe, il serait absurde de maudire quiconque revendiquerait le bien-être en exposant son corps aux aléas de l’environnement. Ce serait lui refuser son droit de jouir de ce qui lui appartient. Voilà ! Aussi simple que cela puisse être compréhensible par tous. Hélas, les férus de la critiques acerbes ne se font pas prier pour exposer leur nudité intellectuelle à la recherche de… je ne sais quoi.

4- La leçon de citoyenneté de Kamgaing est un rêve, une prophétie, voir une rédemption. Se battre pour que le prix de l’électricité ne soit pas augmenté n’est pas un leurre. C’est simple comme bonjour et le rêve ici est de constater que Kamgaing n’aurait pas été le seul à bénéficier des fruits de cette grève. Pour y arriver, il a laissé sa famille, ses enfants, son cadre habituel pour se mettre à même le sol devenu sa chaise, son lit, sous la pluie, le soleil et que sais-je encore. Pour avoir aussi vécu une grève de la faim pendant neuf jours, je sais ce que cela signifie ne pas manger, ni boire, ni rien du tout. Bien que ça soit une épreuve ardue et contraignante, il ne faut surtout pas sous-estime le camerounais, quel qu’il soit, car en chacun d’eux somnole cette grandeur qui a un moment ou à un autre peut se réveiller pour nous dire que nous sommes des gens qui avons notre histoire devant nous. Rien, mais alors rien ne nous oblige d’accepter le statu quo qui est devant nous. La citoyenneté est donc ce qui nous distingue du sauvage, de la meute et de la barbarie.

5-La prise de conscience est sans doute la leçon qui aura eu plus d’écho et plus de retentissement : la visite du sous-préfet qui est venu s’enquérir de la situation. Au fait, cette visite était loin d’avoir pour objectif l’information. L’administrateur, comme à leur habitude, formé et formaté pour la répression citoyenne, est juste venu convaincre le gréviste de libérer le plancher de la voie publique et de rejoindre sa famille. Peu importe. L’avantage est qu’il venu lui-même, loin de son cadre douillet. Un groupe de journalistes de deux quotidiens camerounais Le Jour basé à Yaoundé et Le Messager basé à Douala est venu dire au gréviste leur soutien pour ce noble combat. Il n’en fallait moins pour témoigner de l’intérêt que la presse porte au changement, à la révolution des mentalités de revendication des droits du citoyen que certains semblent considérer comme une perte de temps. L’un des succès est aussi et surtout l’ouverture d’un dialogue sur la question ce lundi 28 avril 2014 en vue de donner la position formelle du gouvernement camerounais. Bien entendu, la LCC entend par là maintenir l’option de la non augmentation du prix de l’électricité faute de quoi le citoyen Kamgaingva se « rassoir pour poursuivre la grève ».

TchakounteKemayou


Crise énergétique au Cameroun : état des lieux

Depuis ce lundi 21 mars 2014, la ville de Yaoundé a encore fait parler d’elle. Dans les chaumières et aussi dans la plupart des réseaux sociaux et les médias de masse, la grève de la faim initiée par Delor Magellan Kamseu Kamgaing meuble les conversations. Après une semaine sainte mouvementée et qui a été marquée par la fameuse apparition de l’image de Jésus sur le mur d’un domicile, le président de la Ligue Camerounaise de Consommateurs (LCC) a décidé de faire parler de lui. Une probable (Future) augmentation du coût de l’électricité au Cameroun est à l’origine de la révolte de ce citoyen qui n’entend pas laisser l’entreprise AES SONEL se permettre une telle erreur qui pourrait compromettre la paix et la sécurité des consommateurs déjà fatigués de subir le poids du management opaque du secteur de production de l’énergie. Cette grève de la faim, malgré le bien-fondé de son objectif, suscite tout de même un remous au sein de l’opinion camerounaise qui est divisée sur le choix de la stratégie qu’a fait le citoyen Kamgaing de se révolter contre le système de gestion opaque de l’électricité. Avant d’aborder cette problématique que j’aborderais dans le prochain billet, un bilan rétrospectif sur l’état des lieux est nécessaire.

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Crédit photo: fr.africatime.com.
Les ingénieurs de AES SONEL à l’oeuvre

L’électricité au Cameroun, un bilan moins élogieux pour un fort potentiel hydraulique

Aux lendemains de la grande récession qui a secoué l’économie mondiale en 1995, la plupart des pays africains qui étaient touchés se voient imposer par les bailleurs de fonds multilatéraux une autre stratégie de management pour sauvegarder les intérêts capitalistes. C’est ainsi que les politiques de privatisation ont été menées de bout en bout par le Cameroun et la Société Nationale d’Electricité du Cameroun (SONEL), candidat à la privatisation, a été l’une des grandes entreprises visées par le gouvernement camerounais. Cette option était la solution miracle pour sauver l’entreprise de la mauvaise gestion due au manque de stratégies managériales pour arrimer l’entreprise aux nouvelles exigences des normes internationales exigées par la concurrence. C’est ainsi qu’un appel d’offre a été lancé le 30 novembre 2000 où il sera question de céder plus de 50% du capital à une structure privée. Après une étude des dossiers des six candidats à la reprise, seule AES corporation des Etats unis a rempli les exigences requises par la Commission technique de privatisation et de liquidation des entreprises publiques et parapubliques. Le 19 juillet 2001 a été alors la date historique de la privatisation de la SONEL qui a coûté 23 milliards de francs CFA et l’élu, AES SIROCCO LIMITED, contrôlera donc 56 % du capital de l’entreprise.

Dix (10) ans après cette privatisation, c’est-à-dire en 2011, dans une étude de commerce et marketing à l’Institut de Formation pour le Développement à Yaoundé, Jean- Louis NDZOUDOM dans sa thèse dresse un bilan sur l’état des lieux de la crise énergétique au Cameroun intitulée « EDC (Electricity Developpment Corporation) et la relance du pool énergétique camerounais : enjeux et perspectives ». Dans cette étude, la dure sentence est donnée pour lancer le débat : « Le Cameroun dispose aujourd’hui du troisième potentiel hydroélectrique d’Afrique. Cependant, la crise énergétique qu’il traverse s’explique moins par l’absence d’exploitation de ce potentiel que par la volonté de ses dirigeants ». Le ton est donc lancé et l’on assistera, plus que par le passé, à une déferlante critique de la gestion du reprenant AES SONEL venant de toute part et allant jusqu’à exiger le départ de AES SIROCCO LIMITED. La source de la crise énergétique venant principalement de la « volonté des dirigeants » il serait intéressante de donner ici quelques indices de compréhension sur les raisons de cette incompétence notoire. Dans une autre étude plus ancienne menée par la SONEL et Electricité de France de 1976 à 1983 et intitulée « Atlas du potentiel hydroélectrique du Cameroun », un inventaire général des ressources hydroélectrique du Cameroun nous montre que le Cameroun dispose de « 23 sites signalés dont les caractéristiques principales sont simplement consignés sur une fiche technique, de 30 sites signalés sur plans dont la fiche technique est accompagnée de documents topographiques et de 59 sites étudiés au niveau de l’esquisse d’aménagement, faisant chacune l’objet d’une note accompagnée de plans qui décrit les conditions naturelles du site et le schéma d’aménagement et donne une évaluation de ses caractéristiques énergétiques ainsi que de son coût de réalisation » (Jean- Louis NDZOUDOM).

Une excessive bureaucratisation et une médiocrité en termes de qualité de service   

« Au Cameroun, la principale source de production d’énergie électrique est la centrale hydroélectrique [qui occupe 76% du parc de production énergétique], parce que l’énergie produite est moins coûteuse, bien que la construction d’une centrale électrique soit onéreuse » (Jean- Louis NDZOUDOM). C’est le fait du fort potentiel naturel exploitable dont dispose le Cameroun en matière de ressources énergétique. Mais, des régimes pluviométriques, la variation des débits, la vétusté des installations existantes et des réseaux de transports rendent l’hydrologie capricieuse. Les contraintes liées à la conjoncture de 1986 et aux politiques économiques d’ajustement structurel font que la production de l’énergie soit tributaire d’une bonne santé financière compte tenu du fait que la construction des barrages est trop coûteuse.

La défunte SONEL, avec 100% des parts détenus entièrement par l’Etat du Cameroun, avait comme principale politique la satisfaction de l’intérêt général, donc le social. Par contre, il serait malhonnête de penser que cette SONEL-là ne faisait pas de bénéfices. Cette privatisation intervenue en 2001 est le fait même de la mauvaise gestion de cette plus-value. La privatisation avait alors deux objectifs : elle visait l’augmentation de l’accès à l’électricité en zone urbaine et rurale d’une part, et d’autre part, l’amélioration, en termes de qualité, de la fourniture de l’électricité. Trois ans après la privatisation (2004), le constat amer du bilan avait déjà été confirmé par un rapport de la Banque mondiale. Pour sauver le bateau en plein noyade, par anticipation (Dans la loi N°98/022 du 24/12/98 sur la réforme du secteur de l’énergie) une multitude de plans avait été mis en branle : la création de l’Agence de Régulation du Secteur de l’Electricité (ARSEL), de l’Agence de l’Electrification Rurale (AER) et de la société Electricity Development Corporation (EDC) sans oublier le « plan de développement du secteur de l’électricité à l’horizon 2030 (PDSE 2030) » qui marque clairement la stratégie du Cameroun de sortie de cette crise. Du coup, plusieurs projets de développement du secteur d’électricité sortent des cerveaux : « Le projet d’aménagement hydroélectrique de Memve’ele, le projet d’aménagement hydroélectrique de Mekin sur le Dja, le programme thermique d’urgence, la réhabilitation du barrage réservoir de Lagdo, le projet d’interconnexion Tchad Cameroun et le programme d’électrification rural pour ne citer que ceux-ci. De tous ces projets, Seul Lom Pangar semble avancé avec la finalisation des études techniques et la mise en oeuvre du plan d’indemnisation et de réinstallation (PIR). Néanmoins, la question de son financement reste préoccupante » (Jean- Louis NDZOUDOM).

La demande en énergie électrique qui croit de 5 à 6% par an exige un investissement conséquent. Comme le prévoit le cahier de charge, AES SONEL doit mettre l’accent sur l’investissement pour justement augmenter l’accès à l’électricité. Toujours dans le contrat de concession entre AES-SONEL et le gouvernement camerounais, l’une des clauses sur lesquelles AES SONEL ne cesse de martyriser les consommateurs, stipule que ceux-ci vont subir trois augmentations du prix de l’électricité afin de permettre à l’entreprise de rentabiliser ces investissements. Le taux d’augmentation du coût de l’électricité a été de 5% entre 2001 et 2002, puis de 7,5% par an jusqu’à 2004, une autre augmentation est intervenue entre 2012 et 2013. Il est fort regrettable de penser que cette même société s’apprêterai à faire subir aux consommateurs une autre augmentation en 2014 alors que la qualité de fourniture de l’électricité par cette entreprise est contestable et ne respecte pas les normes internationalement connues et reconnues. Les consommateurs se plaignent chaque jour des coupures intempestives, des délestages et les sous/surtensions qui endommagent les appareils électriques. Mais, au siège social de AES SONEL, tout détracteur est pris au dépourvu des chiffres élogieux que l’entreprise brandit pour se satisfaire des résultats obtenus : « Plus de 630 milliards de F CFA (960 millions d’euros) investis en douze ans, essentiellement dans la construction de centrales thermiques. Plus de 400 000 nouveaux abonnés, soit un doublement du portefeuille existant lorsque l’américain AES Corporation avait repris 56 % de l’entreprise, en 2001. Et, surtout, une capacité de production dépassant l’objectif de 1 000 MW initialement fixé, pour atteindre aujourd’hui 1 238 MW grâce à la création de deux filiales : Dibamba Power Development Corporation, qui gère une centrale thermique en banlieue de Douala, et Kribi Power Development Corporation, chargée de la centrale à gaz de la cité balnéaire du sud du pays » (Jeune Afrique Economie). Si le bilan est si satisfaisant, comment expliquer que AES Corporation, à la date du 7 novembre 2013, signe des accords de la vente de la totalité de sa participation (56%) dans AES Sonel à Actis, un capital-investisseur spécialisé dans les pays émergents, présent en Côte d’Ivoire, au Kenya et en Tanzanie à un montant de 220 millions de dollars (Jeune Afrique Economie) ? Tout ce bilan peut-il donner raison à AES SONEL de titiller l’opinion sur une future augmentation du coût de l’électricité au Cameroun ? « Non », affirme Delor Magellan Kamseu Kamgaing, président de la Ligue Camerounaise de Consommateurs et qui a tenu à se faire entendre sa voix par un sit-in devant l’ARSEL.

Tchakounte Kemayou


Yaoundé : Mystère sur l’image de Jésus

Yaoundé la belle ! La ville des sept collines ne cesse de me surprendre. Je suis dans la capitale depuis ce lundi 14 avril et il est difficile de comprendre comment la ville est en émoi depuis ce mardi 15 avril. Cette histoire d’apparition de Jésus de Nazareth n’arrête pas de me mettre dans tous mes états. C’est devenu un fantasme que de voir les gens courir dans tous les sens pour retrouver ce Jésus dont on dit qu’il est déjà revenu. Oh ! Que dis-je, qu’il est apparu en image dans un domicile situé à Odza, une banlieue de Yaoundé. Une envie folle me vient de faire le déplacement pour vivre en tant qu’observateur, mais le but de ma présence à Yaoundé, compte tenu de l’urgence, et mes convictions de scientifique d’éviter de « faire foule » me retinrent. Je me résolus donc de me contenter des témoignages. De quoi s’agit-il, donc ?

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Crédit Photo Equinoxe Radio et TV. Dame Amougui pendant son témoignage

Le témoignage de dame Amougui

Aux environs de 17 heures (heure locale) ce 15 avril, dame Amougui qui se considérée comme chrétienne catholique et pratiquante raconte, au micro de Radio Equinoxe, une chaîne privée de Douala, une histoire mystérieuse qui reste encore considérée comme une « découverte ». Je vous livre l’économie de son témoignage que voici : « Je m’apprêtais à aller à la réunion à la paroisse de Messamendongo ; la présidente (du groupe) m’a appelé pour me demander de faire le rapport de ce qui s’est dit à la première réunion, et j’ai pris le bic (stylo à bille, NDLA), j’étais assise sur ma table à manger, je réfléchissais et je me demandais ‘’je peux même commencer par quoi‘’. Je ne savais pas sur quoi j’allais commencer. Dès que j’ai dit ça, j’ai vu la lumière frapper l’ombre de quelqu’un qui est entré, mais je n’ai pas vu la personne. Et quand j’ai vu cette lumière, j’ai eu la chair de poule et j’ai sursauté. Après, j’ai regardé et j’ai vu l’image se montrait plus claire. Je n’ai pas d’abord cru. J’ai appelé mon petit neveu qui vit ici, je lui ai demandé est-ce que tu vois quelque chose droit devant toi ? Il me dit qu’il voit Jésus ; je lui ai demandé s’il est sûr que c’est vraiment Jésus, il me dit oui, c’est Jésus. Je me mets à genoux et je me mets à prier. Je lui ai dit, si tu es réellement Jésus, puisque je dois dire que j’ai vu ta face, je ne vais pas le dire sans preuves ; permets qu’on filme avec ce téléphone. On a pris le téléphone et on s’est mis à filmer et l’image devenait plus claire. A un moment, on a commencé à prier, on a appelé la famille et on a prié toute la nuit. Au fur et à mesure qu’on priait, l’image devenait de plus en plus claire. Le matin, les voisins sont venus, ainsi de suites, les gens arrivent et prient», raconte la dame. Précision de taille, je suis à la neuvaine de la face de Jésus et le mardi en était le 5ème jour ». Ce témoignage semble bien loin d’être une farce, puisque la photo donc la dame parle se trouve partout dans les réseaux sociaux. Il faut avoir les yeux bien écarquillés pour voir ce fameux visiteur d’un autre genre venu bouleverser toute une paisible ville. Jésus là est fort, hein !

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Crédit Photo: Equinoxe Radio et TV. Le mur en question où l’image apparaît discrètement;

Les apparitions des Saints

Après avoir écouté ce témoignage et celui de beaucoup d’autres personnes confirmant la réalité de cette image, je me perdis dans une cogitation qui ne dit pas son nom et deux questions qui me viennent à l’esprit à cet instant précis sont celles-ci : pourquoi Jésus de Nazareth choisirait-il d’apparaître en privé dans un domicile ? Quelle est la signification des apparitions des morts, ou mieux, des Saints ? Il faut signaler que les apparitions les plus célèbres dans le monde sont celles des Saints tels Jésus de Nazareth et de sa mère, la Vierge Marie. Jusqu’ici, ma mémoire peut me tromper, les apparitions de Jésus sont révélées dans la Bible. Mes comptes me donnent en tout douze (12) apparitions au total que je me fais le plaisir de mentionner ici : Selon la tradition, Jésus ressuscité apparut premièrement à la Vierge Marie, au sépulcre (Jn XX 11-18) ; Deuxième apparition aux autres femmes (Matthieu XXVIII, 9-10) ; Troisième apparition aux disciples d’Emmaüs (Lc XXIV 13-32) ; Quatrième apparition à Saint Pierre (Lc XXIV 33-35) ; Cinquième apparition aux Onze, sans Thomas (Jn XX, 19-25) ; Sixième apparition aux Onze et Thomas est là (Jn XX 26-31) ; Septième apparition aux Onze sur les bords du lac (Jn XXI 1-17) ; Huitième apparition aux Onze sur la montagne (Mt XXVIII 16-20 ) ; Neuvième apparition à Béthanie (Lc XXIV 50-53) ; Dixième apparition Ascension (Actes I, 4-11) ; Onzième apparition à saint Jacques, le mineur, le cousin de Jésus, 1er évêque de Jérusalem (I Corinthiens 15, 1-7) ; Douzième apparition à saint Paul (I Corinthiens 15, 8). Pour finir avec cette liste des apparitions des Saints les plus célèbres, je vous livre ici le fruit de mes recherches qui m’ont amené à découvrir que la Vierge Marie a été « découverte » dans le monde quatorze (14) fois selon le site dédié à l’histoire de Marie www.mariedenazareth.com. Il faut tout de même rappeler que ce sont des découvertes les plus célèbres qui sont considérés comme des sanctuaires mariaux : La Chapelle de la rue du Bac : La médaille miraculeuse (Paris, 1830); Kibeho : Notre-Dame des douleurs (De 1981 à 1989, à Kibeho, Marie apparut à plusieurs jeunes filles dont l’une prophétisa le génocide rwandais de 1994) ; Sanctuaire marial de Saragosse : El Pilar, le coeur des chrétiens espagnols (Saragosse, 2 janvier 39) ; Notre-Dame de la Guadalupe : Le portrait céleste (Juan Diego , 1531) ; Notre-Dame du Laus : Refuge des pécheurs (Laus, France) ; Sanctuaire marial de Torrecuidad : Par Amour de la Vierge (sanctuaire marial Torreciudad fondé au11è siècle et promu au 20è par Saint Josémaria Escriva, fondateur de l’Opus Dei) ; N.-D. de Beauraing : La Vierge au coeur d’or (Beauraing en Belgique, 1932) ; N.-D. de La Salette : Sanctuaire de la conversion (Isère) ; Dévotion mariale au Mont Hostyn (13ème siècle) ; Yamoussoukro : La grande basilique africaine ; Notre-Dame de Lorette : La Sainte maison ; N.-D. de l’Annonciation : Ici, le Verbe s’est fait chair ; La tradition mariale du Puy-en-Velay. Cependant, le Cameroun a connu, avant cette apparition de l’image de Jésus, l’apparition de la Vierge Marie. Cette fois-ci c’était le 13 mai 1986 sur un arbre à Nsimalen, non loin de Odza, comme par miracle ! En ce 15 avril 2014, le Cameroun fait donc le plein des apparitions (Jésus et sa mère, Marie). Pays en miniature, donc !

La problématique de la foi (chrétienne)

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Crédit Photo: Equinoxe Radio et TV. Une foule devant le domicile en question

Ma cogitation sur la foi a été quand même suscitée par cette déferlante agitation des camerounais dans leur soif incessante de voir de leurs propres yeux, comme on dit chez nous ici, ce Jésus, cette image de Jésus j’allais dire, afin de confirmer que le miracle est bien possible. Ce peuple-là n’est pas bien différent de Thomas qui n’a pas cru lorsque ses collègues disciples lui ont annoncé que Jésus est bel et bien vivant. Ce même Thomas a d’ailleurs eu une remontrance de Jésus qui lui reproche de lui manquer de confiance. Du coup je m’interroge sur cette foi chrétienne que d’aucun camerounais s’estiment avoir en voulant absolument voir avant de croire comme Thomas, donc ! Voilà donc le résultat de cette misère en la croyance qui hante un peuple meurtri par la peur de son devenir, le manque de confiance en soi. Un ami, Manmut Pem, dont les positions sur la question de la foi me donnent toujours à réfléchir s’offusque donc en ces termes : « Le désespoir est un fonds de commerce dans cette Afrique où la misère semble avoir un avenir très prospère. On appauvri le peuple et après on le met sous le joug des gourous qui se font passer pour des prophètes d’un dieu venu de Nazareth; et du coup on a résolu la question de la mobilisation populaire. Il y a ici une coalition politique des professionnels de la Bible et des voleurs en col blanc des gouvernements africains ». Pour lui, le débat se situerait à partir de 1990 avec la loi sur la liberté d’association (LOI 90/053 DU 19 DÉCEMBRE 1990). C’est elle qui a donné le coup d’envoi à la prolifération de toutes ses Églises dont le but était clairement de remplacer les partis politiques c’est-à-dire de tuer toutes luttes du peuple pour se libérer du joug de la domination oligarchique. Ainsi les religions se sont créées à tout vent et à tous les coups. La balise qui est l’enseignement de la foi a été mise en veille au profit de la fanfaronnade et de l’embrouillamini tout azimut. Du coup, le peuple convertit en chrétien ressemble à ce Thomas qui veut voir avant de croire. Et je ne peux m’empêcher de citer le verset, bouleversant tout de même, de l’évangile selon saint Jean (20, 19-31) où Jésus s’adresse à Thomas et lui disant ceci : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Peut-on, au vue de tout cela, considérer que le christianisme a raté sa mission d’évangile en Afrique ? Bien malin qui répondra à cette question.

Tchakounté Kemayou


Chronique de la situation de la presse écrite camerounaise (suite)

La presse écrite camerounaise est actuellement confrontée à un véritable serpent de mer : le financement de ses activités. Les récents développements des technologies et des techniques dans les domaines de la presse à travers le monde sont venus enfoncer davantage cette presse camerounaise déjà abattue par son incapacité à affronter les défis du monde moderne. Cette presse écrite va donc subir des concurrences surtout déloyales qui lui vaudront beaucoup de déboires. Ces déboires sont de différents ordres, mais ici, je me limiterai exclusivement à l’accès des Camerounais au réseau Internet.

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Crédit Photo: JournalduCamer.org

Le faible développement du réseau camerounais

C’est connu de tout le monde que le Cameroun reste le parent pauvre de la couverture du réseau des télécommunications et plus particulièrement de l’Internet. En 2000, le ministère des Postes et Télécommunication évaluait le taux d’utilisation d’Internet à 3.3 pour 1000. Cinq ans après, dans une thèse de doctorat soutenue à Paris II en 2005 sur l’utilisation d’Internet au Cameroun, Baba Wame fait le triste constat selon lequel les utilisateurs d’Internet au Cameroun se chiffrent à 100.000 personnes seulement. Plus récemment encore, en 2013, les données du cabinet d’analyse internetsociety.org révèlent que le Cameroun a un taux d’utilisation d’internet de 14 %. L’un des plus faible d’Afrique subsaharienne, derrière les pays comme le Burkina Faso (41 %), le Ghana (38 %), le Kenya et l’Ouganda (35 % chacun), le Mali (25 %), le Sénégal (23 %) et surtout ce pays qui sort du génocide, le Rwanda (35 %) ! Pourtant, le Cameroun a une forte potentialité en ressources tant humaines qu’énergétiques capables de hisser le pays parmi les plus fournis et les plus développés en accès Internet haut débit par fibre optique. Si l’on considère que le taux d’accès et d’utilisateur d’Internet est aussi fonction du taux de possession des outils informatiques tels que l’ordinateur ordinaire ou de bureau, le taux d’utilisateur d’Internet, en plus du taux de possession d’un outil informatique sera fonction du PIB (Produit intérieur brut), même avec la suppression de la TVA douanière sur les matériels informatiques importés.

Les différents usages d’Internet chez les Camerounais

Les études menées en 2007 par Carine Laure Koudjou à l’université de Paris-Nanterre révèlent que les matériels informatiques (Ordinateurs) importés au Cameroun sont essentiellement destinés à un usage commercial. Mais ce qui est important pour nous ici, ce sont les usages domestiques ou personnels. Ainsi, le traitement de texte est l’activité dominante pour ces utilisateurs d’ordinateurs. Les activités développées comme DAO et logiciels professionnels, développement de progiciels, montages vidéo sont minoritaires. Cela fait dire à Carine Laure Koudjou que : « Ces résultats montrent une exploitation insuffisante de l’outil informatique et surtout la mauvaise maîtrise des usages qui peuvent en découler. D’autres ne se servent d’un ordinateur que pour avoir accès à internet ». C’est donc dire que, dans la plupart des ménages, Internet est trop loin l’usage le plus répandu. Mais, que cherchent les Camerounais sur Internet, justement ?

En 2005, Baba Wamé affirmait que la principale activité des Camerounais sur le net c’est la recherche des partenaires. « Par exemple, affirme-t-il, les Camerounaises sont les plus présentes sur les sites de rencontres. Sur affection.org, elles battent tous les records. Une femme sur trois (32,17 %) par rapport à l’ensemble des inscrites et une femme sur deux (49,21 %) si l’on ne recense que les Africaines ». Plus curieusement encore, Carine Laure Koudjou affirme, dans son étude, que la principale activité des Camerounais sur Internet c’est « Communiquer » et « Suivre l’actualité » qui ont un score de 80%. Ces statistiques nous montrent bien que la presse écrite, depuis belle lurette, a sa place dans les activités de surf chez les Camerounais. Malgré donc toutes ces insuffisances et ces retards techniques et technologiques, la presse écrite avait les possibilités de se faire une place au soleil. Non seulement elle n’arrive pas à se bâtir une renommée sur le net à cause de sa pauvreté financière, mais elle est peut-être victime d’une concurrence pour le moins curieuse.

La création et la gestion des sites web de la presse écrite camerounaise

Les sites Internet de la presse écrite, j’allais dire les titres de la presse écrite camerounaise ont connu très tardivement leur apparition sur la Toile. Le développement de leur site est à l’image de la pauvreté du réseau Internet. Pourquoi donc les promoteurs de la presse écrite camerounais en particulier et des médias en général sont réticents jusqu’à présent à mettre en place une rédaction spécialisée dans la diffusion de l’information sur le web ? C’est encore une source de dépenses, me dira-t-on ! Car il y aura l’hébergement du site qu’il faut financer, le personnel à y affecter et toutes les charges que cela pourrait coûter aux promoteurs. Mêmes certains titres les plus célèbres comme le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune, les quotidiens privés dits « indépendants » comme Le Jour, Mutations, L’Actu, La Nouvelle Expression, etc. ont des sites qui, pour certains, sont mis à jour 24 heures après la publication sur papier journal et pour d’autres comme quotidien comme Ouest-Littoral qui n’en ont même pas ! Le quotidien Le Messager, par contre, a une situation particulière. Elle a traversé une crise pendant longtemps, et depuis le décès de son promoteur Pius Njawé, la famille se bat tant bien que mal pour restructurer le journal qui a mis son site Internet en veille depuis plus de 10 ans maintenant. Cette situation est encore plus catastrophique pour les hebdomadaires, les (bi-) et (tri-) hebdomadaires qui sont réguliers et célèbres comme Le Septentrion, L’œil du Sahel, La Météo, et j’en passe.

La presse écrite camerounaise pêche donc par son absence criante sur la Toile depuis l’avènement des NTIC. Ceci est le reflet de sa mauvaise santé financière et plus particulièrement sa mauvaise structuration en termes d’organisation professionnelle et corporatiste. Le développement des NTIC sera une aubaine pour les Camerounais de la diaspora qui disposera désormais d’un outil efficace pour se rapprocher de plus en plus de la population d’origine. L’information qui est considérée comme ressource efficace pour un retour aux sources sera alors mise en valeur à travers le net. Le faible taux d’accès au net pour les Camerounais de l’intérieur ne pourrait donc pas être une explication plausible pour mettre en exergue l’absence de nos médias sur le net. Cette absence sur la Toile a donc permis la création des sites de partages des informations contenues dans les quotidiens. La plupart de ces sites ont été mis sur pied par quelques Camerounais de la diaspora qui ont vu qu’il y avait un marché à développer grâce au vide laissé par les promoteurs de la presse écrite. Ces sites de partages (Surtout les plus en vue en ce moment: cameroun-info.net et camer.be) vont alors se développer au détriment de ces journaux nationaux et vont offrir donc des informations qui seront même diffusées avant la publication dans les journaux en question. La concurrence devient alors rude entre les sites d’information de partage et les sites des journaux existants sur le net. D’autres parlent même de concurrence déloyale ou pire, de « vol » des articles par ces promoteurs de sites de partage qui raflent la mise en termes de nombre de visites par jour et qui se chiffrent en centaines de milliers. Du coup, le débat est ouvert sur l’autorisation ou le droit de partage que ces promoteurs des sites de partage s’octroient pour la diffusion des articles de presse. Mais, le problème se pose parce que la presse, comme je vais le démontrer dans le prochain billet, n’arrive pas à rentrer dans ses fonds dans la vente des journaux papier. Du coup, il se pose aussi la problématique du financement de cette presse qui se porte de plus en plus mal. Avant d’aborder la problématique du droit d’auteur, le prochain billet sera consacré à la gestion de la vente des journaux papier au Cameroun.

Tchakounté Kemayou  


Cameroun : trois religieux kidnappés, Boko Haram soupçonné

Dans la nuit du vendredi 4 au samedi 5 avril 2014 trois religieux ont disparu subitement. Selon les témoins, aux environs de 23 h45, heure locale, les hommes armés ont débarqué dans leur paroisse appelée « Paroisse de Tchéré ». C’est une bâtisse située à environ 20 km de Maroua (800 km au nord de Yaoundé), capitale de la région de l’extrême-nord du Cameroun. Région voisine du Nigeria. Il s’agit des prêtres italiens Giampaolo Marta, 47 ans, arrivé au Cameroun en 2004 et Gianantonio Allegri, 57 ans,  de nouveau au Cameroun depuis septembre 2014 après avoir passé 10 ans depuis 2002. Les deux sont originaires de Vicence, dans le nord de l’Italie. La sœur canadienne Gilberte Bussière, âgée de 80 ans, vit au Cameroun depuis 1979 et appartient à la Congrégation Notre-Dame de Montréal qui compte une vingtaine de religieuses dans le pays.

Cameroon Kidnapped Missionaries

Pour l’histoire, les kidnappings de ce genre ne datent pas d’aujourd’hui. Rappelons que  dernièrement, le rapt du prêtre français Georges Vandenbeusch, 42 ans, a fait beaucoup de bruit. Il avait été kidnappé un 14 novembre 2013 dans son monastère, la paroisse de Nguetchewe, près de Koza, dans le nord du pays, à 700 kilomètres de la capitale Yaoundé, une zone considérée comme très dangereuse. Avant lui, le 19 février 2013, la famille Moulin-Fournier avait elle aussi été enlevée.

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Le père Gianantonio Allegri

Ces deux derniers kidnapping avaient connu un tapage médiatique international à tel point  que les soupçons qui pesaient sur le groupe islamique Boko Haram ont fini par être confirmés par le chef Abubakar Shekau, leader du groupuscule depuis 2009. C’est donc avec cette certitude que le père Henri Djonyang, vicaire général du diocèse camerounais de Maroua-Mokolo, joint par l’AFP, affirme que les religieux ont été enlevés par des hommes armés de Boko Haram. «Ce sont eux qui l’ont fait », affirme-t-il sans hésitation.  Mais, comment alors comprendre ce kidnapping qui est un de trop?

Tout juste après la libération de la famille Moulin-Fournier, la presse camerounaise et beaucoup d’opinion diverses soupçonnaient le gouvernement camerounais d’avoir donné une rançon au groupe islamique Boko Haram pour la libération des Blancs français. Ces soupçons se sont encore renforcés lorsque la même France a encore eu maille à partir avec le kidnapping du prêtre Georges qui a été libéré quelque semaines après. Ces série de rapts et de libérations à n’en plus finir font penser que c’est devenu un marché tant du côté du Nigeria que du  Cameroun. Quelque leaders d’opinion se demandent au fait, pourquoi cet intérêt et cet empressement à libérer les otages blancs alors que beaucoup de Camerounais qui dans ces régions voisines du Nigeria vivent le calvaire? N’y aurait-il pas des acteurs de l’ombre qui tireraient des ficelles dans ce kidnapping en séries? Il ne fait donc aucun doute qu’il y ait des intérêts en jeu et que l’Etat camerounais gagnerait à se raviser sur sa stratégie. En tous les cas, qui vivra verra!

 Tchakounte Kemayou