Crédit: MINSANTE Cameroun

Vaccin anti Covid-19 et réticence du personnel de santé au Cameroun

Presque trois ans après l’apparition au Cameroun, la Covid-19 est encore d’actualité. Le défi pour les autorités aujourd’hui est concentré à la vaccination. Face à la prudence, la population reste encore réticente. Ce qui fait problème justement, ce n’est pas la population, mais le personnel de santé. Pourquoi craint-il pour quelque dont ils sont sensés maîtriser les contours ?

Covid-19 et état des lieux au Cameroun en novembre 2023

Le Cameroun n’est pas complètement sorti de l’auberge trois mois après l’apparition de la Covid-19. La situation sanitaire montre des séquelles qui restent encore graver dans les mémoires collectives. Les chiffres publiés par le Centre de Coordination des Opérations d’Urgence de Santé Publique (CCOUSP) sont révélateurs. Le 6 novembre 2023, le Cameroun a enregistré 125.211 personnes confirmées à la Covid-19. Parmi elles, on dénombre 1.974 décès avec un taux de guérison de 98,4%. Au niveau du traitement, on peut tout de même affirmer que c’est un succès.

Le Ministère de la Santé Publique (MINSANTE), avec le soutien de la communauté internationale, souhaite aller plus loin. Il signe les recommandations du groupe stratégique d’experts de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en avril 2021. C’est le début d’un long processus de lutte contre la pandémie mondiale.

L’OMS préconise alors la vaccination comme pilier à la réponse contre la pandémie à la Covid-19 en 2021. Un an après, vers la fin 2022, un gap de deux millions de personnes vaccinées a été atteint. Au 8 octobre 2023, le Cameroun a atteint le gap de 3.753.733 personnes ayant reçues au moins une dose de vaccin anti Covid-19. Cela représente un taux de vaccination de 26,7% de la population cible selon les statistiques du CCOUP. Au regard de ces données, le pays est loin d’atteindre la barre de 50% comme objectif. Mais, ce qui fait justement problème c’est le personnel de santé.

Quel est l’état de vaccination du personnel de santé sur la Covid-19 au Cameroun ? Selon la même source de l’OMS, la feuille de route consultative d’experts inclut le personnel de santé comme l’une des priorités des groupes à vacciner contre la Covid-19. Ce personnel de santé est considéré par les experts comme les personnes à risque. Pour cela, la barre de 100% a été fixée comme objectif à atteindre. Comme bilan sur la situation de la Covid-19, 4.793 personnels de santé ont été infectés. Parmi eux, 61 décès. A l’état actuel de la vaccination anti Covid-19 au Cameroun, les statistiques présentent un taux de 48,8%.

Covid-19 et réticence à la vaccination des personnels de santé

Les statistiques sur la situation de vaccination contre la Covid-19 au Cameroun présentent des résultats non satisfaisants. Ce qui est décrié par les experts de l’OMS, c’est la réticence des populations face à l’inconnu qu’est la Covid-19. A travers des stéréotypes socioculturels, elles ont développé une résilience qui leur a permis de vaincre plus ou moins la pandémie. On peut affirmer que les chiffres officiels représentent des personnes diagnostiquées dans les centres de santé. Plusieurs Camerounais se sont limités à la médication traditionnelle ou l’automédication.

La progression fulgurante de la contamination à la Covid-19 a fit courir dans l’opinion des idées reçues. Qu’à cela ne tienne, on peut leur en concéder pour des raisons évidentes d’une idéologie du panafricanisme en vogue. Nul besoin ici de faire un développement ou d’en porter un jugement.

Mais ce qui inquiète le plus c’est ce personnel de santé qui reste encore retissent. Comment comprendre que 48,8% seulement de personnel de santé soit vacciné alors qu’il est supposé donner l’exemple aux autres ? C’est une question très importante qui préoccupe au haut point l’OMS. En principe, le personnel de santé est supposé amener la population a accepter les soins. Il est également supposé être plus protéger que d’autres. Par conséquent, il doit accepter d’utiliser les méthodes qu’il propose lui-même aux patients. S’il refuse d’appliquer ces conseils sur lui-même, c’est la preuve que quelque chose ne tourne pas rond.

Le personnel de santé est au centre de la lutte contre les épidémies et les pandémies comme la Covid-19. Il est considéré comme celui qui est directement en contact avec les patients. Et par conséquent mieux placés pour les convaincre. Il fait donc partie d’un pan dans le canal de communication dans la lutte contre la Covid-19. Il est mieux placé pour amener les patients à accepter un traitement. En plus, par le fait qu’il est en contact avec les patients, il est le plus exposé. Raison de plus pour lui d’accepter toutes protections. Il devient donc difficile de comprendre cette réticence.

Une enquête pour comprendre les réticences à la Covid-19

La situation vaccinale contre la Covid-19 dans le corps du personnel de santé au Cameroun ouvre un débat important. Le contexte ici est cette situation vaccinale qui montre clairement un comportement qu’on peut qualifier de « rébellion ». On pourrait dont poser comme hypothèse selon laquelle, plus la vaccination anti Covid-19 de personnel de santé n’est pas satisfaisante, plus le taux de vaccination anti Covid-19 de la population sera faible. Si cette hypothèse est un contexte, cela signifie que l’amélioration du taux de vaccination de la population à la Covid-19 passera par la non réticence des personnels de santé.

Cette hypothèse sur la réticence des personnels de santé est pour le moment considérée comme prétexte de départ puisqu’aucune enquête ne l’a encore vérifié. Le seul fait de chercher à connaître les raisons de cette réticence est déjà un grand pas pour comprendre la lenteur de la vaccination, non seulement contre la Covid-19, mais de toutes les autres maladies. C’est donc dans ce contexte qu’une enquête initiée par l’OMS et le MINSANTE est en cours du 13 au 22 novembre 2023. L’objectif de l’enquête est de « recueillir les informations sur les prédicateurs de l’acceptabilité de la Covid-19 et d’autres vaccins ».

Les « prédicateurs de l’acceptabilité de la Covid-19 » chez le personnel de santé peuvent être purement techniques ou scientifiques. Ce personnel étant au fait de l’actualité scientifique dans le monde peut disposer d’éléments (vrais ou faux) qu’il faudra démystifier. Il peut estimer que la mise en circulation du vaccin contre la Covid-19 n’a pas respecté les protocoles. Pire encore, les cas des effets secondaires sont plus élevés que la normale.

Les prédicateurs peuvent également être d’ordre professionnel ou personnel. Supposons que ces personnels considèrent une prise en charge des malades de la Covid-19 médiocre réservée à leurs collègues. Ils peuvent estimer que la prise en charge en cas d’effets secondaires à la suite de la vaccination contre la Covid-19 n’est pas trop sûre.

Le débat reste ouvert en attendant les résultats de cette enquête importante.

Article rédigé pour la campagne de lutte contre la Covid-19 et un appel à la vaccination de la population, plus particulièrement du personnel de santé au Cameroun.

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Auteur·e

tkcyves

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