Crédit: Tchakounte Kemayou

Moi, vacciné contre la Covid-19 : pourquoi maintenant ?

Un matin du 24 janvier 2024, je décide d’aller dans un centre de vaccination Covid-19. Depuis l’arrivée de ce vaccin au Cameroun en avril 2021, beaucoup de stéréotypes ont été véhiculés sur ses effets secondaires. Qu’est-ce qui m’a fait changer finalement d’avis ?

La persistance de la maladie malgré l’accalmie

Au Cameroun, les statistiques sur les contaminés de la Covid-19 en janvier 2024 confirment un cas encore actif. Malgré un taux de létalité global de 1,6 %, le Cameroun présente toujours des risques très importants. Le seul cas actif en ce moment confirme, malgré l’accalmie, que la Covid-19 est toujours présente. Le Contrôle et la maîtrise de la situation présentés par le gouvernement camerounais ne garantissent rien du tout. Il vaut prendre des précautions dès maintenant et ainsi se préserver de tous risques avenirs.

Je fais partie des personnes à risque

Depuis plusieurs années, je lutte contre des crises d’asthme qui surviennent de temps en temps et perturbent ainsi ma quiétude. Heureusement pour moi, je ne développe pas encore la forme sévère de la maladie. Mon inquiétude encore une fois a commencé le jour où j’ai découverte, dans un magazine de veille scientifique, qu’il existe des groupes de personnes présentant des risques ou des formes de morbidité de la Covid-19. Les personnes atteintes d’une maladie cardiovasculaire, pulmonaire ou rénale figurent dans la liste. Cependant, le risque devient plus grand lorsque la maladie est déjà à sa phase chronique sévère. Tel n’est pas mon cas. Mais j’ai quand même décidé d’aller me faire vacciner.

Les gens refusent la vaccination à cause des stéréotypes

Le vaccin contre la Covid-19, comme d’ailleurs tous les autres vaccins, fait grincer les dents. Il se raconte tout un tas d’histoire sur la maladie au point de mettre en garde une bonne partie de la population. L’un des stéréotypes, somme toute légitime, se situe dans l’objectif que les organismes internationaux, particulièrement l’OMS, donnent à ces vaccinations tous azimuts. Les opinions arrêtées comme « réduire la population africaine », « rendre stérile », etc. sont les plus répandues.

Je me suis toujours posé une question qui, jusqu’ici, reste sans réponse : pourquoi les médicaments venus d’ailleurs (puisque le Cameroun importe tous ses médicaments) n’ont pas toujours réduits la population qui ne fait que croître chaque année ? Si l’objectif des organismes internationaux était de réduire la population africaine et camerounaise, il serait plus facile de passer par les médicaments à cause des appréhensions des gens concernant l’utilité des vaccins. Heureusement, cette théorie « complotiste » s’estompe peu à peu malgré les résistances.

Le taux de contamination a baissé après l’arrivée du vaccin

L’argument développé ici par les personnes les plus insoupçonnées, compte tenu du degré de discernement que je leur attribuais, est que la Covid-19 a déjà disparu. On en parle plus à travers le monde. Pourquoi en parle-t-on en Afrique tout le temps ? Oui, justement, si on en parle plus, c’est parce que la vaccination est venue changer la donne. Les pays les plus stricts en matière de sécurité pour contenir la Covid-19, ont, depuis longtemps, mis l’accent sur le vaccin. Bien que ça ne soit pas obligatoire, la mobilité des uns et des autres pour des raisons personnelles et surtout économiques et professionnelles les a contraints à se faire vacciner. Raison pour laquelle, plusieurs pays déjà ont pu atteindre un taux vaccinal de plus de 50%. Malheureusement, le Cameroun n’est qu’à 26,7% de la population cible au 10 décembre 2023.

La Covid-19 donne beaucoup d’argent

L’une des opinions les plus surprenantes est le fait que la Covid-19 donne beaucoup d’argent. Certaines personnes, plus particulièrement les travailleurs, affirment avoir été déçues du traitement de faveur accordé à certains de leurs collègues. Des primes, des avantages financiers liés au confinement à cause de la Covid-19 ont été accordés aux uns en écartant les autres. Une odeur de discrimination qui reste en travers la gorge. Les populations, convaincue que les autorités publiques ont perçu des budgets dans le cadre des mesures de distanciation, considèrent que la Covid-19 est une arnaque, un gouffre financier.

D’autres encore, plus futés dans leur argumentation pour se convaincre de cette arnaque, avouent ne pas comprendre une contradiction entre deux actualités. D’une part, le détournement des fonds de la Covid-19 révélés par la Chambre des comptes et d’autre part, les décorations, sous forme de récompenses, des membres de la Task Force qui ont géré ces fonds Covid-19. Ce sont des contradictions révélées particulièrement par la presse nationale et internationale. Elles n’ont malheureusement laissé personne indifférente. Chacun s’est recroquevillé en se campant sur sa crainte de départ. C’était comme pour se convaincre et se donner une bonne raison de ne pas se faire vacciner.

Mais, loin de moi de nier ces contradictions, la vérité est que la Covid-19 a été vaincue parce que l’argent a vraiment coulé et elle continue de couler. On y a tellement injecté d’argent au point où les gens sont submergés par les campagnes. A force de répétition, ils vont finir par croire à la gravité du danger et se donner à la vaccination. Cela a particulièrement été mon cas. Je n’en pouvais plus et je n’ai pas résisté. Je me demandais toujours « les autres partent se faire vacciner, pourquoi pas moi ? ». Pourquoi ne sont-ils pas morts après avoir reçu leur vaccin ?

Et je me fais vacciner enfin

Arrive ce jour fatidique où je décide d’aller me faire vacciner. Un après-midi du 24 janvier 2024. Je me rends à l’Hôpital de la Cité des Palmiers à Douala. On me dirige au District de Santé de la Cité des Palmiers juste à un jet de pierre. Je demande à me faire vacciner à la grande stupéfaction des uns et des autres. Tout le monde me fixe du regard. Surpris de voir un Camerounais venir de lui-même prendre son vaccin.

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Affiche de campagne CANAFCON2023 de vaccination contre la Covid-19 et la vaccination de routine

En fait, nous sommes en période de campagne de vaccination contre la Covid-19 au Cameroun. Une campagne lancée par l’initiative d’un projet appelé « Breakthrough ACTION », financé par l’USAID. C’est un projet dirigé par le Johns Hopkins Center for Communication Programs. L’objectif ici est de garantir les soins de santé primaires. Deux approches choisies se fondent sur deux logiques : les approches sur le changement social et comportemental et sur la communication. Cette déferlante de communication sur le vaccin et son bienfondé m’a fait changé d’avis.

Les équipes de vaccination se dirigent sur le terrain lors des jours de matchs des Lions Indomptables du Cameroun. Les Fans Zones sont les lieux ciblés par les équipes. Impossible de vacciner les gens à cet instant en train de regarder le match en buvant leur bière. Un RDV est pris le lendemain au domicile ou au lieu de service du supporter pour la vaccination en cas d’acceptation. Évidemment, il ne serait pas possible d’imaginer un Camerounais se rendre au centre de santé se faire vacciner.

Article rédigé avec le concours de Breakthrough ACTION.

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Auteur·e

tkcyves

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