Crédit:

Cameroun : Les 10 curiosités des Jeux Universitaires

L’Université de Douala, pour la troisième fois de son histoire, abrite depuis samedi 03 mai 2014 la 17ème édition des Jeux Universitaires du Cameroun (J.U) placé sous le thème « Les jeux de la concorde nationale » et organisé par la Fenasu (Fédération Nationale des Sports Universitaires). Ce samedi 10 mai, les 22 universités d’Etat et instituts privés d’enseignements supérieur composées de 4075 participants dont 3143 athlètes, membres des Fans clubs, clubs olympiques, 668 encadreurs et officiels techniques qui ont répondu présents vont se dire au-revoir au cours d’une cérémonie d’apothéose.

Le bilan provisoire des compétitions a dévoilé le classement final qui confirme l’INJS (Institut National de la Jeunesse et des Sport) à la 1ère place avec 16 médailles en or, suivit de l’Université de Douala très applaudie avec ses 11 médailles en or et de l’Université de Yaoundé 1 avec 10 médailles en or respectivement à la 2ème et à la 3ème place.

DSC_00060
L’animation était au rendez-vous. L’Université de Dschang, champion des « Fans Club »
Crédit photo: TKC_Yves

Je vous invite plutôt à jeter un coup d’œil sur des attractions diverses proposées à tous les visiteurs. Aux campus 1 et 2 de l’Université de Douala, les J.U ne sont pas seulement un rendez-vous du sport et de l’olympisme. C’est aussi et surtout l’occasion pour les étudiants camerounais, les cop’s (en langage populaire), de se déstresser à fond.Les deux campus de l’Université de Douala ont été aménagés pour la circonstance. Les attractions diverses sont proposées dès que le visiteur franchit les entrées principales. Ces attractions sont considérées, pour moi, comme des curiosités à pareils circonstance. Un grand rendez-vous annuel sportif et national des universités camerounaises, les J.U ont toujours été des occasions de défoulements récréatifs très courues par les jeunes.

1. L’exposition et l’orientation universitaire : Ce qui attire d’abord le visiteur qui franchit l’entrée du village des J.U ce sont des expositions réservées aux universités elles-mêmes. Ici, même les universités qui ne participent pas aux jeux sont invitées à se présenter au public. Les universités ne manquent pas de stratégies pour se faire connaitre. L’accent est d’abord mis sur la beauté des stands. C’est l’université la plus belle et la plus attirante qui va susciter l’envie du visiteur à venir. Voilà l’orientation marketing que ces universités ont choisi de mettre en exergue. De la beauté du stand à la beauté des hôtesses. Tout y est mis pour créer l’envie des étudiants. Les filières de plus en plus diverses et variées sont proposées : de l’informatique 2D, 3D et 4D à l’expertise maritime, du journalisme classique au web journalisme, de la gestion financière et comptable à la gestion administrative. Le visiteur a donc l’embarras du choix des filières proposées. Le seul regret ici est l’absence criarde des universités d’Etat qui estiment, peut-être à raison, qu’en dehors des journées portes-ouvertes, qu’elles n’ont pas de pub à se faire à pareille circonstance. les universités privées ont donc saisi la perche et se donnent à cœur pour se vendre.

2. La présence du Gabon : Parmi les universités présentes à cette exposition, le Gabon à travers BBS, établissement privé d’enseignement supérieur situé à Libreville, est bel et bien là et se positionne comme une université en pôle d’excellence. C’est une curiosité dans la mesure où personne n’aurait imaginé une université non camerounaise venir dans un campus camerounais se faire une publicité. Curiosité aussi parce que c’est la première fois qu’une université étrangère vienne aux J.U. Une certaine opinion est même allée jusqu’à imaginer les J.U de la Cemac, donc les universités de l’Afrique centrale. En tous les cas, pas mal comme idée ! Mais alors, une université de la sous-région invitant les camerounais à s’y inscrire… C’est quand même osé. Surtout qu’il faut avoir des filières introuvables sur place au Cameroun. En dehors de la « Gestion des risques » qui peut susciter la curiosité du visiteur, toutes les autres filières comme la finance, la comptabilité, le marketing, le management et le droit sont aussi des filières habituelles chez les jeunes camerounais qui n’ont d’yeux que les universités occidentales. Après tout, ce sont des ambitions légitimes sur lesquelles il m’est difficile d’étudier les contours dans ce billet.

YooMee_Jeux080514300
Le déploiement de YooMee au campus 1
Crédit photo : www.camer.be

3. La publicité des produits et services adaptés aux étudiants : Les entreprises qui proposent des produits et services et qui sont susceptibles de se bousculer pour proposer tout ce qui est adapté à la clientèle estudiantine n’existent malheureusement pas. Toutes les entreprises n’ont pas leur place ici. Elles sont donc inexistantes ces entreprises qui ont des options réservées aux cop’s. On aurait dû penser que la clientèle estudiantine n’est pas une option efficace pour nos entreprises. La banque UBS se démarque de toutes de par sa présence et son produit d’épargne spécifique pour les étudiants. Ainsi, il est possible de solder sa pension universitaire à temps en demandant un crédit scolaire et/ou universitaire avec un taux d’intérêt presque nul. C’est la seule différence qui existe entre UBS et les autres banques qui proposent le même produit. Les autres entreprises comme YooMe Cameroon et MTN Cameroon ne sont présentes qu’en tant que sponsors officiels. YooMee Cameroun partenaire traditionnel de l’Université de Douala a des offres spéciales internet (sur le wifi et le résidentiel).  Pendant toute la durée de la compétition les étudiants sont appelés à surfer à haut débit et à téléphoner à un coup très réduit grâce à une couverture wifi sur toute l’étendue des deux campus 1 et 2 de l’université de Douala, sans oublier qu’une réduction des prix sur les équipements des téléphones Smartphones est aussi prisés par les cop’s. MTN Cameroon, c’est le grand sponsor de la Fenasu depuis 12 ans maintenant. Dans un communiqué rendu public le leader de la téléphonie mobile au Cameroun, MTN Cameroon a pris une part active dans : « La participation au réaménagement des infrastructures sportives ; la prise en charge des primes, médailles et trophées des meilleurs équipes et athlète ; l’organisation d’animations culturelles sur le site des jeux ; la fourniture d’équipements sportifs aux athlètes et officiels… ». En plus du fait que tous les sites abritant les jeux portent les couleurs de Mtn Cameroon, le podium où les artistes camerounais viennent se produire chaque soir à partir de 20 heures jusqu’à minuit est offert gratuitement et qui attire davantage le public. Une autre curiosité offerte par ce sponsor officiel c’est la formation gratuite à l’utilisation des technologies innovantes. Les tentes installées sur le site du Campus 1 servent de salles de cours et d’expérimentation. Les étudiants qui sont acteurs des jeux et visiteurs ont l’opportunité de flirter avec le nouveau monde digital de MTN Cameroon.

DSC_00059
Le « Fan Club » de l’Université de Ngaoundéré
Crédit photo: TKC_Yves

4. la diversité culturelle représentée par les « Fans clubs » : C’est l’une des attractions les plus remarquables de cette 17ème édition des J.U. Toutes les universités présentes aux jeux n’ont pas de « Fans Club ». C’est un luxe qu’il faut se payer, car il faut aussi se donner les moyens de l’avoir comme on le fait pour constituer une équipe de football ou hand ou encore de volley. Les « Fans Club » c’est une aussi une équipe constituée d’étudiant-e-s et avec pour objectif principal de booster leurs collègues sportifs pour les amener à la victoire. Ce qui frappe le visiteur qui débarque au campus, c’est d’abord un grand bruit assourdissant provenant de mélodies endiablées de différents « Fans Clubs » qui se rivalisent d’adresse en termes de cadences et d’intensités vibratoires des tambours et de percussion sonores. Il n’y a pas que les équipes en compétition qui les intéresse. C’est à qui va proposer la plus belle mélodie, la plus belle chorégraphie au public pour maintenir celui-ci en alerte. C’est un régal fou de voir comment toute cette jeunesse camerounaise réussit manier la diversité musicale du terroir. Mêmes les costumes ont été conçus pour la circonstance. « C’est les modèles que vous voulez voir ?! » : voilà comment on pourrait traduire cette exclamation à la façon camerounaise face à la richesse vestimentaire que ces jeunes étudiants donnent à voir. Les mots ne suffisent pas pour les décrire en fond et en comble. Les images parlent d’elles-mêmes. A la fin des jeux, le « Fan Club » qui aura eu une meilleure prestation sera promu. Comme quoi, il n’y a pas que les équipes sportives qui auront les médailles. C’est donc l’Université de Dschang (Université publique) et L’Université St Gérôme de Douala (Université privée) remporte chacune la palme d’or, trophée réservé aux « Fans Club ».

DSC_00077
La bouffe à l’honneur
Crédit photo: TKC_Yves

5. La diversité culturelle représentée par les stands de la restauration : On ne le dira jamais assez : les camerounais aiment, pardon, adorent la bouffe. Pas une cérémonie sans réserver un espace spécialement pour la restauration. Peu importe qu’elle soit payant, pourvu que qu’elle soit prévue. Bien que ce soit une habitude dans toutes les cérémonies, les manifestations festives, la bouffe a toujours été une curiosité dans la mesure où chaque cérémonie a son originalité. Partout où il y a la bouffe et la beuverie, il y a aussi les bouches et les panses prêtes et à bonne condition pour une consommation à grande échelle. Du Ndolè de crevettes ou de poissons fumés au Mbongo-tchobi de carpe, du poisson braisé au barbecue, du bouillon aux pattes de porc au Condrè à la viande de chèvre, les restaurateurs se rivalisent aussi pour se faire de la clientèle. Il ne s’agit pas de professionnels aguerris, mais ce sont en majorité des étudiantes qui ont souscrit à cette offre pour se faire un peu de sous pendant ces jeux. A l’occasion donc, elles ne tarissent pas de stratégies pour inviter les camarades étudiants à venir déguster les plats du terroir qu’elles savent le mieux faire. Par curiosité donc, les fins limiers de la cuisine sans être cordons bleus comme moi y vont pour se faire une idée de l’habileté gastronomique de nos séduisantes cuisinières.

6. Handisport : Cette discipline fait partie de ce que la Fenasu appelle « Disciplines para-olympiques ». Les étudiants handicapés, comme d’habitude, ne sont pas en reste pour cette 17ème édition de la Fenasu. Après une rude revendication, ils ont été admis à présenter des disciplines sportives de leur catégorie. Une seule discipline était en lice au départ et avec le temps, une deuxième a été introduite : La course à tricycle et/ou fauteuil roulant et la dynamophilie. Cette année, la curiosité a été le record de la discipline de l’haltérophilie Homme 88 Kg et Femme 65Kg remportée respectivement par l’Université de Yaoundé 1 et l’Université de Ngaoundéré. En attendant que les autres discipline prennent place dans le handisport dans nos universités, le handisport reste la discipline avec laquelle il faudra désormais compter comme des curiosités qui attirent toujours du monde. Cette curiosité est due au fait que la conscience collective a toujours pensé que la personne handicapée n’avait pas voix au chapitre en matière de sport qui exigent de l’athlète une certaine capacité physique avérée. Seul regret par contre, le handisport dans nos universités camerounaise n’est pratiqué que par les handicapés moteurs. Les personnes aveugles réclament aussi une discipline qui leur conviendrait. Pour cette 17 ème édition, c’est une fois encore l’Université de Douala qui remporte la palme d’or de ces J.U. En attendant que les choses vont mieux, je dis bravo à mes chers amis les handicapés.

DSC_00080
La beuverie à l’honneur
Crédit photo: TKC_Yves

7. La vente de la boisson alcoolisée : Il me souvient que tous les bars et espaces marchands commercialisant les boissons alcoolisées avaient été récemment interdits et déguerpis tout autours de l’Université de Douala. Ce respect de la discipline aurait pu persister même pendant les J.U. Bien que semblable à une foire, les J.U se déroulant dans un campus universitaire seraient de loin perçus comme le dit l’adage « Un esprit saint dans un corps saint ». Que non. Ici règne la « folie », cette ambiance féérique chère aux cérémonies festives. C’est la détente, la distraction qui prime. Rien à voir avec ces maximes qui « déroutent » la jeunesse pendant le temps d’une petite récréation d’une semaine par an réservée aux étudiants de toutes les universités camerounaises. Le visiteur n’aperçoit pas les boissons alcoolisées à première vue. Normal, puisqu’elles doivent être discrètes. Elles ne sont visibles que dans les stands de restauration. Le visiteur bien averti et habitué du campus est donc frappé par la présence de ce type de boisson dans un lieu universitaire. Une débauche tout de même ne ferait pas de mal en une semaine, n’est-ce pas ?!

8. la distribution des préservatifs : Depuis le 03 mai, pas un pas sans qu’une étudiante qui sillonne le campus aborde un homme pour lui parler des méthodes de lutte et de prévention contre les MST ou le SIDA. Habitué que je suis à les écouter, j’ai toujours eu, comme beaucoup d’autres camerounais d’ailleurs, du mal à leur prêter ne serait-ce qu’une seule oreille. Mais, ces vaillantes femmes sont toujours là vous tirer les oreilles et à vous dire sans cesse : « La répétition est la meilleur de la science de l’apprentissage ». Comme pour vous rappeler qu’une sensibilisation de plus pour préserver la santé n’est pas de trop pour une jeunesse qui reste l’avenir, la prospérité d’une jeune nation appelée à se construire. Il y va donc de l’intérêt de cette jeunesse d’être toujours en santé pour relever le défi du développement. Lorsque, malgré tout ce beau discours, elle se rend compte que le vaillant gars turbulent que je suis est indifférent, elle évoque alors le cas des préservatifs que les équipes d’hygiène et de propreté ramassent au sol chaque matin dans le campus même en plein cours. Je tends alors une oreille et dis : « Hein ? ». Elle renchérit en disant : « Imagine que les préservatifs n’avaient été distribués aux jeunes étudiants pendant ces J.U, quel aurait été les risques d’infection ? Les jeunes sont vraiment irresponsables !». Heu Yeu !!! M’écriais-je. Tout de suite j’ai eu envie : « Donc les étudiantes libèrent facilement comma ça ici ? Pardon chérie, je veux 10 ». Et à elle de sourire convaincue de m’avoir eu pour de vrai : « Non, grand frère. Comme tu es ma personne je te donne 5, car chacun a droit à 2 seulement par jour ». Même après les J.U ça peut toujours servir cher amis.

DSC_00071
Un environnement propre
Crédit photo: TKC_Yves

9. La campagne de sensibilisation pour l’hygiène et la propreté : Comme je l’ai signalé plus haut, la curiosité la plus marquante pour moi c’est l’innovation que l’Université de Bamenda a instaurée cette année. L’Université de Bamenda est une jeune institution universitaire d’Etat qui n’a que trois ans d’existence. Avec l’Université de Buea, l’Université de Bamenda fait partie des deux universités anglo-saxonnes actuelles que compte le Cameroun. Pour leur troisième participation, cette université va quand même fait parler d’elle. Elle est venue aux J.U de Douala avec cette ambition, non seulement de sensibiliser le monde estudiantin à la notion de propreté, mais surtout de prêcher par l’exemple. Ainsi, son « Fan Club » n’est pas seulement venu pour se défouler les hanches, mais aussi pour ramasser tous les déchets traînant au sol : papiers, nylons, objets dangereux comme les objets pointus et tranchants, sans oublier les préservatifs jonchant le sol dans la broussaille. Vous voyez ?! Les belles occasions comme celles-ci il faut en profiter au max, même en plein air. Les gars ne donnent pas le lait. Expression bien d’ici comme pour dire « No piti in Business » à la manière de l’humoriste ivoirien Gohou.

DSC_00086
Même le « Djambo » était à l’honneur
Crédit photo: TKC_Yves

10. La présence des jeux de hasard : Qui l’aurait cru ? Oui, même ici au campus, les J.U aidant, les jeux du hasard ont accès ici ? Je crois savoir que c’est une erreur des organisateurs ou même une infiltration inaperçue par les vigiles qui sont à l’entrée du village des jeux. En tous les cas, parlons-en tout de même. Le gars dispose d’une machine de fabrication locale. Elle est constituée de bois d’environ 0.25m de hauteur, de 35 cm de largeur et de 60cm de largeur. Sur un écran blanc est inscrit les montant de 0 à 5.000Fcfa ou 10.000Fcfa, c’est selon. Une pièce de 100Fcfa introduit dans la machine vous donne droit un essai pour tourner la manivelle qui va faire pivoter une aiguille qui va s’immobiliser sur un des montants classés en désordre sur le cadran. Exactement comme le loto qui fait ressortir les boules numérotées. Ici, c’est plutôt une aiguille qui vous indique votre gain qui vous est remis à l’immédiat. Le langage populaire appelle ce jeu « Djambo ». Ça désigne aussi ce genre de jeu de jonglerie de cartes où vous êtes appelé à choisir la bonne pour avoir votre gain. En tous les cas, j’ai aimé ça. Beaucoup d’étudiants ont été marqué par cette ingéniosité camerounaise à concevoir aussi des jeux. Tout prêt de là, un autre style de jeux aussi attrayant que le premier. Un grand tableau de presque un mètre carré où figurent les chiffres est à même le sol. Le jeu ici consiste à jeter une pièce de monnaie sur un chiffre qui correspond à un objet (Un seau, des verres, une casquette, un panier, une bassine, etc.) que vous emporté. Attention à ne pas tomber sur un numéro foiré qui ne correspond à rien du tout.

Il m’a fallu tenter à ce jeu de « Djambo » avec une pièce de 100Fcfa pour avoir ce qu’il me fallait pour le taxi du retour. Vous comprenez donc qu’il est toujours nécessaire de bien se préparer aux J.U qui se déroulent chaque année dans une université choisie par la Fenasu. Toutes les attractions sont aussi fascinantes les uns comme les autres. Les tentations sont donc grandes et il est aussi important d’éviter de mauvaises surprises. C’est un conseil pour des hommes qui savent ce que être gallant veut dire. L’année prochaine, l’Université de Yaoundé 1 est pressentie pour accueillir les J.U de 2015.

Tchakounté Kemayou

Partagez

Auteur·e

tkcyves

Commentaires

nathyk
Répondre

Wow, merci pour le rapport exhaustif. C'est comme ci on y était. Bravo au Gabon, à l'Université de Bamenda et aux Handicapés sportifs. La nyama là est tentante hein...