Crédit: Ghislaine Digona

"Tchakou, tu veux manger le bangala ?"

A la découverte du bangala, par un concours de circonstance, l’ABC vient de faire une expérience merveilleuse : initier un article collectif. L’idée est venue du président Dania Ebongue qui souhaitait avoir un groupe de blogueurs réunis autour d’un terme presque tabou : le bangala. Terme populaire devenu choquant, il devient intéressant quand il est analysé sous divers angles. C’est donc à ce jeu que les sept blogueurs se sont lancés dans l’objectif de fixer l’attention sur un mot qui suscite encore beaucoup de curiosité lorsqu’on l’aborde sur la forme d’un récit à la suite d’une expérience vécue. L’article publié sur le site de l’association est la synthèse des contributions reçues. Il a fait l’objet d’une campagne avant sa publication, le 5 juin 2021.

https://twitter.com/BloggersCM/status/1401115040623759364

Dans les lignes qui suivent, je vous propose de jeter un œil sur l’expérience vécue du bangala que j’avais proposée.

A la découverte du bangala

C’est à Bafoussam que j’ai entendu quelqu’un me poser cette question pour la première fois : « Tchakou, tu veux manger le bangala ? ». J’étais terrifié t’entendre ça de la bouche d’une femme. C’était un vendredi du 28 mai dernier, quelques minutes après avoir terminé la couverture d’une campagne pour laquelle nous, blogueurs de l’ABC, étions en mission dans la ville, le temps était venu de retourner à l’hôtel. Mais, le chauffeur chargé de nous y conduire arrive dans quelques minutes.

Nous sommes au stade de foot de la chefferie de Bafoussam, lieu de la campagne « Qui sera l’Etoile MAGGI 2021 » pour la zone de l’Ouest. Juste à la sortie, à la droite, se trouve un barbecue. En attendant le chauffeur, mes collègues Dirane Kenfack, Borrin Kamguia, et Romuald Nguemkap alias Rihanno Mars, se sont laissés convaincre par Ghislaine Digona pour aller déguster quelques morceaux de viande de bœuf. Quant à moi, je me démerdais tant bien que mal, par mes pas lents, à les rejoindre. Arrivé à bonne distance, la fatigue qui m’envahissait m’empêchait de me rapprocher d’eux. Je préférais plutôt attendre le chauffeur à quelques mètres de là.

Un refus pas apprécié

Visiblement, cela n’a pas plu à Ghislaine qui ne semblait pas apprécier de me voir isoler. Elle a fini par trouver une astuce pour me convaincre de faire encore quelques efforts de marches supplémentaires pour les rejoindre. L’ambiance du barbecue semblait naturel. Situé au bord de la chaussée en pleine ville, il ne faisait pourtant pas grand monde. J’étais plutôt concentré à regarder ce paysage de la rue de Bafoussam que je vois pour la énième fois en toute vitesse.

Cette fois, je la contemplais vraiment. Lasse de m’attendre, Ghislaine balance sans coup férir, dans une voix chancelante qui, de loin, seule une oreille douce et attentionnée pouvait entendre : « Tchakou, tu veux manger le bangala ? ». Je croyais avoir mal entendu. Puis elle répète avec la même tonalité : « Tchakou, vient manger le bangala ».

Elle avait fini par me comprendre en lisant mon regard éberlué : « Ne me regarde pas comme ça. C’est le pénis du bœuf. C’est bon hein ! Vient alors manger ». Cette précision a réveillé un lointain souvenir lorsque j’allais à l’Extrême-Nord visiter le camp des réfugiés de Minawao en juin 2015. Les pénis de bœuf, découpé en lamelles, et non en rondelle comme j’ai vu à Bafoussam, j’en ai beaucoup consommé pour la première fois à Maroua. Quelle délectation lorsque je l’accompagnais avec une bouteille de Guinness !

Cette histoire de bangala au barbecue que Ghislaine consommait avec autant de plaisir m’a tout simplement fait sourire. Je n’étais pas surpris de la voir aussi joyeuse et en extase devant un plat rempli de morceaux pénis de bœuf découpé en rondelles.

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Affiche de l’Association des Blogueurs du Cameroun annonçant la publication

Bonne expérience, malgré tout

Les garçons qui l’entouraient avaient déjà disparu tout d’un coup. En avaient-ils consommé ? Je n’en sais rien. Ghislaine était apparemment à son aise. Elle en raffolait de plus belle. Qu’avait-elle trouvé de si spécial à cette chaire de bangala ? Je n’en sais pas grand-chose. Aux dernières nouvelles, ce sont les femmes qui adorent manger le bangala du bœuf, excitée sûrement et par curiosité.

L’arrivée du chauffeur a mis feu à la séance de délectation. En revenant me rejoindre dans la voiture où j’étais déjà à bord, Ghislaine s’écrit, comme pour me narguer de n’avoir pas goûter à une merveille de la nature : « Wéééé, Tchakou, c’était bon hein ! tu as raté quelque chose ». A ma question, « Tu as gardé ma part ? », elle répond sans hésiter, « Aka va là-bas. Tu n’es pas venu pourquoi ? En tout cas, le wadjo là m’a servi petit comme ça là ». Pourtant, j’ai bien vu Ghislaine emballer le reste et le dissimuler dans son sac à main ! Je ne le lui ai pas dit pour éviter de la contrarier et attirer l’attention du chauffeur qui ne savait même pas de quoi on parlait.

Les femmes et le bangala hein… !!!

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Auteur·e

tkcyves

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