Crédit: René Nkowa

Afropolitain Nomade, Mondoblog et les péripéties d'un weekend !

Les mondoblogueuses et mondoblogueurs volontaires se sont retrouvés à Douala les 24, 25 et 26 juin dernier. C’était à l’initiative de Mondoblog-Rfi en partenariat avec le festival Afropolitain Nomade. Pendant 72 heures, la rencontre a été marquée par de nombreuses articulations. Je vous livre ici le récit d’un long voyage plein de péripéties !

Une première escale chez les peintres, dans le studio des arts visuels du festival Afropolitain Nomade

Afropolitain Nomade a commencé par une conférence de presse le 16 juin, suivi de rencontres et débats sur la thématique de la gestion d’événements culturels et de la présence des femmes dans ce domaine. Nous sommes le 24 juin et c’est l’arrivée de Camille, de l’équipe de Mondoblog-Rfi à Paris, qui a déclenché les festivités. Elle est arrivée à Douala très tôt le matin, et, excitée de faire notre rencontre, elle n’avait pas l’air abattue par la fatigue. Après les souhaits de bienvenue, nous nous sommes dirigés à l’entrée du lieu de la rencontre, le studio des arts visuels du festival.

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Le premier jour devant le Hop High Lab, résidence des artistes visuels. Crédit photo : tchakounte kemayou

Cet espace dénommé « Up High Lab » dirigé par Didier Toko, patron des lieux, va nous servir de cadre durant trois jours. Dans la résidence, les artistes sont installés à l’arrière du bâtiment. En guise d’introduction, Camille nous a présenté notre programme et a expliqué le déroulement de l’organisation pour les mondoblogueuses et mondoblogueurs présents, sans oublier ce qui était attendu d’eux en tant que journalistes-reporters du festival.

Direction l’atelier de peinture. Chavalets, toiles, tableaux, pots de peinture, pinceaux et divers outils y sont visibles. On échange avec les artistes qui nous présentent les lieux et leur travail… avec quelques photos et vidéos en souvenirs. C’est la prise de température du festival Afropolitain Nomade avec les mondoblogueuses et mondoblogueurs. Il faut préciser que les blogueurs camerounais (en particulier ceux de Douala) étaient plus concernés par l’invitation de Mondoblog-Rfi à participer au festival… Mais ceux qui résident hors de la ville ont tout de même répondus présents, ils ont quitté Yaoundé, Dschang ou Bafoussam pour rejoindre Douala ! Je peux citer notamment les deux Fabrice (Fouda et Nuanga) Rihanno Mars, Adelaïde Fouebou, Amouna J.B…

Vanessa Kanga, fondatrice du festival Afropolitain Nomade, se prête au jeu de questions-réponses

La patronne du festival Afropolitain Nomade est là. Camille nous l’avait promis avant, et la rencontrer était justement mon souhait. Un souhait partagé d’ailleurs. Très vite, les mondoblogueuses et mondoblogueurs ont entamé une longue discussion : des questions sur les origines, les motivations, mais aussi les projets et les ambitions pour l’avenir du festival sont posées à Vanessa Kanga.

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Camille de Mondoblog-Rfi, Didier Toko, fondateur du Hop High Lab et Vanessa Kanga, Fondatrice du Festival Afropolitain Nomade. Crédit photo : tchakounte k.

Artiste elle aussi (musicienne et chanteuse), elle préfère le titre de « femme entrepreneure », qui lui correspond mieux… Depuis plus de dix ans, elle est obnubilée par un projet, un projet qui se veut innovant et fédérateur. Vanessa Kanga est très nspirée par le terme « Afropolitain » d’Achille Mbembe (penseur camerounais, professeur d’histoire et de science politique à l’Université du Witwatersrand à Johannesbourg, en Afrique du Sud), elle veut reconnecter les afrodescendants à leurs origines. Elle décide donc de lancer un festival avec comme ancrage la rotation ; d’où le terme de « nomade ». Il s’agit donc d’un festival où les artistes de différentes disciplines et de différents continents se rencontrent, pour offrir au monde leurs créations. Pour cette 8ème édition, Douala accueille donc de nombreux artistes : des peintres, des musiciens, les danseurs. Pour le plus grand plaisir de tous…

Déjeuner à Tchop et Yamo, nouvelle escale

Pendant plus de deux heures de causerie avec Vanessa, Camille donne quelques directives pour les futures publications sur nos blogs. Le rendez-vous est ensuite pris pour le déjeuner, dans un autre espace. Nous sommes conviés à l’hôtel Samba de Bonamoussadi où nous nous dirigeons. Mais, curieusement, le programme a été modifié et la communauté Mondoblog est appelée à faire valoir ses droits ailleurs !

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Avant d’aller au village du festival Afropolitain Nomade, une pause déjeuner s’impose au Tchop et Yamo. Crédit photo : tchakount k.

Nous prenons alors la route en direction d’un restaurant modeste dédié aux rencontres familiales. Tout le monde, sauf moi, y va à pied. A la place des commandes personnalisées et individuelles, nous prenons une commande à la carte. On s’accorde pour un buffet de poulet rôti accompagné de frites de plantain et de pommes de terre. Mais, à chacun sa boisson. Selon la philosophie du restaurant, pas d’alcool. Pour ceux qui me connaissent et qui connaissent mes goûts, ce restaurant ne m’inspire pas…

Dernière escale de la première journée Afropolitain Nomade et Mondoblog-Rfi

Tout le monde chemine à pied, sauf moi, vers l’esplanade Carrefour Market de Bonamoussadi située à quelques mètres de là. L’enseigne française de supermarché possède un vaste espace de loisirs, ce lieu est généralement réquisitionné pour des événements grand public dans la ville. C’est la première fois que je m’y rends.

Fin d’après-midi et il ne fait pas grand monde au village du festival. Nous trouvons sur place un concours de break dance et de hip-hop orchestré par l’association Dreams Moov. C’est l’espace jeune. Je me régale malgré mon âge. Ce spectacle féérique et endiablé dure deux heures et demi. Il est 19h30 lorsque les trois vainqueurs du concours sont connus. Quel était encore leurs noms ? Je n’en sais rien ! Les fans de rap ont de ces noms bizarres 🙂

La musique urbaine dicte sa loi et impose son rythme

Pendant un quart d’heure, le podium est cédé au groupe de danse et musique traditionnelle la Fokamaise. Du hip-hop à la musique patrimoniale ! La transition est quand même brutale. Mais cela dit, j’en avais vraiment besoin, ce style me manquait énormément. J’ai été émerveillé par la symphonie de musique accompagnée de danse Bafia qui me rappelle une blague à la camerounaise : « un pas en avant, deux pas en derrière ». C’est magique !

La dernière articulation de la soirée a commencé sur les chapeaux de roues à un peu plus de 20h : place à la musique urbaine. J’ai pu admirer Flora Houang, Eva Hakapoka, du Cameroun, et Rodriguez Vangana de la RDC et d’autres que j’oublie certainement… C’est autour de minuit que je suis parti de là, après que mes collègues soient également partis. Quelle journée ! Et ça recommence le lendemain ! Hé ! J’ai failli oublier quelque chose : un défilé de mode d’un autre genre.

La curiosité du jour : un défilé de mode pas comme les autres

D’aucun auraient dit « ils sont bizarres, hein » à la simple vue de leurs accoutrements. En fait, j’ai été éberlué. Les mots justes et précis me manquent pour décrire exactement le style vestimentaire. Il s’agit, pour le dire simplement, d’un styliste qui se fait appeler « Sky Day ». Il a créé et mis en place une ligne de vêtement dénommée « Bizarre ». Oui, oui, c’est vraiment et franchement bizarre, pour ne pas dire très très curieux…

J’ai par exemple vu un mannequin avec la cravate sur le dos et non devant. Deux autres mannequins avec une jupe écossaise pour l’un et une jupe longue pour l’autre. Curieusement, tous ou presque avaient des boucles d’oreilles. Bizarrement aussi, ces boucles étaient assez longues. Ce petit détail a fait dire à certains que ce déguisement est une blague de mauvais goût. Mais beaucoup l’ont vu comme un acte engagé, loin d’être anodin.

La résidence des artistes reste notre première escale du jour, le lieu de rendez-vous du matin

Il est presque 11h et la pluie s’invite au rendez-vous. Il pleut sur Douala depuis le matin. Heureusement, ce sont de fines couches de pluie. Pour le moment, la résidence est fermée. Nous cherchons des abris. Il faut quelques minutes de conciliabules pour que la résidence soit enfin ouverte. Un imprévu de dernière minute qui a été réglé fort heureusement.

La journée commence par un débat avec un artiste Haïtien. Son nom ? Hum… je ne le sais plus. A peine entré dans la résidence, il entame une discussion avec la communauté Mondoblog. Il prend quand même le soin d’interrompre Camille en pleine conversation. L’artiste français d’origine haïtienne s’exerce à la sensibilisation des Noirs dans la lutte de la cause noire dans le monde. Les blogueuses et blogueurs s’en donnent à cœur joie.

De la nécessité de la réparation de la traite négrière par les anciennes puissances coloniales au racisme, chacun parle et se trémousse. Le débat est houleux mais passionnant. Inutile de préciser ici que les débats ont été très engagés car les positions étaient tranchées. Une Tchadienne et une Canadienne s’en sont mêlées. Je ne souhaite pas revenir sur les détails, car beaucoup de choses ont été dites.

Cap sur un restaurant non loin de l’hôtel Samba de Bonamoussadi

C’est un restaurant dont le nom m’échappe. Je me souviens y avoir déjà été convié par le passé. C’était à l’occasion de la préparation de la campagne électorale d’un candidat à la présidentielle d’octobre 2018. Il est à quelques pas de l’immeuble de la mairie de Douala. Mais, avant de s’y rendre et de nous rejoindre, Camille s’est éloignée pour faire son test PRC de la Covid-19. Son vol est prévu pour le lendemain, dimanche soir. Pendant ce temps, nous nous sommes installés.

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Deuxième journée du festival Afropolitain Nomade. Pause déjeuner des mondoblogueuses et mondoblogueurs. Crédit photo : tchakounte k.

La commande ici est individuelle et personnalisée. C’est un choix pour changer un peu l’ambiance… Je précise en passant que tous les blogueuses et blogueurs n’étaient pas présents à toutes les étapes des trois jours de rencontres Mondoblog. Certains venaient et repartaient, et ainsi de suite… Maintenant, place aux commandes. Pendant que certains prenaient du poulet, pour d’autres c’était du porc ou du poisson. Le tout, accompagné de bons plantains et de pommes de terre frites, et surtout de miondos. Ce nom bizarre a fait fuir Camille qui a tout de suite préféré ses plantains frits ! Pour arroser tout ça, une bonne bière au menu et j’étais comblé !

Un dernier tour au village du festival Afropolitain Nomade

Ce samedi 25 juin est le jour de l’apothéose, le plat de résistance du long weekend en quelque sorte. La communauté Mondoblog, sauf moi évidemment, fait le chemin à pied. Le village du festival est juste à quelques jets de pierres de l’immeuble de la mairie. Il est 17h, malgré la présence du maigre public, le podium est prêt. Mais quelques réglages s’imposent en attendant l’arrivée du public, plus tardive.

Entre-temps, la communauté Mondoblog vadrouille sur les lieux. D’un côté certains jouent au paparazzi, de l’autre quelques-uns dissertent. Mais, moi je me régale devant un bon plat de saucisses et plantains tapés ! Une deuxième fois n’est pas de trop. C’est la fête. Il faut en profiter. La Guinness était au menu, bien évidemment ! Camille et les autres sont venus me titiller un peu en prenant une photo. Regardez comme nous sommes mignons!

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Fabrice, Camille et moi devant un plat de saucisses et plantains tapés. Crédit photo : Fabrice Nuanga

Les festivités commencent pour s’achever aux premières heures du matin

Il est presque 18h lorsque les spectacles commencent. Des vibrations viennent d’abord meubler le décor. Le DJ de la journée nous entraîne dans une sorte de boîte de nuit en plein air. J’étais nostalgique. Puis le podium est envahit par les danseurs de l’Empire Moov qui nous plonge dans la culture Sawa. Vous l’avez peut-être deviné : c’est la danse patrimoniale. En un quart d’heure, ces jeunes hommes et femmes nous ont entraînés dans des tours de reins dont eux seuls en connaissent les secrets !

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Au festival Afropolitain Nomade, il n’y avait pas que de la musique et la danse. On pouvait également se bourrer la panse. Crédit photo : tchakounte k.

La soirée s’achève avec un concert géant. J’ai pu voir et écouter La Pie d’Or du Congo, Stéphane Akam, Nda Chi, Andy Jemea, et M. Leggo du Cameroun et surtout le groupe Rara Soleil du Canada. Ce groupe de musique et danse a particulièrement impressionné le public par son style. Musique, danse et tenues d’anciens esclaves aux rythmes de la samba du Brésil. Quelle belle trouvaille du festival Afropolitain Nomade ! J’en ai raffolé. Les artistes étaient tellement nombreux que j’en ai oublié beaucoup. Il est 1h du matin. C’est l’heure du retour. Le concert continue, mais la fatigue prend le dessus.

La résidence des arts visuels, le Hup High Lab, servira de cadre à cette dernière journée

Le troisième jour est consacré uniquement aux ateliers Mondoblog. Les mondoblogueuses et les mondoblogueurs en ont pour trois heures bien remplies. Les maîtres de séance, René Nkowa et Fotso Fonkam, vont prendre les commandes. Le rendez-vous est fixé à 9h. Beaucoup sont en retard, moi y compris, bien que logeant à quelques pas de là. Mais, je dois faire un tour dans un restaurant de la place au préalable pour l’organisation du déjeuner, je dois me renseigner sur la fourchette des prix. Si on veut tous se réunir, il faut bien que ça soit à la portée de toutes les bourses !

Avec un grand retard, les ateliers commencent autour de 10h30-11h. René entame la communication avec les techniques d’écritures web. Cela semble une évidence. La rédaction web est l’une des techniques du blogging les plus simples, mais également les plus négligées. Même si les blogueurs en savent quelque chose, la répétition n’est jamais de trop.

Le deuxième atelier porte sur le référencement, il est animé par Fotso Fonkam qui, en plus d’être mondoblogueur, est développeur web. C’est la technique du blogging qui est, selon moi, la plus compliquée et négligée. J’ai toujours eu des notions dans ce domaine grâce à l’autodidacte que je suis, mais jamais une formation n’a été organisée en ce sens dans le milieu du blogging à Douala, à ma connaissance. René clôture la journée d’atelier avec quelques techniques d’innovation dans la publication web.

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Fin du festival, place au deuxième atelier sur le référencement avec Fotso Fonkam. Crédit photo : tchakounte k.

La marche à pieds comme deuxième curiosité de la rencontre

On n’aurait pas pu penser mieux. Les différents lieux de rencontres étaient accessibles à pied. Du Hup High Lab au village du festival Afropolitain Nomade en passant par ces différents restaurants, c’était cool à pied. Sauf à quelques exceptions près, la marche à pied était le moyen de locomotion adopté. C’est encore plus plaisant en communauté. Une des curiosités des rencontres en groupes. Dispensé de cet exercice en raison de ma mobilité réduite, j’en étais jaloux. Heureusement que les autres ne tardaient pas à me rejoindre dès mon arrivée à destination. J’étais donc moins complexé.  

Le restaurant Friends Food de Bonamoussadi : notre dernière escale

Après quelques conciliabules pour trouver un restaurant à la taille de nos bourses, le Friends Food est enfin choisi. Il est à quelques minutes de Hup High Lab, juste avant le marché de Bonamoussadi. Il est à peine 15h et quelques-uns nous quittent déjà, leur voyage sera long car ils résident dans une autre ville du pays.

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Le restaurant Friends Food a clôturé le long weekend de Afropolitain 2022 et Mondoblog. Crédit photo : tchakounte k.

Le restaurant est super chic et assez sobre. Réputé pour ses retards de services, ils font heureusement bonne figure ce jour. La commande de chacun arrive en moins d’une dizaine de minutes. Les menus sont variés. Un quart de poulet rôti et plantains tapés accompagné d’une cannette de bière pour moi. C’est à chacun son menu. Tout cela dans une ambiance conviviale.

Il est presque 18h à Douala. L’heure de la séparation a sonné. C’est comme si le temps s’arrêtait. Camille va prendre son vol dans quelques heures. Le temps pour elle d’embrasser chacune et chacun individuellement pour dire un seul mot : MERCI. Mobiliser plus d’une quinzaine de blogueuses et blogueurs pendant trois jours d’affilé, sans prise en charge, est un exploit. Pour confidence, les blogueuses et blogueurs camerounais n’ont pas l’habitude de répondre favorablement à une telle sollicitation. Au final, c’est Mondoblog-Rfi et c’est le blogging qui gagne.

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Auteur·e

tkcyves

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