Crédit: René Nkowa

Festival Afropolitain Nomade, danses et musiques patrimoniales

Après dix ans d’existence, la 8ème édition du Festival Afropolitain Nomade se tenait à Douala pour la 2ème fois. Pendant deux jours, les 24 et 25 juin, j’ai assisté aux festivités culturelles pleines de surprises. De quoi s’agit-il ?

Hier c’était Fomaric, aujoud’hui c’est Festival Afropolitain Nomade

Festival Afropolitain Nomade 2022 est bouclé. Dans la ville de Douala, j’ai toujours eu l’habitude d’assister aux festivités musicales. La Foire musicale, artistique, industrielle et commerciale du Cameroun plus connue sur l’appellation de « Fomaric » est l’un des événements culturels qui a marqué mon enfance. Sa particularité est qu’il a tenu à marquer sa présence dans le temps avec 30 ans d’existence. Aujourd’hui, il a pris le nom du « festival » compte tenu de l’ampleur qu’il a sur l’histoire de la musique.

J’ai, pendant ma tendre jeunesse, assisté aux multiples concerts de musique en live sur podium géant. Et j’en garde très bons souvenirs. Je me souviens d’ailleurs de l’artiste Non Flavie que j’ai vu évolué sur le podium de Fomaric pendant plusieurs éditions. Aujourd’hui, artiste confirmée, alors qu’elle faisait partie de l’orchestre de Fomaric qui accompagnait les musiciens sur scène. Ce weekend, le Festival Afropolitain Nomade réveille mes vielles habitudes de mélomane de ma musique que j’étais.

Mes aventures avec les concerts de Fomaric n’ont pas fait long feu. Vous vous en doutez bien, pour un festival, les musiques devenaient monotones avec les mêmes style chaque. Les innovations y manquaient beaucoup et j’en avais assez d’assister aux concerts de musique camerounaise dite « moderne ». J’avais besoin d’autres choses d’émouvant et de captivant et non des musiques urbaines à la mode de la jeune génération.

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Les danseurs et musiciens d’Empire Moov sur la scène du podium du Festival Afropolitain Nomade à Douala. Crédit photo : René Nkowa

Musiques et danses patrimoniales (traditionnelles)

J’ai assisté à ce que je n’avais jamais vu lors des événements culturels aux podiums géants : les musiques et danses traditionnelles. Il faut préciser ici que musiques et danses traditionnelles ne sont pas des vains mots. Il s’agit des musiques jouées avec des instruments traditionnels qu’accompagnent les danses traditionnelles. Littéralement, traditionnel ici renvoie au patrimoine, aux instruments d’origine, comme le tamtam, le balafon, la percussion, etc. Ce genre musical est également accompagné de danses circonstancielles. A chaque style de musique correspond une danse.

On a souvent cette fâcheuse habitude de parler de musique traditionnelle avec des instruments modernes. Je veux dire des instruments qui ne proviennent pas du patrimoine culturel dont relève la musique en question. Mais, ma curiosité dans ce festival Afropolitain Nomade était constante. Les groupes de danses spécialisés dans les rythmes patrimoniaux étaient invités. Pour moi, bien que cela ne soit pas une grande première, j’ai considéré que c’était osé. C’est d’ailleurs une preuve de beaucoup de courage pour deux raisons au moins.

La première est celle d’avoir justement osé donner de la place à un style complètement en déphase entre deux époques. Au milieu d’une foule complètement jeune à plus de 90 %, c’était osé. La jeunesse a cette particularité qu’elle ne consomme que de la musique urbaine. Même si elle est colorée aux couleurs africaines (paroles, pas de danse), elle ne consomme que ça.

La deuxième raison est purement technique. Je me suis posé la question de savoir si les techniciens allaient réussir le pari de nous offrir la meilleure sonorisation possible. J’ai toujours assisté aux événements de ce type où les ratés ne manquaient pas. Les instruments traditionnels avaient du mal à être raccordés au système de sonorisation du podium pour une meilleure écoute. Le festival Afropolitain Nomade m’a donc permis de savoir que c’était possible.

Les compagnies de musique et danse patrimoniales Fokamaise et Empire Moov

Pendant les deux jours qu’a duré le festival Afropolitain Nomade, j’ai vu deux groupes, je veux dire deux compagnies de danses et de musiques. Ces sont des compagnies camerounaises basées à Yaoundé et à Douala. Elles sont spécialisées dans les musiques et danses patrimoniales. Leur principal instrument de musique, parmi tant d’autres, est la percussion. Elles ont pour activités principales, la formation des danseurs et musiciens et la promotion de la culture camerounaise.

J’ai affiché un air de villageois devant les prestations de la Fokamaise le vendredi 24 juin et celles de l’Empire Moov le samedi 25 juin. Cependant, durant un quart d’heure pour chaque troupe, j’ai été obnubilé. Curieusement, les danseuses, danseurs et musiciens sont presque les étudiants où la moyenne d’âge est de 20 ans. J’étais obnubilé, disais-je, par ce contraste entre la musique et la danse en face d’un public jeune friand de la musique urbaine en vogue. J’étais également obnubilé par le contraste entre style de musique et la danse exécuté par les jeunes. Une sorte de mélange de génération bien harmonisé dans un assemblage beau et féérique.

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Le groupe de musiques et de danses patrimoniales Fokamaise en action au Festival Afropolitain Nomade à Douala-Bonamoussadi. Crédit photo : René Nkowa

Mais, rassurez-vous, mon attention n’était pas limitée à la scène du podium aux couleurs moins larmoyantes. Heureusement ! Mon attention, disais-je, était focalisée sur la réaction du public. Il y a quand même des signes qui ne trompent pas. Les vibrations du son faisaient secouer les corps tandis que d’autres s’empressaient à filmer pour garder des souvenirs. Mais, ce n’était pas les signes les plus importants. L’intérêt du public était observable à partir de l’attention qu’il avait à scruter la scène comme s’il attendait le moindre loupé.

La Fokamaise et l’Empire Moov ont-ils réussi leurs prestations au Festival Afropolitain Nomade ?

Oui. Pour une seule raison : ils ont captivé l’attention du public. C’était un succès total et personne ne pourra nier cette évidence. Mais, c’est un style de musique et de danse qui ne sont pas encore dans les mœurs. Ce n’est pas lié au conflit de génération. Loin de là. Sinon, comment les musiques et danses patrimoniales exécutées curieusement par les jeunes n’attirent pas justement pas les jeunes ? Je mets cette défaillance sur le dos de l’éducation, bien que cela soit discutable.

Le festival Afropolitain Nomade est donc une belle occasion de rencontres culturelles ou ce que j’appelle la réconciliation culturelle. Il existe, dans la ville, de nombreuses occasions de festivités où les patrimoines culturels s’expriment. Mais, les programmer dans les festivals où les jeunes sont les plus nombreux est salutaire. Même si la part belle a été encore les musiques urbaines, du hip-hop, du rap, il faut au moins commencé quelque part.

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Auteur·e

tkcyves

Commentaires

TSAMAYEM
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Bel article. Bel hommage. aux danses et musiques patrimoniales. Maintenant Il Y a plusieurs autres festivals qui mettent en avant Les danses patrimoniales Domaf, Kalbass d'afrik, Douala Fiesta, festival ebassa, etc

J'ai observé Aussi une confusion sur Les legendes des images. Fokamaise au lieu de Empire Moov et inversement.

Il serait Aussi Interessant de prendre Les impressions des acteurs (danseurs, percussionnistes,, choreographes etc) pour mieux meubler l'article.

Courage à vous.

Yves Tchakounte
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Merci pour cette marque d'intérêt. Merci également pour ces différents rdv de danses patrimoniales que j'ignorais jusqu'ici. Mais la question que je ne cesse de me poser est celle de savoir ces événements bénéficie d'un déploiement de grand podium comme cela se fait pour les concert géant. Je crois fermement que l'intérêt qu'on accorde à ce style de musique et danse patrimoniale commence par là.

C'est une confusion et vous avez raison. Je vais le modifier en temps opportun. Merci encore pour votre vigilance.

Pour les impressions, ce n'est qu'une partie remise. Je m'y attèlerai prochainement.

Merci d'être passé par ici