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Le 06 novembre 2013: 31 ans de pouvoir de Paul Biya sur fond de remous "ahidjoistes"?

Voilà donc une semaine après la célébration des 31 ans de pouvoir de l’actuel président camerounais Biya’a Bi Mvondo qui accédait alors à la magistrature suprême le 6 novembre 1982 par les grâces et la magnanimité de son chef Amadou Ahidjo qui est lui-même au pouvoir depuis 1958 avec le soutien de la France coloniale, l’actualité de la célébration a été polluée par les tintamarres des partisans de Ahidjo qui revendiquent la réhabilitation de sa mémoire. Le premier président de ce qu’on appelle aujourd’hui « République du Cameroun » a joué un rôle assez trouble et suspect qui fait dire à beaucoup qu’il peut être considérer, avec son successeur, comme un harki. Cette date est d’ailleurs mémorable à plusieurs égards compte tenu de sa symbolique funambulesque.

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Cette date marque une transition entre deux visions rébarbatives du système de gestion « gabegique » d’un territoire dont le projet macabre reste encore la transformation en République des Bantou-stands. En fait, pour dire qu’aucune transition n’a eu lieu. Un peu comme la France et l’Angleterre sont venues arracher le Cameroun aux mains des Allemands sous le fallacieux prétexte de nous libérer de la colonisation. C’est la même configuration qui a eu lieu le 6 novembre 1982 mais avec des scénarios différents. Le Cameroun avait donc juste changé de nom de son chef. L’homme du 06 novembre 1982 est donc celui que tous le Cameroun entier se rappelle de triste mémoire. D’ailleurs, les deux hommes étaient les chefs d’un même parti politique sauf que le premier chef avait créé l’Union Nationale Camerounaise le 11 septembre 1966 et le second n’a que changé de nom de l’UNC pour le rebaptiser RDPC pour dire Rassemblement Démocratique du peuple Camerounais. C’était le 24 mars 1985 à Bamenda. Voilà un peu pourquoi l’analyse de ce système est unique et indépendamment de son chef et répond aux mêmes éléments et à la même problématique. La question fondamentale est donc celle de savoir quelle étaient, ou encore, quelles sont les missions de ces deux hommes de pouvoir qui ont mis à sac toutes les matières grise qui sont passé au hacher?

Ces deux hommes sont le symbole de la transition de la colonisation à la néo-colonisation. Toutes les épopées historiques nous le feront voir de plus près. Les anciens administrateurs coloniaux comme le gouverneur San Marco ou le haut-commissaire Jean Ramadier sont des exemples de la tyrannie française compte tenu des témoignages qui démontrent qu’ils sont les maîtres et ouvriers de la fabrication des administrateurs nègres dociles à la France. Beaucoup de méthodes et techniques ont été et sont encore utilisées par le système néocolonial camerounais pour se maintenir malgré tout. Ces méthodes sont encore d’actualité et les deux hommes se distinguent par la façon de les appliquer. Nous avons les grands désastres comme : les massacres à l’Ouest qui succèdent à ceux du pays basa’a ; le train de la mort ; la répression des militants du Pdc en pays Eton, les tueries de centaines d’Arabes Choa dans le village Dolle en une seule journée ; la mise à mort par incendie des habitants du quartier Congo; les tueries de février 2008; les neuf disparue de Bépanda; etc. Sans oublier les techniques de persuasion, de torture et de répressions telles que: la brutalité policière ; la terreur du Cener ; le parti unique ; Tcholliré ; le refus du dialogue et de la réconciliation avec les nationalistes ;  le tribalisme d’Etat, Mantoum, l’interdiction de toute critique ; Yoko ; les lois d’exception et l’état d’urgence permanents ; la Bmm ; les passeports au compte-gouttes ; la corruption institutionnalisée et couverte par l’Etat ; les abus ; la peur au quotidien ; l’opération Épervier, etc. (liste dressée par Georges Ruben Yupissi). Comment ne pas se laisser convaincre par le récit de Ahmadou Ahidjo quand il décrivait lui-même celui qui fût son protégé (Biya’a Bi Mvondo) en le qualifiant de fourbe, apeuré, lâche et hypocrite?  Au fait, Ahidjo ne l’était-il pas lui-même?

Pour ce qui concerne le plan économique, les enjeux, depuis l’octroi du pouvoir au système néocolonial aux deux dictateurs, résident dans la problématique de partage équitable des richesses du sol et du sous-sol du pays. L’œuvre funeste de ces deux hommes est de mettre à la disposition de l’ancienne colonie qu’est la France toutes ces ressources pour faire prospérer leur économie et développer des théories de clochardisation et masturbation intellectuelles pour rendre les nègres, avec une économie extravertie,  totalement dépendants. Pendant ce temps, les esprits morbides demandent aux jeunes de se consacrer à l’agriculture où les subventions, quand elles existent, ne peuvent pas permettre la modernisation et la mécanisation. C’est donc un développement à peine voilée. Un témoignage assez poignant sur le bilan de Biya’a Bi Mvondo illustre bien le désastre économique que subit le Cameroun actuellement par ce système tant combattu : « Les véritables emplois que M. Biya a réussi à créer sont «le Ben skin (Moto Taxi), le Call Box (Points d’appels téléphoniques installés sur les trottoirs), le PMUC et les bars». Pendant que les motos taxis deviennent donc le secteur qui créé le plus d’emploi au Cameroun en ce moment, la Côte d’Ivoire, pays comparable au Cameroun, bien que sortant d’une longue guerre, a su à travers sa Société Ivoirienne de Bus, Sotra, créer une véritable entreprise qui aujourd’hui est une fierté pour les ivoiriens et qui renvois les bus usés à la SOCATUR (Société Camerounaise de Transport Urbain) pour aider les populations de Douala. Elle est côté à la bourse d’Abidjan, participe à la campagne de levée de fonds par le biais d’offres de bons du trésor ivoirien.  Cette société fabrique des Bus sur place à Abidjan et les exporte désormais au-delà des frontières Ivoiriennes. Le Gabon a déjà reçu dix de ses autocars pour son transport urbain plus des ingénieurs et conseillers ivoiriens pour la maintenance et la formation des Gabonais, sans oublié que les bus mercedes de 71 places utilisés pour le transport inter urbain au Cameroun sont montés en côte d’Ivoire. Le Nigeria et d’autre pays africains auraient passé des commandes dans le cadre d’une coopération sud-sud. » (Ernest Pekeuho)

L’actualité au Cameroun, depuis le retour de la fille cadette d’Ahmadou Ahidjo, Aminatou Ahidjo puisqu’il s’agit d’elle, est dominée par un grand tapage assourdissant dans les réseaux sociaux, sur la toile sur la question de la réhabilitation de feu le président Ahidjo. En plein célébration des 31 ans du pouvoir dictatorial de Biya’a Bi Mvondo, les remous des ahidjoistes sont-ils synonymes de réclamation d’une réconciliation? Si oui, pour quoi faire et pour qui? Une conférence internationale est même annoncée les 7 et 8 février 2014. Elle est organisée par L’Association« Justice Plus »et leCentre Africain d’Etudes Stratégiques pour la Promotion de la Paix et du Développement (CAPED) sur le thème «Au-delà des heurts et malheurs  historiques liés à l’exercice du pouvoir, comment la Nation peut-elle être reconnaissante à  Ahmadou Ahidjo?». Cette conférence nous permettra-t-elle de comprendre et de mieux saisir les enjeux d’une réconciliation, voire d’une « reconnaissance » du peuple, de la nation camerounaise à Ahmadou Ahidjo ? Le peuple camerounais est-il prêt à renoncer à tous ces crimes en pardonnant à la famille de l’ex chef d’Etat et même de l’actuel chef? Selon Daniel Yagnye, la question centrale et fondamentale reste la solution au « contentieux historique » cher aux nationalistes et qui pourrait apporter la paix et accorder le pardon tant souhaité des ahidjoistes.

Contentieux historique: de quoi s’agit-il?

Notre pays a connu la Colonisation allemande. Lorsque les allemands ont perdu la première Guerre mondiale, leur temps de permanence dans nos côtes était expiré mais les anglais et les français ont débarqué chez nous avec le prétexte que le Cameroun était une colonie allemande. Ils nous transformaient donc en butin de guerre. C’est par cet acte de piraterie (banditisme) politique que les anglais et les français s’installèrent au Cameroun. Ils officialisèrent cette présence par la Société des Nations (l’ONU actuelle). Il faut ajouter que d’autres territoires africains qui étaient des possessions allemandes seront prises par les français, c’est le cas du Togo.

Le Cameroun n’était pas une colonie française ou anglaise. C’était un territoire sous le Mandat des Nations Unies que la France et la Grande Bretagne devaient conduire vers l’Indépendance. Dans la pratique, la France dès son arrivée se donna comme mission de rester. Sa politique fut donc d’effacer les traces allemandes et de s’implanter. Les camerounais résistaient et ceci prit encore plus d’ampleur après la deuxième Guerre mondiale ou plusieurs des nôtres avaient pris une participation très active, financièrement, matériellement et humainement. L’Union des Populations du Cameroun (UPC) fut créé en Avril 1948. C’est le parti qui cristallisa le plus les aspirations du peuple à travers les revendications portant sur la Réunification et l’Indépendance Immédiates du Kamerun allemand.

Comme la France ne voulait pas de cette Indépendance, elle commença à pratiquer des actes illégaux, des actes qui n’avaient rien à avoir avec le Mandat reçu des Nations Unies. Ce sont ces actes, qui avaient pour objectif principal de la France, de « partir pour mieux rester » en créant un Etat laquais, qui font partie du Contentieux Historique. Vous pouvez appeler ce problème comme vous voulez, c’est peut-être là où réside votre difficulté. Dans notre pays, il y a eu une Guerre atroce avec des centaines de milliers de morts, des destructions massives, des déplacements de populations, sans parler du traumatisme psychique de nos populations. Le GROS du Contentieux commence en 1955 avec l’interdiction de l’UPC, un an après c’est la Loi Cadre (qui n’était en principe réservée qu’aux colonies et pas aux territoires sous Mandat), ensuite les génocides en pays Bamiléké et Basa’a avec les assassinats de UM et de MOUMIE. C’est la partie externe du Contentieux Historique car l’implantation de l’Etat laquais actuel ne s’est pas faite sans distorsions et sans grandes difficultés. La France a du jongler avec la complicité des anglais pour bâcler la Réunification. Le Cameroun vit aujourd’hui les conséquences comme la balkanisation et la transformation du pays en Bantou-stand avec en prime le problème anglophone.

Afin de se maintenir au pouvoir, conscient de son illégitimité et de son illégalité, l’Etat néocoloniale s’appuie sur le tribalisme, le mensonge, la violence et la corruption voire l’intimidation. D’ailleurs, la convocation du leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) a été convoqué à la direction de la police (Délégation Générale à la Sureté Nationale, DGSN) à Yaoundé à la suite d’une « convocation administrative » indique le communiqué du parti de Professeur Maurice Kamto. Ce communiqué précise que le chef de la police camerounaise tenait à faire une « mise en garde solennelle » au leader qu’il accuse de « porter atteinte à la sécurité publique et d’organiser la sédition par ses propos, ses agissements et son comportement ». Il faut rappeler que juste après les élections municipales et législatives du 30 septembre dernier, le MRC a déploré avec amertume les élections barbares que le Cameroun organise depuis belle lurette. C’est ce qui a fait dire à Kamto que le président Biya aura le choix entre  » engager très rapidement des discussions politiques sérieuses en vue de doter notre nation d’un système électoral crédible, garantissant le respect scrupuleux de l’expression de la volonté populaire ainsi que les engagements internationaux de notre pays, ou procéder à l’achat massif des armes pour affronter le peuple ». Et surtout, cette convocation fait suite à la publication du communiqué de la tenue de cette conférence citée plus haut dont le Professeur Kamto est l’un des panélistes. Le fantôme d »Ahidjo fait autant peur au régime?

Voilà donc le Cameroun comme il va!

Shame!

TKC_YVES

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tkcyves

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