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La solution à la crise anglophone au Cameroun n'est pas humanitaire, mais politique

C’est de notoriété publique : les régions du Sud-Ouest et Nord-Ouest Cameroun sont en proie à un conflit armé sans précédent et il faut une assistance humanitaire d’urgence. Si le Gouvernement a mis tant de temps à le reconnaître, c’est parce que l’expression « assistance humanitaire », même quand il s’agit d’une catastrophe naturelle, démontre l’incapacité des dirigeants à bien gouverner. Car bien gouverner c’est prévoir et anticiper.

 

L’enjeu principal dans ce genre de situation, est le prestige de l’État. Finalement le Cameroun va se faire assister par des agences Onusiennes (UNHCR, UNICEF, PAM…) ou des Organisations Internationales Non Gouvernementales et humanitaires (Catholic Relief Service, MSF, CARE, OCHA, OXFAM…) pour un problème dont l’existence a toujours été niée et occultée avec frénésie, par le Régime incendiaire de Yaoundé ; et à grand renfort médiatique. Cela explique donc sa tardive prise de conscience, après l’échec de ses méthodes contre-productives. Et pour sauver sa face, les séparatistes sont le bouc-émissaire idéal.

Comme le nez au milieu de la figure, la vérité est implacable, même si le Gouvernement essaie de la travestir ; les faits sont sacrés. La genèse de ce conflit est connue de tous. Son fond de toile est la violation flagrante des libertés individuelles par une minorité de jouisseurs, là où l’honnêteté et le dialogue devaient primer. Leurs mensonges et leurs crimes les rattrapent. En temps opportun, chacun d’eux rendra compte. Tout est archivé.

Le déni gouvernemental à propos de la crise anglophone (devenue une guerre civile) tous azimuts avait pour objectif, la cynique manipulation de l’opinion nationale et internationale, afin de réprimer violemment sous-silence tout dissident Anglophone. Espérant ainsi intimider les manifestants pacifiques et/ou les éliminer comme à l’accoutumée avec l’aide des tueurs légaux (agents secrets, BIR principalement). Légitimés dans cette macabre entreprise, non par la morale ou le Droit, mais par le sceau de l’impunité, de leur parodie de « justice » et de leur loi viciée sur le terrorisme. Mais c’était sans compter sur la détermination des Anglophones, le vrai patriotisme d’une minorité de Francophones, et les Réseaux Sociaux.

Leur funeste stratégie aboutira par exemple au discrédit de l’armée, qui par effet pervers, perd chaque jour sa crédibilité auprès du Peuple. Mais aussi, la volte-face des pourfendeurs des justes revendications anglophones, devenus subitement des fundraiser du « Plan d’assistance humanitaire d’urgence dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest ». Quelle scélératesse !

Ces pompiers-pyromanes promettaient une « dératisation » en seulement deux semaines. Ce sont eux les vrais responsables de cette escalade de la violence. Que fait l’Union Africaine ? que dit-elle ? Qu’attend KAGAME (son actuel président, qui connait très bien les causes et les conséquences négatives d’un génocide) pour réagir ? Où sont les Panafricanistes pour destituer par la force s’il le faut (puisque c’est le seul langage que comprend) le vieux dictateur Suisse ? Miséricorde nous périssons ! À l’aide ! Au secours !

Je me souviens qu’au bahut, des enseignants d’éducation civique n’avaient de cesse de nous marteler avec leur prévention contre la délinquance juvénile. Personne pour mettre les citoyens en garde, contre les dangers de la délinquance sénile. Parce que cette dernière est bien plus grave que la première.

Lors des premières revendications des Anglophones, la solution était pourtant toute simple : le respect des Droits fondamentaux. Hélas, l’orgueil et le nombrilisme de la gérontocratie ont jeté le feu aux poudres et continuent d’alimenter les flammes, au propre comme au figuré. Si seulement le prix à payer de l’incurie des dirigeants n’était qu’économique et matériel. C’est la jeunesse qui paie cependant, le plus lourd tribut de cette délinquance sénile. Il nous faudra au moins deux bonnes décennies pour panser les blessures de cette sale guerre.

La solution n’est pas ce plan d’assistance, ni aucun autre. Mobilisez 50, 100 milliards, voire plus, cela n’apportera pas la paix durable en zone anglophone. Une bonne partie de ces fonds sera encore détournée ; une autre servira à l’achat des armes et des munitions des sbires ; une autre pour les campagnes électorales en cours du parti-état ; le reste pour manipuler l’opinion en apportant quelques colis à une poignée de rescapés. Ensuite les médias nationaux corrompus entretiendront l’illusion de la sortie de crise et la pacification de la zone anglophone.

Ces phrases d’AKONGA ESSOMBA tracent bien les grandes lignes du véritable travail à entreprendre, pour donner une chance à la paix et à la réconciliation : « Le vrai pouvoir ignore la violence. Le vrai pouvoir construit la paix. Le vrai pouvoir promeut le développement de l’homme entier ». La solution est donc institutionnelle et politique ; non militaire ou humanitaire.

La réponse efficace qu’exige ce contexte, est la chute du papy-tyran, ainsi que la disgrâce de tous ses amis et l’abolition de tout ce qu’ils représentent : népotisme, favoritisme, corruption, injustice, détournement de deniers publics, tribalisme, occultisme etc. Des va-t-en-guerre notoires qui essayent de soulager le poids de leurs crimes par une duperie nauséabonde : voilà le vrai rôle de ce plan d’assistance humanitaire.

Les réfugiés Anglophones au Nigéria ont raison de protester contre cette assistance qui pue l’odeur des milliers de cadavres de leurs familles décimées par les sbires. À titre de rappel, leurs exodes et migrations ont vraiment commencé, après la centaine de manifestants tués le 1er octobre 2017. Votre plan d’assistance qui impute ce chaos aux séparatistes, est une insulte officielle et implicite à l’endroit de leurs morts et de la Nation entière. Tant dis qu’il tente très maladroitement, d’acheter la conscience des victimes civiles Anglophones.

Vous ne manquez pas de toupet d’accuser les séparatistes qui se défendent et protègent les leurs, de pratiquer des « exactions contre la population » et de porter « atteintes aux activités économiques ». Des images montrent pourtant des sbires en tain d’incendier des maisons, posant fièrement devant leurs forfaits. Sur d’autres images, les mêmes sbires volent le bétail et les récoltes non sans détruire les champs des « terroristes ». Les humiliations et viols collectifs et individuels qu’ont subis les filles Anglophones par vos « membres des Forces de Défense et de Sécurité », était-ce donc une stratégie pour vos « campagnes de sensibilisation contre les violences basées sur le genre (VBG) » ?

Tous les soldats qui tombent dans ces deux régions ne meurent pas pour la patrie. Ils sont sacrifiés par les kleptomanes sur l’autel de la soif du pouvoir. Chevrot dit si justement à cet effet que : « La pire rançon du pouvoir est la faculté d’en abuser ». La radicalisation des Anglophones est due au fait qu’ils n’en pouvaient plus d’être asservis. Alors ils résistent et résisteront toujours : c’est le propre de toute minorité qui refuse de se laisser phagocyter. Ces séparatistes ou « terroristes », étaient des manifestants pacifiques principalement issus de la classe prolétaire, qui réclamaient le droit à une vie digne.

Lorsque grâce aux Anglophones nous obtiendrons le Fédéralisme et nous l’aurons, tout comme grâce à eux nous avons déjà obtenu une pâle démocratie et le multipartisme, les mêmes « con-patriotes » ou leurs progénitures s’attribueront tout le mérite de leur sacrifice. Le moment vient au grand galop où chacun de nous devra répondre en son âme et conscience à cette fatidique question : quand le roi-fainéant et ses princes massacraient les Anglophones, pourquoi ne t’es-tu pas opposé ?

Nyëbë Edoa

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