Crédit: Tchakounte Kemayou

Chercheur en sociologie : ma première expérience

Après cinq mois d’absence de publication sur ce blog, le subversif que je suis est de retour. Une longue absence, jamais observée depuis le début de mon aventure de blogueur en 2013. Elle est due à plusieurs raisons qui sont essentiellement professionnelles : j’ai repris mes activités de chercheur.

Oui, en dehors de mon activité de blogueur, je suis aussi chercheur en sciences sociales. La recherche scientifique me passionne toujours autant, tandis que je fais du blogging une activité parallèle. Les années 2022 et 2023 sont arrivées comme une bourrasque. Sur le plan professionnel, j’ai été très occupé par trois projets de recherche. Ce sont des projets d’appel à contribution auxquels j’ai soumissionnés. Mes articles proposés ont été, à ma grande et agréable surprise, acceptés. Il faut par ailleurs préciser que c’est la toute première fois que je participe à des projets scientifiques. Pour un coup d’essai, c’est un vrai coup de maître !

Crédit Iwaria

L’importance de passer sa thèse, signe de crédibilité scientifique et première expérience de chercheur

Diplômé en sociologie de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLSH) à l’Université de Douala (UDLA), j’ai toujours eu pour rêve d’enfance d’être chercheur. C’est l’une des raisons pour lesquelles il fallait absolument aller au-delà du simple DEA en sociologie que j’ai obtenu en 2011 (aujourd’hui Master en sociologie). Il était donc devenu évident que mon inscription en thèse était une incontournable priorité. Après plusieurs hésitations, je me suis donc inscrit en thèse en 2013. Mais j’ai abandonné en 2015, faute de moyen, pour revenir en 2017. Je forçais presque. Oui, je l’avoue, je ne suis pas trop brillant, mais je me débrouille malgré tout.

Depuis début 2022, je suis submergé par des projets scientifiques. La production d’une thèse est exigenate mais elle est aussi une preuve de la crédibilité. En 2021, j’ai achevé la rédaction de ma thèse, le thème touche à un domaine qui me passionne, les enfants : « Les discours sur l’abolition du travail des enfants dans les pays du sud : Analyse de la sociologie économique des logiques d’action ». Il est question de s’interroger sur l’existence et l’importance des discours véhiculés dans le cadre de l’abolition du travail des enfants dans le contexte des pays du sud, plus particulièrement en Afrique subsaharienne. La soutenance traîne pour des raisons indépendantes de ma volonté. Mais, le processus est en cours.

Le travail de ma thèse m’a permis de voir les limites d’un tel projet, cher à l’Organisation internationale du travail (OIT). Le point positif c’est que, grâce à cette étude, j’ai été habilité à participer à trois autres projets. Pour le chercheur débutant que je suis, ceux-ci m’ont donné une belle occasion d’avoir mes premières expériences en matière de rédaction d’articles scientifiques. Ce sont des projets universitaires qui consistent à la rédaction d’articles avec des orientations thématiques et problématiques bien précises. L’objectif est la publication d’ouvrages pluridisciplinaires. Laissez-moi vous présenter brièvement ces trois projets sur lesquels j’ai travaillé.

Premier projet de chercheur : « La pandémie de la Covid-19 : discours, représentations et impacts socioculturels »

Le Cameroun traverse, depuis mars 2019, une grave crise sanitaire. En 2022, la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Maroua lance ce projet de proposition d’article. À la suite d’un appel à contribution, mon résumé (qui est la première étape de validation) a été retenu. C’est le tout premier article scientifique que je suis appelé à écrire en ma qualité de sociologue. Il est question de faire parler les sciences sociales concernant un phénomène qui a secoué le Cameroun et le monde pendant plus de 24 mois : la pandémie de la Covid-19.

Image par Miroslava Chrienova de Pixabay

Pendant trois mois, j’étais convié à rédiger et à livrer mon article intitulé « La pandémie de la Covid-19 et l’accès à l’information au Cameroun ». Les affres de cette affreuse maladie a obligé l’OMS à déclarer la Covid-19 comme « pandémie » le 11 mars 2020, au point de susciter de nombreux débats en Afrique. Les informations de diverses natures circulaient.

Les milieux de la presse au Cameroun ont été secoués, ne sachant pas exactement comment traiter de la pandémie. Les journalistes étaient confrontés à un dilemme. Soit donner la position officielle sur la maladie. Celle-ci pouvait les opposer à la croyance collective. Soit relayer les positions collectives. Ce qui les auraient opposé à la position gouvernementale. Les experts en sciences sociales ont donc eu l’occasion d’étudier les différentes tendances idéologiques qui ont pris court à ce moment. L’analyse sociologique porte sur la perception de la maladie et ses impact sociaux, économiques, politiques, philosophiques, psychologiques, etc. Bref, c’est un projet multidisciplinaire.

Après quelques avis d’experts, l’article a été finalisé en fin août 2022. Et le contrat avec l’éditeur Allemand LINCOM GmbH a été signé en fin septembre suivant. Nous attendons toujours la sortie du livre qui ne tardera certainement pas.

Deuxième projet de chercheur : « L’incertain dans la société africaine face aux changements organisationnels. Entre identités (plurielles) et développement des activités informelles »

Ce deuxième projet de recherche s’inscrit aussi dans le cadre de la rédaction d’articles pour la publication d’un ouvrage pluridisciplinaire. La même université m’a contacté en février 2023 pour participer à la rédaction d’un article sur les problématiques du changement organisationnel. Évidemment, je n’ai pas hésité et j’ai saisi l’occasion. Après la validation de mon résumé en mars 2023, je commence aussitôt la rédaction. J’ai un délai de trois mois et demi pour envoyer le version finale de mon article. Je dois dire que le thème de ce projet rédactionnel m’a particulièrement intéressé.

Dans le domaine de la science politique, le changement organisationnel au niveau des partis politiques au Cameroun m’intéresse beaucoup. Au sein des partis politiques, comment la conservation et l’accès au pouvoir politique s’organisent-ils en interne et en externe ? J’ai étudié cette question et j’en ai profité pour mettre en exergue les méthodes d’accès et de conservation du pouvoir politique. Au Cameroun, la longévité du pouvoir politique de Ahmadou Ahidjo (au pouvoir de 1960 à 1982) et de Paul Biya (encore au pouvoir depuis 1982) fait de la scène politique camerounaise un objet d’étude.

Paul Biya, Président du cameroun depuis 1982 – Image via Wikimedia commons

L’article est en cours d’expertise. La publication de l’ouvrage se fera aussitôt que possible. Il faut tout de même préciser que c’est un article de recherche qui m’a particulièrement passionné. Observateur de la scène politique depuis ma tendre jeunesse, écrire un article sur la politique de mon pays était exaltant en tant que chercheur. Cela m’a fait revivre les moments forts de l’histoire des élections de 1956 à 2020 avec un autre regard. Je devais retracer l’historique des victoires et des défaites du parti au pouvoir et des partis de l’opposition.

Les tendances avec les données longitudinales m’ont révélé des choses extraordinaires. Bref, j’ai particulièrement aimé ce projet en ma qualité de chercheur. Cette passion m’a presque conqui !

Troisième projet de chercheur : « Défis et enjeux de l’inclusion sociale des personnes handicapées au Cameroun »

J’ai été contacté par le président de l’association des personnes handicapées du Groupement intercommunautaire des Handicapés Dynamiques du Cameroun (Gic-Handyc). Il m’a donc fait part d’un projet de recherche concernant l’inclusion sociale des personnes handicapées au Cameroun. C »st à nouveau un appel à contribution sur la rédaction et la publication d’un ouvrage collectif multidisciplinaire. Il s’agit d’un projet d’une recherche scientifique du Laboratoire de Droit Public Interne de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’Université de Douala. Je le reçois pendant que je rédigeais mon deuxième article. Heureusement, la période de rédaction de trois mois me permet d’achever le deuxième article avant de me pencher sur le troisième.

Il était donc question que j’accélère la finition de mon deuxième article fin juin pour commencer le troisième début juillet. Au lieu de trois mois, j’avais un mois pour rédiger et envoyer l’article final. Je ne voulais vraiment pas faire un forcing de gaieté de cœur, pour moi, en tant que, à la fois chercheur et personne à mobilité réduite, c’était une obligation morale. Je tenais à marquer mon empreinte dans un tel projet, qui tombait à pic. Il n’y avait malheureusement (ou heureusement ?) pas de présélection comme les deux précédents articles. Le retour de l’expertise est actuellement toujours attendu (à la date du 12 septembre 2023).

Personne dans un fauteuil roulant. Image par Gregory Akinlotan de Pixabay

Débattre sur l’inclusion des personnes à mobilité réduite au Cameroun dans un projet de recherche, c’est comme parler à un sourd. Ma situation de handicap me fait découvrir l’horreur pour les personnes handicapées dans ce pays. Je reçois énormément des témoignages de compatriotes vivant dans d’autres pays. Il en ressort que les personnes à mobilité réduite ont un statut assez appréciable comparativement au Cameroun. Mais l’article n’est pas orienté sur la comparaison. Il s’agissait pour moi de montrer le retard du Cameroun concernant la conception et la perception même du handicap. J’ai pris le domaine de la participation électorale comme exemple d’application. C’était passionnant.

Et la suite ?

La validation des deux derniers articles reste attendue. Mais je peux dores et déjà dire que la recherche scientifique me fascine, j’ai beaucoup aimé faire ce travail de recherche et de rédaction. C’est donc une autre passion après le blogging. J’en rêvais sérieusement et j’étais très loin de savoir ce que cela pouvait me procurer comme plaisir. Voilà donc la réalité d’un blogueur qui découvre une autre facette de l’écriture. En dehors de mes articles de blog, je vais donc m’habituer à rédiger des articles destinés aux publications des revues scientifiques et des ouvrages collectifs. C’est une belle expérience de chercheur que j’embrasse avec force et conviction en attendant de trouver mieux pour une situation plus confortable.

L’avantage avec le domaine de la recherche scientifique, c’est la liberté qu’a le chercheur de donner son avis sur une question d’actualité. Un peu comme le blogging, en fait. Je découvre là une autre façon d’écrire que j’étais loin d’imaginer si exaltante. Mon rêve d’enfance est-il atteint ? Je ne le dirais pas. La recherche scientifique est bien plus complexe que ça. Pour avoir une bonne carrière, il faut toujours des occasions d’écriture.

Les occasions ne manquent pas. Mais celles qui donnent encore plus de poids au chercheur sont celles qui permettent de participer aux projets de recherche. Le but sera de former une équipe de travail dans le cadre de laboratoire de recherche.

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Auteur·e

tkcyves

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