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Quelle sera la posture d'Emmanuel Macron face aux tyrans africains ?

Emmanuel Macron, 39 ans, vient de remporter l’élection présidentielle française de 2017 avec un peu plus de 66% à la date du 8 mai 2017. Il devient donc le plus jeune président français de la 5ème république. Comme à son habitude, l’Afrique a toujours été un chapitre important des candidats aux élections présidentielles. Pour la simple raison que la France reste un partenaire privilégié de l’Afrique francophone compte tenue de l’histoire. Après la victoire d’Emmanuel Macron, les langues se délient pour scruter l’avenir du continent.

Les multiples analyses des relations bilatérales entre la France et l’Afrique montrent l’intérêt des observateurs internationaux. Emmanuel Macron, malgré l’existence de sa politique africaine absente dans ses discours, sera donc confronté aux réalités de la Francafrique.

Pour montrer le niveau d’influence du nouveau président français face aux faucons africains, j’ai choisi deux textes.

  • L’un de l’écrivain Patrice Nganang qui met l’accent sur le paradoxe entre les mandats présidentiels français de plus en plus réduits et les mandats présidentiels africains de plus en plus longs.
  • Le deuxième texte, celui de Boris Bertolt, journaliste, montre juste que le jeunot Emmanuel Macron, malgré son jeune âge et son dynamisme, ne pourra malheureusement pas servir de leçon aux vieillards africains. Bref, Emmanuel Macron sera-t-il ce changement de style dans la continuité ?
Victoire Emmanuel Macron à la présidentielle 2017 en France
Scores engrangés par Emmanuel Macron et Marine Le Pen à la présidentielle 2017 en France. Source : franceinfo.fr

Que peuvent les présidents français [à un mandat] contre les tyrans d’Afrique ? (Un texte de Patrice Nganang)

« Depuis Sarkozy, depuis 2007 donc, la France se trouve dans une situation d’instabilité de fait au sommet – avec des présidents à un seul mandat, et, avec Emmanuel Macron, avec un président qui a l’âge des enfants de plusieurs présidents d’Afrique centrale, mais plus important, avec un président qui n’a derrière lui aucune structure politique classique tel un parti politique, porté qu’il est par un mouvement, et qui est venu au pouvoir en fait par un coup d’Etat médiatique. Nicolas Sarkozy s’est en premier heurté à l’ossification africaine, tant à gauche qui elle est prise dans la bataille contre la Francafrique, qu’à droite, devant les tyrans dont surtout Bongo qui l’avait littéralement mis à genoux. François Hollande, a essuyé à Yaoundé un camouflet tyrannique dont il ne s’est jamais remis : « ne reste pas au pouvoir qui veut, mais reste qui peut ».

Eh bien, la France nous envoie maintenant un président sans structure, devant des hommes qui sont aujourd’hui les seuls et derniers garants de la structure coloniale, car c’est évidemment en Afrique francophone qu’aujourd’hui la Francafrique est défendue, est portée, est mise en branle. Les voilà, ils ont reçu Nicolas Sarkozy en 2007, il y a dix ans donc, ils ont reçu François Hollande, il y a cinq ans, et aujourd’hui, sans aucun changement parmi eux, ils attendent Emmanuel Macron.

La France et le paradoxe de la longévité en Afrique

Les tyrans attendent Emmanuel Macron qui, de toute sa campagne n’a vraiment pas parlé de l’Afrique, pour qui donc l’Afrique n’est pas si importante que cela, en réalité. La France se retrouve donc avec un autre Obama. Il peut, s’il est astucieux, avoir un deuxième mandat, mais la pesanteur d’un seul mandat en France s’installe pas à pas, tandis que paradoxalement, la tyrannie s’installe le plus profondément et le plus durablement en Afrique. Si cependant Macron voulait le changement en Afrique, comme par exemple Sarkozy, eh bien il aurait contre lui toute la classe intellectuelle africaine francophone qui est si confortablement assise dans son programme qu’elle aura de la peine à se rendre compte que le monde change.

Que dirait donc par exemple un Mongo Beti à Emmanuel Macron, sinon que « c’est la même chose », que la France « ne connait que ses intérêts », que « la France ne changera jamais ». Mais la question qui se pose est la suivante : Emmanuel Macron pourra-t-il être l’ennemi dont a besoin l’opposition gauchiste africaine pour exister ? Ce sont de telles questions qui deviennent soudain importantes, quand on veut savoir ce qui se passera en Afrique francophone. Cette France qui se passe soudain de l’Afrique francophone désaxé, désaxé, désaxé, car évidemment les choses auraient été plus simples avec Le Pen, dont le père a une passe africaine, et qui elle-même a commencé sa campagne au Tchad.

Emmanuel Macron sera-t-il victime de la France faible ?

Et là, on tombe sur la question simple : dans la relation entre l’Afrique et la France, qui a plus besoin de qui ? Dans une relation ou soudain un jeune président français de 39 ans regarde ailleurs, c’est-a-dire en fait, laisse les Africains s’occuper eux-mêmes de leurs dictateurs, les Africains seront-ils enfin contents ? Cette situation nouvelle, d’une France faible, d’une France affaiblie, et de présidents français à un seul mandat, est intéressante, très intéressante, surtout parce que le président Français, de son propre avis, a été « mal élu ».

La plupart de ses électeurs étant en fait des votes reportés de gauche et de droite. Un président français faible, un président français affaibli, une France faible, avec devant elle des dictateurs francophones les plus installés depuis 2007, des dictateurs les plus insolents et qui, avec Paul Biya en 2018, sont encore plus surs de leur plateforme qu’ils ne se laissent même plus paraitre. Biya peut couper internet a 30% de son pays sans problème. Sassou Nguesso peut mettre en prison tous ses adversaires politiques de 2016 sans aucun problème. Ali Bongo peut faire un « dialogue national » qui exclut celui qui lors de son élection a eu 48% des voix. C’est toujours une illusion de croire que l’on puisse se libérer seul, c’est un enfantillage de le croire. Les Africains ont toujours souhaité une France moins forte. Nous voilà servis ».

La victoire de Le Pen aurait-elle changé la donne ? (Boris Bertolt)

« Pour ceux qui ont tendance à l’oublier, le pouvoir de Yaoundé doit en grande partie sa survie du fait de l’appui politique, diplomatique et militaire qu’il a reçu de la France depuis 1960. En 1992, c’est le soutien de François Mittterand à Paul Biya qui en grande partie bloque le départ de Biya fortement souhaité et activé par les Etats-Unis et la Grande Bretagne.

Le pari perdu des faucons du RDPC pour la perdante Marine Le Pen

Emmanuel Macron avait 4 ans quand Paul Biya est devenu président de la République. Il n’est donc pas très au parfum du marigot de la françafrique. Le candidat du régime Biya aux élections présidentielle était Alain Juppé. C’est un grand ami de Paul Biya et acteur de la francafrique. Battu aux primaires des Républicains, ils se sont rabattus sur Fillon qui d’ailleurs était récemment au Cameroun quand il était premier ministre de Sarkhozy. Vu l’élimination de Fillon, les paris se sont tournés vers Le Pen car, il a existé une amitié entre les Le Pen et les Biya. D’ailleurs, Robert Bourgi a révélé cette semaine que des chefs d’Etat de l’Afrique Centrale ont envoyé des mallettes d’argent pour la candidate Marine Le Pen au second tour.

A Yaoundé, les progressistes du RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, parti au pouvoir, ndlr) et du pouvoir, dans leur grande majorité étaient favorables à Emmanuel Macron. Or les faucons étaient pour Marine Le Pen. Depuis cette semaine, ils travaillent à prendre attache avec des gens ayant plus ou moins des contacts dans l’entourage d’Emmanuel Macron.

la victoire d’Emmanuel Macron augure-t-elle des changements pour l’Afrique et le Cameroun ?

Biya ne fera rien de majeur dans les prochaines semaines avant d’avoir une idée claire de l’équipe d’Emmanuel Macron et les orientations qu’il compte donner à sa politique africaine.

Ceux qui vous ont disent que l’élection française n’intéressait pas les camerounais vous ont simplement menti. Le Cameroun et la France entretiennent plus de 100 ans d’histoire commune. L’arrivée du Général De Gaulle en France a accéléré les indépendances africaines. L’arrivée de Mitterrand, premier socialiste à prendre le pouvoir en France a joué un rôle dans le départ de Ahidjo. Nul ne peut savoir l’effet qu’aura l’arrivée d’Emmanuel Macron qui, à 39 ans, est le plus jeune président de la 5ème République, et celui qui a pris le pouvoir sans appartenir ni à la gauche ni à la droite qui pilotent le jeu politique depuis 50 ans ».

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Auteur·e

tkcyves

Commentaires

33Samuel
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