Crédit:

Mon engagement pour la campagne #StopBokoHaram

14038_10152940454585340_4864888112295739746_n

Depuis l’apparition de la secte Boko Haram dans la scène publique camerounaise, l’opinion reste toujours perturbée par des mauvaises nouvelles de rapts et de décapitations qui viennent de la région de l’Extrême-Nord. Heureusement, les dégâts ne sont pas catastrophiques grâce à la hargne et la prouesse des forces armées que la tyrannie balance dans la gueule du loup.

Un bilan presque élogieux dans la libération des otages

C’est au cours du mois de février 2013, et plus particulièrement dans la journée du 19 que Boko Haram fait son apparition au Cameroun. Exerçant naturellement au Nigeria, la secte était encore, avant cette date, considérée comme une entité ayant des revendications purement politiques. Il faut aussi signaler que beaucoup d’observateurs et analystes soupçonnaient déjà d’éventuelles incursions en territoires camerounais. Mais la naïveté, ou mieux, la négligence des dirigeants a finis par donner raisons à ces analystes considérés jadis comme des détracteurs de la république. Depuis cette date, la présence de Boko Haram sur le territoire camerounais est devenue officielle. Une vidéo menaçant les autorités camerounaises diffusée par la secte avait fait le tour du monde. Depuis cette date et à ce jour, le Cameroun enregistre sur son sol presque 100 rapts donc une vingtaine d’occidentaux et plus d’une centaine de camerounais décapités.

Parmi les rapts les plus célèbres on peut dénombrer, celui des sept français dont quatre garçons âgés de 11 à 12 ans dans les plaines de Dabanga à l’Extrême Nord enlevés justement le 19 février 2013, celui du père Vandenbeusch, des religieux italiens et de la religieuse canadienne libérés le 1er juin 2014, celui de dix chinois et de dix-sept camerounais enlevés respectivement en mai et juillet 2014, celui plus récent de 24 camerounais libérés parmi les quatre-vingt enlevés le 18 janvier 2015. Tous ces otages sont donc sains et saufs. Mais la libération la plus rocambolesque fut celle de l’allemand Nitsch Eberhard Robert enlevé en juillet 2014 au Nigeria et détenu toujours dans ce même pays.A ce jour, le compte est loin d’être terminé et il est désormais établi que la libération pompeuse de ces otages, plus particulièrement des otages occidentaux, fait l’objet d’une publicité tapageuse du régime pour le compte d’une propagande politique malsaine. Au fait, pourquoi Paul Biya rançonne-t-il la libération des otages ?

A la recherche d’une visibilité internationale : La propagande diplomatique

10308757_780383592037899_4790243026596707867_n
Le président Biya recevant au palais l’otage allemand Nitsch Eberhard Robert venu du Nigéria

Un bilan aussi élogieux des libérations des otages kidnappés par la secte est loin d’être considéré comme des faits anodins. Des faits manifestes qui témoignent de la volonté consciente de vouloir être une nation à la recherche désespérée d’une identité sur le plan international. Un bref aperçu aussi sur le bilan des rançons est digne d’intérêt. Selon certaines sources de plus en plus crédibles, plus particulièrement celle de Reuters, confirment que, à la suite d’une enquête après la libération des sept français,le président de la république camerounaise est l’une des personnes les plus promptes au payement des rançons :

NigerianIslamistsectBokoHaramwaspaid an equivalent of around $3.15 million by French and Camerooniannegotiatorsbeforefreeingseven French hostagesthismonth, a confidentialNigeriangovernment report obtained by Reuters said […]French news network i-telereportedearlier on Friday that a ransomhad of $7 million had been paid, suggestingeitherCameroonPresident Paul Biya or GDF-Suez hadpaidit.

A la suite de Reuters, les journaux comme les quotidiens nigériansVanguard et Daily Trustconfirment aussi cette fâcheuse habitude qu’a pris le Cameroun de toujours se plier aux injonctions du leader Abubakar Shekau qui ne vit pas seulement de l’investissement d’Aqap [Al-Qaida dans la péninsule Arabique] et d’Aqmi [Al-Qaida au Maghreb islamique], ainsi que celui d’Al-Shabab dans la Corne de l’Afrique, mais aussi des rançons bien fourni et alimenté par Paul Biya.

Il est donc tout à fait raisonnable de s’indigner sur la mobilisation diplomatique camerounaise pour libérer des otages occidentaux d’autant plus qu’avant que Boko Haram ne pointe son nez le 19 février 2013 en kidnappant la famille Moulin Fournier, les villageois subissaient déjà les affres de la secte sans que le pouvoir de Yaoundé ne daigne se mouvoir pour les sortir des griffes de la nébuleuse. Ainsi donc, comme un coup de baquette magique, Yaoundé se sent subitement interpeler par un devoir républicain. Victime d’une diplomatie handicapée depuis belle lurette, une occasion en or venait donc d’être donnée par Abubakar Shekau à Paul Biya pour se faire une visibilité devant une France donc le président n’avait plus mis les pieds à Yaoundé depuis plus d’une décennie. La réaction de François Hollande après la libération des Moulin Fournier a donc été un coup médiatique recherché par le pouvoir de Yaoundé qui a aussitôt vu la nécessité de renforcer cette stratégie en espérant plus.Laurent Fabius, ministre français des affaires étrangères, s’est lui aussi fendu en remerciements à Yaoundé. Il était venu pour ramener les otages à la maison en allant dans le même sens que son chef : « Je veux vraiment et chaleureusement vous remercier, Monsieur le Président, pour ce que vous avez fait, en liaison avec les autorités nigérianes et françaises, comme vous l’avez souligné, dans la discrétion, dans l’efficacité en réitérant la gratitude de la France à l’égard du Cameroun et de son président ».Ce dénouement heureux va-t-il réchauffer l’état des relations entre les deux hommes ?

La problématique du double langage : Le rançonnage et « la guerre totale »

La dernière vidéo diffusée par la secte révèle, par la bouche de son leader, que le double langage de Biya consistant à négocier et collaborer la nuit et venir les combattre le jour est signe d’une lâcheté notoire. Déjà engagé dans une stratégie de rançonnage, Paul se retrouve contraint à déclarer une « guerre totale à Boko Haram », loin de ses institutions législatives qui auraient pu donner une caution légale à cette guerre.Voilà donc le double jeu de Paul Biya dénoncé par Abubakar Shekau.

Cette double posture du régime de Yaoundé fait ressortir des incongruités dans la gestion de ce que je peux appeler « crise ». Comment comprendre qu’une fois engagé dans la guerre, les soldats tombés au front des batailles dans la région de l’Extrême-Nord reçoivent des honneurs de la république en l’absence du chef suprême des armée, tandis que celui-ci reçoit, au palais, en grande pompe les otages libérés ? L’exemple le plus parlant c’est justement le cas de la libération de l’otage allemand Nitsch Eberhard Robert arrêté et maintenu pourtant sur le sol Nigérian depuis juillet 2014. Nitsch travaillait au Nigeria où une ambassade allemande existe,d’où vient-il alors que ce citoyen allemand capturé au Nigeria se retrouve libéré plutôt au Cameroun et est présenté à la presse camerounaise, et reçu par le président camerounais dans le palais du peuple camerounais, le palais d’Etoudi, pour faire la Grande Une du quotidien de l’État camerounais « Cameroon-Tribune » ?Tous les otages ainsi libérés sont chaque fois reçu en héros au palais avec des champagnes en leur honneur.

#StopBokoHaram

1779953_494481130693276_362774402020492659_n
Marche patriotique de soutien aux forces armées » le 28 février prochain à Yaoundé

Il faut le dire ici, pour finir, que cette guerre que mène le Cameroun n’est pas sans importance pour le pays exposé à la merci des barbares depuis longtemps. Toujours est-il aussi important de souligner deux choses : de 1-La nullité et l’embrouillamini du « Conseil Nationale de la sécurité » (CNS) donne à penser que cette institution dont le rôle est de préparer nos armées à affronter les dangers que le pays vit actuellement, est inexistante. C’est aussi la preuve, comme le dit Ngouo  WOUNGLY–MASSAGA, que : « Ceux qui sont à la tête des institutions de défense et de sécurité dans notre pays ne le doivent qu’à la pratique du tribalisme et ou à leurs aptitudes de personnes prêtes à exécuter toutes les besognes  et à faire tirer sur les jeunes et sur le peuple « sans état d’âme »…et non à leurs compétences ». Il en résulte donc que notre armée, et plus particulièrement le Bataillon d’Intervention Rapide (BIR), n’est foncièrement pas conçue pour la défense du territoire contre un ennemi externe, mais pour la répression de toutes manifestations de mécontentement populaire et la guerre civile. En conclusion donc, « le pays n’a aucune véritable stratégie, aucune politique cohérente de lutte contre Boko-Haram ». Une sorte de défaite programmée, donc ! Et de 2-Cette gabegie dans la gestion d’une guerre menée par les jeunes officiers fraîchement sortis de l’Ecole Militaire Interarmées (EMIA) est à décrier. N’ayant aucune expérience de la guerre, ces jeunes officiers sont appelés sur les champs des batailles tandis que les autres militaires, considérés comme les plus aguerris, sont enfouis dans les casernes, se mettent à l’abri, loin de la galère de l’affreuse guerre. Cela témoigne donc de l’existence de cette corruption tant décriée et qui est la pratique la plus répandue et la marque déposée du régime de Yaoundé.

C’est pour ces jeunes soldats que la tyrannie a choisi de sacrifier que je me joindrais à cette « marche patriotique de soutien aux forces armées »  le 28 février prochain. Je leur rends donc hommage par ce billet. Le souvenir de cette date du 28 février 2008 me rappelle que cette même armée avait tiré à bout portant sur les jeunes à mains nues descendus dans la rue à la suite d’une modification de la constitution abrogeant l’article qui limitait le nombre de mandat présidentiel. Cette manifestation avait été aussi incitée par une crise dite de « la vie chère » qui avait presque soulevée les jeunes de quelques capitales africaines.Cependant, cette manie qu’a la tyrannie de Yaoundé de se mêler de la manifestation pour créer la confusion dans les esprits. « La honteuse escroquerie politique du parti au pouvoir consistant à  confondre la mobilisation patriotique contre Boko Haram et le soutien partisan au chef de l’Etat » n’est qu’à un doigt.

TchakounteKemayou

Partagez

Auteur·e

tkcyves

Commentaires