« For begining for today, you must learn chapter for Ndinga Man .
Chapter one : no make erreur
Chapter two: erreur for mbutuku n’a Ndame for ndossss
Chapter three: mbut na sick….
Que des leçons de la vie tu as donné dans la blague et le sense! »
Voilà donc un extrait tiré de celui que les Camerounais appellent affectueusement « Ndinga Man ». Son langage, issu du monde populaire, de l’homme de la rue, des bidonvilles, est considéré comme le langage de la révolte, de la révolution. Son « Pidjin » (langue populaire, une sorte de camfranglais, un mélange de français, d’anglais et quelques tournures langagières) est d’une excellente lisibilité et d’une facilité accessible dans laquelle beaucoup de Camerounais qui n’ont pas été à l’école se reconnaissent.
Lambo Sandjo Pierre Roger, alias Lapiro de Mbanga, né en 1957, de nationalité camerounaise et père de 7 enfants, fut parmi les premiers Camerounais à s’attaquer au système. Sa mort survenue aux Etats-Unis où il était réfugié politique, des suites de maladie qu’il n’avait pu soigner pendant sa détention au pénitencier de New-Bell, prison tristement célèbre, à Douala. Le 24 septembre 2008, le tribunal de grande instance a condamné Lapiro de Mbanga à croupir durant trois années pleines dans les geôles du département. L’artiste a été reconnu coupable de « complicité de délit d’attroupement, complicité d’obstacle à la voie publique, et complicité de pillage en bande » : une avalanche de crimes au Cameroun. Il faut rappeler que c’est à la suite d’une crise appelée manifestation contre la vie chère en février 2008. Lors de ce mouvement de contestation 40 jeunes gens (chiffres officiels), 150 (chiffres de la société civile) ont été froidement assassinés par l’armée de Biya. L’artiste, a été accusé de « complicité de délit d’attroupement » comme pour dire que Ndinga Man a motivé les jeunes à un « pillage en bande ». C’est là où commence le malheur de l’homme fort de Mbanga comme sait si bien le dire son compatriote Jacob Nguini, le célèbre guitariste, ex-soliste de l’orchestre Rocafil Jazz de feu Prince Nico Mbarga, « Il s’agit d’un acte criminel de la part des autorités camerounaises. Lapiro est mort d’une maladie qui avait été détectée dès sa première année en prison… Un ordre explicite avait été donné de ne pas le soigner. Cette information avait été communiquée à Lapiro lui-même pendant qu’il était derrière les barreaux… Au moment où il est sorti de prison et il est arrivé aux USA, il était trop tard pour le sauver… Lapiro avait été curieusement libéré parce que les autorités camerounaises, qui connaissaient la vérité sur sa maladie, ne voulaient pas qu’il meure en prison… »
Avant d’avaler sa pipe, il a été accablé, humilié sans pince rire. La sentence a été forte et sans appel. L’homme était condamné à payer 280 millions de F Cfa (426 857 €) au titre de dommages et intérêts à répartir entre la Société des plantations de Mbanga et le Centre divisionnaire des impôts de la même ville qui avaient porté plainte contre. S’il est vrai que cette condamnation était injuste il est aussi bien curieux de comprendre ce que voulaient les autorités administratives et politiques, pardon, que dis-je les autorités judiciaires en lui infligeant cette lourde somme d’argent. Comme le clame mon ami Jean-Claude Nyoug, « Comment parviendra-t-il à réunir une telle somme dans un pays rongé par le chômage, où gagner 20 000 F Cfa (30 €) relève d’un véritable exploit mensuel ? »
A vrai dire ces accusations ne datent pas d’aujourd’hui comme en témoigne Macaire Lemdja. Beaucoup « … ont commencé, avant son décès, à salir sa mémoire en l’accusant d’avoir été acheté par les services de renseignement pendant les années de braise (1991 et 1992, ndlr) ou l’ont accusé d’inceste et de pédophilie (article paru dans LAnecdote) devront avoir le courage aujourd’hui d’avancer à visage découvert ». C’était un moment terrible qu’avait traversé Ndinga Man à l’époque et personne ne pouvait imaginer l’homme de Mbanga encore debout malgré toutes vicissitudes de la vie. Que non ! L’homme est resté inflexible et égal à lui-même. Seulement à me rappeler de l’un de ses morceaux choisis, je pleure de rage :
« Na last time be time. Long crayon don be talk say les mêmes causes produisent les mêmes effets. Dan be say this who go do café na yi go do caca.”
Mon Dieu ! Quel courage avait cet homme de s’attaquer à l’homme du pouvoir, l’homme lion qu’il appelle « Man for Ngola ». C’est donc un artiste complet et tout un symbole.
Je vous livre un texte d’une de ses chansons que j’affectionne beaucoup. Ce texte est une retranscription d’un compatriote camerounais nommé Vakunta :
Ancien chaud gars na mouilleur!
Step down! Démissionnez!
Because you dong over massacré constitution…
You dong over échouer
Subordination du pouvoir judiciaire na you!
Subordination du pouvoir législatif na you!
Manoeuvre politique avec impunité na soso you!
Step down! Démissionnez!
Because you dong over mouiller!
Insécurité généralisée—
Chavoum dong hala for banque for Bonaberi
Fusils dong hala for Pont de Wouri
Dem dong meng your chef de terre,
Kamambrou for Bakassi
You dong over mouiller!
Step down! Démissionnez!
Ngeme and chômage
Dong multiplié for dis mboko
Bendskinneurs, chauffeurs clandos,
Laveurs de voitures, tackleurs, sauveteurs
Bayam sellams, coiffeurs and coiffeuses ambulantes
For Marché Central, call-boxeurs…
Dem di pointer na for dong rain and for dong sun…
Preuve, dem di kick muna bébés
For maternité everywhere for we own kondre.
No be youa boulot na sécurisation
Des personnes et de leurs biens?
A vrai dire this one na échec total
If you no fit garantir sécurité sep for nourrissons!
Step down! Démissionnez! You dong over mouiller!
RIP NDINGA MAN !!!
Tchakounte Kemayou
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