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Indice Mo Ibrahim : L’exemple qui vient du Gabon

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Presqu’une semaine déjà que la Mo Ibrahim Foundation a publié ses résultats « 2014 Indice Ibrahim de la gouvernance africaine (IIAG) ». Indice dont le premier objectif est de démystifier la pensée collective qui considère le continent Africain comme le berceau, par excellence, du totalitarisme et de la tyrannie. Pour ce faire, la richissime Mo Ibrahim et la fondation choisissent de promouvoir et d’encourager une gestion publique en attribuant des notes (indices) de la bonne gouvernance. L’Afrique centrale, classée dernier du continent, le Gabon se démarque par son leadership.

Une première observation des tableaux chiffrés nous montre à suffisance que parmi les cinq régions identifiées dans le classement (sur 100 points) : 1er Afrique Australe, 59.3 points ; 2ème Afrique du Nord, 52.8 points ; 3ème Afrique de l’Ouest, 52.2 points ; 4ème Afrique de l’Est, 48.5 points et 5ème Afrique Centrale, 41.4 points), l’Afrique centrale reste le mauvais, paresseux et stupide élève de la bonne gouvernance en Afrique avec une moyenne totale de 51.2 points.

Malgré cette médiocrité de l’Afrique centrale, le Gabon d’Ali Mbongo se démarque sous tous les plans de ce classement. Ainsi, le Gabon se retrouve 2ème derrière Sao Tomé & Principe (Classement sur 100 points) : 1er Sao Tomé & Principe, 59.7 points ; 2ème Gabon, 51.0 points ; 3ème Cameroun, 47.6 points ; 4ème Congo, 43.4 points ; 5ème Guinée Equatoriale, 38.4 points ; 6ème RDC, 34.1 points ; 7ème Tchad, 32.3 points et 8ème RCA, 24.8 points.

L’analyse de chaque rubrique dans la classification des indices : 1-Sécurité et état de droit, 2-Etat de droit, 3-Redevabilité, 4-Sécurité individuelle, 5-Sécurité individuelle, confirme ce leadership du Gabon depuis l’avènement du président Ali Bongo qui a succédé à son feu père Omar Bongo. Sur ces cinq indices, le Gabon marque 4 moyennes sur 5. De quoi suscité la sympathie. La bonne position attribuée au Gabon ne peut pas être attribué au fait du hasard. La succession du père par le fils dans une république a été interprété par beaucoup d’observateurs et d’analystes comme un acte de confiscation du pouvoir politique devenu l’astuce des tyrans pour ne pas laisser échapper le pouvoir. Comme pour dire que le pays appartiendrait à la famille. C’est ce qui avait aussi été reproché, en son temps, à Eyadema au Togo et plus récemment à Abdoulaye Wade qui avait tenté, en vain, d’imposer son fils.

L’Afrique centrale, du temps d’Omar Bongo, avait été considérée jadis comme la chasse gardée du Cameroun qui était jusque-là vu comme l’Afrique en miniature, une puissance économique que nul ne pouvait détrôner. Depuis donc l’arrivée du jeune, du sang neuf à la tête de la république du Gabon, le jeune loup aux dents longues aiguise ses appétits pour le leadership que détient depuis un certain temps le Cameroun. Pour y arriver, le Gabon continue de fournir des efforts.

La présidence de la république gabonaise, par le biais de sa direction de la communication, a publié un communiqué pour prendre conscience de ses faiblesses et mettre en place des mécanismes du saine gestion de l’Etat gabonais. Ainsi, la présidence se satisfait donc de l’Etat d’avance de son indice par rapport à la situation de l’Afrique toute entière:

Depuis 2009, la progression est particulièrement remarquable dans les domaines « Développement humain » et « Sécurité et état de droit »…  L’IAAG 2014, qui place le Gabon au 27e rang avec un score de 51/100 (moyenne sous régionale 41,4/100), est le fruit de l’analyse des données de l’année 2013. Le tableau ci-dessous offre une lecture tendancielle depuis l’année 2009, faisant apparaître un classement avantageux dans les secteurs de la sécurité individuelle (8e en Afrique), de la sécurité nationale (13e), de la santé (13e), des infrastructures (17e) et de l’état de droit (20e).

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La présidence Gabonaise reconnaît aussi ses lacunes en promettant d’y remédier dans les prochaines occasions :

Avec une note intermédiaire, l’enseignement (21e) et la protection sociale (24e) sont en progression,  laissant loin derrière des secteurs comme la redevabilité, la parité, la gestion publique, l’environnement des entreprises ou encore le secteur agricole. Parfaitement informé de ces carences, le chef de l’État suivra avec grande attention l’application des directives données à la nouvelle équipe gouvernementale pour la mise en œuvre de la réforme de l’État, l’amélioration du climat des affaires et le déploiement de plusieurs projets agro-industriels.

Et Omar Bongo annonce les couleurs pour les prochains indices de 2015 :

le continent africain progresse, mais l’histoire est complexe et ne correspond pas nécessairement aux stéréotypes courants ». Ainsi des performances dans la catégorie « Développement économique durable », qui ont passé le témoin à un autre moteur de gouvernance, le « Développement humain ». Situation observée partout en Afrique par les analystes de l’IAAG, caractérisée par une progression depuis 2009 au Gabon des indicateurs Santé (+6,1) et Protection sociale (+2,4). Les dispositions annoncées en 2014 par le président Ali Bongo Ondimba en clôture des Assises sociales (famille, santé, insertion professionnelle) viendront, sans nul doute, renforcer cette tendance lors de la publication de l’Indice 2015.

Rassurant, tout de même !

C’est très instructif comme réaction. Pour reprendre le journaliste Jean-Vincent Tchienehom, au lieu de s’acharner sur ces organismes internationaux comme le fait le Cameroun lorsqu’il a des mauvais points, il serait mieux que le régime tyrannique de Biya apprenne l’humilité. En gouvernement responsable, Libreville prend connaissance de l’image que dresse de lui Mo Ibrahim et prend date pour corriger ses points faibles.

A Yaoundé, on s’en fout… Au mieux, on critique, en accusant les analystes étrangers de n’avoir rien compris, car « le Cameroun c’est le Cameroun », le Cameroun n’a pas de leçon à recevoir des organismes internationaux. Or, il faut savoir que les investisseurs étrangers que le Cameroun appelle de tous ses vœux fondent leurs décisions sur ce type de rapports qui sont nombreux: Tansparency, International Crisis Group, Département d’Etat américain, Amnesty, Reporters sans frontières, Mo Ibrahim Foundation, agences de notation, et j’en passe. Le régime de Paul Biya a alors tort de croire que le regard que l’on porte sur le Cameroun de l’étranger n’a aucune espèce d’importance.

Inutile de rappeler que l’Afrique centrale est quand même la région où se trouvent les pires et vieilles tyrannies de l’Afrique. On ne peut pas attendre mieux des tyrans à la trempe de Biya, Kabila, Deby, Sassou Nguésso ou Obiang.

Tchakounté Kemayou

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tkcyves

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