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Le « Génocide » au Cameroun et le « silence » complice de la France : Le coup de semonce qui vient des Etats-Unis (2/4)

A la faveur du droit humanitaire, la communauté internationale se met en branle pour se mêler de la guerre. Les ravages humains et matériels de la guérilla en est la cause. Compte tenu du bilan assez lourd de cette guerre civile qui a lieu en ce moment au Cameroun, peut-on parlé du génocide ? En quoi la France, et le gouvernement camerounais avec, serait-elle responsable du génocide qui semble être le chemin vers lequel nous menons tous ? Quelques éléments factuels d’appréciation nous permettront de tirer cette conclusion. Je vous en propose quelques-uns.

Deuxième partie : Le coup de semonce qui vient des Etats-Unis

C’est à partir du 7 février 2018 que Cathérine Ray, le Spokesperson for Foreign Affairs and Security Policy, fait un communiqué au nom de l’Union Européenne (UE) pour attirer l’opinion et les autorité camerounaise sur « les nouveaux actes de violences au Nord-Ouest et Sud-Ouest ». Ce communiqué de l’UE fait partie de l’une des premiers alertes de la communauté internationale face aux multiples actes de violences déjà enregistrés.

La Démocrate Karen Bass à la manœuvre

Mais, l’alerte la plus sérieuse est celle des Etats-Unis qui date du 11 juillet 2019. Elle est celle qui déclenche en fait les hostilités américaines. C’est la congress-woman Karen Bass qui lance justement ces hostilités dans un discours en ces termes : « There is serious work to be done to determine whether or not genocide is taking place ». Traduction : « un travail sérieux doit être fait pour déterminer si oui ou non un génocide a lieu » au Cameroun. Quelques jours avant, les 2 et 3 juillet, ce parlementaire Américaine, qu’accompagnaient sept collègues, étaient au Cameroun pour s’enquérir de la situation. Curieusement, le gouvernement Camerounais a refusé, à sa délégation et elle, l’accès dans la zone du conflit, au NOSO.

Ce refus du gouvernement Camerounais de permettre à Karen Bass et son équipe d’aller dans les régions en guerre a irrité les parlementaires Américains. Incapables de déterminer avec exactitude ce qui s’y passe réellement, ils sont restés sur leur faim. Y a-t-il oui ou non génocide au NOSO. C’est l’interrogation qui hante les esprits actuellement chez les parlementaires Américains, Démocrates surtout.

Il faut, bien entendu, préciser que les parlementaires Américains n’ont pas été les seuls à avoir été interdits par le gouvernement camerounais d’accéder au NOSO. Avant, c’était Michelle Bachelet, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme. En visite du 1er au 4 mai 2019 au Cameroun, elle avait été empêchée de visiter la zone.

Et pourtant, le Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean Baptiste Lemoyne en visite au Cameroun les 28 et 29 juin 2019, a fait justement un tour à Buea, capitale de la région du Sud-Ouest, région en guerre. Alors, question : pourquoi seul une autorité Française peut visiter une zone en guerre et pas Karen Bass et Michelle Bachelet, pour ne citer que ces deux personnalités parmi tant d’autres ?

Un septembre plein de surprises

Dans la foulée, l’Assemblée Générale des Nations Unies se prépare et par la pression des Etats-Unis, le Cameroun risque d’être l’objet des curiosités. Le 7 septembre 2019, des rumeurs, sur une communication présidentielle, circulent. Les réseaux sociaux s’enflamment. Et c’est finalement un communiqué qui, le 9 septembre, annonce un discours de Paul Biya à la nation. Le 10 septembre, Paul Biya prononce le fameux discours tant attendu. Discours au cours duquel il convoque un « Grand dialogue national » (GDN) dont l’objectif principal sera de trouver des solutions pour mettre fin à la guerre dans le NOSO. Le GDN a lieu du 30 septembre au 4 octobre 2019.

Trois éléments majeurs présument déjà l’échec programmé du GDN. Premièrement, les acteurs majeurs de la crise, notamment les chefs commandos des Amba-Boys qui sont réfugiés dans la brousse n’y étaient pas, encore moins représentés. Deuxièmement, les membres de la société civile et la classe politique invités trouvent une occasion idoine de calmer la tension au NOSO. Paradoxalement, le leader du parti politique, le MRC, officiellement deuxième à la présidentielle d’octobre 2018 est incarcéré à la Prison de Kondengui à Yaoundé avec plus de 200 de ses partisans. Conséquence logique : il n’y participe pas. Troisièmement, le sujet central à l’ordre du jour qui fait d’ailleurs l’objet de ce GDN n’aborde pas la forme de l’Etat, le fédéralisme. Les vieilles revendications fédéralistes sont restées lettres mortes. Certains observateurs sont d’ailleurs persuadés que ce GDN était une esbroufe de Paul Biya pour tromper la vigilance des Nations Unies et montrer ainsi sa bonne volonté de la résolution de la crise.

La France tient-elle les manettes ?

Le 5 octobre 2019, un curieux communiqué de la Présidence de la République annonce la libération de Maurice Kamto, le leader du MRC et quelques-uns de ses partisans. C’est la liesse dans la capitale, Yaoundé ! Curieusement, cette libération intervient juste avant le départ de Paul Biya pour la France le 8 octobre 2019 à Lyon où il assiste à la sixième conférence de reconstruction des ressources du Fonds Mondial de lutte contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme les 9 et 10 octobre 2019.

Huit semaines après, le 4 décembre 2019, il retournera en France, cette fois-ci à Paris, pour participer au sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique prévu les 6 et 7 décembre 2019. Cette libération du leader Maurice Kamto et de ses partisans avait donc un objectif : répondre aux doléances d’Emmanuel Macron qui sollicitait, par la voix de Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, cette libération.

Tout le monde s’accorde à croire que, pour un vieil homme de la trempe de Biya, faire deux voyages en Europe avec un écart d’un mois, est une prouesse difficilement inimaginable. Pour les Camerounais qui connaissent les habitudes de voyages présidentiels, le coupe Paul et Chantal Biya n’a jamais été tenu à la culotte à ce rythme. Logiquement, pour un bon observateur, il se prépare quelque chose. De quoi s’agit-il ? C’est au retour de Biya à Yaoundé que les Camerounais vont être finalement fixés.  

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Auteur·e

tkcyves

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