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Du virtuel au réel, à la découverte d’un village peu ordinaire : Batchingou (1)

 

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Voici venu le moment de prendre connaissance de ses origines. Les enfants originaires du département du Ndé l’ont bien compris. Nous sommes ici dans la région des montagnes, à l’Ouest du Cameroun où le cap a été mis dans l’un des 13 villages que constitue le département : Batchingou. Le temps d’un week-end (les 15 et 16 novembre 2014) ne pourrait pas suffire pour parcourir toutes les richesses culturelles et naturelles de ce peuple. A travers le réseau social Facebook, ce challenge de réunir les enfants d’un même terroir venus de tous les horizons à la découverte de leur tradition a été possible grâce à l’association « Ndé en Force ADI ».

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Pour satisfaire leur curiosité du savoir, le retour aux sources commence à avoir un sens dans un environnement où la jeunesse, de plus en plus, cherche ses repères. L’occasion était donnée à chaque jeune « Ndéen » de se joindre aux autres venus d’horizons divers. Beaucoup d’émotions et de satisfactions de se retrouver enfin entre personnes attachées à une terre, partageant les mêmes cultures et traditions et assoiffées par le désir de donner ce qu’elles ont de plus cher pour le développement de leur village. Longtemps cantonnés sur le réseau social, l’occasion était donc donnée pour ces jeunes de passer du virtuel au réel. C’est donc ce passage qui a constitué la première émotion vivante et plus que chaleureuse entre les « frères » et les « sœurs » qui se retrouvaient, enfin, le temps d’un week-end pour échanger, apprendre, se comprendre, partager, dialoguer, se connaitre, sympathiser et j’en passe.

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Tout a été organisé via le forum facebook « Le Ndé en Force » à travers une communication assidue et bien menée de main de maître par Franck Williams Batchou. Il est à noter que ce travail ne devrait pas être une tâche aisée compte tenu du fait que le forum venait de traverser des moments forts turbulents qui ont malheureusement causés le départ de quelques membres pour incompatibilité d’humeur. Le travail titanesque abattu par Franck a néanmoins connu un succès qui a forcé mon adhésion pour une deuxième aventure après celle de Bangoulap qui s’était déroulée en 2013. Finis les couacs et les mésententes, et place maintenant au début des hostilités en 3 temps plein d’émotions :

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1. Première étape, l’hôtel Casyan pour le départ
L’hôtel Casyan à Akwa a été choisi comme le point de départ de la délégation de Douala. Celle de Yaoundé conduit par Basile Ngontcha devrait nous rejoindre dans la ville de Bangangté à l’hôtel choisi pour l’hébergement. Il est 21h35 ce vendredi 14 novembre, je suis le troisième à être sur le site après l’iconoclaste Innocent et la séduisante Ndéenne Lamama qui n’a pas hésité à me proposer une bière. Pour des raisons de longévité du voyage de plus de 5 heures d’horloge, je me suis contenté d’un Coca bien glacé. Après, vient Armand, Arnaud, Alain (le président du comité d’organisation que je n’ai pas reconnu, et qui remettait à chacun son badge), Olive (la secrétaire générale, officiant comme chef de délégation en l’absence de la présidente de l’association), Elise, Flogide, et Rosine qui est venu nous souhaité bon voyage non sans me faire de petits câlins. Elle ne sera pas des nôtres pour des raisons familiales. L’attente du car de l’agence de voyage affrété fut longue et ça devenait ennuyeux au bout de minuit.

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2. En attendant le car de l’agence « Noblesse » pour le départ
En attendant le car qui tardait à venir, une autre chance me sourit : Olive, après les traditionnels bisous de circonstances me propose aussi une bière que j’accepte en oubliant mon sermon de départ. Une Castel à la française s’il vous plaît. Deux Cocas en une soirée ?! Non, il fallait en profité pour prendre une bière. C’était l’occasion ou rien.

 

3. Le trajet : de 1h30 à 6h30
A peine ai-je commencé à avaler ma bière et à mi-parcours, une voix m’interpelle : « le car est arrivé ». Et hop, le temps de vider ma bouteille, me voilà dans ma position préférée juste à trois sièges après l’entrée. Ce n’est qu’à cet instant que je me rends compte qu’il y a des figures qui me sont étrangères. Dans la foulée, un bonjour suffit. Il était 1h30 du petit matin. Une ambiance molle envahit l’atmosphère. Normal. La fatigue s’est emparée après une si longue attente pour un départ prévu à 23h. La traversée de la ville de Douala nous renseigne bien que ça bouge, malgré tout. A presque 25 à 30 Km de parcours, à Souza plus précisément, une envie folle de vider ma vessie me hante. Je gesticule, je me frotte la verge en espérant empêcher les urines de sortir. Seulement une bière ? Pour la première fois, je prie, mais rien n’y fait. Je taquine Arnaud assis tout juste devant moi : « S’il te plaît avise au chauffeur de s’arrêter au prochain péage de Banga, j’ai mal aux reins ». Ce qui fut fait. Dieu merci. Curieusement, d’autres me suivent pour se soulager aussi. Petits veinards ! Je vous ai sauvé. Quel soulagement après une souffrance atroce. 4 heures de voyage, Armand, soutenu par Lyne (La blanche du Ndé en Force), les animateurs invétérés du Nefa miment, à chaque tour de rôle, une série de chansons où l’intrigue avait une place de choix. Chacun était visé, même l’agence de voyage qui a accumulé un grand retard en a eu pour son compte.

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4. L’arrivée à Bangangté. L’accueil de Gaël et son fils
Nous voici donc à Bangangté ! La nuit fut longue et l’arrivée fut pénible tout de même, mais l’accueil que Gaël, chargé de préparer le terrain sur place à Bangangté et à Batchingou fut sympa et conviviale. Il avoue être surpris par notre retard. Salutations cordiales, fraternelles et amicales. Tout y était. Ce jeune homme dynamique que je voyais pour la première fois me semblait être prêt à affronter ce challenge. Cette brève salutation et des souhaits de bonnes arrivées suffisaient pour désamorcer la fatigue qui avait emporté tout le monde. Direction : installation de toutes les délégations dans les hôtels.

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5. La répartition des chambres, débarbouillage, départ pour le Palais du Roi de Batchingou
Chacun devrait rejoindre son hôtel. Gaël, responsable de l’hébergement oriente le car vers l’hôtel Zénit pour les petits payants. Ceux de petite bourse, quoi. La plupart des mecs, c’est par ici. Ne doutez même pas pour moi, j’en fais partie. Une seconde vague est dirigée vers l’hôtel Nya Wandja. C’est le Vip ! Les nanas qui aiment la classe, les « ways forts », c’est ici leur terrain de prédilection. Ne me demandez pas pourquoi les femmes ont plus d’argent que les hommes pour se payer un hôtel Vip. Ne venez pas prendre dans ma bouche. Tout le monde est plutôt concentré pour se débarbouiller. Pas de repos. Celui qui n’a pas eu le temps de dormir dans le car pendant le voyage, tant pi. J’ai plutôt pitié du chauffeur. Après avoir conduit toute la nuit, il doit encore conduire toute la journée de ce samedi 15 novembre. Quels supplices ! Le pauvre.

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Trente minutes après, Gaël, chef de protocole, revient nous chercher. Direction : Palais du Roi Flaubert Nana à Batchingou. Je m’installe dans le car, à la même position, et je vois de nouvelles figures ! Qui sont-ce ? Ah Oui ! Certainement ceux de Yaoundé. Basile en pole position. Le Palais du Roi de Batchingou est situé à plus de 20 Km de la nationale. Tout le village Batchingou, exceptionnellement dans le département du Ndé, n’est pas traversé par une route bitumée. Première curiosité pour ceux qui y sont pour la première fois. En plein début de saison sèche, la poussière fait son nid dans les rues du village. A quelques 10 Km environs, j’entends des voix qui s’écrient : « enfin, une maison ! ». Batchingou est comme un village désert. La rareté des bâtisses et des châteaux qu’on retrouve dans presque tous les villages de l’ouest n’y sont pas. Deuxième curiosité. C’est même à ce moment que beaucoup d’entre nous fait connaissance des autres. Nous traversons la place des fêtes du festival Nga’chou où plusieurs entreprises et quelques artisans avaient aménagés des stands pour la promotion de leurs produits. La cours du palais fait l’objet d’un décor particulier. Ce n’est pas le moment de nous distraire par la décoration de la salle de banquet du palais affrétée pour les invités du roi venus au festival. Le temps de nous installer, un petit déjeuner nous est servi : omelette spaghetti, pain boulette et café au lait. Une salutation et les souhaits de bienvenus du roi, et puis celle de Maffo (la reine-mère) de la cours royal. Bien parti pour commencer une journée bien chargée.
A suivre…
Tchakounté Kemayou

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