C’est une histoire qui a été vécue comme une épopée que les mômes ont l’habitude d’écouter. Une histoire qui a commencé comme par hasard sur la Toile où les Camerounaises et les Camerounais de tout bord échangent et débattent de tout et de rien, pour rire et rigoler. Cette rigolade qui leur colle à la peau, mais qui cache aussi du sérieux : l’histoire du bébé Jo.
« Le Cameroun C’est Le Cameroun » (LCCLC), puisqu’il s’agit de lui, est un forum du réseau social Facebook et qui a vu naître et grandir beaucoup d’espoir. Cet espoir si cher à certains qui doutaient déjà de ce que ce pays nageant dans la merde abyssale de la gouvernance de pacotille ne mériterait pas d’avoir des hommes et des femmes doués, compétents et riches de valeurs humaines de partage et d’échange. Il ne fallait pas plus que ça pour réunir les braves personnes pour une cause juste et merveilleuse. Ah ! Que le monde peut être si riche ! Que la vie peut être si bonne à vivre !
Jonathan, c’est lui qui a tout déclenché. A peine sorti de l’ombre de l’hymen, il était déjà assez vieux pour subir la justice, que dis-je, l’injustice des hommes de cette Terre. Le « Procès » de Franz Kafka est bien révélateur de ce triste sort que le bébé qu’était Jonathan allait subir. Que nenni ! La directrice du centre de loisirs pour enfants « La Perche » Christiane Oto et que j’appelle affectueusement Tata Kiki était là. Sollicitée pour sauver une vie, comme elle en vit d’habitude, elle accoure et s’entend dire que le bébé Jonathan a besoin d’elle pour échapper au procès. En avocat pour la cause des laissés-pour-compte, elle demande à voir le procureur pour sauver l’enfant de la cruelle justice des hommes. Madame le procureur est restée intransigeante, invincible. La maman était non seulement décidée à se séparer du fruit de ses entrailles, mais elle ne voulait plus entendre parler de lui. Elle voulait s’en débarrasser définitivement. Oui, c’est ainsi la vie. Après neuf mois de souffrances, il est difficile d’imaginer une mère se séparant de son enfant en raison de la pauvreté et de la misère, mais nul besoin de faire le procès d’une maman malheureusement hantée comme beaucoup de femmes par la crainte du devenir.
Désemparée et déçue par l’issu du procès, Tata Kiki avait pensé juste solliciter l’avis des « forumistes ». Ces derniers se sont rués comme une traînée de poudre au secours de celui que Tata Kiki a alors baptisé Jonathan. C’est le début de l’épopée, d’une histoire d’amour pour ce bijou si charmant qui fera même des jaloux. Un élan de solidarité se crée et le petit Jo, comme j’aime à l’appeler, n’a pas l’air d’un condamné à mort. Il a bel et bien échappé à cette sentence du procès d’une justice injuste. Du moins pour ce qui concerne sa vie. Bébé Jo est devenu presqu’une star. Son image a traversé les sphères du forum pour se hisser au-dessus de ce que j’appellerai un camp. C’est une histoire un peu particulière.
Bébé Jo, grâce à l’enthousiasme de sa désormais mère Tata Kiki, a fait et fait encore de ce centre « La Perche », qui est une association de droit français, un lieu de rencontres et de retrouvailles entre les « forumistes ». Le besoin de se voir, de se parler, de se connaître, d’être ensemble a fait de ce groupe d’amis une véritable famille. Des personnes qui pour la plupart ne s’étaient jamais rencontrées se retrouvent, par la force du hasard et de la magie du web, en train de se donner la main pour une bonne cause. Une solidarité qui a fini par créer un lien affectif entre Camerounais de tous les horizons, de Douala à Yaoundé en passant par Nyété, Edéa au Cameroun, par la France, la Suisse, l’Italie, l’Allemagne, les Etats-Unis et j’en oublie certainement. Les prétextes ne manquent pas pour se retrouver et créer une ambiance de convivialité entre les « forumistes ».
Comme d’habitude, les bons moments manquaient et certains ont cru bon de se retrouver autour d’un barbecue. Oui, un barbecue à la camerounaise qui a eu l’honneur d’accueillir plus d’une vingtaine de personnes. Nul doute que la date du 15 août dernier n’était pas un fait de hasard. Une date ponctuée par l’Assomption célébrée par la communauté catholique du monde entier comme la montée de la Vierge Marie dans les Cieux. « Le vendredi barbecue » a été une autre occasion, comme il en existe toujours, de se retrouver autour du mouton bien aromatisé. Il était temps après une si longue période d’absence. Le mouton n’était pas le seul menu sur la table. Bien que l’actualité prône la prudence face à la razzia d’Ebola, les beignets accompagnés de haricots rouges et boulettes de viande de bœuf ont aiguisé les appétits sans oublier les liqueurs et autres boissons sans quoi la rencontre n’aurait aucun sens !
C’est une véritable leçon de solidarité entre des personnes de différents horizons que ce groupe très enthousiaste vit en ce moment. Il faut l’avouer tout de même, les amitiés créées à travers Internet sont si rares. L’opinion africaine de par sa culture a toujours intériorisé cette mauvaise idée selon laquelle il n’est pas possible de faire de belles rencontres sur le net. Le virtuel est devenu par la force des choses et malgré le faible taux de connectivité au Cameroun, le moyen par excellence des rencontres de toute nature. Ainsi, le 15 août Aline-Léonie, Aude, Jeama, Mone Ndong, Rolex , Justin, Rachelle, Angéline, Nachtila, Moser, Ulrich, Foster, Olivier, Rosine, Fanny, moi-même et bien d’autres que j’oublie certainement étions là, à côté de Tata Kiki et de son fils Petit Jo ou bébé Jo.
Tchakounté Kemayou
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