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Cours Pénale Internationale (CPI). L'ataraxie est-elle possible quand les négriers sont à la commande?

Mon week-end était mouvementé. En faisant un tour au Matango Club pour avaler un coup, le coin était bien animé avec beaucoup « d’odontol » et de « mbita-kola » bien frais. Mes compagnons de toujours Cabral Libii (Journaliste), Alex Gustave (Journaliste), Guy Simon (Homme politique) et Patrice (Ecrivain) étaient déjà là, et avaient engagé un débat sur les derniers développements de l’actualité de la CPI. 

Cabral Libii : Pour la petite histoire, c’est à l’issue de la conférence internationale tenue le 17 juillet 1998 que le statut de Rome fut adopté. 120 Etats avaient signés, donc 30 africains! L’Algérie avait été le seul pays à dire: NON. Ces statistiques montrent bien que c’est le gros contingent continental. Si surprise il y en avait eu, c’est justement le fait que les pays comme l’Israël, Les USA, l’Inde, et autres grandes puissances, s’étaient abstenus. La France ayant émis des réserves. Ce qui est paradoxal dans tout cet imbroglio c’est que, de même que les Etats signataires, les membres du conseil de sécurité de l’ONU (USA, Chine, France, Russie, …) ont le droits de saisir la CPI pour poursuivre une personnalité quelconque, alors que ces Etats n’ont ni signé ni ratifié! Cette attitude des grandes puissances est vraiment à décrier. Mais cela n’a nullement freiné les ardeurs des stupides et dociles nègres. La signature n’a pas suffi ! Il a même fallu que les mêmes Etats africains très épris de lutte contre l’impunité des crimes internationaux se lancent dans la ratification avec une incroyable frénésie. Sénégal, RCA, RDC, Kenya, tiens ! Le Kenya en 2005. Le même qui aujourd’hui est au cœur de l’actualité.

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A malin, malin et demi 

Cabral Libii : Quel est le docile Chef d’Etat africain qui peut dénoncer aujourd’hui un engagement international qu’il a pris ? BIYA ? BONGO ? SALL ? OUATTARA ? COMPAORE ? DEBY ? SASSOU ? KABILA ? Laissez-moi pleurer ! Ils ont choisi de dire ce qu’ils veulent, ce qu’ils pensent de temps en temps, mais aussi et surtout, ils ont choisi d’exécuter à la lettre ce qui convient au Maître. C’est le prix de la longévité des leaders illégitimes.

Alex Gustave : Cette bande de gens inconséquents ne veulent en rien le bien des peuples d’Afrique. Ils veulent, parce qu’ils sont  aux affaires, se protéger des crimes qu’irrémédiablement, eux ou des supplétifs sous leurs ordres commettent au quotidien, voire assez souvent contre leurs propres peuples. Oui, ils avaient cru utiliser la CPI pour liquider leurs oppositions, souvent armées, là où certains avaient choisi les armes pour contester les pouvoirs durs et sourds aux revendications à plus de justice et de dignité pour tous. Habitués qu’ils sont – ou ont été – aux abus de pouvoirs en tous genres. Ils se rendent compte que personne parmi eux n’est à l’abri d’éventuelles poursuites devant cette juridiction internationale, qui, seule, – faute pour nos tribunaux nationaux voire cours régionales de se saisir de manière équitable de tous les cas d’abus contre les droits humains, – se pose en rempart contre les massacres de masse souvent planifiés pour des besoins d’accès ou de maintien à ce pouvoir d’Etat privatisé en Afrique!

Alex Gustave : C’est l’existence de la CPI qui a largement contraint des gens comme WADE au Sénégal à ne pas poursuivre son projet macabre de s’accrocher au pouvoir pour installer son fils.  Pareil pour OBASANJO au Nigéria lorsqu’il avait tenté de manipuler la Constitution de ce grand pays pour s’octroyer un 3ème mandat, Etc. Ce n’est pas pour rien que depuis quelques années, sur un continent où pourtant une bonne demie douzaine de chefs d’Etat ont quittés « pacifiquement », la Fondation Mo Ibrahim a, depuis 4 éditions,  beaucoup de peine à trouver un ancien chef d’Etat pour lui attribuer le prix éponyme. C’est qu’il est évident, pour les connaître assez bien, que la plupart de ceux qui ont quitté le pouvoir ne l’ont pas fait volontairement. Etant dans des pays où des peuples ont assez bien développé une culture de résistance démocratique, ils ont essayé de s’accrocher mais ont vite compris que cela finira dans les bains de sang dont ils seront tenus responsables pour être en place et avoir violé les principes de gouvernance démocratique.

Cabral  Libii : Mais comme quoi à malin, malin et demi. Les nègres ont cru pouvoir utiliser allègrement la CPI contre leurs adversaires politiques ; sauf qu’aujourd’hui ils sortent peu à peu du sommeil de leurs étourderies. Le cas LUBANGA et compagnie en RDC, c’est KABILA qui a appelé la CPI. Le cas Joseph COGNY et compagnie, c’est l’Ougandais MUSEVENI qui a appelé la CPI. Le cas BEMBA en RCA, c’est BOZIZE qui a appelé la CPI. Le cas GBAGBO, c’est lui-même qui reconnait la compétence de la CPI en 2003, Ouattara n’a fait que l’imiter en 2013 et la CPI s’est saisi Proprio motu comme le prévoit le statut de Rome. Le cas Kenyan, c’est le Président kényan qui a appelé la CPI et les enquêtes préliminaires ont été faites sans bruits au point même qu’il y a eu confirmation des charges. Ce qui n’est pas le cas encore pour GBAGBO. Seuls les cas libyen et soudanais peuvent être sujets à polémique. Car c’est le Conseil de sécurité qui déclenche ces deux procédures alors qu’il a en son sein, des Etats qui ne sont pas soumis au Statut de Rome. Précisons en passant que le 31 décembre 2000 au dernier jour de son dernier mandat, Bill Clinton avait signé le Statut de Rome. Mais, deux ans plus tard, BUSH a révoqué cette signature. Obama n’a rien fait. Et on peut saluer la position de l’UA sur le cas soudanais.

Beaucoup de réserves, cependant…

Guy Simon : Le premier condamné de la CPI est Africain! Mais c’est sans importance. Ce qui est important, c’est la procédure qui a mené à sa condamnation et à qui elle profite! Les victimes de LUBANGA ont-ils été indemnisées? Je n’ai pas entendu la cour parler de dommages et intérêts pour les victimes Sierra léonaises de Taylor qui lui aussi n’est pas un client de la CPI, mais du Tribunal international pour la Sierra Léone.

Guy Simon : Pour mémoire, la loi de la compétence universelle belge  allait plus loin que la CPI car elle voulait poursuivre partout, sans avoir besoin de collaboration ou de ratification. Bref une vraie justice. Mais quand les USA ont menacé de déplacer le siège de l’OTAN par ce que des plaintes ont été déposées contre Bush, Powell et compagnies, la loi a purement été abrogée sous forme de modification qui en fait la vidait de sa substance. Il faut alors tout simplement rapprocher ce cas de la CPI. Attendons qu’elle lance un mandat contre SARKOZY pour la Lybie ou contre HOLLANDE pour la Syrie. Nous verrons les réactions! Notre combat n’est pas contre la CPI, encore moins contre le néocolonialisme. Notre combat, du moins celui de mon organisation est contre le système qui a produit l’esclavage, la colonisation, la néo colonisation, la mondialisation et la CPI. Notre combat aujourd’hui est « civilisationnel ». Il a bien sûr des aspects politiques qui ne peuvent passer sous silence la confiscation de notre souveraineté et la déportation de nos dignes fils comme le président Laurent GBAGBO.

Guy Simon : Pour la CPI : la condition de sa constitution (conventionnelle), le principe premier de son fonctionnement (Subsidiarité), les modes de sa saisine me sont toujours apparus comme des handicaps sérieux. Vient ensuite son fonctionnement avec sa partialité et son caractère partiel évidents. Dans ma réponse, je n’ai fait allusion à la paix que pour prouver la vacuité de l’argument phare de Ngomo (Il fait allusion à un compatriote dont les positions sur la CPI ne l’ont pas plu, NDLR). Mais reconnaissons que lorsque justice est rendue, la plus grande forme de toutes les paix, celle que les doctes nomment « Ataraxie » soit la quiétude des âmes devient possible. De tous ces truands qui s’agitent, je n’ai de compassion pour personne. Ils se sont enfuis quand il fallait défendre GBAGBO et le guide KADHAFI. Qu’ils aillent au diable, mais qu’ils payent au tribunal des victimes qui est loin d’être la Haye. Oui, le tour du Cameroun arrive en grande vitesse. Mais rassurez-vous, si l’occasion m’ai donnée, je livrerai Biya et ses hommes aux orphelins qu’il aura faits. Pas à la Haye !

… il faut être réaliste !

Patrice : Guy-Simon, de ta réponse, je retiens ceci – tu parles de paix. Le tribunal, aucun tribunal n’est là pour créer la paix. Le tribunal est là pour rendre la justice. Point final. Celle-ci peut aussi être rendue avec une balle dans la nuque, comme nous savons. La CPI a choisi d’abolir la peine de mort dans ses statuts, et de siéger d’abord au cas par cas – Tribunal spéciaux de Yougoslavie, du Rwanda, du Sierra Leone – et puis, après le transfert de Taylor à La Haye, de transférer tous les cas à La Haye justement : et nous les voyons défiler. Avant c’était 50% Rwanda, et 50% Yougoslavie. Maintenant c’est devenu 100% Afrique, et cette évolution est déplorable. Entendons-nous: c’est bien qu’il y ait débat. C’est bien que l’OUA mette la pression. C’est une bonne chose. Ça rend la CPI publique et c’est l’espace de la justice – elle est rendue en public.

TKC_YVES

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tkcyves

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