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Cemac : le sommet des marionnettes

Quel bal de faux courageux qui manifestement se détestent bien cordialement en Afrique Centrale (Cemac) mais s’entendent seulement chaque fois quand il faut faire dur aux pauvres populations comme leur décision commune (du 23 décembre 2016, ndlr) à l’issue de ce sommet extraordinaire que leur ont imposé leurs tuteurs occidentaux, (FMI et surtout France), faute pour eux-mêmes d’avoir été conséquents en prenant des initiatives individuelles ou collectives que requerrait leur prétendue appartenance à une même communauté économique et monétaire. Quelques éléments dans l’actualité internationale et régionale des six derniers mois étaient prémonitoires de cette fuite en avant qui vient d’être stoppée de l’extérieur malgré les apparences.

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Le banquet au palais de l’Unité à Yaoundé au sommet extraordinaire de la Cemac

Une cadidature de la Cemac, représentée par la Guinée Equatoriale sommet de l’UA

Acte 1 :

Juillet 2016. Kigali, capitale du Rwanda. Il se tient le 27ème sommet de l’Union Africaine. Qui doit élire le nouvel Exécutif (Commission) de l’Union africaine. Dont un ou une présidente pour succéder à la sud-africain Nkosazana Dlamina Zuma, qui a depuis 6 mois annoncé sa décision de ne pas briguer de second mandat. Il y a 3 candidats. Dont le ministre Equato-guineen des affaires étrangères. Il est officiellement le candidat de la zone CEEAC composée des 9 Etats dont tous les 6 de la fameuse Cemac. Malgré la campagne que son pays mène, avant et pendant le sommet, il n’arrive pas à franchir le 3e tour laissant la ministre botswanaise seule en liste jusqu’au 7e tour. L’élection sera reportée faute pour cette dernière, même restée seule, de rassembler la majorité qualifiée statutaire. Soit 36 voix sur les 53 possible. Le Burundi, toujours de l’Afrique Centrale, ayant boycotté l’Assemblée des Chefs d’États en raison de ses divergences avec le Rwanda, pays hôte. Le mauvais score du candidat Equato-guinéen fait siffler les oreilles du président Obiang Nguema qui croyait avoir l’affaire dans la poche avant l’ouverture dudit sommet. Selon des indiscrétions, le candidat de la Guinée équatoriale n’aurait même pas obtenu les voix de tous les pays de l’Afrique Centrale.

Deux candidatures de la Cemac au prochain sommet de l’UA en janvier 2017

Acte 2 :

Comme pour accréditer la thèse de la défiance/méfiance au sein du groupe de l’Afrique Centrale, c’est le Tchad, dont le président assure pourtant la présidence annuelle tournante de l’UA jusqu’en janvier 2017, qui lance son candidat lors de la réouverture en septembre 2016 du processus électoral pour la présidence de la commission de l’UA. Sans au préalable avoir obtenu le retrait du candidat Equato-guinéen ! Voilà l’Afrique Centrale qui ira en morceaux à cette compétition prévue en janvier 2017 lors du 28e sommet de l’UA. Avec deux candidats concurrents, elle affrontera, divisée, chaque candidat de l’Afrique de l’Ouest (Sénégalais), une autre de l’Afrique de l’Est (Kényane) et naturellement l’Afrique Australe (la ministre botswanaise qui était arrivée en tête en juillet dernier! Ainsi est enclenchée la machine à perdre.

De sorte que lorsque M. Deby vient à Yaoundé au lendemain de la catastrophe ferroviaire d’Eseka en fin octobre 2016, où il déclare, entre autres, être là pour obtenir le soutien du Cameroun, pour son candidat, ceux qui analysent les non dits diplomatiques comprennent que la véritable raison de ce déplacement est ailleurs.

La Cemac souffre d’une absence de leadership politique visionnaire

Acte 3 :

Le Sommet de la francophonie se tient à Madagascar en fin novembre 2016. Paul Biya qui a pourtant signé et mis en oeuvre les APE, contre l’avis unanime des autres pays de la Cemac + la Rd Congo, ne s’y rend pas. Sur son chemin retour, Macky Sall, le chef de l’État Sénégalais qui y a certainement rencontré le chef de l’État Français et d’autres chefs d’État de la Cemac, toujours très étonnés de la pusillanimité de leur homologue Camerounais, fait une escale de moins de 24 heures à Yaoundé. Officiellement pour faire campagne auprès du Cameroun en faveur de son candidat, Abdoulaye Bathily, à la présidence de la commission de l’UA. N’y croient que les analystes des apparences. Car, le ministre des relations extérieures du Cameroun ayant été à Antannanarivo, l’on voit mal comment pour si peu, le chef de l’Etat Sénégalais, plutôt que d’envoyer un émissaire, comme d’ailleurs il le ferait pour la trentaine d’autres pays africains non CEDEAO, effectue ce déplacement nocturne du palais d e l’Unité d’Étoudi à Yaoundé.

Quels lien entre la visite de Sall à Yaoundé et à Paris?

Sauf qu’au sortir de Yaoundé, il se rend à Paris où il rencontre les principales autorités décisionnelles françaises. Comme un compte rendu de mission, il réaffirme la solidité du mécanisme de la zone Franc qui rassemble, sous la tutelle monétaire française, 14 pays de l’ancienne Afrique française et les Comores. Au même moment, est annoncé un sommet extraordinaire de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale (Cemac), ce ventre mou de la zone Franc dont les pays sont dans une situation économique, financière et budgétaire désastreuse. Des rumeurs les plus folles sur une nouvelle dévaluation du FCFA circulent dans les milieux propagandistes. Tandis que d’autres groupes radotent sur l’incertitude même de l’avenir du FCFA à la suite d’une vieille déclaration sans lendemain du président Tchadien Idriss Deby présenté comme le Chérif de la Françafrique en Afrique subsaharienne.

Un sommet extraordinaire de la Cemac qui fait couler beaucoup d’ancre et de salive

Acte 4 :

Il est convoqué et tenu à Yaoundé le 23 décembre 2016, un sommet extraordinaire de la Cemac, avec la présence notable de la directrice générale du FMI ainsi que du ministre français de l’économie et des finances. Chacun des deux, rapportent nos sources, fait une déclaration pendant le huis clos des Chef d’États. Rien ne filtre du contenu exact, notamment en terme de prescription ou de recommandation. Mais, de mémoire, on n’oublie pas que la directrice générale du FMI qui avait séjourné au Cameroun au premier semestre 2016, avait fermement mis en garde les autorités sur les déséquilibres budgétaires liés au recours massif à un endettement public non rentable. Elle avait en effet prévenu qu’avec à situation financière particulière du Cameroun, principale économie de la zone Cemac, et celle des autres pays, tous frappés par la chute des cours du pétrole, principal produit d’exportation et donc producteur de devises, la dette du Cameroun deviendrait rapidement insoutenable. La propagande officielle a martelé jusqu’à très récemment que, représentant moins de 35% du PIB, elle était dans les clous des Critères de convergence de la fameuse zone Cemac qui l’établirait à …75% du PIB. Sauf que les observateurs notaient qu’il s’agissait d’un mauvais endettement. Car fait pour mener des projets de prestige ayant peu d’impact sur l’économie réelle. La réalité actée le 23 décembre par cette sorte de reddition complète est terrible. Retour au FMI et Bonjour l’austérité budgétaire.

Qui assumera cette fois-ci ? Toujours personne ?

Alex Gustave Azebaze

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