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Cameroun: NGONDO 2013 et le message des ancêtres au peuple Sawa

NGONGO 2013 vient de voir son apothéose ce dimanche 1er décembre. L’une des articulations la plus spectaculaire et la plus marquante, c’est la « Messe de l’eau ». C’est le point focal de la cérémonie et c’est aussi elle qui clôture toute la semaine du NGONDO de chaque année. La cérémonie de la « Messe de l’eau » est la plus courue du public de la capitale économique du Cameroun qu’est Douala. Il faut rappeler que le NGONDO est une tradition du peuple Sawa qui célèbre la culture et c’est l’occasion pour ce peuple de se retrouver pour célébrer l’art vivant et alerter le monde sur une question d’actualité, sur la sauvegarde et la pérennité de la tradition Sawa.

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La cérémonie de la « Messe de l’eau » a eu lieu généralement un dimanche. Elle marque la clôture des activités du NGONDO et c’est la raison pour laquelle sont toujours associées les personnalité de la ville, et même du pays, qui viennent honorer la tradition par leur présence. Danses, luttes traditionnelles, Election de Miss Ngondo, musique, gastronomie et bien d’autres merveilles qui meublent la semaine du NGONDO sont des curiosités qui ne font pas courir le public comme celle de la « Messe de l’eau ». Celle-ci représente le coeur de la tradition et c’est au cours de cette cérémonie qu’un message venu de l’eau sera délivré au peuple Sawa.

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En effet, la « Messe de l’eau » est précédée de la cérémonie d’intronisation du nouveau président du NGONDO qui aura un mandat d’un an pour diriger son peuple en lui montrant la voie de la sagesse. Cette sagesse est l’oeuvre des ancêtres venu de l’eau. Un initié est envoyé au fond du fleuve (il plonge en profondeur) avec une calebasse ou généralement un panier pour y récupérer le message délivré par les ancêtres destiné au peuple Sawa. Cette tradition a été respecté cette année et le président en exercice nouvellement installé est considéré comme celui qui aura la lourde charge d’amener son peuple à suivre les conseils des ancêtres. Le message de cette année est tout de même révélateur d’un constat qui appelle à une réflexion urgente.

Message: « Le peuple Sawa doit faire beaucoup d’enfants »

C’est en substance le message qui a été contenu dans le panier que nous a apporté le « facteur traditionnel ». Personnellement, j’ai un peu méditer sur cette nouvelle trouvaille de nos ancêtres Sawa. Du coup, je me rappelle que l’Occident a une population vieillissante, et que chez nous, le planning familial issu d’une politique de gestion rationnelle des naissance face à la crise économique et à une pauvreté criarde des familles, sont d’actualité. Je me suis rappelé aussi que l’Afrique, continent assez vaste que l’Europe a une natalité qui baisse de temps en temps malgré la vigueur de sa jeunesse et, a, par conséquent, besoin encore d’âmes. Les arguments de pauvreté peuvent-ils à eux tous seuls justifier la limitation des naissances de nos frères et soeurs Sawa? Difficile de le dire péremptoirement. Faut-il encore chercher à comprendre pourquoi des personnes aussi nanties puissent aussi limiter leurs naissances? Pour d’autres, le mimétisme des Sawa est vite trouvé comme argument. En fait, il s’est agit pour ce peuple que faire beaucoup d’enfants est synonyme « d’envahissement » de « désordre » si je peux me permettre les termes. Le nombre d’enfants, par intuition, était aussi un indice de pauvreté. Plus on a beaucoup d’enfants, plus on est pauvre. Le nombre d’enfants n’a jamais été démontré comme la cause de la pauvreté ou de la richesse d’une famille. Curieusement, la raison principale avancée par les tenants de la théorie du planning familial est que pauvreté et nombre d’enfants sont liés. Il faut donc dire que cette limitation de naissance pourrait être la cause du sous-peuplement et de la non représentativité, en terme de démographie, de certains groupements ethniques.

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Quelle mouche a donc piqué nos ancêtres pour les amener à comprendre que la force et le leadership d’un peuple sont aussi fonction du nombre d’âmes, après tant d’années et tous ces temps perdus qui ont donné du crédit à ces théories importées de planning familial? L’Afrique est donc surpeuplée pour prétendre à la limitation de ses naissances? Avec plus de 30 millions de Km², et une population de plus de 1 milliards, le continent en a-t-il encore besoin. Manifestement, oui. Peut-on penser du message de nos ancêtres Sawa! Il faut dire que la démographie est un enjeux politique qui est loin d’être un jeu d’enfants. Depuis 1970, la proportion de jeunes de moins de 15 ans était de 38 à 43%. Sous de l’effet du planning familial, cette proportion est à la baisse. Les prévisions nous font voir que de 1990 à 2025, la moyenne passera de 6 à 4 enfants par femme. Ainsi, à titre d’exemple, l’Afrique du Nord passera de 43 à 25% de taux de jeunes de moins de 15 ans. L’augmentation de la courbe de moins de 15 ans est une preuve de la forte natalité. La baisse de la courbe de cette couche est donc inquiétante.

Malgré tout, l’Afrique est et restera le continent de la jeunesse. Jusqu’en 1950, l’Afrique, l’Amérique Latine et l’Europe étaient coude à coude avec une estimation de 40 à 43% que cette couche de la population représentait (de moins de 15 ans). Ce n’est qu’à partir de cette date que chacun de ces trois continents vont voir leurs destins divergents. Dès 1990, les africains de moins de 15 ans représentent 44% contre 35% pour l’Amérique Latine. En 2025, ces proportions vont baisser et représenteront 34% pour l’Afrique et 26% pour l’Amérique Latine, alors que l’Europe n’enregistrera que 16% de jeunes de moins de 15 ans. Comme analyse, ces hypothèses sur la perspective peuvent être remises en question par des événements nouveaux, des évolutions différentes. Il est donc avéré que le SIDA et le paludisme, les guerres de plus en plus répandues, les famines, l’absence d’infrastructures, la condition des femmes,  aient un effets désastreux sur l’évolution de la natalité.

Voilà donc ainsi dévoilé et analysé à notre manière, ce message de nos ancêtres adressé, non pas seulement au peuple Sawa premiers concernés, mais à tout le peuple africain. Comme pour dire que la force et la puissance d’un peuple peut aussi se démontrer par le nombre de ses âmes. L’infériorité numérique de ce peuple dans son propre aire géographique est donc mise sur la table pour relancer le débat du planning familial.

Jalatane o Mbale (Traduction: Communion dans la sincérité).

Vive la Messe de l’eau!

TKC_YVES

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tkcyves

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