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Cameroon Business Forum : le Cameroun veut obtenir le meilleur classement de « Doing Business »

La 5ème édition de la Cameroon Business Forum (CBF) s’est tenue ce jeudi 6 mars 2014 à Douala. C’est une rencontre tripartite ((Etat du Cameroun, secteur privé et partenaires du développement) qui a pour objectif primordial d’assainir le climat des affaires afin d’améliorer le rang du Cameroun dans le classement annuel du « Doing Business ». Pour cette édition, le thème était intitulé « Accélérer la facilitation des procédures pour asseoir les jalons de l’émergence ». Chaque année, la Banque Mondiale publie un rapport sur le classement qu’elle appelle « Doing Business » qui donne des indicateurs sur la facilité de faire des affaires dans 180 pays. Le Cameroun se retrouve, en 2013, au 168ème rang mondial sur les 180 pays. Il a donc perdu 7 places par rapport au classement du 2012. Cette situation ne plaît pas au gouvernement camerounais qui a pris, depuis 2010, la résolution d’organiser un forum en vue de trouver des solutions dans l’assainissement du climat des affaires.

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La mission du Premier Ministre camerounais Yang Philémon à Douala revêt une double importance significative : impulser les affaires et améliorer l’image du pays tant ternie depuis belle lurette par ceux qui viennent faire des affaires, non satisfaits, repartent déçus et découragent par la suite leurs paires qui souhaitent investir au Cameroun. Yang Philémon insiste sur le fait que lui et sa suite viennent à Douala pour dire aux hommes d’affaires et partenaires du développement que le gouvernement vient vers eux les écouter afin de prendre leurs doléances en compte. Cependant, certaines informations restent méconnues par les acteurs chez qui la Banque Mondiale s’informe pour faire son classement. Les réformes qui ont été mises en place pour améliorer ce climat des affaires au Cameroun sont nombreuses. Ce qui fait au Premier Ministre que les progrès ont été réalisés, à savoir : promulgation le 18 avril 2013 de la loi portant Code d’incitation aux investissements au Cameroun ; la mise en place d’un centre pilote de dédouanement des véhicules (en 48 heures) au Port de Douala ; la création d’une agence des Petites et Moyennes Entreprises (PME), signature d’un décret portant extension des annonces légales à la presse privée camerounaise ; la dématérialisation des opérations du commerce extérieur, informatisation des documents d’urbanisme.

Cependant, les acteurs du monde des affaires restent toujours sceptiques, malgré les assurances de Yang Philémon. Ils soulignent des poches de résistance qui persistent encore à être bannies de l’environnement des affaires au Cameroun. C’est Monique Courchesne, représentante de l’IFC qui crève l’abcès en dressant un rapport mitigé de l’application des différentes recommandations en estimant que : « Sur 49 recommandations adoptés en 2013 couvrant 13 chantiers, dont 25 étaient nouvelles et 20 objets de reconduction, 20 seulement ont été exécutées, pour un taux de 41%. 17 sont en cours d’exécution, 4 n’ont pas encore débuté, 8 sont en requalification, ou ont été reportées » (Lire dans Cameroon Tribune). Quant aux hommes d’affaires eux-mêmes, c’est une déception totale après tant d’énergies mises pour booster les affaires. Pour Protais Ayagma, président d’un groupement patronal dénommé « Entreprises du Cameroun » (ECAM) qui affirme tout de même que « La seule réforme interne significative reste l’avènement des Centres de formalités de création des entreprises qui ont permis de regrouper en un lieu unique, l’ensemble des intervenants dans le processus de création d’entreprise. La deuxième réforme majeure a été la révision de l’Acte uniforme relatif au droit commercial général et de celui portant organisation des Sûretés » (Lire dans Cameroon Tribune). Depuis le dernier CBF en 2013, il n’y a pas eu d’avancée majeure. Il continue en disant : « Le recul de sept places s’explique par le fait que les recommandations ont été peu exécutées. 20 seulement ont été exécutées, et quand on dit cela, il faut voir s’il y a réellement eu impact. Ce qui n’est pas vraiment le cas. Deux concernaient le secteur privé. Il n’y en a qu’une qui a été exécutée, et ça date d’hier [mardi 04 mars Ndlr]. Il s’agit de la mise en place d’une plateforme entre secteur privé. Un code éthique devait aussi être mis en place, mais en l’absence de la plateforme, ça n’a pas été fait » (Lire dans Cameroon Tribune).

Il y a tout de même un manque de volonté de la part des pouvoirs publics. Il faut taper en plein pieds sur le mil. La perde de 7 places dans le classement « Doing Business » 2013 depuis la tripartite du Cameroon Business Forum de février 2013 est une preuve suffisante pour rester sceptique quant au classement 2014 à venir de la Banque Mondiale. Il s’avère judicieux de préciser avec beaucoup d’insistance que c’est le privé qui crée la richesse. Le rôle de l’Etat doit demeurer dans la régulation stricto sensu. La croissance en dépendra inéluctablement. Et une fois de plus, Protais Ayagma de s’insurger du fait que le gouvernement camerounais, faute d’innover, a la faiblesse de copier des systèmes qui ont fait leur preuve : « Quand on dit qu’il y a facilitation, il faut aller jusqu’au bout, soutient Protais Ayangma. Il y a des pays où on n’a pas besoin de notaire, pour créer une entreprise. Ou alors, revoir à la baisse leurs honoraires… Les problèmes d’eau, d’énergie, la situation du Port autonome de Douala, sont autant de freins dans l’amélioration de la situation » (Lire dans Cameroon Tribune).

Tchakounte Kemayou

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