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CAMER-CO : ultime sauvetage

« L’ultime tentative ». Ainsi pourrait être le titre de la prochaine mais probable dernière perfusion à administrer au grand malade chronique nommé CAMAIR-CO. Nous avons en effet appris que le Président de la République Paul BIYA a approuvé le plan élaboré par le constructeur BOEING en vue du redressement de ladite compagnie. En gros, l’on croit savoir qu’il s’agit de l’aboutissement du « bon diagnostic » élaboré par Boeing Consulting qui projette de doter « l’étoile du Cameroun » de 09 avions nouveaux, soit 14 au total d’ici 2020. Ce plan de relance prevoit ainsi de densifier le champ opérationnel de l’entreprise nationale pour un objectif espéré de 27 destinations desormais; correspondant à 09 domestiques, 13 régionales et 05 intercontinentales. Pour ce faire, l’audit révèle la nécessité pour l’État d’injecter encore 60 milliards (excusez du peu). Sans oublier qu’en l’état, les dettes cumulées s’élèvent à environ 35 milliards de nos francs mais surtout que les recettes d’exploitation accusent un déficit d’environ 1.5 milliards de CFA mensuellement, c’est à dire en français facile que chaque mois, « ce machin » non seulement est à zéro rond dans la balance entre recettes et dépenses, mais qu’en plus il dilapide en 30 jours l’équivalent des frais universitaires annuels de 30 milles étudiants Camerounais. Pour implémenter ce nouveau plan, Boeing Consulting se propose d’accompagner Camair-co pendant une durée de 18mois. Une sorte de médecin traitant à domicile quoi!

SAUVONS CAMER-CO

Pour le citoyen que je suis, le coeur bat naturellement pour que, comme il y’a 30-40 ans, le pays se dote à nouveau de sa compagnie aérienne nationale à lui. Ce qui en soit constituerait une fierté patriotique. Seulement, il se trouve que la plupart sinon toutes les histoires ayant trait aux avions dans mon pays semblent laisser un arrière goût d’inachevé et d’amertume dans leurs fins. Tenez: défunte Camair, COMBI, DJA, ALBATROS, ou encore « Mbanga Pongo ». Lorsqu’il ne s’agit pas de détournements de fonds, il est question d’immobilisations d’avions, d’interpellations et d’arrestations de gestionnaires ou de crash même si pour ce dernier aspect, c’est tout simplement un mauvais coup du destin qui est venu se greffer à ce tableau déjà assez sombre. Du coup, parler de cet environnement complexe de l’aérien chez nous revient tout délibérément à prendre la décision radicale de se ronger soi-même les neurones. Mais sincèrement, comment garder le silence lorsqu’on est face à un mammouth nommé Camair-co et dont l’unique particularité semble avaler continuellement de colossales sommes d’argent un peu comme ces machines à sous qui encaissent plus qu’elles ne decaissent? Est ce donc une malédiction que nous soyons passé de pays unique détenteur d’une compagnie aérienne de notre sous région dans les années 80-90 à cette situation de nos jours où nous sommes à la traîne? Des pays comme l’Éthiopie ou le Kenya pour ne citer que ceux-là font ils la magie pour dompter les airs? N’était ce pas assez prétentieux et une bonne manière de mettre la charrue avant les boeufs finalement cette idée de démarrer une compagnie aérienne sérieuse avec 3 maigres avions? Notre fameuse compagnie ne mérite t’elle pas fatalement nos « maquettes-d’aéroports » en comparaison aux mastodondes qui se dressent majestueusement à Nairobi ou Addis-Abeba?

À toutes ces questions il semble se dégager une constante dans l’esquisse de réponse: autant nous semblons avoir le potentiel nécessaire; autant hélas aussi l’ambition, le rêve, la détermination et surtout la prospective nous font défaut. De même, la kleptomanie chronique de nos gestionnaires aidés en celà par la désignation très souvent fantaisiste de ces derniers mais surtout le laxisme qui berce leurs sales besognes vient couronner le marquage du pas sur place lorsque nous ne régressons carrément pas. Dès lors et en toute lucidité, au lieu de demeurer dans un optimisme béat à souhaiter que mon pays par mimétisme ait sa compagnie aérienne à tout prix et à tous les prix, un citoyen de bas étage comme moi en vient souvent à souhaiter qu’on arrête le massacre. Car de perfusion en perfusion, du 28 Mars 2011 jour du vol inaugural à cette date ci, une énorme fortune a cramé dans ce fantôme de Camair-co. Et sachant que passé le « date line » de 18 mois que se projette Boeing Consulting dans son accompagnement, puis son départ qui va marquer la fin de la peur du gendarme chèrement payé, ce vide pouvant favoriser une situation des mêmes causes d’hier pouvant produire les mêmes effets de demain, il est urgent de mesurer le risque comme dans toute action d’investissement d’ailleurs. Car en vérité le « JUSQU’AUBOUTISME » est suicidaire.

Par : Armand Okol, journaliste
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