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Coronavirus : le camerounais est-il vraiment prêt ?

Depuis le 6 mars 2020, date de l’apparition du premier cas positif, le coronavirus dicte sa loi au Cameroun. La pandémie qui secouait déjà l’Occident depuis janvier et février, était d’abord minorée. Elle est ensuite considérée comme « une maladie comme une autre » avant d’être enfin prise au sérieux. Mais, la gesticulation autour de la gestion de cette pandémie n’est-elle pas une preuve qu’elle n’est pas suffisamment prise au sérieux ? Je répertorie ci-dessous les couacs, rencontrés çà et là, qui plombent la lutte.

Les vols d’Air-France et SN Brussels qui ont remué la plaie

Je me souviens encore de cet avions d’Air France qui a atterri à l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen le 14 mars 2020 autour de 20h30. Le vol AF 900 avait à son bord 198 passagers. Curieusement, les passagers ont rejoint leurs familles respectives. Le premier cas positif du coronavirus détecté depuis le 5 mars et annoncé par le ministre de la santé publique, Manaouda Malachie, le 6 mars, tenait déjà l’opinion en alerte. Depuis cette date, tous les voyageurs venant des pays à risque comme la France, devraient être mis en quarantaine. Malheureusement, ça n’a pas été le cas. Voilà le nœud du problème.

Pourquoi les autorités ont choisi de laisser ces passagers partir ? Il est sans doute convenu de constater que ces autorités n’avaient pas encore, à cette date, mesurer l’ampleur du danger à venir. Malgré les dispositifs sanitaires présents dans les aéroports de Yaoundé et de Douala, on ne remarque pas encore un déploiement capable de faire face aux ravages de la pandémie coronavirus.  

Après les élections législatives (et municipales), le 9 février dernier et la proclamation des résultats le 28 février, la session de plein droit à l’Assemblée Nationale a eu le 10 mars. Cavaye Yeguie Djibril, 80 ans, député du Mayo-Sava depuis 1973 et président de l’Assemblée Nationale depuis 1992, arrive à Yaoundé le samedi 14 mars après un séjour en France à la suite d’une évacuation sanitaire. Ce député était donc dans ce fameux vol tant décrié.

Le dimanche 15 mars, c’est un communiqué du ministre de la santé publique qui attire l’attention de tout le monde. Il invite ainsi les passagers du vol Air-France n°AF-900 qui ont débarqué à l’aéroport de Yaoundé-Nsimalen le 14 mars de se signaler. Le communiqué va plus loin en indexant également le vol SN Brussels n°371 qui a atterri aussi à Yaoundé-Nsimalen, une semaine avant, le 7 mars. Pourquoi ce communiqué de ministre a fait paniqué plus d’un ? Parce que trois personnes, qui faisaient partie des passagers du vol d’Air-France, ont été détectés positifs de coronavirus. Tous les passagers des vols provenant des pays à risque après le 6 mars, comme Air-France et SN Brussels, étaient considérés comme des personnes à risque et appelées à se mettre en quarantaine.  

Le lundi 16 mars, Cavaye Yeguié, contre toute attente, se retrouve à l’hémicycle de Ngoa-Ekelle ? La question que toute l’opinion se pose est celle de savoir ce qu’est venu faire Cavaye Yeguié, pratiquement convalescent, alors qu’il devrait être en quarantaine ? Presque tout le monde est surpris de constater que le député a été exempté de cette mesure qui s’apparente ici comme une sorte de « punition » pour lui. La session de plein droit après la proclamation des résultats des législatives devait être consacrée à l’élection des membres du bureau de l’Assemblée nationale. Soucieux de rempiler au poste de président de la chambre basse, Cavaye Yeguié a cru bon de défier les règles élémentaires et primordiales de la lutte contre le coronavirus au risque de perdre son poste.

Et l’on se demande bien pourquoi un voyageur, venant d’un pays à risque, sur qui les soupçons de coronavirus pèsent se retrouve subitement en train de côtoyer ses collègues députés sans craindre de rien ?

La quarantaine bafouée et le coronavirus se porte bien

La presse camerounaise monte au créneau et accuse le gouvernement de laxisme. L’opinion en général se demande pourquoi continuer à faire atterrir au Cameroun les avions à vols commerciaux provenant de la France qui est l’un des pays les plus touchés par le coronavirus ? De l’autre côté, la presse et l’opinion se pose également la question de savoir les raisons qui poussent Air-France et SN Brussels à maintenir ses vols de la France, pays à risque dont les frontières sont fermées, vers le Cameroun, pays qui n’est pas encore durement touché ?

https://www.le1.ma/un-vol-paris-douala-dair-france-transportant-des-cas-averes-de-coronavirus-fait-scandale-au-cameroun

Comme si le scandale des vols Air-France et de SN Brussels du samedi 14 mars ne suffisaient pas, des autres vols, toujours des mêmes compagnies, sont signalés à Douala le 17 mars en début de soirée. L’indignation de l’opinion était à son comble. Ce qui oblige d’ailleurs le gouverneur de la région du Littoral à Douala à se rendre à l’aéroport international de Douala ipso presto. Les vols de Air-France et de SN Brussels atterrissent effectivement à l’aéroport International de Douala respectivement à 19h20 avec 158 passagers et à 21h55 avec 103 passagers. La peur de voir les voyageurs aller dans leurs familles s’installe.

Immédiatement, le gouverneur de la région du littoral à Douala est instruit par le gouvernement d’empêcher les passagers de se disperser dans la ville et de cordonner les opérations de mise en quarantaine. Ce qui a été fait. A grand renfort de publicité, le gouverneur Ivaha Diboua a mené cette opération personnellement. Les 261 passagers sont conduits dans différents hôtels de la ville. Cette opération, menée à l’improviste, sans préparation et sans moyens d’accompagnement, a été violemment critiquée.

Curieusement, les voyageurs mis en quarantaine dans les hôtels de la ville se plaignent d’ailleurs des mauvaises conditions de leur confinement comme l’absence de nutrition, par exemple. Petit à petit, ils désertent leur chambre d’hôtels et se retrouvent dans leurs familles. La presse et l’opinion s’en prennent au gouvernement, mais le gouverneur s’en défend dans une interview en accusant les réseaux sociaux, comme à leur habitude, de mensonges.

L’on se pose la question de savoir si les hôtels sont des endroits appropriés pour contenir des personnes à risque ? Le personnel de ces hôtels n’a pas été préparé à les recevoir. Comment allait se dérouler cette période de mise en quarantaine. Ne fallait-il pas réquisitionné un espace isolé de la ville et bien aménagé, bien gardé par les force de l’ordre pour que ces opérations soient plus efficaces ?

Tout ce questionnement montre bien la légèreté avec laquelle le gouvernement camerounais gère cette pandémie. Les chiffres sont effarants et effrayants. Selon la source www.covidvisualizer.com, le Cameroun est classé 6ème pays le plus touché en Afrique avec 306 ca de coronavirus au 3 avril 2020. Le Cameroun devient ainsi l’épicentre du coronavirus en Afrique central. Cela ne fait pas du tout bon et bien de personnes continuent de se poser la question de savoir si ce gouvernement sera capable de faire à cette pandémie du coronavirus.

Qu’à cela ne tienne, il ne nous reste qu’à établir les responsabilités de chacun. A qui la faute ?   

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Auteur·e

tkcyves

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