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Réforme universitaire au Cameroun: Qui veut la mort de l'Université des Montagnes (UdM)?

Tout a commencé le 18 avril 2013 date à laquelle la Commission ad hoc d’évaluation des facultés et instituts privés d’enseignement supérieur de formation médicale au Cameroun dirigée par le Pr Maurice-Aurélien SOSSO, ci-devant  inspecteur général des Services au Ministère de l’enseignement supérieur, publie les résultats de son enquête en concluant que « La formation médicale au Cameroun s’est progressivement détériorée ». L’état des lieux de la situation sanitaire au Cameroun est plus que déplorable. Selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publiées en 2010, le Cameroun a un déficit de 4 médecins sur le radio comme le prévoit la norme universelle requise. Ainsi, au lieu de 1 médecin pour 1.000 habitants, le Cameroun compte actuellement et ce, depuis 2010, 2 médecins, 16 infirmiers et sages-femmes et à peine un demi-personnel de dentisteries pour 10.000 habitants. Le Cameroun est donc un mauvais exemple de gestion parce que les pays de même niveau de revenus affichent à la même période, 4 médecins, 14 infirmiers et sages-femmes et 1 à 4 personnels de dentisteries pour le même nombre d’habitants. La conclusion de la Commission SOSSO a été faite après avoir eu à descendre sur le terrain afin de s’enquérir de l’état de la formation des médecins au Cameroun. Ainsi, les 4 facultés universitaires de médecine (Yaoundé, Douala, Bamenda et Buea) et les 6 institutions privées d’enseignement supérieur que compte le pays ont été auditées de fond en comble afin de proposer une « thérapeutique appropriée » selon les termes du ministre Jacques FAME NDONGO de l’enseignement supérieur.

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Cette réforme de l’enseignement supérieur dans le domaine de la santé a créé et crée encore beaucoup de remous au sein de l’opinion nationale quant aux « thérapeutiques appropriées » que la Commission SOSSO a proposées. L’une d’elles, justement, est la fermeture de 4 institutions sur les 6 que comptait le Cameroun. Les 2 institutions qui restent fonctionnelles à savoir l’Institut Supérieur des Sciences de la Santé (ISSS) de l’Université des Montagnes (UdM) à Bangangté et Institut Supérieur des Technologies Médicales (ISTM) de Nkolondom sont astreintes à une réglementation qui s’appliqueront désormais aux institutions exerçants dans ce domaines. Mais, là où le bas blesse, l’UdM, la seule à prendre position jusqu’ici, ne s’accorde pas sur ces mesures qui peuvent avoir une incidence sur son fonctionnement. Ces mesures contraignantes sont entre autre :

-l’instauration d’un examen nationale : il va sans dire que  l’effectif arrêté à 800 places pour la mise en route de ces mesures laisse perplexe pour de simples raisons que c’est l’Etat qui organise le concours national. Le Ministère de l’enseignement supérieur vient de publier la liste des candidats admis dans toutes les institutions et malheureusement, les institutions privées n’ont pas assisté aux délibérations du concours ;

-l’attribution d’un numerus clausus que l’Etat fixe unilatéralement et arbitrairement à chaque établissement. Par conséquent aucune institution ne peut garantir la qualité des étudiants qu’il recrute, ainsi, les institutions privées se retrouvent avec des étudiants qui n’ont pas le niveau qu’elles souhaiteraient avoir. Comment procédera-t-on pour éviter d’envoyer les meilleurs dans les institutions de formations publics et les médiocres dans les privées ? Malgré les dispositifs pris pour donner aux candidats la liberté d’aller dans une institution de leur choix, cette mesure reste tout de même assez trouble et douteuse : « Tout candidat doit porter un choix préférentiel sur trois établissements de formations médicale, pharmaceutique et odontostomatologique parmi lesquels au moins un institut privé d’enseignement supérieur ayant reçu un avis favorable de la Commission nationale de l’enseignement supérieur privé » ;

-Ensuite l’Etat plafonne les frais de formation à 1 million de FCFA pour chaque candidat qui doit seulement payer 50.000 FCFA. Et le reste, c’est-à-dire 950.000 FCFA seront versés par l’Etat comme subvention. Pourtant les frais de formation à l’UdM s’élevaient jusqu’ici à 1.295.000 CFA.

Si elles viennent à être appliquées, le hic dans ces mesures, c’est le fait qu’à la fois, l’Etat manque de crédibilité dans le déblocage des fonds d’une part, et d’autre part l’UdM aura un déficit de 295.000 FCFA par étudiant. Où l’UdM pourra-t-il prendre les sous pour combler ce trou alors que l’institution s’est engagée avec l’Agence Française de Développement (AFD) pour un prêt de 5 milliards de FCFA en vue de la modernisation de ses campus? Et l’un de ses dirigeants, Ambroise Kom de s’indigner à juste titre : « Les 950.000 CFA qui seront payés par le gouvernement sont incertains comme tous les paiements attendus de l’Etat camerounais. Or l’UdM fonctionne sur la base du cash que versent les étudiants. Simple manière de dire, vous pouvez fermer les portes. Telle est la rançon d’une expérience presque réussie au Cameroun ».

La question qui reste donc posée est celle de savoir qui veut que l’UdM « ferme les portes » ? Pour la petite histoire, depuis belle lurette, les concours officiels organisés par l’Etat au Cameroun ont toujours été l’objet de trop de suspicions, de méfiances et même d’intrigues car la corruption et le tribalisme d’Etat ont ternis leur image. L’une des conséquences est la frustration et le manque de confiance des jeunes camerounais qui ont décidé alors de s’exiler à la recherche de meilleurs formations universitaires pour se former. Ainsi, les institutions universitaires des pays occidentaux, sans oublier celles de l’Afrique de l’Ouest et du Nord étaient les plus convoitées. La demande étant donc supérieure à l’offre au pays et en plus la non crédibilité du système de gouvernance malgré l’ouverture, depuis six ans, à la faveur de la réforme universitaire de 1993, de la Faculté de médecine et des sciences pharmaceutiques à l’Université de Douala, de la Faculty of Health Sciences (volet médecine) à l’Université de Buea, de la filière pharmacie et odontostomatologie à l’Université de Yaoundé 1, de l’Ecole de sciences et médecine vétérinaires à l’Université de Ngaoundéré, a ouvert la porte à la concurrence. Quelques initiatives privées ne pouvaient être qu’une aubaine dans ce contexte de « voyoutisme » de la gouvernance au Cameroun. Les institutions privées et plus particulièrement l’UdM, ont fait du chemin et montraient déjà les signes du succès. Ce constat a même amené un internaute dans un forum à dire des gouvernants qu’ « Ils ont confisqué le Cuss (actuellement devenue Faculté de Sciences Biomédicales de Yaoundé) où ils y font entrer leurs enfants médiocres. Maintenant que l UdM offre aux brillants enfants ne faisant pas partie de leur réseaux, la jalousie et la haine les pousse à tuer cette initiative privée ». il ne serait donc pas surprenant de constater que l’intérêt de l’Etat voyou n’est pas de sauver des vies, de résoudre le problème de déficit des médecins au Cameroun. La situation de la région de l’Extrême-Nord est plus qu’intenable et nous interpelle vue le communiqué du parti politique MRC de Mauric Kamto qui appellent le gouvernement à prendre ses responsabilités à la suite des ravages du paludisme.

Les chiffres officiels du ministère de la santé publique sont sans appel. Le Cameroun enregistre 100.000 cas chaque année! C’est horrible! Comment ne pas s’offusquer de cette situation qui a assez duré? Comment ne pas tomber à nu devant ce qu’on peut appeler une catastrophe à peine voilée? Une ville comme Maroua, une localité urbanisée où les conditions de vie ne ressemblent nullement à un cadre organisé et bien entretenu, où sont passé les services d’entretien et d’approvisionnement en eau potable pour rendre la ville vivable? Lorsque l’alarme est signalée pour prévenir, les langues diaboliques sont prêtes à considérer que l’Etat n’a de leçon à recevoir de personne et que les esprits frustrés en profitent pour salir l’image du Cameroun. Voilà donc l’image du Cameroun exposé aux yeux du monde entier avec des morts en cascade comme un pays en guerre. Quelle honte!

Monsieur Mama Fouda, l’illustre ministre de la Santé Publique affirme donc sans pince rire, sur les ondes de la radio nationale que « Nous frôlons les 100.000 décès dus au paludisme par an ». Il ajoute que « le taux de mortalité est de l’ordre de 20 à 25% ». 10.000 cas enregistrés depuis les mois d’août et septembre et déjà plus de 600 morts dans notre conscience pour ne pas 1.000 morts selon les ONG et la presse locale. Merci monsieur le sinistre, pardon monsieur le ministre. Bravo ! Ainsi va le Cameroun…

Shame !

TKC_YVES

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tkcyves

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