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Le Cameroun singe sa mise au vert

Après un grand tapage médiatique pour l’interdiction des emballages plastiques non-dégradable au Cameroun depuis le 24 avril dernier, le Cameroun signe-t-il définitivement son entrée dans le monde des verts de la protection de la nature avec son Blue Bus? Le premier bus solaire voit le jour en septembre 2010 à Okayama au Japon. Bien que les voitures solaires existent déjà avant, il n’existait pas encore de voitures solaires de transport public. Le Solarve, puisqu’il s’agit de lui, est conçu et équipé des panneaux solaires sur le toit. Ces panneaux solaires peuvent fonctionner en autonomie continuelle et lorsqu’une intempérie survient, les batteries prennent le relais. Voilà pour ce qui est de l’histoire de véhicules solaires.

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Crédit photo: Blue Bus. Le jour de l’inauguration du Blue Bus flambant neuf

Grâce au groupe Bolloré, le 02 mai à Yaoundé, le premier ministre Yang Philémon a inauguré dans la matinée des « Blues Bus ». Ce sont des bus à énergie renouvelable de 20 places maximum. Ils ne sont pas équipés de panneaux solaires comme à Okayama au Japon ou comme dans  la ville de Colonia del Sacramento en Uruguay. Ils sont plutôt équipés de batteries rechargeables de 25 kilowattheures chacune. Les 228 panneaux solaires sont exposés dans un entrepôt situé au lieu-dit « Stade Matéco » de 2000 m² au moins. Après 150 Km de fonctionnement, les véhicules bus sont appelés à rentrer à l’entrepôt se faire changer les batteries qui ont été au préalable rechargées par l’énergie des panneaux solaires afin de couvrir tous les 18 points d’arrêt de Yaoundé qui ont déjà été ciblés. C’est donc une grande première en Afrique centrale. Voilà pour la description sommaire du véhicule.

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Crédit photo: Blue Bus. Un point de stationnement au Campus de Yaoundé 1

Mon séjour à Yaoundé a été d’une grande richesse, quand même. Lorsque j’apprends cette nouvelle de la mise en circulation de ce bus sur toute la ville de Yaoundé, je me dépêche immédiatement au lieu de stationnement unique actuel du bus. De là, j’apprends désespérément que « Blue Bus » n’est réservé que pour les étudiants et les enseignants de l’Université de Yaoundé 1. Mais, ce qui est intéressant, et c’est cela qui me comble de joie, c’est que tout a été prévu pour des étudiants handicapés : pont bascule à l’entrée, espace intérieur réservé aux fauteuils roulants, sièges adaptés et modulables à souhait. Tout y est ! Pour tromper la vigilance des vigiles pour le premier coup d’essai, je me présente comme un « étudiant handicapé ». Une carte d’étudiant m’est exigée. Ce que je n’ai malheureusement pas. J’ai quand même réussi à entrer. J’étais émerveillé et stupéfait. Propre et simple. Pas de luxe. C’est un transport en commun, tout de même !

Il m’est revenu de méditer encore une fois de plus sur les choix de nos gouvernants sur des décisions à prendre concernant l’amélioration des conditions de vie de la population des grandes métropoles. D’abord, pour presque 1 milliard et demi, il est encore préférable d’avoir des bus entièrement autonomes dotés de panneaux sur le toit. Il ne serait donc pas nécessaire de retourner à l’entrepôt pour changer de batteries. Celles-ci ne peuvent fonctionner qu’en cas de défaillance du système photovoltaïque. Ensuite, le fait que le Blue Bus ne soit réservé que pour les étudiants ayant une carte d’étudiants est malheureusement un affront qu’il faudra désormais géré, car l’Association pour la Défense des Droits des Etudiants du Cameroun (ADDEC) ne se laissera pas faire du tout. Surtout qu’elle avait déjà combattu cette gabegie selon laquelle la délivrance d’une carte d’étudiant est subordonnée au paiement de frais subséquents et que cette carte confère au propriétaire le statut d’étudiant. Pourtant, la loi de 1993 sur la réforme universitaire est claire et indique que le paiement des frais de scolarité de 50.000Fcfa donne automatiquement aux propriétaires du reçu de paiement le statut d’étudiant. Aucun autre frais n’est exigé en dehors des frais de scolarité. Enfin, les handicapés vont, pour une fois, profiter d’un système en milieu éducatif qui ne les avait pas donné une place au soleil. Les étudiants handicapés bénéficieront d’un transport gratuit. Mais, le hic est que le Blue Bus a des points d’arrêt qui peuvent être situé loin du domicile de l’étudiant indigent qui ne possède ni fauteuils roulants, ni canne, ni béquilles. Beaucoup d’entre eux vont au campus à quatre pattes sur un support en bois. Dommage !

Tchakounte Kemayou 

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tkcyves

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