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La situation des enfants dans le monde : Le cas du Cameroun

Le 16 juin de chaque année est célébrée comme d’habitude la journée internationale des droits des enfants. A cette occasion, le Cameroun, à travers l’ouverture de la 2ème session ordinaire de l’année 2014, les députés de l’Assemblée Nationale (AN) ont cédé leur siège durant toute cette journée aux enfants camerounais. Cette 16ème session de l’Assemblée Nationale junior a été marquée par une pléthore de revendications au respect des droits des enfants camerounais notamment : le droit à la vie, à l’éducation, à la santé, etc. dans le présent billet, j’ai profité de cette occasion pour revoir les conclusions de mon mémoire de Master de 2010 où je posais justement cette problématique des droits des enfants en prenant l’exemple du droit au travail des enfants qui reste jusqu’ici une question où beaucoup de sociologues, de philosophes et de juristes et mêmes des politiques ne semblent pas s’accorder. Après avoir actualisé mes données, j’y reviens ici en posant encore le problème des droits des enfants dans sa globalité et les statistiques les plus récentes (« La situation des enfants dans le monde 2014 » publiée par l’Unicef) seront ma base d’analyse. Les organisations internationales et plus particulièrement l’Unicef accorde une place importante à la publication des chiffres, des tableaux statistiques nationales et mondiales normalisés visant à fournir une image détaillée de la situation des enfants. Les 2,2 milliards d’enfants de la planète vivent dans des conditions socio-économiques très diverses et disparates. La stratégie de l’Unicef vise à faire connaître non seulement l’existence de ces disparités mais à y accorder plus d’attention particulière, car l’enfant est le présent et le futur de l’humanité.

UNICEF
Crédit photo: Unicef

Le fait de compter les enfants les rend visibles

Les disparités assez criardes entre les enfants s’observent à travers les catégories urbain/rural ; riche/pauvre ; garçon/fille ; école primaire/école secondaire ; etc. Ce sont des disparités révélatrices de la situation très désastreuses des enfants tant sur le plan de la santé que de l’éducation. L’objectif de l’Unicef à travers ces publications des tableaux statistiques rendus publics depuis janvier 2014 est triple :

1 : « mettre à la disposition des gouvernants des informations concrètes, des données chiffrées » ; 2 : « identifier les besoins en appuyant les activités de plaidoyer et en mesurant les progrès »; 3 : « apporter un changement positif ».

La protection des enfants doit nécessairement commencer par son enregistrement dès la naissance. Plus de 50% d’enfants en Afrique subsaharienne n’ont pas de documents officiels. Les enfants non enregistrés sont considérés comme des êtres qui n’existent pas et par conséquent ne sont pas pris en compte dans les politiques de développement et d’aménagement territorial en vue d’améliorer les conditions de vie des populations pauvres et vulnérables. Evidemment, ces tableaux statistiques ne sont pas que destinés aux gouvernements des pays concernés. Les citoyens du mondes que nous sommes et des communautés doivent s’en imprégner dans le but de demander des comptes aux responsables chargés de l’amélioration des conditions de vie des enfants qu’ils sont censés protéger.

La situation des enfants au Cameroun est très mitigée. Un bref aperçu des tableaux statistiques nous montre comment, même dans la mentalité des aînés sociaux, la perception de l’enfant reste limitée aux considérations traditionalistes qui veut que l’enfant soit une « propriété » et non comme acteur, encore moins un sujet. Beaucoup oublie qu’« En instaurant la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE), la communauté internationale a reconnu que les enfants sont des personnes qui ont des droits qui doivent être respectés au même titre que ceux des adultes ». Les enfants sont des êtres, des personnes qui ont des droits multiples : le droit à la santé, à l’éducation, à la nutrition, à la protection et au progrès. Mon analyse se limitera sur la description sociologique que je fais de la situation des enfants au Cameroun.

La malnutrition au menu du jour

L’alimentation des enfants est l’un des aspects par lequel le droit à la vie se manifeste le plus souvent. Les statistiques insistent sur le fait qu’allaiter son bébé de moins d’un an est un signe de bonne santé pour l’enfant. Ainsi, même cette variable est aussi prise en compte dans l’espérance de vie des enfants. Autrement, un enfant qui n’a pas droit au sein maternel est un être humain en danger et susceptible de mourir par manque de nutriments adaptés pour sa croissance dont l’allaitement au lait maternel est la seule source. Au Cameroun, 20% d’enfants seulement se nourrissent exclusivement au lait maternel durant ses 6 à 8 premiers mois. Ce chiffre est effroyable et indicateur des dangers que peuvent subir les enfants avant l’âge de 1 an. Les analyses sociologiques nous donnent de plus amples explications sur ce faible taux d’allaitement exclusivement au sein.

Initiation

précoce de

l’allaitement

(%)

Allaitement

Exclusivement

 au sein

<6 mois (%)

Introduction

d’aliments

solides,

semi-solides

ou mous

6−8 mois (%)

Nourris au sein à

l’âge de 2 ans

 (%)

20

20

63

24

Sources : Unicef (2014)

 

Insuffisance

pondérale (%)

modérée et

grave

croissance (%)

modérée et

grave

Émaciation (%)

modérée et

grave

Surpoids (%)

modérée et

grave

15

33

6

7

Sources : Unicef

La première explication viendrait du fait que les femmes sont de plus en plus appelées à participer à la survie du ménage. Elles exercent de plus en plus une activité économique de subsistance : le commerce, les champs, les services. Les femmes qui sont surtout des agents, des cadres dans des entreprises nationales ou multinationales ne bénéficient que de 3 mois (dont 2 mois après la naissance de l’enfant) de vacances de maternité. La nounou ou un membre de la famille qui est chargé de la garde de l’enfant passe une très grande partie du temps avec le bébé. Si la maman rentre le soir, l’enfant n’aura droit qu’à son lait acheté sur le marché qui n’est malheureusement pas conseillé avant 6 mois. L’enfant est donc sevré, de temps en temps, des éléments nécessaires à sa bonne croissance : le lait maternel. Malgré les campagnes pour alerter les femmes sur le bien-fondé du lait maternel, celles-ci ne semblent pas comprendre qu’elles mettent les enfants en danger en nourrissant le bébé au lait artificiel. Les statistiques indiquent néanmoins que 24% d’enfants continuent à prendre le lait maternel jusqu’à l’âge de 2 ans. Ces chiffres n’indiquent malheureusement pas si ce sont les enfants nourris exclusivement au lait maternel qui, après 6 mois, sont nourris aussi d’aliments solides, semi-solides ou mous. En tous les cas, force est de constater que la mauvaise alimentation entraîne les anomalies telles que : l’insuffisance pondérale grave[1] (5%), le retard de croissance[2] (33%), l’émaciation[3] (6%) et le surpoids[4] (7%). S’il n’y a donc rien à dire pour les uns, l’inquiétude plane surtout sur le retard de la croissance des enfants camerounais.

« S’il vous plaît docteur, mon enfant chauffe »

Ces mots de détresse sont généralement entendus par les médecins, les infirmiers et les aides-soignants qui reçoivent les enfants à la phase terminale de leur maladie. Les parents ont donc cette habitude d’attendre que la maladie soit bien grave avant de songer qu’il faut aller dans un centre de santé. Pourtant, les mesures simples de préventions et de soins sont mises à la disposition des parents pour éviter d’en arriver là ! Les campagnes de distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticides n’ont permis qu’à 36% de familles d’en obtenir. Chaque fois qu’une campagne est lancée au Cameroun, toute une corruption est organisée autour de cette distribution. Certaines familles avouent avoir  acheté elles-mêmes leurs moustiquaires qui étaient pourtant gratuites. Même lorsque c’est payant, les prix ne sont pas à la portée des familles les plus démunies. Conclusion, plus de 64% de familles ont des enfants qui dorment sans moustiquaires.

Couverture vaccinale (%)

BCG

DTC1ß

DTC3ß

Polio3

Rougeole

HepB3

Hib3

Nouveau-nés protégés

contre le tétanos

81

94

85

85

82

85

85

85

Sources : Unicef (2014)

Pour ce qui concerne les campagnes de vaccination, le Cameroun souffre plutôt de stéréotypes divers à travers la perception que les parents, les familles et certaines communautés religieuses et traditionnelles ont de la vaccination. Pour ne pas aller dans les profondeurs de l’analyse qui me semble trop complexe pour être exposé dans ce cadre, il faut dire simplement que l’appartenance aux religions réveillées qui estiment que seul Dieu est le protecteur de tous les êtres vivants, est l’une des entraves à l’accès des enfants aux campagnes de vaccination. Des rixes sont souvent observées entre les équipes de vaccination et des parents dans les zones rurales. D’ailleurs, une campagne bat son plein en ce moment au Cameroun où le Ministère de la santé publique (MINSANTE), l’OMS et la société de téléphonie Orange se sont associés pour lancer un appel à tous les parents à venir vacciner et revacciner les enfants gratuitement : « La poliomyélite est encore là. Protégeons nos enfants ! Revaccinons-les à chaque occasion. C’est gratuit ! ». Le résultat semble satisfaisant puisque 85% d’enfants, selon l’OMS ont été vaccinés contre la polio. C’est de même pour les vaccins exigés par l’OMS pour tous les enfants tels que : BCG[5] (81%), DTC1[6] (94%), DTC3[7] (85%), Rougeole[8] (82%), HepB3[9] (85%), Hib3[10] (85%), Tétanos[11] (85%).

Pneumonie

Diarrhée

Consultations pour

enfants avec

symptômes de pneumonie

(%)

Traitement par antibiotiques

pour enfants avec

symptômes de pneumonie

(%)

Traitement par sels

de réhydratation

orale (SRO)

(%)

30

45

17

Sources : Unicef (2014)

 

Paludisme

Traitement antipaludique

chez les enfants fiévreux

(%)

Enfants dormant

sous une moustiquaire

imprégnée d’insecticide

(%)

Ménages possédant

au moins une moustiquaire

imprégnée d’insecticide

(%)

23

21

36

Sources : Unicef (2014)

Pour ce qui concerne l’accès à l’eau potable, il faut dire qu’il existe une disparité entre les zones urbaines et rurales. Ainsi, les enfants des zones rurales sont les plus exposés aux maladies dues au manque d’eau ou à sa mauvaise qualité. Les campagnes d’adduction d’eau de forage et de source n’ont pas encore connu un succès qu’il faille dire ici que les paysans ont aujourd’hui la possibilité de s’alimenter convenablement en eau potable. Dans les zones urbaines où la Camerounaise Des Eaux (CDE) est censée couvrir les villes et plus principalement Yaoundé et Douala, l’eau est la denrée la plus rare. Certains habitants de quartiers périphériques et même des grands centres urbains font des jours et des mois entiers sans que le robinet ne coule. Le risque de recourir aux moyens rudimentaires d’approvisionnement reste donc grand. Ces chiffres de 74% du taux d’accès à l’eau potable améliorée au Cameroun révèlent, malgré la satisfecit, les difficultés que la majorité des habitants ont à avoir l’eau. Evidemment, si 26% n’ont pas accès à l’eau, cela signifie que la couche la plus fragile qu’est l’enfant est plus exposée.

Utilisation de sources d’eau

potable améliorées (%) 2011

Utilisation d’installations

Sanitaires améliorées (%) 2011

total

urbain

rural

total

urbain

rural

74

95

52

48

58

36

Sources : Unicef (2014)

Le taux d’infection au VIH-SIDA est assez révélateur du niveau de prévalence des adultes ici au Cameroun. Si 59.000 enfants vivent avec le VIH-SIDA, et que 310.000 femmes en sont aussi porteuses, il est à craindre que ce chiffre ne soit alarmant dans les prochaines années compte tenu du taux de prévalence qui est de 4,5%. Pour une estimation de 660.000 personnes vivant avec le VIH-SIDA, il est évident que la maladie devient de plus en plus fréquente. Chez les jeunes enfants ayant une activité sexuelle avec des partenaires multiples, l’utilisation des préservatifs n’est pas encore totalement dans les mœurs : 67% d’hommes et 47% de femmes utilisent les préservatifs. C’est évident, dans ces conditions, que les maladies sexuellement transmissibles soient toujours présentes lorsqu’une partie encore de la population jeunes pensent, pour diverses raisons, que le contact « indirect » n’assure pas le plaisir total souhaité. Malheureusement, ici aussi règnent des stéréotypes sur cette utilisation du préservatif qui a des conséquences néfastes à long terme. L’une d’elle est, bien sûr, la mort des parent et par ricochet l’accroissement du nombre exponentiel d’enfants orphelins : 1.300.000 enfants sont orphelins donc 94.000 le sont suite à la mort des parents due à l’infection au VIH-SIDA.

L’éducation au cœur du développement

Dans l’Article 28 de la Convention relative aux droits de l’enfant, les États parties reconnaissent le droit des enfants à l’éducation et s’engagent à « assurer l’exercice de ce droit progressivement et sur la base de l’égalité des chances ». L’une des priorités des gouvernements des pays en développement a toujours été l’éducation. Ce secteur est le plus consommateur du budget annuel de l’Etat camerounais. La politique de l’éducation au Cameroun comprenant les deux sous-systèmes, francophones et anglophones, est plus critiquée à l’heure actuelle pour des raisons historiques et fonctionnelle. Ces sous-systèmes sont d’abord hérités de la colonisation, ensuite son mode de fonctionnement reste inadapté au contexte de modernisation conforme aux canons des normes universellement acceptables. Là aussi, toute une littérature sociologique existe sur les dysfonctionnements du système qui n’ont pour conséquence que de former des citoyen en déphase avec son environnement. D’où l’éternelle problématique de l’adéquation formation-emploi. Malgré tout, le Cameroun a réussi le challenge de l’accès des enfants à l’instruction. Son taux d’alphabétisation des jeunes de 15 à 24 ans le confirme bien : 85% d’hommes et 76% de femmes. Le problème ici réside sur la disparité entre les deux sexes. Cette disparité sera observée tout autour des tableaux statistiques sur les taux bruts et les taux net de scolarisation.

Participation à l’école pré-primaire

Taux brut de scolarisation (%)

2008–2012*

garçons

filles

30

30

Sources : Unicef

 

Participation à l’école primaire

Taux brut de

scolarisation (%)

Taux net de

scolarisation (%)

Taux net de

fréquentation (%)

Taux de survie en

dernière année

d’école primaire (%)

2008–2012*

2008–2011*

2008–2012*

2008–2011*

2008–2012*

garçons

filles

garçons

filles

garçons

filles

données

admin

données de

l’enquête

128

111

100

87

87

82

57

87

Source : Unicef (2014)

L’accès à l’école primaire et au collège ou lycée est plus finement perceptible dans les faits que dans les chiffres issus des tableaux statistiques de l’Unicef. Ainsi, sur 21.700.000 habitants, les jeunes de moins de 18 ans se chiffrent à 10.808.000 personnes. Donc, presque la moitié de la population (49,80%) est âgée de moins de 18 ans ! Et 3.572.000 sont âgées de moins de 5 ans ! Donc, 16,46%. Le taux brut de scolarisation à l’école pré-primaire est de 30% pour les filles comme pour les garçons. Plusieurs enfants en âge d’aller à la maternelle sont encore à la maison. Les raisons sont multiples et celle qui domine le plus c’est que les parent considèrent l’école maternelle comme une perte de temps pour les enfants et par ricochet un gaspillage inutile compte tenu de sa cherté et la précarité du ménage. L’école primaire présente les plus forts taux qui sont quasiment supérieurs aux attentes. C’est donc l’un des meilleurs en Afrique et dans le monde : taux brut de scolarisation[12] 128% chez les garçons et 111% chez les filles ; le taux net de scolarisation[13] 100% chez les garçons et 87% chez les filles. Ces résultats plus que positifs peuvent s’expliquer par l’accès gratuit à l’école d’une part, et d’autre part, par une nécessité qu’ont les parents que les enfants aient un niveau d’instruction acceptable en sachant ne serait-ce que lire, écrire et compter.

Participation à l’école secondaire

Taux net de scolarisation (%)

Taux net de scolarisation (%)

2008–2011*

2008–2012*

garçons

filles

garçons

filles

44

39

53

49

Sources : Unicef (2014)

Le secondaire présente les résultats très mitigés : taux net de scolarisation (2011) 44% chez les garçons et 39% chez les filles ; taux net de scolarisation (2012) 53% chez les garçons et 49% chez les filles. Il y a donc un progrès de l’ordre de 9 à 10% entre 2011 et 2012. Comme pour dire qu’il y a des améliorations au fur et à mesure. La qualité approximative du système éducatif camerounais m’amène à penser que les enfants, malgré le taux brut satisfaisant de scolarisation à l’école primaire, n’ont malheureusement pas le niveau qu’il faut. Il s’avère donc que la qualité de l’enseignement reste problématique au Cameroun. Plus grave, en zone rurale, beaucoup d’école et collège manquent d’enseignants et de personnels d’encadrement qui préfèrent s’installer en ville et en général dans les grandes que sont Douala et Yaoundé. Aucune stratégie gouvernementale pour inciter les enseignants à opter pour les écoles de campagne. C’est la raison pour laquelle les régions septentrionales, par le manque de viabilisation et son enclavement, sont réputées très hostiles aux enseignants ambitieux. Chez les fonctionnaires généralement, les affectations pour ces régions sont jusqu’à présent considérées comme une sanction administrative. En plus des inégalités entre les zones rurales et urbaines, il faut aussi préciser qu’il existe des inégalités entre les régions du nord (plus peuplées et plus pauvres) et celles du sud du Cameroun.

Le travail des enfants : un débat sans fin

Environ 2,5 millions de personnes se trouvent aujourd’hui en train de subir des affres des dures conditions dues au travail forcé. Et 22 à 50% d’entre elles sont des enfants. Même lorsqu’ils ne sont contraints au travail forcé, plusieurs enfants sont néanmoins contraints par la précarité de la vie. Les disparités que nous avons relevées plus haut sont révélatrices des situations très désastreuses des enfants. Les études qui ciblent les enfants des zones urbaines sont de plus en plus porteuses d’espoir dans la mesure où les zones urbaines regorgeront, avec le temps, plus d’enfants que les zones rurales. Les statistiques comparatives nous présentent une progression sensible de la population mondiale d’enfants en zone urbaine.

 

1955

1965

1975

1985

1995

2005

Zones urbaines

(%)

27

30

33

36

40

43

Zones rurales

(%)

73

70

67

64

60

57

Total

(%)

100

100

100

100

100

100

Source : Unicef (2014)

La prise en compte de l’urbain est donc fondamental dans les analyses sociologiques du travail pour observer et résorber les problèmes en termes de perspective. La ville a des réalités affreuses de la vie qui obligent les familles pauvres à mettre les enfants, même les moins de 5 ans, dans la rue à la recherche de la subsistance. « Des dizaines de millions d’enfants vivent ou travaillent dans les rues des différentes villes du monde, un chiffre en augmentation du fait de la croissance démographique mondiale, des migrations et de l’urbanisation croissante »[14]. Les enfants travailleurs vivant en zone urbaine sont généralement ceux qui affrontent la précarité. Au Cameroun, cette précarité est plus visible dans la rue où les enfants s’activent aux petits commerces : vente d’arachides, d’œufs cuits, de beignets, de cigarettes, de maïs, de fruits (Avocats, bananes, papayes, ananas, pastèques, oranges, etc.), et ils s’exercent aussi dans les petits métiers comme la maçonnerie, la menuiserie en bois, la menuiserie métallique, la plomberie, la mécanique, la coiffure, la couture et bien d’autres encore. La rue est donc le lieu privilégié et par excellence pour mieux apprécier ce niveau de précarité des enfants en situation de travail.

En les approchant pour mieux savoir comment ils gèrent leurs activités au quotidien, les résultats de l’enquête sont pour le moins surprenants. Les enfants travailleurs supportent aussi, comme les parents, les charges du ménage. Il est souvent incongru d’entendre certaines critiques enlever cette qualité d’acteurs socio-économiques aux enfants qui jouent pourtant ce rôle. La question qui divise les observateurs est donc celle de savoir : doit-on, sous le prétexte de leur fragilité, interdire le travail aux enfants dont le fruit soutient les ménages ? Il faut dire que ce phénomène ne saurait être éradiqué dans sa totalité dans la mesure où ce travail, loin d’être un fardeau, participe en tant que tel au développement intellectuel et psychologique des enfants. Le débat reste essentiellement sur les aspects néfastes de l’exploitation du  travail et les discours qui tournent autour de ce phénomène en général. C’est cet aspect du phénomène qui fera l’objet de ma thèse que j’achèverai probablement dans un an et demi, inch ’allah !

Tchakounté Kemayou



[1] Pourcentage d’enfants âgés de 0 à 59 mois dont le poids est inférieur de trois écarts types au poids médian pour leur âge tel qu’il est défini dans les Normes OMS de croissance de l’enfant

[2] Pourcentage d’enfants âgés de 0 à 59 mois dont la taille pour l’âge est inférieur de deux écarts types à la taille pour l’âge médiane telle qu’elle est définie dans les Normes OMS de croissance de l’enfant.

[3] Pourcentage d’enfants âgés de 0 à 59 mois dont le poids pour la taille est inférieur de deux écarts types au poids pour la taille médian tel qu’il est défini dans les Normes OMS de croissance de l’enfant.

[4] Pourcentage d’enfants âgés de 0 à 59 mois dont le poids pour la taille est supérieur de deux écarts types au poids pour la taille médian tel qu’il est défini dans les Normes OMS de croissance de l’enfant.

[5] Pourcentage de nourrissons nés vivants à qui on a administré le bacille de Calmette et Guérin (vaccin contre la tuberculose).

[6] Pourcentage de nourrissons survivants à qui on a administré leur première dose de vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche.

[7] Pourcentage de nourrissons survivants à qui on a administré trois doses de vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche.

[8] Pourcentage de nourrissons survivants à qui on a administré leur première dose de vaccin contre la rougeole.

[9] Pourcentage de nourrissons survivants à qui on a administré trois doses de vaccin contre l’hépatite B.

[10] Pourcentage de nourrissons survivants à qui on a administré trois doses de vaccin contre l’Haemophilus influenzae type b.

[11] Pourcentage de nouveau-nés protégés à la naissance contre le tétanos.

[12] Nombre d’enfants inscrits à l’école primaire, indépendamment de leur âge, exprimé en pourcentage du nombre total d’enfants ayant l’âge officiel d’aller à l’école.

[13] Nombre d’enfants inscrits à l’école primaire ou secondaire ayant l’âge officiel de fréquenter l’école primaire, en pourcentage du nombre total d’enfants ayant l’âge officiel d’aller à l’école primaire. En raison de l’inclusion des enfants en âge de fréquenter l’école primaire inscrits à l’école secondaire, cet indicateur est parfois désigné comme étant le taux net ajusté de scolarisation dans l’enseignement primaire.

[14] Unicef (2012), « Les enfants dans un monde urbain »

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Auteur·e

tkcyves

Commentaires

danielle MBIEDA
Répondre

bonsoir merci pour l'article . je m’intéresse au phénomène des enfants de la rue

Yves Tchakounte
Répondre

Bonjour Danielle. Merci de vous intéresser aux enfants de la rue. Si vous avez le moindre souci pour en savoir davantage, je suis à votre disposition.