Crédit:

Cameroun : Le top 10 des emplois créés en 32 ans du Renouveau

La débrouillardise

Aujourd’hui, 06 novembre 1982, Paul Biya célèbre ses 32 ans de règne absolu. Dans son ouvrage « Pour le libéralisme communautaire », il scelle le pacte à travers une nouvelle vision du développement économique du Cameroun. Son arrivée au pouvoir avait été perçue comme un souffle nouveau dans la gestion de l’Etat car le régime précédent, Ahmadou Ahidjo en l’occurrence, était caractérisé par une dictature répressive, un totalitarisme aigu et sanguinaire caractérisé par l’oppression et l’assassinat des leaders de l’opposition qui avait été interdite avant les années 70. L’avènement du Renouveau est donc ce sang nouveau que Paul Biya devrait impulser. Ainsi, un slogan populaire : « Rigueur et moralisation » avait été conçu et donc le contenu avait pour but d’assainir la gestion des affaires de l’Etat. C’est donc dans cet esprit que la politique de l’assainissement et de la responsabilité sont véhiculés. Du coup, inconsciemment ou non, tous les camerounais étaient avertis d’avance et chacun devrait mettre du sien pour un nouveau Cameroun. Le pays était donc bien parti pour amorcer son décollage tant attendu.

 

Puis vinrent le coup d’Etat manqué, la crise économique des années 1986, les années de braise caractérisées par la révolte populaire appelée « Villes mortes » des années 1990 à 1992,la dévaluation du FCFA, la double coupure des salaires des fonctionnaires intervenue en 1993, année aussi où la réforme universitaire fut mise en pratique et qui supprimait la bourse chez les étudiants et instituait une scolarité annuelle de 50.000Fcfa. et le tableau sombre est complété par ce qu’on appellerait « Trahisons » qui a été inauguré par des proches à l’exemple d’un Titus Edjoa, ministre de la santé publique qui a occupé aussi le poste de secrétaire général de la présidence de la république et médecin personnel du président.

Non, le peuple et beaucoup de leaders qui avaient cru au Renouveau ont jubilé trop tôt. Ils ont jubilé avant d’avoir tué le gibier. « L’homme Lion »du 06 novembre 82 dévoile petit à petit son vrai visage. Il est donc loin d’être l’agneau que tout le monde attendait pour sauver le pays de la mascarade dictatoriale. Place donc à la désillusion, à « On va faire comment ? ».Du coup, la débrouillardise devient le maître-mot. Les fonctionnaires sont devenus des débrouillards, des étudiants, des enseignants, des médecins, des inspecteurs d’impôts, des magistrats et, que sais-je encore ? S’il faut compter avec l’intelligence des Camerounais, la débrouillardise s’est perfectionnée, elle s’est même spécialisée, j’allais dire,tous les jeunes lésés, ceux qu’on appelle « la génération sacrifiée » se surprennent au bon milieu de leur « carrière », à devenir des spécialistes de leurs métiers de débrouillardise créée en attendant une vie meilleure. Il y a donc des métiers qui ont vu le jour ou encore qui se sont perfectionnés avec le temps, eu égard de la demande.

Une vue panoramique de ces divers métiers du Renouveau nous a inspiré pour montrer comment ce régime dit du Renouveau a clochardisé la jeunesse à telle enseigne que les métiers considérés comme de la débrouillardise, où les jeunes se réfugiaient en attendant de trouver mieux, sont maintenant considérés, faute d’emplois, comme des professions à part entière. Les Camerounais qui les pratiquent s’en donnent à cœur joie faute de mieux, malgré leur cursus universitaire élogieux. Ce sont pour la plupart des curiosités plus ou moins orthodoxes. Ces métiers ont pour particularité d’être désordonnés, informels et trop risquant, donc peu conseillé. le régime du Renouveau d’autres choix que de laisser-aller ou encore de laisser-faire, car l’échec de Paul Biya de sa politique d’emploi des jeunes ne lui laissait pas la possibilité d’organiser les métiers. Ces métiers, comme la religion, disait Karl Mars, est « l’opium du peuple ». Voici le classement de ces métiers par ordre de décroissance, au nombre de 10 :

N°10 –Les vendeurs ambulants de friperie :Généralement, la vente des vêtements de friperie se fait en plein trottoirs à l’entrée des marchés. Le langage populaire désigne ces gens les « tâcleurs ». Ce sont des fins psychologues. Ils savent distinguer ceux qui sont susceptibles d’acheter des vêtements. Ils commencent à vous accueillir en ces termes : « Molar, voici les fringues qu’il te faut pour ambiancer les gos », « Ma chérie ne salit pas ton nom, vient ici il y a des matelots et minis sexy dernières sortie ». Les paroles sont tellement « charmeuses » qu’il vous deviendrait difficile de résister.  Mais, attention ! C’est aussi le lieu de refuge des malfrats. Convaincu d’avoir réalisé une bonne affaire, il suffit de détourner votre attention et ils vous balancent un paquet de vieux carton dans votre emballage à la place de la marchandise achetéeet c’est à la maison que vous vous rendrez compte de la supercherie.Avec le temps, l’entrée des marchés ne fait plus recette et ils sont appelés à sillonner maintenant des rues des banlieues pour écouler leurs marchandises. Même avec 100Fcfa, vous pouvez avoir une paire de chaussettes et surtout une nuisette. D’ailleurs, les femmes sont les principales clientes des fripiers. Il suffit de retrancher 1 ou 2 pièces de 100Fcfa dans la ration alimentaire journalière et hop ! Voilà que la garde-robe de Madame est pleine d’habits. Monsieur n’a qu’à aller se débrouiller ailleurs. Ah ! La débrouillardise !

N°09 – Les commerçants de la brocante : Voici un métier qui a pris son essor dans les années 2000. Il est devenu le lieu par excellence où  les camerounais viennent s’équiper en mobilier de maison et de cuisine. Ces vieux mobiliers et appareils électroniques considérés comme des déchets en Occident retrouvent ici une seconde vie. Il y en a même qui n’ont pas été utilisés et que les Moukalas (Les Blancs) n’en veulent plus parce qu’ils sont vieux et polluants. Mais, comme les Nègres adorent les vieilleries, ils s’y adonnent, donc. Qui a dit que la saleté tue l’homme Noir ? En tous les cas, ici, pas question de vieux. Tout est bon. Les casseroles, les couverts, les fauteuils en cuir, les chaînes Hi-Fi, les ordinateurs, les réfrigérateurs, ouf ! Que la liste est longue ! Les commerçants sont pour la plupart connecté à un frère ou une sœur se trouvant en Occident et qui souhaite occuper le cadet oisif, nanti d’un diplôme universitaire et cherchant un emploi en vain. C’est toujours comme ça, ce régime du Renouveau : « On va faire comment ? ».

N°08 –Les vendeurs de CD et DVD piratés : Voici un métier qui m’a toujours plût. Vraiment ! Ces gens-ci sont endurants, persévérants et dérangeants. On les chasse, pourchasse, on brûle leur magot et ils reviennent comme si rien n’était ? Merde ! Ils sont pour la plupart des adolescents, hein ! Plus têtus qu’eux tu meurs seulement au front. Au nom de Jésus ! Avec un sac au dos rempli de CD et DVD piratés de tous les artistes les plus en vue de sur la scène musicale. Il y en a pour tous les goûts : les dombolo, les coupé-décalé, les Flavour, les JakyRapon, les makossa, les pala-palawoman, les sans caleçons qui se mélangent. Bref, il y a du sucré et de l’amer. Avec 200Fcfa vous êtes servi et vous voilà devant votre appareil musical en train de déguster le bon son. Mais, ces gars-là me jouent souvent de mauvais tours. Au lieu de ma chanson préférée « Quand l’homme est content » de Hilarion Nguéma en sifflotant ma petite Guinness, je sens mes oreilles bouillonner « Nyoksser, Nyoksser » de Petit Pays ? J’ai piqué une crise. Nul n’était la présence de cette Guinness, j’aurai atteint le stade de la folie.

N°07 – Vendeurs médicaments frelatés et Médecins ambulants : S’il y a quelque certitudesdont mes conviction était carrées, c’est que seuls les spécialiste de la médecine doivent exercer la médecine. Mais, au Cameroun, mon pays, il y en a qui se lèvent et décident tout-de-go de devenir médecin. Nom de Dieu ! C’est pour ça qu’il ne faut jamais, oui jamais dire que quelque chose est impossible au Cameroun, mon pays-ci. En causant avec un vendeur ambulants de médicaments, je me rappelle avoir rédigé un billet à ce sujet, il m’a avoué avec juron que même les médecins du dispensaire d’en face (de son kiosque à médicaments) viennent le livrer les médicaments pour la vente. Et quand ils en ont besoin, ils viennent aussi se ravitailler au kiosque. Vous voyez ça ? Etait-ce une forme de publicité pour que j’achète ses produits ? En tous les cas, je suis convaincu qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Il y a même des médecins ambulants, hein ! Ah ! Vous doutez ? Venez au Cameroun. Venez sans crainte. Ces « médecins » sillonnent les rues, un gros sac contenant un appareil-là. J’oublie le nom. Ils te disent que cet appareil a la possibilité de détecter toutes les maladies dont vous souffrez. Je dis bien toutes les maladies. La gonococcie, le Sida, le palu, la diarrhée, la myopie, la lèpre, la fièvre jaune, la…. Dis donc, je ne cite plus. Et ils jurent que leur médicament vaut le quart du prix appliqué en officine. Dans leur clinique, quoi ! D’ailleurs, quand je les vois, leur allure me renseigne déjà et je file à l’anglaise.

N°06 – Joueur de PMUC et de Pari Foot : Voici un métier qui a failli me conduire en taule. Les Camerounais comme moi-là aiment l’argent pour aller « siffler » les Guinness et titiller les lycéennes, me voilà au front. Je veux jouer au beau gosse, mais la pauvreté me fauche. Que faire ? Aller jouer au pari mutuel et/ou au Pari-foot. Si maman commet une erreur de rangement, je protège. Je me sers et me voilà devant le kiosque. Je me souviens que nous, lycéen en… -Je ne sais même l’année-là- nous avons créé un club joueur de pari mutuel au lycée de New-Bel (aujourd’hui, Lycée Bilingue de New-Bell). Lorsque la dame proviseur a entendu ça… Nous avions écopé 3 jours de travaux forcés. Le conseil de discipline avait même recommandé la prison situé à 200m de là. Pour une fois dans ma vie j’ai eu une peur bleue. En fait, ces jeux sont pour ainsi dire déstabilisants. Les accros s’y adonnent comme à la drogue. Ils oublient que les enfants n’ont pas déjeuné. En tous les cas, madame s’en occupe. Pour lui quoi dedans ? Ce métier est d’autant plus prisé que l’appât du gain fait frémir plus d’un. L’envie de jouer, de jouer encore et encore grandit de jours en jours, de mois en mois et d’années en années. Seul le miracle de la psychologie peut le sortir de là. Joueur de Par-foot, c’est devenu un métier. Oisiveté oblige !

N°05 – Les « Feymans » : Il semble que les Feymans existaient bien longtemps avant, mais la rudesse de la vie ici a popularisé ce métier au plus haut point. La feymaniaest désignée comme le fait d’inventer des astuces pour arnaquer les pauvres et les riches. Oui, mêmes les pauvres sont victimes ! Comment peut-on escroquer un pauvre, puisqu’il n’a rien ? Me demanderez-vous. En fait, lorsqu’on a à faire à un Feyman qui vous fait miroiter la vie en rose, vous êtes prêt à aller voir le président de la tontine du week-end pour un prêt en lui disant : « Gars, pardon file-moi les sous je reviens demain avec les intérêts. C’est toi qui gagne, man ! », ou encore « Gars, la mater est très malade. Pardon, donne-moi les sous, je reviens demain ». Obnubilé par l’argent qui tombe à pic, le président de la tontine ne se fait pas prier pour sortir le montant demandé en ignorant exactement ce à quoi l’argent est destiné. Puisque par mesure de prudence et pour garder les intérêts promis par le Feyman, il faut garder le secret recommandé par celui-ci.Le pot-aux-roses n’est découvert que lorsque l’escroc est déjà bien loin de vous. Difficilement maîtrisable, donc. On dit souvent qu’ils disposent une poudre capable de vous endormir le cerveau. En tous les cas, j’entends aussi comme ça ! Généralement, ils sont spécialisés dans la fabrication frauduleuse des billets de banque, les tromperies sur les visas européens pour les jeunes qui rêvent partir  à mbeng (Occident). A un moment, ils ont immigré aussi pour mbeng où leurs forfaits s’avèrent juteux. Et lorsqu’ils atterrissent au bled après un coup juteux, c’est la java totale : les voitures de luxe, les costumes et chaussures de marque, des parfums dont la flagrance peut vous couper le souffle. Ce métier a tellement secoué le pays à une époque, à tel enseigne que même les enfants et les adolescents en rêvaient : « Je serai un Feyman ». Quel gâchis ! Ce phénomène n’alimente plus les commentaires dans les chaumières. Heureusement !

N°04 –La série F : « Je veux jouer au foot » : Qui se souvient de la coupe du monde de football « Mondial 90 » en Italie ? Après Roger Mila, c’était Patrick Mboma. Après lui c’est maintenant Samuel Eto’o. C’est à partir de 1990 que la plupart des trophées des Lions Indomptables ont été remportées. Et c’est justement l’effet Samuel Eto’o, actuellement classé parmi les footballeurs les plus riches de la planète Terre, qui a suscité cet intérêt du métier de footballeur chez les jeunes et adolescents. Quelqu’un m’avait même soufflé dans un taxi cette vérité que je ne s’aurais contredire : « Après Biya, Eto’o est la personnalité la plus connue de tous les enfants, jeunes et adolescents ». Cette affirmation est bien suffisante pour comprendre l’engouement de cette catégorie sociale pour le football. Car, si tu veux gagner honnêtement ton argent, au lieu d’envier le Feyman dans ses fringues, il vaut mieux se battre et devenir footballeur. Ça donne l’argent, ça paie gros. Ainsi, des centaines d’écoles de football voient le jour sans compter les plus prestigieux comme « L’école de football des Brasseries du Cameroun » et la « Kadji Sport Academy » sans oublier l’école de football de Samuel Eto’o lui-même et qui est devenu la gibecière du FC Barcelone, des agents de joueurs agréé par la FIFA courent les rues à la recherche de talents. Tout cet environnement pour l’argent ? Comme les Feymans ne loupent presque jamais des occasions en or, le milieu a connu et connais encore des escrocs qui vont jusqu’à proposer l’inimaginable. Qui ne rêve pas avoir un « Samuel Eto’o » dans sa famille ? La lucidité manque toujours aux familles lorsqu’elles sont pressées de sortir de la pauvreté.

N°03 – La série M : Mariage (Les Moukalas et les Mougous) :J’ai failli mettre ce métier en premier. Il serait trompeur de ne pas imaginer un homme, un garçon camerounais qui ne serait pas passer sous les griffes d’une go (Fille) appelée en langage populaire les « Nga ». A peine vous avez fait la cour à une Nga, c’est comme si elle venait de décrocher un emploi. Ah ! Le chômage c’est quelque chose, hein ! Sa santé, c’est le gars, son alimentation c’est le gars, sa coiffure c’est le gars, ses vêtement c’est le gars. Merde ! Les Nga-là ne donnent pas le lait, hein ! Le jour où j’ai réussi à m’échapper d’une Nga, j’avais déjà perdu tous mes cheveux du crâne. Nom de Dieu. On dit de ces gars que je considère comme des« victimes » qu’ils sont des « Mougous ». Les Nga les classent généralement en catégories d’importance : « Mougou1 » pour le plus gentil de tous les Mougous, quoi ! « Mougou2 » pour le moins gentil. Et ainsi de suite. Elles vont même jusqu’à « Mougou10 » ! Pour savoir quel est votre rang, attendez un jour où votre Nga est discrète, vous composez son numéro de portable et regardez le nom qui s’affiche. Attention aux cardiaques. Je ne serai pas responsable de vos malheurs. Allô quoi ? Que je vous dise mon rang ? Lorsque j’ai découvert que j’étais le « Mougou8 », au lieu de me plaindre d’être le mougou, j’ai plutôt demandé doucement à mon ex Valentine pourquoi elle m’a classé jusqu’à la 8ème position. Sa réponse a été sans équivoque : « C’est parce que tu es le plus chiche ». Voilà une réponse qui m’a un peu soulagé en me disant : « A quelque chose, malheur est bon ! ». Donc, voilà comment les Nga font pour subvenir à leurs besoins. Tant pis si vous êtes un gars pauvre. Ça ne marche pas dans mon pays le Cameroun. Ce pays-là que je connais ! Avant que les filles ne se replient sur les gars du bled, ce sont les Moukalas (Blancs) qui étaient leurs gibiers. C’est Internet qui avait permis tout ça. Il suffit de voir les films camerounais les plus célèbres du moment : « Le Blanc d’Eyenga » de Charly Ntamack et « Paris à tout prix » de Joséphine Ndagnou pour comprendre que l’affaire de mariage-là… C’est le sang à l’œil. Même si elle est un peu hâtive, je prends tout de même le risque de tirer une conclusion selon laquelle la majorité des filles qui ciblent le mariage c’est pour fuir la pauvreté. Mes détracteurs ici, j’allais dire les filles, vont m’acculer en me rétorquant qu’il y a des femmes cadres d’entreprise bien dans leur peau et qui cherchent le mariage et ce sont des femmes comme ça que les gars fuient parce qu’ils ont peurs de ne pas exprimer leur instinct de domination avec une femme émancipée. « Gros lâches que vous êtes », disent-elles. Et elles renchérissent : « Allez toujours vers les petites filles en les prenant pour des naïves. Elles vont bien vous dépouiller ». Bon, elles m’ont gagné. Je boucle seulement ma bouche.

N°02 – Le call Box :Avant l’arrivée des téléphones portables en 2001, les téléphones filaires étaient les plus utilisés. Sauf les plus nantis pouvaient se payer ce luxe. Pour les plus pauvres, il fallait donc aller dans une cabine téléphonique publique ou privée qui contenait des box pour passer des appels. La libéralisation de ce secteur a donc permis l’arrivée des opérateurs de la téléphonie mobile Orange et MTN et Nextel. Les cabines téléphoniques privées ont donc fermé progressivement boutique pour donner naissance aux Call-Box qui sont des sortes de box privé installé en plein trottoir et où le tenancier disposait seulement d’un téléphone portable pour les appels. On n’a donc plus besoin des installations sophistiquées comme c’est le cas avec le téléphone filaire pour avoir la possibilité de passer des appels. Les box ont presque disparu de la circulation pour céder la place aux tabourets et parasols de fortune. Aujourd’hui, les call-box deviennent désuets petit à petit par le fait que les prix sont de plus en plus bas. Les consommateurs trouvent donc du plaisir à appeler avec leur propre portable, pour ceux qui en ont. Malgré sa chute vertigineuse, ce métier reste quand même l’un des plus prisés du moment. Il continue, comme par le passé, à occuper les jeunes, surtout les filles, qui n’ont pas réussi à se faire une place dans le monde de l’emploi. Tout comme le N°01, le call box a fini par devenir un métier sécurisé qui peut nourrir son homme.

N°01 – Le Ben Skin (Moto-taxi) : Voici donc le N°1 de notre hit-parade : nos amis les « Bens-kineurs ». Tout comme le N°2, ce métier n’est pas l’exclusivité du Cameroun. Il est aussi le fruit d’un chômage galopant. C’est le plus célèbre métier du Renouveau parce qu’avant lui, Yaoundé et Douala n’avaient presque pas de moto-taxi. Je m’en souviens très bien. Le transport urbain était assuré par les taxis et les bus de la défunte SOTUC (Société de Transport Urbain du Cameroun). C’était vraiment bien à l’époque. Depuis que le chef bandit du Renouveau est arrivé, l’exode rural s’est accru, la SOTUC a déposé son bilan, les taxis devenaient donc insuffisants pour assurer seuls ce service public. Le chômage aidant, l’ingéniosité des jeunes les a poussés à se lancer au transport urbain par moto (Ben Skin). A cette époque, une danse originaire du département du Ndé à l’Ouest du Cameroun était à la une des manifestations. Elle est caractérisée par la posture de courbature des danseuses et danseurs un peu semblable à la position des conducteurs de motos en pleine allure. Eh ! Oui, mes amis les Ben-Skineurs. Ils viennent de toutes les bords : diplômés ou non, villageois ou non, de toutes les tribus et les religions. Mais, alors ces gars sont des battants. Ils ne rigolent pas avec leur boulot. La fermeture de la SOTUC a laissé un grand vide qui a permis aux Ben-skineurs de se faire une santé financière extraordinaire. D’ailleurs, ce sont des spécialistes en drague. Toutes les femmes ne résistent pas à leur avance. Ils ont du fric en permanence. Il faut se méfier des métiers où l’on touche des pièces de 100Fcfa à longueur de journée. A la fin de la journée de travail, la recette peut vous donner la chair de poule. Du coup, c’était l’occasion pour beaucoup de faire venir leur frère terré au fin fond du village à ne rien foutre, de venir à Douala ou à Yaoundé se faire du pognon. Mon Dieu ! La débrouillardise est devenue la kata ? La non maîtrise du code de la circulation par ces petits frères a coûté la vie à plusieurs innocents qui se retrouvaient parfois sous des camions que le Ben-skineur cherchait à dépasser à tous les prix. Parfois c’est la non maîtrise de son engin qui le propulse à même le sol avec parfois plus de trois ou quatre passagers. Il faut être là et voir pour croire. Ça ne se raconte pas. Les gouvernants ont alors compris qu’il faut organiser les gars. Même Biya pense souvent à eux. Bétail électoral ? Sûrement ! Des stratégies en vue d’assainir le milieu ont toujours eu un écho défavorable à Douala bien que Yaoundé semble maîtriser la situation. En tous les cas, qui vivra verra !

TchakountéKemayou

 

Étiquettes
Partagez

Auteur·e

tkcyves

Commentaires