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Cameroun : la mauvaise foi de Fame Ndongo et la colère des étudiants en médecine

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Au Cameroun, avant l’année académique 2013-2014, il était de coutume que chaque université de médecine, puisque c’est de la médecine que le problème se pose, recrute ou sélectionne ses étudiants qui viennent frapper à ses portes. Suite à une enquête du Ministère Camerounais de l’enseignement supérieur, il a été constaté que la formation en médecine, domaine très pointu en matière de santé publique, était entre les mains de charlatans. Conclusion, il faut absolument faire le ménage pour préserver ce domaine très sensible.

FameNdongo, Ministre de l’enseignement supérieur, avec le concours du gouvernement, décident de réformer le secteur avec l’introduction de plusieurs innovations comme l’harmonisation des recrutements des étudiants dans toutes les universités de formations médicale. Il faut donc que l’Etat organise un concours national en vue de sélectionner 500 étudiants en médecine, 150 en pharmacie et 150 en chirurgie dentaire et les répartir dans chaque université selon la convenance de chaque postulant. Mais, il convient de signaler que deux choix étaient exigés aux postulants : Une Université d’Etat (La faculté de Médecine et des Sciences biomédicales de l’université de Yaoundé I ; La Faculté des Sciences de la santé de l’université de Buéa; la faculté de Médecine et des Sciences pharmaceutiques de l’université de Douala; La faculté des Sciences de la santé de Bamenda) et une Université privé (l’Institut supérieur des sciences de la santé de Bangangté ; l’Institut supérieur des technologies médicales de Nkolondom à Yaoundé). Le but était d’harmoniser l’accès aux écoles de formation en médecine afin de contrôler la qualité de la formation, dit-on.

Voilà! Les Camerounais d’origine Bamiléké qui croyaient fuir « l’équilibre régional » (politique de recrutement des étudiants à travers des concours administratifs basés sur l’appartenance ethnique et non sur les résultats selon les mérites des candidats) s’estimant victimes de cette politique en créant l’Université des Montagnes (UDM) à Bangangté se sont donc trouver coincé par cette nouvelle organisation des recrutements. Du coup, c’est encore l’Etat, oui, le fameux Etat-parti ou Parti-Etat RDPC, parti au pouvoir dont l’idéologie dominante semble être le contrôle de la reproduction sociale basée sur l’ethnie, doit encore et encore user malheureusement son droit de regard sur la formation des médecins en s’incrustant dans la sélection des étudiants dans les universités privées.

Du coup, les pauvres étudiants qui auraient souhaité aller dans une université d’Etat, se retrouvent balancés dans une université privée, car c’est l’Etat qui organise le concours, procède aux recrutements et à la répartition des étudiants par établissement, peu importe le choix que chacun d’eux aurait fait. L’objectif de l’organisation d’un concours national était d’harmoniser. Ce terme doit avoir tout son sens.

Il s’avère donc que les universités privées qui coûtent plus chères que les universités d’Etat, doivent aussi harmoniser leur coût de formation. Après les résultats du concours national de médecine organisé en 2013, beaucoup de candidats admis, du fait de leur impécuniosité, se plaignent d’avoir été envoyés dans l’une des deux universités privées. Ce qui devrait les contraindre à payer une pension qu’ils jugent exorbitante. Ces universités privées menacent même d’exclure ces candidats nouvellement admis faute de payant de la pension dans son intégralité pour les étudiant de première année. La réforme risque d’en prendre un coup face à ce durcissement du ton et FameNdongo, pour éviter son échec se résout à négocier. Après moult négociations donc, le ministre exige aux Universités privées de fixer leur pension à 50.000F comme dans les universités d’Etat et promet des subventions de l’Etat pour combler le manque à gagner. Niet, rétorquent les dirigeants des universités privées, pour de simples raisons que la formation en médecine coûte les yeux de la tête, de un; et de deux, il ne faut jamais et jamais faire confiance à un gouvernement mal intentionné et dirigé par les corrompus du RDPC. Ces deux universités concernées décident alors de maintenir leur coût de formation à 1.200.000 environ, quitte au gouvernement de régler lui-même cettefacture sous forme de bourse. Cela consistera donc à exiger aux étudiants des universités privées, comme à leurs collègues des universités d’Etat, de payer obligatoirement 50.000 Fcfa de frais de pension annuelle et le gouvernement donne, en guise de bourse, à chaque étudiant le reste pour compléter sa pension. C’est ce qui sera considéré comme la subvention de l’Etat aux universités privées comme ça se fait pour le cas des universités publiques.

Le gouvernement, par la voix de FameNdongo décide alors des se plier à ces exigences et d’harmoniser lui-même les coûts de formation pour éviter la discrimination et la frustration des nouveaux recrues, en demandant, dans un décret ministériel, à tous les étudiants en médecine de toutes les universitéspubliques et privées de ne payer que 50.000F de frais de pension universitaire exigée par la loi depuis la réforme universitaire de 1993 pour le compte de l’année académique 2013-2014. Conclusion,les étudiants et leurs parents acceptent cette nouvelle mesure. Il convient de signaler que les universités privées qui ne reçoivent pas de subventions comme les universités publiques ne prendront nullement en charge la formation qui est de la responsabilité de chaque étudiant. L’université privée doit désormais recevoir les subventions par le biais des bourses octroyées par l’Etat aux étudiants admis aux concours nationaux. C’était, en fait, ça l’esprit de la réforme.

Les étudiants des universités privées commencent donc bien les cours pendant l’année académique 2013-2014 grâce aux subventions promises par FameNdongo. Cette année 2014-2015 qui a commencé depuis octobre dernier, ce ministre, au grand désarroi des parents et étudiants, refuse de respecter sa parole donnée en insinuant qu’il n’avait promis de payer que pour l’année académique 2013-2014. Les parents sont donc chargés de régler la pension de leurs enfants tout le reste de la formation qui dure 6 à 7 ans.

Du coup, je me pose les questions suivantes :

–          Quelles étaient les intentions de cette réforme de la formation en médecine ? La vielle querelle qui oppose l’Etat d’une part, les candidats et les parents d’autre part sur la fameuse politique de « l’équilibre régionale » refait surface.

–          Autre question: Lorsqu’il s’agit des pensions, pourquoi FameNdongo ne parle-t-il plus d’harmonisation? A quoi doit donc servi un concours national organisé par l’Etat, où les candidats doivent subir une sélection arbitraire et être astreints à payer des sommes hors de leur bourse?

–          Que vont faire les étudiants qui se retrouvent actuellement au quartier faute de payement de leur pension ?

Pardon, mieux chaque établissement organise son concours et sélectionne, et chaque parent qui y envoie ses enfants savent à quoi s’attendre quitte à ce que l’Etat participe aux sélections selon des critères de compétence bien précise. L’affaire est actuellement sur la table du juge au tribunal administratif qui tranchera et éventuellement elle pourrait aller à la cours suprême.

Voilà donc une preuve que l’Etat au Cameroun est tribal.

Quel pays de paradoxe!

Tchakountékémayou

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Auteur·e

tkcyves

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