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Brésil 2014 – Jusqu’à la lie…

L’orgueil est le chef tyrannique des principaux vices, c’est-à-dire de ces vices d’où en découlent une multitude d’autres. Chez les Brésiliens, l’orgueil est prépondérant. Ils ont obéi à l’orgueil hâtif et se heurtent donc à laVox Populi, qui chez eux aussi pays très superstitieux dit souvent et volontiers « jamais 2 sans 3 ». Ils sont donc avertis et leur premier adversaire est décidément eux-mêmes. Pourtant, les Brésiliens qui dans la version du portugais qu’ils parlent ont maintenu la construction des expressions savantes, fidèle au latin devraient savoir communier avec des sages tel que Jean de La Bruyère pour qui « Le voile de la modestie couvre le mérite, et le masque de l’hypocrisie cache la malignité ». Ils ont laissé libre cours à l’instinct de gourer leur propre public deux fois en peu de jours avec un paravent. Le Brésil a fini par montrer sa médiocrité.

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Mougoué Mathias Lionking, en pleine action.
Crédit photo: M.M.Lionking

Point de surprise de voir donc les Pays-Bas magistralement conduits par « Beep Beep Robben » le 12 juillet 2014 finir 3e du Mondial devant le Brésil (3-0). Les Auriverde ne se sont pas du tout remis de la gifle reçue contre l’Allemagne. Ils pensaient plus à comment se situer pour le match contre l’Argentine aux côtés des Allemands. Curieux acteurs qui s’auto-éduquent comme fans de leurs bourreaux, mais c’est aussi ça le Mondial quand toutes les cartes sur la table n’ont pas été conjuguées au tracé de la carte du terrain.

Match de classement du Mondial Brésil-Pays-Bas : 0-3. Buts : Van Persie (3e minute), Blind (16e minute), Janmaat (90e minute). Je vois Zidane sourire en 1998 et quelqu’un se souvenir qu’en match officiel le Brésil n’a jamais battu la France de son histoire par exemple.

Les Hollandais jouent un match assez timide, mais ne renoncent pas à bastonner un enfant déjà à moitié déculotté à sa deuxième bêtise en 5 jours. Le Brésil a rendu son honneur en voyant « sa » Coupe du monde commencer à prendre le chemin de l’Europe quand le sélectionneur Scolari, critiqué à raison pour ses choix tactiques tout au long du tournoi, décidait de sortir quelques éléments jugés parasites de son onze de départ. Exit les Fred, Hulk, ou encore Marcelo qui avait été si friable sur son côté gauche en demi-finale. Le retour de Thiago Silva dans la défense, aux trois-quarts parisienne avec la présence de Maxwell et David Luiz, ne suffit pas à stabiliser l’arrière-garde brésilienne.

Après seulement deux minutes de jeu, David Luiz est battu dans un duel aérien par Van Persie qui lance Robben dans la profondeur. En retard et mis dans la position du Coyote derrière l’autruche, le charismatique capitaine Thiago Silva se rend coupable d’une faute en tant que dernier défenseur. L’arbitre, l’excellent algérien, M. Haimoudi, n’avertit le défenseur parisien que d’un carton jaune quand le rouge semblait de mise. Il est bon psychologue et justement, avec beaucoup de personnalité, il désigne le point de penalty, pour une faute  juste à l’entrée de la surface donne faculté de choisir comment la punir. Van Persie s’en charge et convertit la sentence d’une frappe sèche croisée,  à la bonne hauteur (0-1, 3e minute). C’est sa façon de montrer qu’il existe toujours, vu que même son brassard ne lui a pas garanti de finir tous les matchs, son rendement s’étant limité à quelques buts spectaculaires. Les Pays-Bas sont lancés et les souvenirs du cauchemar vécu face à l’Allemagne commencent déjà à ressurgir côté brésilien.

Les joueurs de Van Gaal, privés de leur meneur de jeu Wesley Sneijder stoïque au point de se donner à fond dans l’échauffement, mais qui a ressenti une pointe à la cuisse avant le match, déroulent leur jeu sans le moindre mal. Son remplaçant, Jonathan de Guzman, se dit qu’il faut bien qu’on sache qu’il a du talent à la 15e minute. Légèrement hors-jeu, il a l’instinct astucieux d’un bon centre depuis l’aile droite que David Luiz dégage en plein axe, confus et c’est le châtiment qu’il voit venir qui se matérialise. Daley Blind, le fils du légendaire Dany Blinbd capitaine de l’Ajax de Louis Van Gaal qui domina la seconde moitié des années 90 en Europe assis sur le banc comme collaborateur technique remercie et enfonce le clou. (0-2, 16e).

La scène apocalyptique se vit d’abord comme un stress psychique tactique et technique pour l’équipe de Felipão Scolari, citoyen italien depuis 2002, puisque sa famille a ses origines sous la coupole de Rome. Le manque criant d’une alternative à Neymar dans le schéma offensif des hommes en jaune est édifiant. Pourtant, j’insiste, lui déjà n’est pas Pelé et l’alibi de l’absence de Thiago Silva en demi-finale ne tient pas. Il est bien là ce soir. Assis sur le banc de touche, Neymar le milieu offensif du Barça observe ses coéquipiers en se disant que rester dans sa chambre d’hôpital sans jouer les héros sympathiques aurait été bien mieux. Oscar tente de secouer souvent les siens, mais ça manque de mordant à l’avant, où Jô est porté disparu. Les Pays-Bas retournent au vestiaire avec deux buts d’avance.

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Belle illustration prise dans un forum Facebook

En seconde période, le Brésil se meut davantage avec l’insertion de Fernandinho puis du « prophète » Herna ès dans l’entrejeu. C’est pourtant Robben qui d’une frappe croisée à la cinquantième donne l’idée de ce que doit faire un joueur pour marquer la compétition. À la 68e minute, Oscar peut obtenir un penalty, mais est finalement averti pour simulation. C’est l’arbitre qui use bien de son sens salomonien. Rien ne sourit aux joueurs de Scolari. Il faut dire qu’ils n’y mettent pas de brio non plus dans la surface adverse. L’entrée de Hulk ne change rien au destin du Brésil dans cette compétition. Le contraire aurait bien étonné. Sa place c’est dans les magazines pour femmes fans de physiques d’haltérophiles. C’est même Robben qui s’échappe à deux reprises et manque d’obtenir un penalty à la 83e minute. Il aurait été judicieux, mais l’arbitre africain maîtrise son sujet comme son sifflet.

Dans le temps additionnel, l’immense ailier du Bayern prouve que c’est justement le coup de sifflet final qui sanctionne la fin d’un match même si comme le Brésil on a hâte de filer sous la douche se laver des houements de son public. Il décale pour Janmaat qui sert un centre chirurgical au capitaine du PSV Eindhoven, Wijnaldum entré plus tôt. Le verre est bu jusqu’à la lie et l’humiliation est complète pour le Brésil qui reste dans son pays, mais quitte la compétition la queue entre les jambes, bien loin des rêves de gloire qui avaient bercé tout un peuple depuis quelques mois. Pourtant, comme les Camerounais, tous savaient ! Étant donné que la troisième place rapportait 180 millions d’euros… Que ceux qui pensent que les « tulipes » auraient dû laisser le Brésil, aillent eux-mêmes trouver cet ARGENT à dépenser dans un acte de générosité aux Brésiliens… Personne ne s’est autant apitoyé sur le sort de l’Afrique du Sud il y a 4 ans pourtant si on enlève aux Brésiliens les coups de pouce des arbitres au premier tour, on découvre que le niveau de leur équipe est à peu près celui des Sud-Africains qui en passant avaient aussi un entraîneur brésilien… Je vais personnellement à la Coupe du monde depuis 16 ans et je n’ai pas encore vu le niveau d’organisation et d’implication populaire qu’il y avait en Afrique du Sud…

Ce n’est pas ce qui empêchera le Brésil plus amoureux du foot que fair-play, moqueur, mais pas forcément auto-ironique de se ranger du côté de ceux qui leur avaient imparti une leçon à sept étoiles pour clôturer la fête du football à leur manière, en affrontant des gradins et devant le téléviseur l’Argentine. Comme dit Alphonse Esquiros dans « Les vierges sages » (chose rare au Brésil de notre âge). La modestie est le voile naturel de la beauté. L’Allemagne est arrivée ambitieuse sans être ni prétentieuse ou présomptueuse. Elle s’en retrouve somptueuse en s’encastrant à la perfection dans le pronostic du coach Lippi, qui conduit l’Italie au sacre de 2006 en Allemagne justement avant de prendre la raclée qui punit son arrogance en Afrique du Sud en 2006. Il s’y connaît très bien donc et avait à sa façon mis en garde les Brésiliens. Ceux-ci n’ont même pas besoin d’attendre que l’Allemagne se rende sympathique outre mesure en arborant le même maillot avec lequel ils ont imposé au Brésil sa déconfiture. C’est à peu près le maillot du flamenco dont on joue dans l’arène et les fans brésiliens donnent un coup de main à l’Allemagne en se chargeant tous seuls de le porter.

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Belle illustration sur Photoshop

Finale de la Coupe du monde 2014, Allemagne-Argentine : 1-0. But : Gotze (113e). Face à une Argentine pas trop belle, mais tenace, l’Allemagne a dû attendre les prolongations pour faire la différence. Les matchs de finale sont parfois l’antithèse de la beauté et du dynamisme dans un scénario où chacun est prudent et obéit à la peur du « quitte ou double ». Le remplaçant de luxe Mario Götze propulsait les siens au firmament à la 113e minute. Au bout du suspense, l’Allemagne a décroché une quatrième Coupe du monde après prolongations sur une action velouté de Mario Götze, gladiateur fier, pas à son premier coup d’essai dans cette compétition.

Les Argentins sont en supériorité numérique autour de la pelouse avec un Maracaña bourré de supporters de l’Albiceleste. En plus de 30 000 déjà présents, j’ai eu vent de 100 000 fraichement arrivés pour ne pas regretter de n’avoir pas vécu l’événement dans le voisinage. 50 000 de ceux-ci regarderont la finale dans les places de Rio, sur écran géant, pas trop mal non plus. L’ambiance Des Coupes du monde est magique même hors des stades et parfois même mieux. La Mannschaft a peut-être souffert de l’absence de Sami Khedira, blessé à l’échauffement et remplacé par Christoph Kramer. Pas de pot, le joueur du Borussia Monchengladbach se heurte au terrible coup d’épaule de Garay au quart d’heure de jeu, alors que son équipe s’empare de l’administration de la partie. Les plus grosses occasions sont sans surprises allemandes et six minutes plus tard, une mauvaise remise en retrait de Toni Kroos permet à Higuain de se présenter seul face à Manuel Neuer. Seuls les entreprenants finissent par travailler pour les attentistes. Frappe instantanée du joueur de Naples à qui malheureusement les Shamans qui concoctent le Yerba Màté qu’aucun Argentin ne rate de boire le matin n’aveint promis qu’un but. Petite mesure avec laquelle l’Argentine a souvent avancé dans ce Mondial plus conduite par Di Maria que guidée par le sauveur proclamé par anticipation d’onction Messi.

Le tir qui ne trouve même pas le cadre. Le ballon avait été promis à une aficionada dans les tribunes. Chacun a son Mondial. Premier raté (si on veut) d’une longue série donc. Lionel Messi, dont on attend le grand Réveil qui le portera au niveau de Diego Maradona, se montre par intermittence. Sa voiture n’avance qu’avec les clignotants, jamais les pleins phares dans une nuit où on a avancé le match par rapport à la veille pour qu’il bénéficie de plus de temps de lumière naturelle et d’énergie solaire on espérait, pour justifier le gros cadeau que le marketing avait déjà programmé pour lui. Son décalage pour Lavezzi à la demi-heure de jeu permet à l’entreprenant ailier du PSG de placer un retrait pour Higuain, tout seul dans la surface. Sa reprise croisée est parfaite et trompe Neuer, mais le natif de Brest, parti célébrer son but, ne voit pas l’arbitre-assistant signaler sa position de hors-jeu. Il est abonné depuis les demi-finales aux célébrations d’illusion de buts qu’il se procure plus que de finalisations vraies. Après une réaction allemande par Schürrle, Messi cherche dans ses godasses les clés de l’ouverture du score. Mais la porte obéit seulement aux cartes magnétiques personnalisées sur le toucher tactile de Neuer. La percée côté droit manque de prendre Neuer à revers, ce qui n’empêche pas la cuirassée Werhrmacht de conserver sa concentration, malgré ces fulgurances. Les teutons restent réguliers dans le jeu. Ils manquent d’ouvrir le score en toute fin de première période, d’abord par Kroos à la 43e puis surtout par Howedes dont la tête heurte le poteau fait de la même matière que son crâne je crois une minute plus tard.

Le rideau se lève sur le second acte en naturellement plus enlevé. Ce sont les 45 minutes du va-tout ! Lavezzi contrairement aux parties précédentes est curieusement remplacé dès la pause par Sergio Aguero, pourtant diminué et qui n’aura pas eu l’impact souhaité sur la partie. Peut-être les efforts aux quarts et demi-finales ont été trop dispendieux pour le Parisien Pocho de la Pampa. Messi à la 48e se distingue encore mais n’est pas aidé par la maladresse de ses coéquipiers. Le pauvre… Quand il peut, personne ne se meut. C’est donc pour ça qu’il gagne un titre seul. Le sort du match est suspendu, les Argentins ayant bien compris la manière de verrouiller derrière. Mais ce n’est pas là qu’on gagne. Si jamais on retarde le moment de perdre. Comme ils l’ont démontré devant la Suisse avant de trembler contre la Belgique qui pense tout le contraire. Tout peut pourtant changer à l’heure de jeu lorsque Neuer vrai libéro de la Mannschaft percute maladroitement Higuain tout en boxant le ballon de la main, à la limite de la surface. Cela aurait pu être un penalty, ou un carton rouge. M. Rizzoli assez complice des Argentins aux quarts devant la Belgique. Ici il ne dit mot. Le tempo manque d’électricité, mais les occasions sont toujours plus nettes. Müller à la 71e puis Howedes à la 80e minute peuvent enfin débloquer le compteur, mais le score a choisi de rester muet.

Les Argentins jouent leur deuxième prolongation consécutive, après celle face aux Hollandais en demi-finale. L’histoire de cette Coupe du monde a montré que c’est comme ça qu’elle décide l’équipe qui perdra la partie en cours. Deux matchs prolongés de suite, tu sors à la seconde. Demandez au Costa Rica et à la Hollande. Le nouvel entrant Rodrigo Palacio rate l’avantage, faisant montre de ses habituels contrôles orientés et approximatif du championnat italien. Justement les Italiens avec moi en profitent pour maudire le coach de n’avoir pas convoqué Tevez. 70 % des Argentins ont du sang italien parmi leur ascendance. Messi, Lavezzi ou Di Maria ne diraient pas le contraire. Carlos Tevez se retourne dans sa tombe dont on ne sait si elle est au Brésil, à Buenos Aires ou Turin. Les deux équipes souffrent, mais personne ne veut abandonner. Schweinsteiger est victime de nombreuses fautes, mais retourne à chaque fois au charbon. On sait que son nom fait allusion au cochon, viande star de son pays, mais il a 7 vies de chat. Alors, à la 113e minute vient la délivrance.

Les chrétiens comprennent que pour avoir un pape la loi prévoit que l’ancien meure… Non. Le pape argentin ne croit que maintenant que le pape allemand lui a donné un jouet mais pas le pouvoir comme cadeau. C’est sa prière que Dieu entend puisqu’il n’est pas mort. Avec une action menée par deux joueurs entrés en cours de match. André Schürrle, entré à la place de Kramer au quart d’heure de jeu, déborde et centre pour Mario Götze, qui a pris la place de Klose, rassasié à 36 ans d’une compétition dont il est le meilleur buteur de l’Histoire. Nous jouons la fin du temps réglementaire. Le contrôle de la poitrine enchaîné d’une reprise du pied gauche de Götze est superbe et envoie l’Allemagne au paradis. Ils ont eu le courage avant tout de bien déclarer qu’ils avaient prévu une fête en donnant la date au Brandenburger Tor. Pour eux, être l’équipe la plus constante de l’histoire de la Coupe du monde était déjà une victoire. Pas moins de 14 demi-finales sur 18 et 4 trophées. Si les Argentins n’ont pas démérité, les individualités auraient eu tort de dicter raison devant l’équipe, le groupe, chose que le rusé Löw sait bien gérer et avec stratégie. Le pauvre Di Maria, cantonné au banc des remplaçants pour blessure, est le plus déçu de tous. C’était lui le fuel des albiceleste dont le sacre était attendu des abords de la Patagonie aux extrémités de la Terre de Feu… Au bout des prolongations, le rêve d’un peuple s’envole, celui d’un autre s’embrase dans le temple du football…

La chance n’aide que les audacieux dit-on et l’Allemagne au fil des matchs a légitimé ce qu’aujourd’hui la critique ne peut lui arracher… En plus elle jouait contre l’Argentine et les plus contents ici au Brésil sont les locaux! La liesse est des Brésiliens qui pourront toujours se payer la tête des Argentins au son de « Pelé est plus grand que Maradona ». Ils n’auraient pas toléré que le temple de leur football soit profané par les voisins rivaux et permettent ainsi que l’Allemagne enfreigne un tabou : celui de la première sélection européenne à gagner un Mondial en Amérique latine ou d’ordinaire ce ne sont que le Sud-Américains qui gagnent et cela n’a pas suffi comme alibi aux Brésiliens pour se ranger du côté des Argentins et préserver l’exclusivité de l’Amérique latine.

Robben a sûrement lu « Observations Morales » d’Adrien Destailleur pour savoir que , « La modestie ne consiste pas précisément à ignorer son mérite, mais à ne pas s’en glorifier » d’autant qu’il ajoute, « La modestie est au mérite ce que la pudeur est à la beauté ». S’il ne l’a pas fait, son attitude l’a réécrit, balle au pied. Robben pendant le match fait même dire à son collaborateur : « Quel joueur, quelle énergie, quelle volonté… Quelle technique et quelle course à son âge » avant de s’étonner quand je lui dis que Robben, la star des « Oranges » n’a que 30 ans. Sacré joueur quand même ! Il est clair que pour que Messi gagne le trophée de meilleur joueur il faut qu’on décide que Robben est un nain de jardin qui es resté en Hollande jouer dans l’arrière-cour de sa grand-mère pendant que les autres jouaient le Mondial au Brésil.

Ceux qui ne sont jamais arrivés au Brésil ce sont les ex-Lions indomptables. Autrement ils auraient trouvé le Lion King et appris qu’il faut toujours oser…

Mougoué Mathias Lionking

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Auteur·e

tkcyves

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