Yves Tchakounte

Moi, vacciné contre la Covid-19 : pourquoi maintenant ?

Un matin du 24 janvier 2024, je décide d’aller dans un centre de vaccination Covid-19. Depuis l’arrivée de ce vaccin au Cameroun en avril 2021, beaucoup de stéréotypes ont été véhiculés sur ses effets secondaires. Qu’est-ce qui m’a fait changer finalement d’avis ?

La persistance de la maladie malgré l’accalmie

Au Cameroun, les statistiques sur les contaminés de la Covid-19 en janvier 2024 confirment un cas encore actif. Malgré un taux de létalité global de 1,6 %, le Cameroun présente toujours des risques très importants. Le seul cas actif en ce moment confirme, malgré l’accalmie, que la Covid-19 est toujours présente. Le Contrôle et la maîtrise de la situation présentés par le gouvernement camerounais ne garantissent rien du tout. Il vaut prendre des précautions dès maintenant et ainsi se préserver de tous risques avenirs.

Je fais partie des personnes à risque

Depuis plusieurs années, je lutte contre des crises d’asthme qui surviennent de temps en temps et perturbent ainsi ma quiétude. Heureusement pour moi, je ne développe pas encore la forme sévère de la maladie. Mon inquiétude encore une fois a commencé le jour où j’ai découverte, dans un magazine de veille scientifique, qu’il existe des groupes de personnes présentant des risques ou des formes de morbidité de la Covid-19. Les personnes atteintes d’une maladie cardiovasculaire, pulmonaire ou rénale figurent dans la liste. Cependant, le risque devient plus grand lorsque la maladie est déjà à sa phase chronique sévère. Tel n’est pas mon cas. Mais j’ai quand même décidé d’aller me faire vacciner.

Les gens refusent la vaccination à cause des stéréotypes

Le vaccin contre la Covid-19, comme d’ailleurs tous les autres vaccins, fait grincer les dents. Il se raconte tout un tas d’histoire sur la maladie au point de mettre en garde une bonne partie de la population. L’un des stéréotypes, somme toute légitime, se situe dans l’objectif que les organismes internationaux, particulièrement l’OMS, donnent à ces vaccinations tous azimuts. Les opinions arrêtées comme « réduire la population africaine », « rendre stérile », etc. sont les plus répandues.

Je me suis toujours posé une question qui, jusqu’ici, reste sans réponse : pourquoi les médicaments venus d’ailleurs (puisque le Cameroun importe tous ses médicaments) n’ont pas toujours réduits la population qui ne fait que croître chaque année ? Si l’objectif des organismes internationaux était de réduire la population africaine et camerounaise, il serait plus facile de passer par les médicaments à cause des appréhensions des gens concernant l’utilité des vaccins. Heureusement, cette théorie « complotiste » s’estompe peu à peu malgré les résistances.

Le taux de contamination a baissé après l’arrivée du vaccin

L’argument développé ici par les personnes les plus insoupçonnées, compte tenu du degré de discernement que je leur attribuais, est que la Covid-19 a déjà disparu. On en parle plus à travers le monde. Pourquoi en parle-t-on en Afrique tout le temps ? Oui, justement, si on en parle plus, c’est parce que la vaccination est venue changer la donne. Les pays les plus stricts en matière de sécurité pour contenir la Covid-19, ont, depuis longtemps, mis l’accent sur le vaccin. Bien que ça ne soit pas obligatoire, la mobilité des uns et des autres pour des raisons personnelles et surtout économiques et professionnelles les a contraints à se faire vacciner. Raison pour laquelle, plusieurs pays déjà ont pu atteindre un taux vaccinal de plus de 50%. Malheureusement, le Cameroun n’est qu’à 26,7% de la population cible au 10 décembre 2023.

La Covid-19 donne beaucoup d’argent

L’une des opinions les plus surprenantes est le fait que la Covid-19 donne beaucoup d’argent. Certaines personnes, plus particulièrement les travailleurs, affirment avoir été déçues du traitement de faveur accordé à certains de leurs collègues. Des primes, des avantages financiers liés au confinement à cause de la Covid-19 ont été accordés aux uns en écartant les autres. Une odeur de discrimination qui reste en travers la gorge. Les populations, convaincue que les autorités publiques ont perçu des budgets dans le cadre des mesures de distanciation, considèrent que la Covid-19 est une arnaque, un gouffre financier.

D’autres encore, plus futés dans leur argumentation pour se convaincre de cette arnaque, avouent ne pas comprendre une contradiction entre deux actualités. D’une part, le détournement des fonds de la Covid-19 révélés par la Chambre des comptes et d’autre part, les décorations, sous forme de récompenses, des membres de la Task Force qui ont géré ces fonds Covid-19. Ce sont des contradictions révélées particulièrement par la presse nationale et internationale. Elles n’ont malheureusement laissé personne indifférente. Chacun s’est recroquevillé en se campant sur sa crainte de départ. C’était comme pour se convaincre et se donner une bonne raison de ne pas se faire vacciner.

Mais, loin de moi de nier ces contradictions, la vérité est que la Covid-19 a été vaincue parce que l’argent a vraiment coulé et elle continue de couler. On y a tellement injecté d’argent au point où les gens sont submergés par les campagnes. A force de répétition, ils vont finir par croire à la gravité du danger et se donner à la vaccination. Cela a particulièrement été mon cas. Je n’en pouvais plus et je n’ai pas résisté. Je me demandais toujours « les autres partent se faire vacciner, pourquoi pas moi ? ». Pourquoi ne sont-ils pas morts après avoir reçu leur vaccin ?

Et je me fais vacciner enfin

Arrive ce jour fatidique où je décide d’aller me faire vacciner. Un après-midi du 24 janvier 2024. Je me rends à l’Hôpital de la Cité des Palmiers à Douala. On me dirige au District de Santé de la Cité des Palmiers juste à un jet de pierre. Je demande à me faire vacciner à la grande stupéfaction des uns et des autres. Tout le monde me fixe du regard. Surpris de voir un Camerounais venir de lui-même prendre son vaccin.

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Affiche de campagne CANAFCON2023 de vaccination contre la Covid-19 et la vaccination de routine

En fait, nous sommes en période de campagne de vaccination contre la Covid-19 au Cameroun. Une campagne lancée par l’initiative d’un projet appelé « Breakthrough ACTION », financé par l’USAID. C’est un projet dirigé par le Johns Hopkins Center for Communication Programs. L’objectif ici est de garantir les soins de santé primaires. Deux approches choisies se fondent sur deux logiques : les approches sur le changement social et comportemental et sur la communication. Cette déferlante de communication sur le vaccin et son bienfondé m’a fait changé d’avis.

Les équipes de vaccination se dirigent sur le terrain lors des jours de matchs des Lions Indomptables du Cameroun. Les Fans Zones sont les lieux ciblés par les équipes. Impossible de vacciner les gens à cet instant en train de regarder le match en buvant leur bière. Un RDV est pris le lendemain au domicile ou au lieu de service du supporter pour la vaccination en cas d’acceptation. Évidemment, il ne serait pas possible d’imaginer un Camerounais se rendre au centre de santé se faire vacciner.

Article rédigé avec le concours de Breakthrough ACTION.


Vaccin anti Covid-19 et réticence du personnel de santé au Cameroun

Presque trois ans après l’apparition au Cameroun, la Covid-19 est encore d’actualité. Le défi pour les autorités aujourd’hui est concentré à la vaccination. Face à la prudence, la population reste encore réticente. Ce qui fait problème justement, ce n’est pas la population, mais le personnel de santé. Pourquoi craint-il pour quelque dont ils sont sensés maîtriser les contours ?

Covid-19 et état des lieux au Cameroun en novembre 2023

Le Cameroun n’est pas complètement sorti de l’auberge trois mois après l’apparition de la Covid-19. La situation sanitaire montre des séquelles qui restent encore graver dans les mémoires collectives. Les chiffres publiés par le Centre de Coordination des Opérations d’Urgence de Santé Publique (CCOUSP) sont révélateurs. Le 6 novembre 2023, le Cameroun a enregistré 125.211 personnes confirmées à la Covid-19. Parmi elles, on dénombre 1.974 décès avec un taux de guérison de 98,4%. Au niveau du traitement, on peut tout de même affirmer que c’est un succès.

Le Ministère de la Santé Publique (MINSANTE), avec le soutien de la communauté internationale, souhaite aller plus loin. Il signe les recommandations du groupe stratégique d’experts de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en avril 2021. C’est le début d’un long processus de lutte contre la pandémie mondiale.

L’OMS préconise alors la vaccination comme pilier à la réponse contre la pandémie à la Covid-19 en 2021. Un an après, vers la fin 2022, un gap de deux millions de personnes vaccinées a été atteint. Au 8 octobre 2023, le Cameroun a atteint le gap de 3.753.733 personnes ayant reçues au moins une dose de vaccin anti Covid-19. Cela représente un taux de vaccination de 26,7% de la population cible selon les statistiques du CCOUP. Au regard de ces données, le pays est loin d’atteindre la barre de 50% comme objectif. Mais, ce qui fait justement problème c’est le personnel de santé.

Quel est l’état de vaccination du personnel de santé sur la Covid-19 au Cameroun ? Selon la même source de l’OMS, la feuille de route consultative d’experts inclut le personnel de santé comme l’une des priorités des groupes à vacciner contre la Covid-19. Ce personnel de santé est considéré par les experts comme les personnes à risque. Pour cela, la barre de 100% a été fixée comme objectif à atteindre. Comme bilan sur la situation de la Covid-19, 4.793 personnels de santé ont été infectés. Parmi eux, 61 décès. A l’état actuel de la vaccination anti Covid-19 au Cameroun, les statistiques présentent un taux de 48,8%.

Covid-19 et réticence à la vaccination des personnels de santé

Les statistiques sur la situation de vaccination contre la Covid-19 au Cameroun présentent des résultats non satisfaisants. Ce qui est décrié par les experts de l’OMS, c’est la réticence des populations face à l’inconnu qu’est la Covid-19. A travers des stéréotypes socioculturels, elles ont développé une résilience qui leur a permis de vaincre plus ou moins la pandémie. On peut affirmer que les chiffres officiels représentent des personnes diagnostiquées dans les centres de santé. Plusieurs Camerounais se sont limités à la médication traditionnelle ou l’automédication.

La progression fulgurante de la contamination à la Covid-19 a fit courir dans l’opinion des idées reçues. Qu’à cela ne tienne, on peut leur en concéder pour des raisons évidentes d’une idéologie du panafricanisme en vogue. Nul besoin ici de faire un développement ou d’en porter un jugement.

Mais ce qui inquiète le plus c’est ce personnel de santé qui reste encore retissent. Comment comprendre que 48,8% seulement de personnel de santé soit vacciné alors qu’il est supposé donner l’exemple aux autres ? C’est une question très importante qui préoccupe au haut point l’OMS. En principe, le personnel de santé est supposé amener la population a accepter les soins. Il est également supposé être plus protéger que d’autres. Par conséquent, il doit accepter d’utiliser les méthodes qu’il propose lui-même aux patients. S’il refuse d’appliquer ces conseils sur lui-même, c’est la preuve que quelque chose ne tourne pas rond.

Le personnel de santé est au centre de la lutte contre les épidémies et les pandémies comme la Covid-19. Il est considéré comme celui qui est directement en contact avec les patients. Et par conséquent mieux placés pour les convaincre. Il fait donc partie d’un pan dans le canal de communication dans la lutte contre la Covid-19. Il est mieux placé pour amener les patients à accepter un traitement. En plus, par le fait qu’il est en contact avec les patients, il est le plus exposé. Raison de plus pour lui d’accepter toutes protections. Il devient donc difficile de comprendre cette réticence.

Une enquête pour comprendre les réticences à la Covid-19

La situation vaccinale contre la Covid-19 dans le corps du personnel de santé au Cameroun ouvre un débat important. Le contexte ici est cette situation vaccinale qui montre clairement un comportement qu’on peut qualifier de « rébellion ». On pourrait dont poser comme hypothèse selon laquelle, plus la vaccination anti Covid-19 de personnel de santé n’est pas satisfaisante, plus le taux de vaccination anti Covid-19 de la population sera faible. Si cette hypothèse est un contexte, cela signifie que l’amélioration du taux de vaccination de la population à la Covid-19 passera par la non réticence des personnels de santé.

Cette hypothèse sur la réticence des personnels de santé est pour le moment considérée comme prétexte de départ puisqu’aucune enquête ne l’a encore vérifié. Le seul fait de chercher à connaître les raisons de cette réticence est déjà un grand pas pour comprendre la lenteur de la vaccination, non seulement contre la Covid-19, mais de toutes les autres maladies. C’est donc dans ce contexte qu’une enquête initiée par l’OMS et le MINSANTE est en cours du 13 au 22 novembre 2023. L’objectif de l’enquête est de « recueillir les informations sur les prédicateurs de l’acceptabilité de la Covid-19 et d’autres vaccins ».

Les « prédicateurs de l’acceptabilité de la Covid-19 » chez le personnel de santé peuvent être purement techniques ou scientifiques. Ce personnel étant au fait de l’actualité scientifique dans le monde peut disposer d’éléments (vrais ou faux) qu’il faudra démystifier. Il peut estimer que la mise en circulation du vaccin contre la Covid-19 n’a pas respecté les protocoles. Pire encore, les cas des effets secondaires sont plus élevés que la normale.

Les prédicateurs peuvent également être d’ordre professionnel ou personnel. Supposons que ces personnels considèrent une prise en charge des malades de la Covid-19 médiocre réservée à leurs collègues. Ils peuvent estimer que la prise en charge en cas d’effets secondaires à la suite de la vaccination contre la Covid-19 n’est pas trop sûre.

Le débat reste ouvert en attendant les résultats de cette enquête importante.

Article rédigé pour la campagne de lutte contre la Covid-19 et un appel à la vaccination de la population, plus particulièrement du personnel de santé au Cameroun.


Pourquoi Ngannou a perdu contre Fury ?

Trois jours après le combat de boxe, la contestation continue de nourrir l’opinion à la suite de la victoire de Fury. Spécialistes comme profanes parmi lesquels on peut retrouver les stars, crient à l’injustice. Les résultats publiés par les deux juges ne reflètent pas la démonstration des forces sur le ring. Ce qui semble apparaître aux yeux du monde comme un grossier montage. Cependant, les langues se sont déliées pour essayer de démystifier ce qui se cache derrière cette défaite de Ngannou qui relève de l’incompréhensible. Passons en revue quelques explications plausibles qui ne sont que des conjectures nourries dans l’opinion.

Plantons le décor pour commencer

Ngannou et Fury sur le ring. Le samedi 28 octobre 2023, dans la prestigieuse salle de Kingdom Arena de Riyad, en Arabie-Saoudite, se déroule un combat de boxe. C’est le combat programmé et préparé depuis plus d’un an. Il oppose deux poids lourds. Le premier se nomme Tyson Fury, un boxeur Britannique. Il a le titre de « the Gypsy King » qui signifie en français « le Roi Gitan ». Il est le champion du monde des poids lourds WBC. C’est l’une des quatre catégories du Grand Chelem de boxe, donc WBO, WBA et IBF qui ont chacun leurs champions respectifs. Fury totalise 33 victoires pour un seul match nul (et donc 0 défaite).

Le second, Francis Xavier Ngannou. C’est un Camerounais, champion incontesté de l’UFC, l’une des prestigieuses organisations américaines du Mixe Martial Arts (MMA). Elle, comme beaucoup d’autres (PFL, BELLATOR, CAGE WARRIORS, KSW, ARES, HEXAGONE MMA, ONE CHAMPIONSHIP, OKTAGON MMA) organise des championnats pour sacrer leur champion respectif. Son titre de champion a été obtenu l’issu des combats d’envergure à l’UFC. On peut citer entre autres, une victoire contre l’Américain Stipe Miocic en mars 2021 et le Français Cyril Gane en janvier 2022.

In fine, comme chacun peut aisément le constater, la boxe anglaise et le MMA sont des sports de combat de registre différents. Ngannou, champion du plus prestigieux champions league de MMA, doit affronter Tyson Fury en boxe anglais. Autrement dit, Ngannou quitte sa zone de confort pour affronter the Gypsy King. Il ne s’agit pas pour Fury de remettre son titre de the Gypsy King en jeu. C’était donc visiblement un combat de gala entre les champions sans enjeux ? C’est justement à ce niveau que le problème se pose. Les explications sur l’intérêt de ce combat justifieraient la défaite de Ngannou.

Un deal financier entre Ngannou et Fury

Dans un tel contexte, en quoi le combat des titans entre Ngannou et Fury constituait-il un enjeu ? Les arguments selon lesquels le deal avait un enjeu financier apparaissent comme un cheveu dans la soupe. Ce que gagne un champion de MMA est minable par rapport au champion WBC. La démission de Ngannou du championnat de l’UFC est la suite de l’échec d’une négociation dans la valorisation de son gain. Ngannou se retrouve donc sans compétition parce qu’il a été radié de toutes les organisations de MMA à la suite d’un sabotage de l’UFC (information encore à confirmer). Il faut donc sortir de ce calvaire.

Ngannou courtise donc le championnat de boxe anglais. Mais entretemps, il doit se refaire une santé financière. Le deal avec le champion du WBC, le plus populaire en ce moment est une aubaine pour lui. Qui a eu cette idée en premier ? D’où est venant l’idée de challenger les deux champions des sports de combat ? Personne ne peut le savoir, sauf les concernés eux-mêmes. Mais ce que l’on sait que c’est que, Ngannou, en un combat (celui de samedi dont nous parlons) a gagné plus du quadruple de son gain dans un championnat de l’UFC.

Au vu de cet argument, Ngannou avait besoin de se faire une santé financière après la rupture de son contrat avec l’UFC. Mais, son contrat avec le PFL court-il toujours ? L’a-t-on exclu du fichier de MMA ? Si oui, l’argument communicationnel pour son entrée dans le championnat WBC est donc mis en branle. Dans ce cas, c’est Fury qui tend la main à Ngannou pour sortir celui-ci du marasme. D’ailleurs, la répartition des gains issus des recettes du combat était proportionnellement de 30% pour Ngannou. Il a accepté le deal malgré cette répartition que d’aucuns pouvaient considérer comme inégale.

Le deal communicationnel entre Ngannou et Fury

Ce deal fait référence à l’intention de Ngannou de vouloir intégrer l’une des fédérations du championnat de boxe anglaise. Il lui faut un coup médiatique à tous les prix. Dans ce cas, le combat entre le champion du WBC aura un sens. Mais le hic ici c’est que Fury a un combat à livrer avec le champion du WBO, Alexander Osyk. Il s’agit d’un combat entre les deux champions des deux fédérations de boxe anglaise les plus populaires. C’est un duel pour l’unification des titres WBC, WBO, WBA et IBF qui aura probablement lieu le 23 décembre à Ryad.

À la question de savoir pourquoi Fury combat avec Ngannou alors qu’un autre duel l’attend dans quelques semaines ? La réponse semble désormais évidente. C’est un coup de publicité pour Fury mais surtout pour Ngannou. Une victoire de Ngannou contre Fury semblait donc impossible pour éviter de gâcher la fête de décembre. Si Fury perdait, sa cote de popularité allait baisser et le combat de décembre aurait manqué d’enjeux. Ngannou de son côté gagne une popularité d’une probable entrée dans le championnat de boxe anglaise. Les nouvelles vont si vite que Ngannou est déjà intégré dans le top 10 du WBC.

Cependant, après cette défaite de Ngannou, presque tous les spécialistes de boxe dans le monde ont crié à l’injustice, et Mike Tyson en premier. Il faut préciser que cet ancien champion de boxe a entraîné Ngannou pour la préparation de ce duel. Ceux qui ont vécu le combat ont vu comment Fury a été « malmené ». L’image de Fury affalé sur le tapis au troisième round fait le tour des réseaux sociaux. Mais les juges ont considéré que Fury a gagné par les coups de poing. Cette dénonciation populaire fera l’affaire de Ngannou qui va en profiter pour crier à l’injustice.

Ngannou est-il vraiment contre l’injustice ?

L’argument du karma attribué à la défaite de Ngannou ne provient pas de ses fans, admirateurs ou spécialistes de boxe. Il est visiblement l’œuvre de ses détracteurs. Pour eux, Ngannou a récolté ce qu’il mérite. L’injustice qu’il dit avoir été victime est tout simplement l’ascenseur que lui renvoie la nature. Il ne peut pas crier à l’injustice devant le monde du deal qu’il a lui-même fabriqué. Ce deal va au-delà du business financier et communicationnel décrit plus haut. Cela concerne en premier le rapport qu’il a avec son peuple d’origine, le Cameroun.

En effet, le Cameroun traverse depuis plus de 5 ans des crises multiformes. La guerre dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, les prisonniers politiques incarcérés pour leur opinion. Comme le dit si bien l’homme politique Wilfried Ekanga, « Le Cameroun a besoin, non pas de stars, mais de modèles ». Autrement dit, le sportif camerounais le plus médiatisé et qui a le vent en poupe depuis 2020, c’est bel et bien Ngannou. Il n’a même pas même pas tweeté en soutien à la population de Mbankolo, sinistrées à la suite de l’éboulement de terrain dans cette banlieue de la capitale, Yaoundé.

D’aucun interprète cette indifférence de Ngannou face à la souffrance de son peuple comme la recherche d’un meilleur égard envers le régime de Yaoundé. La dictature de Yaoundé n’aime pas des affronts. Ainsi, tout soutien communicationnel en faveur des prisonniers politiques, des Ambazonniens (combattants du Sud-Ouest et Nord-Ouest) contre l’armée nationale, lui vaudra des affronts. Autant mieux se mettre à l’écart du peuple et être dans les bonnes grâces avec les pontes du pouvoir de Yaoundé. Ngannou n’est pas habitué à décrier l’injustice que subit son peuple. Il serait donc absurde de crier à l’injustice à son tour.


Pourquoi le choléra est une fiction au Cameroun ?

Le choléra, l’une des maladies bactériennes les plus dangereuses en ce moment, est malheureusement une maladie oubliée, mais pas ignorée. C’est difficile d’en prendre conscience quand on n’est pas affecté dans son environnement immédiat. Plusieurs Camerounais vont jusqu’à ignorer son existence. Pour quelles raisons ? Elles restent curieusement limitées aux superstitions. Pourtant, il existe malheureusement. Il sévit aussi dangereusement. Pourquoi un tel climat d’indifférence persiste-t-il dans l’opinion malgré l’alerte ?

Les statistiques du choléra

L’une des choses pour laquelle la population camerounaise n’est pas consciente de l’existence du choléra, c’est le nombre de morts. Cela peut paraître drôle, tout de même ! Les statistiques sur le nombre de personnes contaminées et le nombre de morts sont un élément important dans la fixation de l’opinion sur la dangerosité du choléra.

Prenons un exemple des statistiques publiées le 22 août 2023. Le Cameroun enregistre à ce jour 20.042 cas notifiés et 1.967 cas confirmés par culture. Le nombre de mort s’élève à 481 cas avec un taux global de 2,4%. Mais, jusque-là, 4 régions sur 10 seulement sont touchées. Il s’agit des régions du Cantre, du Littoral, de l’Ouest et du Sud-Ouest. La région de l’Extrême-Nord étant considérée comme foyer du choléra, elle est heureusement épargnée ces derniers temps. Ces statistiques, bien que suffisamment élevées pour constituer une alerte, n’ébranle curieusement pas l’opinion.

Au total, 19 Districts de santé ont sonné l’alerte. Ce qui montre que le choléra a les foyers de propagation bien précis. Autrement dit, bien qu’étant trop contagieux, le choléra est sectoriel. Le personnel de santé réussi jusqu’ici à le localiser et à le contenir. Ainsi, trois conseils sont vigoureusement respectés : se rendre dans un centre de santé et isoler le malade. Cet isolement se fait dans le secret au point où le lieu d’hospitalisation devient un espace interdit au public.

La communication sur le choléra

Le choléra ne bénéficie malheureusement pas (pour le moment) des financements colossaux à la mesure de sa dangerosité. La mobilisation internationale que nous connaissons sur les maladies telles que la Covid-19, le cancer, le Sida, le paludisme et bien d’autres, n’est pas la même que celle accordée au choléra. Considéré comme une maladie tropicale, le choléra a fait son nid dans les zones insalubres du pays. C’est justement la raison pour laquelle on parle du choléra comme la maladie de la saleté.

La communication sur le choléra est sporadique. Les médias ne sont en alerte que dans le cas d’une épidémie déclenchée par le Ministère de la Santé Publique. Comment susciter de l’intérêt permanent dans l’opinion ? Faut-il mettre sur pied un système d’information sur l’alerte des cas d’urgence ? Il est également à noter que les pouvoirs publics ne sont pas très à l’aise dans la communication des alertes sur les dangers. C’est une habitude, à tort ou à raison, reconnue à l’administration publique de ne pas créer la psychose.

La construction de la psychose muette

Les autorités publiques camerounaises n’aiment pas le système d’alerte rouge ou orange. Il s’agit particulièrement des dangers liés catastrophes naturelles et sanitaires. Cette construction de la psychose muette par les autorités se manifeste par la nécessité de montrer à l’opinion que la situation est maîtrisée. Cela peut paraître pour le moins suspicieux comme mode de gouvernance. Mais, il est également important de préciser que les populations font généralement preuve de maladresse et d’inconscience face aux dangers.

Le choléra est parfois considéré comme une maladie des pauvres. Les foyers sont donc des zones où les eaux réservées à la consommation sont polluées. Les toilettes sont à l’air libre. Et les évacuations sont mal aménagées : eaux sales, poubelles longuement exposées. Les gens vivent dans cet environnement impropre depuis très longtemps. Ils s’y sont adaptés et cela n’a jamais préoccupé personne. Le choléra peut apparaître sporadiquement comme une situation passagère au fil des ans. Mais pourquoi considérer cela comme une situation « normale » ? Parce que tout le monde s’en est accommodé et c’est bien dommage. Il faut reconstruire la responsabilité sociétale et citoyenne. Bien que la propreté de l’environnement soit un droit, elle devrait être un état d’esprit. Loin d’être une responsabilité personnelle, elle doit être collective. Polluer l’environnement par des actes « anti-citoyens » est susceptible d’affecter toute une zone.

Article conçu pour une campagne de lutte contre le choléra au Cameroun.


Chercheur en sociologie : ma première expérience

Après cinq mois d’absence de publication sur ce blog, le subversif que je suis est de retour. Une longue absence, jamais observée depuis le début de mon aventure de blogueur en 2013. Elle est due à plusieurs raisons qui sont essentiellement professionnelles : j’ai repris mes activités de chercheur.

Oui, en dehors de mon activité de blogueur, je suis aussi chercheur en sciences sociales. La recherche scientifique me passionne toujours autant, tandis que je fais du blogging une activité parallèle. Les années 2022 et 2023 sont arrivées comme une bourrasque. Sur le plan professionnel, j’ai été très occupé par trois projets de recherche. Ce sont des projets d’appel à contribution auxquels j’ai soumissionnés. Mes articles proposés ont été, à ma grande et agréable surprise, acceptés. Il faut par ailleurs préciser que c’est la toute première fois que je participe à des projets scientifiques. Pour un coup d’essai, c’est un vrai coup de maître !

Crédit Iwaria

L’importance de passer sa thèse, signe de crédibilité scientifique et première expérience de chercheur

Diplômé en sociologie de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLSH) à l’Université de Douala (UDLA), j’ai toujours eu pour rêve d’enfance d’être chercheur. C’est l’une des raisons pour lesquelles il fallait absolument aller au-delà du simple DEA en sociologie que j’ai obtenu en 2011 (aujourd’hui Master en sociologie). Il était donc devenu évident que mon inscription en thèse était une incontournable priorité. Après plusieurs hésitations, je me suis donc inscrit en thèse en 2013. Mais j’ai abandonné en 2015, faute de moyen, pour revenir en 2017. Je forçais presque. Oui, je l’avoue, je ne suis pas trop brillant, mais je me débrouille malgré tout.

Depuis début 2022, je suis submergé par des projets scientifiques. La production d’une thèse est exigenate mais elle est aussi une preuve de la crédibilité. En 2021, j’ai achevé la rédaction de ma thèse, le thème touche à un domaine qui me passionne, les enfants : « Les discours sur l’abolition du travail des enfants dans les pays du sud : Analyse de la sociologie économique des logiques d’action ». Il est question de s’interroger sur l’existence et l’importance des discours véhiculés dans le cadre de l’abolition du travail des enfants dans le contexte des pays du sud, plus particulièrement en Afrique subsaharienne. La soutenance traîne pour des raisons indépendantes de ma volonté. Mais, le processus est en cours.

Le travail de ma thèse m’a permis de voir les limites d’un tel projet, cher à l’Organisation internationale du travail (OIT). Le point positif c’est que, grâce à cette étude, j’ai été habilité à participer à trois autres projets. Pour le chercheur débutant que je suis, ceux-ci m’ont donné une belle occasion d’avoir mes premières expériences en matière de rédaction d’articles scientifiques. Ce sont des projets universitaires qui consistent à la rédaction d’articles avec des orientations thématiques et problématiques bien précises. L’objectif est la publication d’ouvrages pluridisciplinaires. Laissez-moi vous présenter brièvement ces trois projets sur lesquels j’ai travaillé.

Premier projet de chercheur : « La pandémie de la Covid-19 : discours, représentations et impacts socioculturels »

Le Cameroun traverse, depuis mars 2019, une grave crise sanitaire. En 2022, la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Maroua lance ce projet de proposition d’article. À la suite d’un appel à contribution, mon résumé (qui est la première étape de validation) a été retenu. C’est le tout premier article scientifique que je suis appelé à écrire en ma qualité de sociologue. Il est question de faire parler les sciences sociales concernant un phénomène qui a secoué le Cameroun et le monde pendant plus de 24 mois : la pandémie de la Covid-19.

Image par Miroslava Chrienova de Pixabay

Pendant trois mois, j’étais convié à rédiger et à livrer mon article intitulé « La pandémie de la Covid-19 et l’accès à l’information au Cameroun ». Les affres de cette affreuse maladie a obligé l’OMS à déclarer la Covid-19 comme « pandémie » le 11 mars 2020, au point de susciter de nombreux débats en Afrique. Les informations de diverses natures circulaient.

Les milieux de la presse au Cameroun ont été secoués, ne sachant pas exactement comment traiter de la pandémie. Les journalistes étaient confrontés à un dilemme. Soit donner la position officielle sur la maladie. Celle-ci pouvait les opposer à la croyance collective. Soit relayer les positions collectives. Ce qui les auraient opposé à la position gouvernementale. Les experts en sciences sociales ont donc eu l’occasion d’étudier les différentes tendances idéologiques qui ont pris court à ce moment. L’analyse sociologique porte sur la perception de la maladie et ses impact sociaux, économiques, politiques, philosophiques, psychologiques, etc. Bref, c’est un projet multidisciplinaire.

Après quelques avis d’experts, l’article a été finalisé en fin août 2022. Et le contrat avec l’éditeur Allemand LINCOM GmbH a été signé en fin septembre suivant. Nous attendons toujours la sortie du livre qui ne tardera certainement pas.

Deuxième projet de chercheur : « L’incertain dans la société africaine face aux changements organisationnels. Entre identités (plurielles) et développement des activités informelles »

Ce deuxième projet de recherche s’inscrit aussi dans le cadre de la rédaction d’articles pour la publication d’un ouvrage pluridisciplinaire. La même université m’a contacté en février 2023 pour participer à la rédaction d’un article sur les problématiques du changement organisationnel. Évidemment, je n’ai pas hésité et j’ai saisi l’occasion. Après la validation de mon résumé en mars 2023, je commence aussitôt la rédaction. J’ai un délai de trois mois et demi pour envoyer le version finale de mon article. Je dois dire que le thème de ce projet rédactionnel m’a particulièrement intéressé.

Dans le domaine de la science politique, le changement organisationnel au niveau des partis politiques au Cameroun m’intéresse beaucoup. Au sein des partis politiques, comment la conservation et l’accès au pouvoir politique s’organisent-ils en interne et en externe ? J’ai étudié cette question et j’en ai profité pour mettre en exergue les méthodes d’accès et de conservation du pouvoir politique. Au Cameroun, la longévité du pouvoir politique de Ahmadou Ahidjo (au pouvoir de 1960 à 1982) et de Paul Biya (encore au pouvoir depuis 1982) fait de la scène politique camerounaise un objet d’étude.

Paul Biya, Président du cameroun depuis 1982 – Image via Wikimedia commons

L’article est en cours d’expertise. La publication de l’ouvrage se fera aussitôt que possible. Il faut tout de même préciser que c’est un article de recherche qui m’a particulièrement passionné. Observateur de la scène politique depuis ma tendre jeunesse, écrire un article sur la politique de mon pays était exaltant en tant que chercheur. Cela m’a fait revivre les moments forts de l’histoire des élections de 1956 à 2020 avec un autre regard. Je devais retracer l’historique des victoires et des défaites du parti au pouvoir et des partis de l’opposition.

Les tendances avec les données longitudinales m’ont révélé des choses extraordinaires. Bref, j’ai particulièrement aimé ce projet en ma qualité de chercheur. Cette passion m’a presque conqui !

Troisième projet de chercheur : « Défis et enjeux de l’inclusion sociale des personnes handicapées au Cameroun »

J’ai été contacté par le président de l’association des personnes handicapées du Groupement intercommunautaire des Handicapés Dynamiques du Cameroun (Gic-Handyc). Il m’a donc fait part d’un projet de recherche concernant l’inclusion sociale des personnes handicapées au Cameroun. C »st à nouveau un appel à contribution sur la rédaction et la publication d’un ouvrage collectif multidisciplinaire. Il s’agit d’un projet d’une recherche scientifique du Laboratoire de Droit Public Interne de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’Université de Douala. Je le reçois pendant que je rédigeais mon deuxième article. Heureusement, la période de rédaction de trois mois me permet d’achever le deuxième article avant de me pencher sur le troisième.

Il était donc question que j’accélère la finition de mon deuxième article fin juin pour commencer le troisième début juillet. Au lieu de trois mois, j’avais un mois pour rédiger et envoyer l’article final. Je ne voulais vraiment pas faire un forcing de gaieté de cœur, pour moi, en tant que, à la fois chercheur et personne à mobilité réduite, c’était une obligation morale. Je tenais à marquer mon empreinte dans un tel projet, qui tombait à pic. Il n’y avait malheureusement (ou heureusement ?) pas de présélection comme les deux précédents articles. Le retour de l’expertise est actuellement toujours attendu (à la date du 12 septembre 2023).

Personne dans un fauteuil roulant. Image par Gregory Akinlotan de Pixabay

Débattre sur l’inclusion des personnes à mobilité réduite au Cameroun dans un projet de recherche, c’est comme parler à un sourd. Ma situation de handicap me fait découvrir l’horreur pour les personnes handicapées dans ce pays. Je reçois énormément des témoignages de compatriotes vivant dans d’autres pays. Il en ressort que les personnes à mobilité réduite ont un statut assez appréciable comparativement au Cameroun. Mais l’article n’est pas orienté sur la comparaison. Il s’agissait pour moi de montrer le retard du Cameroun concernant la conception et la perception même du handicap. J’ai pris le domaine de la participation électorale comme exemple d’application. C’était passionnant.

Et la suite ?

La validation des deux derniers articles reste attendue. Mais je peux dores et déjà dire que la recherche scientifique me fascine, j’ai beaucoup aimé faire ce travail de recherche et de rédaction. C’est donc une autre passion après le blogging. J’en rêvais sérieusement et j’étais très loin de savoir ce que cela pouvait me procurer comme plaisir. Voilà donc la réalité d’un blogueur qui découvre une autre facette de l’écriture. En dehors de mes articles de blog, je vais donc m’habituer à rédiger des articles destinés aux publications des revues scientifiques et des ouvrages collectifs. C’est une belle expérience de chercheur que j’embrasse avec force et conviction en attendant de trouver mieux pour une situation plus confortable.

L’avantage avec le domaine de la recherche scientifique, c’est la liberté qu’a le chercheur de donner son avis sur une question d’actualité. Un peu comme le blogging, en fait. Je découvre là une autre façon d’écrire que j’étais loin d’imaginer si exaltante. Mon rêve d’enfance est-il atteint ? Je ne le dirais pas. La recherche scientifique est bien plus complexe que ça. Pour avoir une bonne carrière, il faut toujours des occasions d’écriture.

Les occasions ne manquent pas. Mais celles qui donnent encore plus de poids au chercheur sont celles qui permettent de participer aux projets de recherche. Le but sera de former une équipe de travail dans le cadre de laboratoire de recherche.


Humanitaire : à la découverte de la Fondation Belinga à Douala

Ce lundi 6 février dans l’après-midi, j’ai assisté à une rencontre « be to be » entre The Belinga Foundation et ses partenaires. Ceux-ci étaient représentés par les acteurs étatiques, culturels, médiatiques et les partenaires au développement. De quoi était-il question ?

Le besoin de communiquer pour se faire connaître par le grand public était enfin arrivé. Créé depuis plus de 20 ans aux Etats-unis, La Fondation Belinga a fait son chemin. Elle a longtemps posé ses valises dans les villages les plus reculés de la région du Sud Cameroun. Elle est plus connue de ce côté pour sa réputation dans l’accompagnement des paysans dans leurs différentes activités quotidiennes. La Fondation Belinga ne s’est pas contentée de ce parcours élogieux. Elle a voulu, en cette nouvelle année 2023 innover, ouvrir une nouvelle page de son histoire. A l’occasion, un cadre était choisi pour la circonstance.

C’est donc la raison pour laquelle elle a invité certains acteurs de vie sociale au Cameroun. C’est un après-midi que les personnes invitées se sont retrouvées pour communier avec La Fondation Belinga. Ce partage d’expérience constitue ce que La Fondation Belinga a appelé « rencontre be to be ». Il s’agit d’un moment d’échanges et de communion entre la fondation et les autres acteurs. J’y étais et j’en ai appris beaucoup sur sa vision.

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Le Pr Steve-Felix Belinga pendant la présentation de la Fondation Belinga à Star Land Hôtel à Douala. Crédit photo : Tchakounte Kemayou

Qu’est-ce que La Fondation Belinga ?

La Fondation Belinga est l’œuvre d’un couple. Le neurologue Camerounais exerçant en privé aux Etats-unis, le Professeur Steve-Felix Belinga et son épouse, Mireille Gracia Belinga, journaliste de formation. La nécessité de « contribuer au développement durable des populations rurales au Cameroun et en Afrique » est bâtie sur cinq leviers : l’art, la culture, la santé, l’éducation et le développement durable. Ces cinq piliers représentent les axes d’actions de La Fondation Belinga au Cameroun. Ils feront, pendant plus d’une vingtaine d’années, l’objet de programmes et de projets multiples et divers.

« Rencontre be to be » de La Fondation Belinga

Cette rencontre qui a réuni plus de 200 personnes invitées avait deux axes majeurs : communication sur les actions de La Fondation Belinga et projets pour l’année 2023. Dans le cadre de la communication, il faut noter que La Fondation Belinga mène ses actions sur ces cinq piliers suivants :

« Bia sô Mengong » (L’art)

Comme premier pilier, il y a le festival d’art. Le festival « Bia So Mengong » est l’activité dominante des cinq piliers. Mengong est un village du Sud à 300 mètres du centre-ville qui a un festival artistique chaque année. C’est l’occasion pour la population d’exhiber tous leurs potentiels antistatiques à travers les poteries, les sculptures et les danses. D’ailleurs, un concours de danse, où plusieurs groupes se présentent, a toujours connu beaucoup de succès par sa popularité. En dehors de la danse comme attractions, on peut citer notamment le concours d’art culinaire, le concours de proverbes et de contes, etc.

Le festival s’illustre également en popularité avec les expositions et ventes aux enchères des produits des artisans et la visite physique ou virtuelle du musée. C’est l’un des pans particulièrement attractifs aux touristes et visiteurs. Ce festival est réussi chaque année grâce à les formations offertes aux artisans dans l’amélioration de leurs techniques artisanales de conception et de fabrication.  

« Bivoé » (Notre culture)

Bivoé est une activité consacrée à la promotion de la culture Mengong dans tous ses aspects. On peut citer notamment l’organisation des semaines culturelles, des tournois sportifs, communication et promotion des projets communautaires. Ici, les réalisations sont nombreuses. On peut citer notamment des dons aux Groupes d’initiative commune (GIC) de Mengong. Dans l’amélioration des cultures de premières nécessités, ils reçoivent des appuis en termes de techniques et matériels agricoles, de produits comme des semences et des engrais.

« Bia sabane » (Soignons-nous)

La Fondation Belinga s’investit dans la santé à travers l’accès facile aux soins. La particularité de La Fondation Belinga c’est le pari d’associer la médecine moderne et la médecine traditionnelle. Cette dernière est particulièrement intéressante dans la mesure où elle est l’une des alternatives dans le choix des populations dans un contexte d’accès aux premiers soins.

Nous avons appris, au cours de cette rencontre que 80 pour cent de la population de Mengong, village où La Fondation Belinga se déploie, a généralement recours à la médecine à base des plantes naturelles. Une action en faveur d’une facilitation d’accès aux soins de santé de base doit tenir compte de cette réalité. « Santé zéro » est un programme donc l’objectif est de mettre à la disposition de la population des astuces santé les plus efficaces en conciliant les deux secteurs de la médecine.

« Sikôlo ane mfi » (l’éducation est importante)

L’éducation pour tous est un slogan cher à La Fondation Belinga. Avec la santé zéro, il est placé au centre des préoccupations de toutes les activités. Ce programme est axé sur plusieurs activités secondaires. Il existe deux types d’accompagnement mis en œuvre par la fondation : l’accompagnement technique réservé aux éducateurs et l’accompagnement financier réservé aux élèves et étudiants. A cela s’ajoute l’aide à l’équipement en NTIC et de toutes autres structures éducatives.

Comme réalisation dans ce secteur, le village Nyenge Yekombo a accueilli la première sortie de La Fondation Belinga. Une journée éducative bien remplie était organisée pour rapprocher les communautés villageoises aux communautés éducatives de Mengong. A cette occasion, les activités comme les conférences éducatives, les jeux concours sur les NTIC et la promotion de l’excellence à travers des bourses, ont meublé la journée. De quoi rapprocher les populations à l’école et faciliter ainsi l’insertion scolaire.

« Afane ane akum » (la forêt, notre richesse)

Mengong, lieu par excellence d’implémentation des activités, est un village forestier. La Fondation Belinga s’investit également dans le développement durable pour préserver cette richesse. La forêt étant non seulement un milieu sacré, elle représente également un cadre de vie. La meilleure stratégie de développement qu’on pourrait implémenter ici est bien entendu orientée sur l’économie circulaire. Celle-ci est définie comme un système économique de production des biens et des services en privilégiant le recyclage pour éviter au maximum les pollutions, les gaspillages et les déchets.  

Ce type d’économie est fondamentalement prôné par les théories du développement durable par la création des emplois verts. Ce sont des métiers de la terre avec moins d’impacts négatifs sur la nature. L’exemple le plus édifiant est cet engagement que l’ONG Aben Mercedes a eu avec La Fondation Belinga. Il s’agit de recruter les jeunes des villages Dougou, Endam I, et Etondo dans l’application de l’économie circulaire. Ils sont chargés de la réalisation des semis de maïs, l’entretien des parcelles de maniocs et de plantains. D’autres exemples de développement durable avec la forêt comme élément fondamental sont légion.

Les innovations clés de La Fondation Belinga en 2023

La Fondation Belinga, comme je l’ai dit au début de ce billet, a pour ambition d’aller au-delà de son milieu habituel. Mengong étant le village où tout a été implémenté jusqu’ici, ne sera plus le centre de gravité des activités. La Fondation Belinga veut toucher d’autres contrées, d’autres zones rurales afin d’élargir sa sphère de compétence. Cette nouvelle année 2023 s’annonce comme une étape très importante. Elle est le début d’une expérience qui va inaugurer une nouvelle stratégie dans l’implémentation des programmes de la fondation.

La deuxième innovation est l’implémentation des programmes de façon mensuelle et continue. La Fondation Belinga privilégie ainsi deux programmes : « Sikôlo ane mfi » sur l’éducation et « Bia sabane » concernant la campagne « santé zéro ». L’innovation concernant ces deux programmes est la périodicité de son implémentation qui sera désormais mensuelle et non plus annuelle. Par contre le festival « Bia so Mengong » et les tournois sportifs respecteront toujours des programmes annuels et se dérouleront toujours aux lieux habituels pour le moment.


Guerre indépendantiste au Cameroun : pourquoi la médiation piétine ?

Un conflit armé oppose les indépendantistes anglophones et le gouvernement camerounais depuis 2017. Après l’échec de la médiation suisse, la médiation canadienne est en pleine contestation. Que se passe-t-il réellement ?

Le Cameroun traverse actuellement plusieurs crises politiques. La plus médiatisée est celle qui oppose la partie anglophone (régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest). Les origines les plus proches de cette crise se situent en 1971, lors de la réunification des deux Cameroun (Cameroun francophone et Cameroun anglophone). Cette crise politique s’est transformée en conflit armé en novembre 2017. Elle oppose les groupes armés anglophones et l’armée camerounaise. Trois tentatives de dialogue ont eu lieu : le grand dialogue national de Yaoundé, la médiation suisse et la médiation canadienne. Pourquoi, malgré tout, le dialogue ou la médiation piétine ?

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Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères dans le cabinet de Justin Trudeau depuis le 26 octobre 2021

Le grand dialogue national de Yaoundé

Dans un discours à la nation en direct de la Crtv le 10 septembre 2019, Paul Biya annonce la tenue d’un Grand Dialogue National. Elle a eu lieu entre le 30 septembre et le 4 octobre 2019 au Palais des congrès de Yaoundé. Ce dialogue est manifestement l’aboutissement de multiples appels et des pressions de l’opinion nationale et internationale. Emmanuel Macron, répondant à un activiste Camerounais au salon de l’agriculture en France le 22 février 2020, l’a d’ailleurs rappelé à juste titre en ces termes :

Je vais appeler la semaine prochaine le président (du Cameroun) Paul Biya et on mettra le maximum de pression pour que la situation cesse. Il y a des violations des droits de l’homme au Cameroun qui sont intolérables, je fais le maximum.

Emmanuel Macron au Salon de l’agriculture le 22 février 2020

C’est d’ailleurs à la suite de cette sortie que l’opinion a sue que la visite de Paul Biya à Lyon les 9 et 10 octobre 2019 était conditionnée par deux préalables : la tenue d’un dialogue avec les anglophones et la libération de l’opposant Maurice Kamto et ses partisans détenus en prison depuis neuf mois.

Curieusement, parmi les huit commissions créées pour débattre et prendre des résolutions, le Grand dialogue national se déroule « dans le contexte de la constitution » selon les vœux de Paul Biya lui-même. Au final, les débats excluaient définitivement les fédéralistes et les indépendantistes. Les avertissements incessants de quelques leaders comme Felix Agbor Balla sur ce manquement n’y changeront rien. Ce dialogue, évidemment, ne pouvait se solder que par un échec.

Les débuts de la médiation suisse

La presse Camerounaise a appris, à travers un communiqué du Département fédéral des affaires étrangères, que la Suisse a été choisie par les parties pour jouer le rôle de « facilitatrice ». Le communiqué date du 27 juin 2019. Cette initiative existe donc avant le Grand dialogue national initié par Paul Biya et son gouvernement. Sauf que selon certaines sources, ce sont les groupes armés indépendantistes qui ont sollicité l’aide de la Suisse. « La Suisse a été mandatée par une majorité des parties pour faciliter un processus de négociation inclusif », dit le communiqué.

L’objectif de cette médiation ou facilitation est de servir d’ « instrument des bons offices traditionnels de la Suisse ». C’est dans le cadre de recherche des solutions des

Violences persistantes dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun, qui touchent particulièrement la population civile. Il œuvre depuis longtemps en faveur d’une résolution pacifique de la crise et du respect des droits de l’homme au Cameroun.

Information DFAE, Suisse le 27 juin 2019

Selon Jeune Afrique, l’échec de la médiation suisse vient du désistement des indépendantistes. C’est plutôt Lucas Ayaba Cho, le leader de l’Ambazonia Governing Council (AGC), qui émettait des réserves à la médiation suisse. Le leader anglophone invite donc la Suisse à clarifier sa position en précisant si elle n’est que « facilitatrice » ou « médiatrice ». Cette ambiguïté de la Suisse ne va pas rassurer les indépendantistes. Ils vont donc commencer à prendre leur distance.

A la surprise générale, les informations selon laquelle le Cameroun aurait désisté à la médiation suisse, circulent dans la presse. Selon Actu Cameroun, Paul Biya aurait décliné la médiation suisse en juillet 2019. Le groupe armé « Ambazonia Coalition Team (ACT) – Team Ambazonia » publie un communiqué pour informer l’opinion que le gouvernement Camerounais a mis fin à sa participation à la médiation. D’autres sources font savoir que l’organisation du Grand dialogue national par Paul Biya est déjà comme un signe de l’échec de cette médiation.

La relance de la médiation suisse

La médiation suisse refait surface un an après, le 22 octobre 2021. Selon Actu Cameroun, le Centre pour le dialogue humanitaire, aussi appelé Humanitarian Dialogue (HD) a rencontré les indépendantistes en Allemagne. Le HD est un organisme désigné par le Département fédéral des affaires étrangères Suisse (DFAE) pour faciliter la médiation du côté des anglophones. Pendant ce temps, le DFAE est chargé de s’occuper de la facilitation avec le gouvernement camerounais.

Cette réunion convoquée par le HD et qui a réuni quelques groupes armés dit « Ambazoniens » avait pour objectif de relancer « l’initiative suisse ». Cho Ayaba Lucas qui avait émis des réserves, a été remis en confiance. Cependant, malgré l’ouverture du leader anglophone, une autre tension demeure. Selon Afrique intelligence, « La Suisse n’est plus médiatrice dans l’ouest anglophone » pour des raisons de mésentente entre les deux factions des gouvernements intérimaires de la République ambazonienne dirigées par Sisiku Ayuk Tabe et Samuel Ikome Sako.

Du côté du gouvernement camerounais, des dissensions sont également observables. Le Secrétaire général de la Présidence de la République (SGPR), Ferdinand Ngoh Ngoh, favorable à la médiation suisse, est freiné dans son élan par le silence de Paul Biya. Ce silence, disent certaines sources, est marqué par la méfiance du Président de la République entre le DFAE et le SGPR. Cette méfiance est due à la tension observable dans le sérail pour une succession à la tête de l’Etat.

La médiation canadienne à la une

 Le 20 janvier 2023, le Ministère des affaires étrangères du Canada informe l’opinion nationale et internationale de l’existence d’une médiation en cours. C’est Adrien Blanchard, Attaché de presse du Cabinet de la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, qui fait cette annonce dans un communiqué. La Ministre Mélanie Joly se réjouit du fait que « les parties au conflit aient accepté d’entamer un processus en vue de parvenir à une résolution globale, pacifique et politique du conflit ». Cette nouvelle est saluée par les journalistes et l’opinion nationale qui ont soif de voir la fin de la guerre.

Que disent les parties impliquées ?

Pour confirmer l’ouverture de cette médiation, les groupes ambazoniens ayant participé aux pourparlers préliminaires, ont signé un communiqué le 21 janvier 2023. Selon ce communiqué, plusieurs groupes ont déjà eu à participer à trois prépourparlers pour préparer les pourparlers préliminaires.

Les groupes ambazoniens ayant participé aux prépourparlers :

  • AGovC dirigé par Lucas Cho Ayaba ;
  • APLM ;
  • SOCADEF ;
  • Interim government IG (gouvernement intérimaire) dirigé par Julius Ayuk Tabe ;
  • IG dirigé par Marianta Njomia ;
  • IG dirigé par Chris Anu ;
  • IG dirigé par Samuel Sako Ikome ;
  • l’équipe de la coalition Ambazonia (ACT).

Parmi ces groupes, les quatre suivants ont été désignés comme représentants, ont accepté et y ont participé et signé le communiqué final:

  • AGovC/ADF (Lucas Cho Ayaba) ;
  • African People’s Liberation Mouvement APLM/SOCADEF (Ebenezer E. Akwanga) ;
  • Interim Governement (Dabney Yerima) ;
  • l’Ambazonia Coalition Team ACT (Emmanuel J. Taylor).

Chaque groupe a désigné deux membres comme délégués pour les représenter lors de chaque réunion. On apprend également que trois prépourparlers ont été organisés au Canada d’octobre à décembre 2022 avec le gouvernement du Canada comme facilitateur :

  • Montebello du 10 au 14 octobre 2022 ;
  • Mont Tremblant du 7 au 9 novembre 2022 ;
  • Toronto du 15 au 17 décembre 2022.

Quant au gouvernement camerounais, il n’a réagi que trois jours après, le 23 janvier 2023. Cette réaction de René Emmanuel Sadi, porte-parole du gouvernement camerounais, n’intervient d’ailleurs qu’après l’effervescence des remous au sein de l’opinion nationale. Après l’échec du Grand dialogue nation et de la médiation suisse, le Canada vient-il sauver la face ?

Curieusement, le gouvernement camerounais, à travers René Sadi, nie la connaissance d’une quelconque médiation, encore moins canadienne. Pourquoi le gouvernement camerounais nie-t-il cette médiation ? Le Canada a-t-il menti ? Nous tenterons de répondre à ces questions dans un autre billet.  


Funérailles d’Elisabeth II : quelle leçon pour le Cameroun ?

Le jeudi 8 septembre 2022, Elizabeth II, celle qu’on a baptisé « la reine éternelle des Britanniques » mourait à 96 ans. Mort survenue dans son château de Balmoral en Écosse. Ce qui est intéressant durant ces 12 jours de funérailles, ce sont les rites funéraires. Je n’en sais pas grand-chose, mais des bribes d’informations qui me parviennent et la réaction des Africains m’intriguent.

L’attachement des Britanniques à leurs traditions ancestrales lors des funérailles

Depuis le 15 février 1952 que le Royaume-Uni a organisé les funérailles du roi George VI, il a fallu attendre 70 ans. Oui, 70 ans pour que le monde entier observe comment les Anglais organisent les obsèques de leurs rois (reines) à la manière de leur tradition. De 1952 à 2022, ça fait 70 ans ! C’est long et je suis convaincu à 99 % que, plus de 99 % des personnes qui vivent ces funérailles d’Elizabeth II aujourd’hui n’ont pas été là en 1952. Oui, ils n’ont pas été là pour voir comment ça se passe réellement là-bas. Sauf celles qui ont plus de 70 ans peuvent évidemment se vanter de l’avoir vécu. Et même…

… Combien d’entre elles l’ont réellement vécu à cette époque ? Puisque la communication de masse et en temps réel comme internet n’existait pas ? Comment pouvaient-elles être au courant de ces pratiques culturelles britanniques centenaires ? Questions importantes. Mais, passons.

Ce qui a motivé la rédaction de cet article est une double préoccupation. C’est le résultat d’un constat qui nourrit les esprits depuis 1885. Cette année marque le début de la pénétration des missionnaires blancs à l’intérieur du continent africain. Bien entendu, c’est avec le soutien de la domination coloniale :  

  • Pourquoi les colons missionnaires anglais sont venus en Afrique avec la Bible en mains demander aux communautés de détruire leurs pratiques traditionnelles alors qu’ils protégeaient les leurs?
  • Pourquoi les chrétiens africains, et même les musulmans, s’obstinent toujours à diaboliser les traditions africaines au nom d’un barbu, le sauveur, malgré les évidences de la tromperie sur la marchandise au point de créer ce que les historiens appellent le « christianisme africain » ?

Les funérailles d’Elizabeth II qui se déroulaient le lundi 19 septembre 2022 a réuni beaucoup de monde. Pour la cérémonie à l’abbaye de Westminster et l’arc de Wellington, plus de 2.000 invités et 500 dirigeants du monde étaient présents. Pendant 12 jours, le monde a observé comment les Britanniques sont attachés à leur tradition. Leurs pratiques culturelles ont ponctuées les funéraires de la défunte reine. La particularité de ces funérailles, c’est que les Britanniques sont restés authentiques. Ils ont gardé leurs pratiques culturelles vielles de depuis 1707. Et ce, depuis le début de la royauté qui date du Traité d’union entre l’Angleterre et l’Ecosse.

Déstructuration des patrimoines culturels africains par les missionnaires Blancs

C’est un beau prétexte ici pour montrer la portée des débats sur l’importance accordée aux cultures africaines. Il faut, à cet effet, s’adresser aux Africains parce qu’ils sont les premiers concernés.

La diabolisation de la culture africaine

Pourquoi un débat sur la déstructuration de la culture africaine et en particulier camerounaise fait-il jaser dans l’opinion aujourd’hui ? Parce que, selon l’historien Kofi Asare Opoku, ses principaux destructeurs sont les missionnaires religieux :

Toute l’intervention européenne pendant la période coloniale était fondée sur le postulat que, pour apporter le progrès, il fallait transformer, sinon détruire entièrement, la culture africaine. Et, comme la culture africaine était intimement liée à la religion, il est facile de voir que la politique coloniale européenne pouvait se heurter violemment à certains des principes de la religion traditionnelle qui constituaient les bases mêmes de la société en Afrique. Dès le début, cette religion traditionnelle fut soumise à un défi et à une épreuve qui concernaient sa subsistance et son renforcement.

La résistance africaine

Ce que Kofi Asare Opoku appelle « destruction de la culture africaine » se manifeste de différentes manières. Mais, ce qui est important, c’est le fait que malgré cela, les Africains ont développé une résistance farouche. La plus intéressante et la plus populairement suivie demeure cette technique de la ruse. Elle est parfaitement décrite ici par l’historien Jean-Baptiste Sourou qui explique le processus en ces termes :

Comme nous le savons bien, les racines religieuses des peuples d’Afrique dans leurs manifestations : rites (passage à l’âge adulte, culte des morts, relation avec les esprits), musiques et danses, prières et autres observances ont été considérées tout de suite par les premiers missionnaires comme de la barbarie, du fétichisme, de l’idolâtrie, de l’animisme, quelque chose de diabolique « sans étudier les contours exacts ». Tout cela était contraire à la nouvelle religion qu’ils ont apportée et ils défendaient, sous peine d’exclusion de la communauté chrétienne, aux fidèles de les pratiquer et de s’y adonner. Tout était purement et simplement à abandonner. Les premiers fidèles suivaient les prescriptions du « Père » pendant le jour, mais notamment retournaient aux pratiques de leurs ancêtres.

Le missionnaire Britannique Alfred Saker, l’un des premiers destructeur de la culture camerounaise

La destruction des cultures africaines a commencé depuis longtemps. On situe la période à l’époque de l’esclavage. Mais, je n’irai pas jusque-là. Je préfère me limiter à l’époque de la colonisation en prenant l’exemple du Cameroun. L’histoire de la colonisation au Cameroun nous apprend que Alfred Saker était le deuxième missionnaire religieux à arriver au Cameroun en 1845 après Joseph Merrick en 1841. Saker est un évangéliste protestant anglais. Son église et ses œuvres s’étendent jusqu’en Afrique de l’Ouest. Elles font ainsi partie de la destruction des cultures africaines qui étaient considérées comme « de la barbarie, du fétichisme, de l’idolâtrie, de l’animisme, quelque chose de diabolique ».

En conclusion, la diabolisation des cultures camerounaises a commencé par la religion avec l’arrivée des missionnaires britanniques. Avec cette diabolisation, les chrétiens surtout et toutes les autres religions comme l’islamisme, s’érigent en donneurs de leçons. Ils condamnent les traditions africaines avec les mêmes arguments de ces premiers missionnaires. Pour eux, ces traditions demeurent, malgré tout, des pratiques diaboliques.

Les funérailles de la reine de la Grande-Bretagne se sont déroulées pendant ces 12 jours. Elles nous ont montré que les Britanniques ont conservé leurs traditions. Un bouc, tenu par la garde royale, a été aperçu en public. L’image a été partagée par les internautes africains. D’aucuns disaient d’ailleurs que c’était destiné au sacrifice pour le couronnement de Charles III. Curieusement, certains internautes se sont empressés de démentir cette information. « C’est un bouc offert par la reine Elizabeth II au Royal Welsh », clament-ils. C’était donc une fake news, selon les journalistes. Mais, cela ne change rien au débat.

Les Britanniques, un peuple conservateur et traditionnellement marqué pendant les funérailles : quelle leçon à retenir ?

Les Britanniques sont toujours considérés comme un peuple soucieux de conserver ses traditions ancestrales. L’existence du royaume, résistance malgré les critiques, en est d’ailleurs la preuve. Ce qui est intéressant chez ce peuple, c’est son conservatisme. Un ami Camerounais vivant en Europe depuis de longues années me fait une confidence. Voici ses remarques à ce sujet en s’adressant aux Africains :

Je n’ai au grand JAMAIS vu une communauté aussi traditionaliste que la communauté européenne. C’est la seule qui voyage avec sa façon de faire dans tous les domaines: sa langue, sa cuisine, ses habits, sa religion, sa politique, son système d’instruction, ses armes, son agriculture, son habitat, son histoire, sa musique, sa Littérature… Quand elle apprend que les autres ne font pas comme elle, elle se fâche, les traite de barbares, d’anti-progressistes et est prête à violer son humanisme pour envoyer son armée les bombarder… Elle impose sa vision à tous et appelle ça universalisme.

C’est intéressant dans la mesure où nous assistons en Afrique à des résistances farouches. Elles sont malheureusement dirigées contre les traditions africaines par les Africains eux-mêmes. Aujourd’hui, il devient évident que cette décadence de la culture africaine n’est pas seulement l’œuvre des blancs. Les Africains ont pratiquement pris le relais dans la diabolisation orchestrée par les missionnaires.

Par ce relais réussi, on parle même déjà de « christianisme africain » en opposition au « christianisme européen » ou occidental. Ces Africains ont pris le relais des missionnaires blancs. Ils ont d’ailleurs réussi à faire taire la diabolisation en introduisant l’inculturation. C’est un processus qui consiste à adapter les religions importées aux cultures locales. Le chrétien Samuel K. Ada le démontre d’ailleurs à suffisance :

Nous pouvons, dès le début de l’évangélisation en Afrique, parler de christianisme africain malgré la forte et influente présence du christianisme occidental dans les communautés naissantes; une raison et un fait historique nous en donnent la conviction. La raison est qu’aucune église ne peut naître en un lieu s’il n’y a pas une rencontre véritable et profonde entre le message évangélique et les divers éléments constitutifs de la société de ce lieu : culture, religion, institutions et vie politiques, économiques et sociales… Un message importé, aussi admirable soit-il pour les porteurs, s’il ne rencontre pas d’éléments récepteurs de la société où il est annoncé, sera pour les destinataires un message vide de sens et de vie. Le fait historique est l’important et indispensable rôle joué par les chrétiens autochtones (laïcs et pasteurs) dans la naissance et la croissance des églises en Afrique.

Et après ces funérailles, la suite c’est quoi ?

Oui, il faut le dire, les colons missionnaires évangélistes blancs ne sont pas venus en Afrique pour sauver les Africains. Je me refuse d’y croire désormais. Ils sont venus nous tromper, nous amener à détruire notre patrimoine culturel en protégeant les leurs. Comme d’habitude, ils n’ont qu’un seul argument. Ils ont réussi à faire avaler aux Africains que « Dieu est universel ». Aujourd’hui, on parle de « universalité du christianisme » comme le fait avec brio le chrétien Samuel K. Ada pour magnifier la diversité des formes du christianisme. Et je leur pose toujours la question de savoir qui leur a dit que la tradition africaine est contre Dieu ?

Pour justifier cette diversité, Samule K. Ada affirme que « Dans la pluralité des formes du christianisme, il appartient à chaque communauté de saisir comment s’opère pour elle la rencontre entre l’Evangile et sa culture ». Sauf que les Britanniques, que le monde a observé depuis 12 jours, n’ont pas eu besoin de cette rencontre entre l’Evangile et leur culture. Ils ont leur religion qui est l’Eglise anglicane dont la reine Elizabeth II fut le pape, comme le roi Charles III l’est également.

Le lavage de cerveau des Africains par les colons missionnaires a vraiment réussi. Comme exemple, les noirs continuent de penser la sorcellerie, la barbarie et les superstitions sont d’origine africaine. Les Africains, émotifs par nature, ont appris à lire la Bible avec le cœur et non avec la tête. En tous les cas, la bataille ne fait que commencer.


Afropolitain Nomade, Mondoblog et les péripéties d’un weekend !

Les mondoblogueuses et mondoblogueurs volontaires se sont retrouvés à Douala les 24, 25 et 26 juin dernier. C’était à l’initiative de Mondoblog-Rfi en partenariat avec le festival Afropolitain Nomade. Pendant 72 heures, la rencontre a été marquée par de nombreuses articulations. Je vous livre ici le récit d’un long voyage plein de péripéties !

Une première escale chez les peintres, dans le studio des arts visuels du festival Afropolitain Nomade

Afropolitain Nomade a commencé par une conférence de presse le 16 juin, suivi de rencontres et débats sur la thématique de la gestion d’événements culturels et de la présence des femmes dans ce domaine. Nous sommes le 24 juin et c’est l’arrivée de Camille, de l’équipe de Mondoblog-Rfi à Paris, qui a déclenché les festivités. Elle est arrivée à Douala très tôt le matin, et, excitée de faire notre rencontre, elle n’avait pas l’air abattue par la fatigue. Après les souhaits de bienvenue, nous nous sommes dirigés à l’entrée du lieu de la rencontre, le studio des arts visuels du festival.

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Le premier jour devant le Hop High Lab, résidence des artistes visuels. Crédit photo : tchakounte kemayou

Cet espace dénommé « Up High Lab » dirigé par Didier Toko, patron des lieux, va nous servir de cadre durant trois jours. Dans la résidence, les artistes sont installés à l’arrière du bâtiment. En guise d’introduction, Camille nous a présenté notre programme et a expliqué le déroulement de l’organisation pour les mondoblogueuses et mondoblogueurs présents, sans oublier ce qui était attendu d’eux en tant que journalistes-reporters du festival.

Direction l’atelier de peinture. Chavalets, toiles, tableaux, pots de peinture, pinceaux et divers outils y sont visibles. On échange avec les artistes qui nous présentent les lieux et leur travail… avec quelques photos et vidéos en souvenirs. C’est la prise de température du festival Afropolitain Nomade avec les mondoblogueuses et mondoblogueurs. Il faut préciser que les blogueurs camerounais (en particulier ceux de Douala) étaient plus concernés par l’invitation de Mondoblog-Rfi à participer au festival… Mais ceux qui résident hors de la ville ont tout de même répondus présents, ils ont quitté Yaoundé, Dschang ou Bafoussam pour rejoindre Douala ! Je peux citer notamment les deux Fabrice (Fouda et Nuanga) Rihanno Mars, Adelaïde Fouebou, Amouna J.B…

Vanessa Kanga, fondatrice du festival Afropolitain Nomade, se prête au jeu de questions-réponses

La patronne du festival Afropolitain Nomade est là. Camille nous l’avait promis avant, et la rencontrer était justement mon souhait. Un souhait partagé d’ailleurs. Très vite, les mondoblogueuses et mondoblogueurs ont entamé une longue discussion : des questions sur les origines, les motivations, mais aussi les projets et les ambitions pour l’avenir du festival sont posées à Vanessa Kanga.

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Camille de Mondoblog-Rfi, Didier Toko, fondateur du Hop High Lab et Vanessa Kanga, Fondatrice du Festival Afropolitain Nomade. Crédit photo : tchakounte k.

Artiste elle aussi (musicienne et chanteuse), elle préfère le titre de « femme entrepreneure », qui lui correspond mieux… Depuis plus de dix ans, elle est obnubilée par un projet, un projet qui se veut innovant et fédérateur. Vanessa Kanga est très nspirée par le terme « Afropolitain » d’Achille Mbembe (penseur camerounais, professeur d’histoire et de science politique à l’Université du Witwatersrand à Johannesbourg, en Afrique du Sud), elle veut reconnecter les afrodescendants à leurs origines. Elle décide donc de lancer un festival avec comme ancrage la rotation ; d’où le terme de « nomade ». Il s’agit donc d’un festival où les artistes de différentes disciplines et de différents continents se rencontrent, pour offrir au monde leurs créations. Pour cette 8ème édition, Douala accueille donc de nombreux artistes : des peintres, des musiciens, les danseurs. Pour le plus grand plaisir de tous…

Déjeuner à Tchop et Yamo, nouvelle escale

Pendant plus de deux heures de causerie avec Vanessa, Camille donne quelques directives pour les futures publications sur nos blogs. Le rendez-vous est ensuite pris pour le déjeuner, dans un autre espace. Nous sommes conviés à l’hôtel Samba de Bonamoussadi où nous nous dirigeons. Mais, curieusement, le programme a été modifié et la communauté Mondoblog est appelée à faire valoir ses droits ailleurs !

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Avant d’aller au village du festival Afropolitain Nomade, une pause déjeuner s’impose au Tchop et Yamo. Crédit photo : tchakount k.

Nous prenons alors la route en direction d’un restaurant modeste dédié aux rencontres familiales. Tout le monde, sauf moi, y va à pied. A la place des commandes personnalisées et individuelles, nous prenons une commande à la carte. On s’accorde pour un buffet de poulet rôti accompagné de frites de plantain et de pommes de terre. Mais, à chacun sa boisson. Selon la philosophie du restaurant, pas d’alcool. Pour ceux qui me connaissent et qui connaissent mes goûts, ce restaurant ne m’inspire pas…

Dernière escale de la première journée Afropolitain Nomade et Mondoblog-Rfi

Tout le monde chemine à pied, sauf moi, vers l’esplanade Carrefour Market de Bonamoussadi située à quelques mètres de là. L’enseigne française de supermarché possède un vaste espace de loisirs, ce lieu est généralement réquisitionné pour des événements grand public dans la ville. C’est la première fois que je m’y rends.

Fin d’après-midi et il ne fait pas grand monde au village du festival. Nous trouvons sur place un concours de break dance et de hip-hop orchestré par l’association Dreams Moov. C’est l’espace jeune. Je me régale malgré mon âge. Ce spectacle féérique et endiablé dure deux heures et demi. Il est 19h30 lorsque les trois vainqueurs du concours sont connus. Quel était encore leurs noms ? Je n’en sais rien ! Les fans de rap ont de ces noms bizarres 🙂

La musique urbaine dicte sa loi et impose son rythme

Pendant un quart d’heure, le podium est cédé au groupe de danse et musique traditionnelle la Fokamaise. Du hip-hop à la musique patrimoniale ! La transition est quand même brutale. Mais cela dit, j’en avais vraiment besoin, ce style me manquait énormément. J’ai été émerveillé par la symphonie de musique accompagnée de danse Bafia qui me rappelle une blague à la camerounaise : « un pas en avant, deux pas en derrière ». C’est magique !

La dernière articulation de la soirée a commencé sur les chapeaux de roues à un peu plus de 20h : place à la musique urbaine. J’ai pu admirer Flora Houang, Eva Hakapoka, du Cameroun, et Rodriguez Vangana de la RDC et d’autres que j’oublie certainement… C’est autour de minuit que je suis parti de là, après que mes collègues soient également partis. Quelle journée ! Et ça recommence le lendemain ! Hé ! J’ai failli oublier quelque chose : un défilé de mode d’un autre genre.

La curiosité du jour : un défilé de mode pas comme les autres

D’aucun auraient dit « ils sont bizarres, hein » à la simple vue de leurs accoutrements. En fait, j’ai été éberlué. Les mots justes et précis me manquent pour décrire exactement le style vestimentaire. Il s’agit, pour le dire simplement, d’un styliste qui se fait appeler « Sky Day ». Il a créé et mis en place une ligne de vêtement dénommée « Bizarre ». Oui, oui, c’est vraiment et franchement bizarre, pour ne pas dire très très curieux…

J’ai par exemple vu un mannequin avec la cravate sur le dos et non devant. Deux autres mannequins avec une jupe écossaise pour l’un et une jupe longue pour l’autre. Curieusement, tous ou presque avaient des boucles d’oreilles. Bizarrement aussi, ces boucles étaient assez longues. Ce petit détail a fait dire à certains que ce déguisement est une blague de mauvais goût. Mais beaucoup l’ont vu comme un acte engagé, loin d’être anodin.

La résidence des artistes reste notre première escale du jour, le lieu de rendez-vous du matin

Il est presque 11h et la pluie s’invite au rendez-vous. Il pleut sur Douala depuis le matin. Heureusement, ce sont de fines couches de pluie. Pour le moment, la résidence est fermée. Nous cherchons des abris. Il faut quelques minutes de conciliabules pour que la résidence soit enfin ouverte. Un imprévu de dernière minute qui a été réglé fort heureusement.

La journée commence par un débat avec un artiste Haïtien. Son nom ? Hum… je ne le sais plus. A peine entré dans la résidence, il entame une discussion avec la communauté Mondoblog. Il prend quand même le soin d’interrompre Camille en pleine conversation. L’artiste français d’origine haïtienne s’exerce à la sensibilisation des Noirs dans la lutte de la cause noire dans le monde. Les blogueuses et blogueurs s’en donnent à cœur joie.

De la nécessité de la réparation de la traite négrière par les anciennes puissances coloniales au racisme, chacun parle et se trémousse. Le débat est houleux mais passionnant. Inutile de préciser ici que les débats ont été très engagés car les positions étaient tranchées. Une Tchadienne et une Canadienne s’en sont mêlées. Je ne souhaite pas revenir sur les détails, car beaucoup de choses ont été dites.

Cap sur un restaurant non loin de l’hôtel Samba de Bonamoussadi

C’est un restaurant dont le nom m’échappe. Je me souviens y avoir déjà été convié par le passé. C’était à l’occasion de la préparation de la campagne électorale d’un candidat à la présidentielle d’octobre 2018. Il est à quelques pas de l’immeuble de la mairie de Douala. Mais, avant de s’y rendre et de nous rejoindre, Camille s’est éloignée pour faire son test PRC de la Covid-19. Son vol est prévu pour le lendemain, dimanche soir. Pendant ce temps, nous nous sommes installés.

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Deuxième journée du festival Afropolitain Nomade. Pause déjeuner des mondoblogueuses et mondoblogueurs. Crédit photo : tchakounte k.

La commande ici est individuelle et personnalisée. C’est un choix pour changer un peu l’ambiance… Je précise en passant que tous les blogueuses et blogueurs n’étaient pas présents à toutes les étapes des trois jours de rencontres Mondoblog. Certains venaient et repartaient, et ainsi de suite… Maintenant, place aux commandes. Pendant que certains prenaient du poulet, pour d’autres c’était du porc ou du poisson. Le tout, accompagné de bons plantains et de pommes de terre frites, et surtout de miondos. Ce nom bizarre a fait fuir Camille qui a tout de suite préféré ses plantains frits ! Pour arroser tout ça, une bonne bière au menu et j’étais comblé !

Un dernier tour au village du festival Afropolitain Nomade

Ce samedi 25 juin est le jour de l’apothéose, le plat de résistance du long weekend en quelque sorte. La communauté Mondoblog, sauf moi évidemment, fait le chemin à pied. Le village du festival est juste à quelques jets de pierres de l’immeuble de la mairie. Il est 17h, malgré la présence du maigre public, le podium est prêt. Mais quelques réglages s’imposent en attendant l’arrivée du public, plus tardive.

Entre-temps, la communauté Mondoblog vadrouille sur les lieux. D’un côté certains jouent au paparazzi, de l’autre quelques-uns dissertent. Mais, moi je me régale devant un bon plat de saucisses et plantains tapés ! Une deuxième fois n’est pas de trop. C’est la fête. Il faut en profiter. La Guinness était au menu, bien évidemment ! Camille et les autres sont venus me titiller un peu en prenant une photo. Regardez comme nous sommes mignons!

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Fabrice, Camille et moi devant un plat de saucisses et plantains tapés. Crédit photo : Fabrice Nuanga

Les festivités commencent pour s’achever aux premières heures du matin

Il est presque 18h lorsque les spectacles commencent. Des vibrations viennent d’abord meubler le décor. Le DJ de la journée nous entraîne dans une sorte de boîte de nuit en plein air. J’étais nostalgique. Puis le podium est envahit par les danseurs de l’Empire Moov qui nous plonge dans la culture Sawa. Vous l’avez peut-être deviné : c’est la danse patrimoniale. En un quart d’heure, ces jeunes hommes et femmes nous ont entraînés dans des tours de reins dont eux seuls en connaissent les secrets !

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Au festival Afropolitain Nomade, il n’y avait pas que de la musique et la danse. On pouvait également se bourrer la panse. Crédit photo : tchakounte k.

La soirée s’achève avec un concert géant. J’ai pu voir et écouter La Pie d’Or du Congo, Stéphane Akam, Nda Chi, Andy Jemea, et M. Leggo du Cameroun et surtout le groupe Rara Soleil du Canada. Ce groupe de musique et danse a particulièrement impressionné le public par son style. Musique, danse et tenues d’anciens esclaves aux rythmes de la samba du Brésil. Quelle belle trouvaille du festival Afropolitain Nomade ! J’en ai raffolé. Les artistes étaient tellement nombreux que j’en ai oublié beaucoup. Il est 1h du matin. C’est l’heure du retour. Le concert continue, mais la fatigue prend le dessus.

La résidence des arts visuels, le Hup High Lab, servira de cadre à cette dernière journée

Le troisième jour est consacré uniquement aux ateliers Mondoblog. Les mondoblogueuses et les mondoblogueurs en ont pour trois heures bien remplies. Les maîtres de séance, René Nkowa et Fotso Fonkam, vont prendre les commandes. Le rendez-vous est fixé à 9h. Beaucoup sont en retard, moi y compris, bien que logeant à quelques pas de là. Mais, je dois faire un tour dans un restaurant de la place au préalable pour l’organisation du déjeuner, je dois me renseigner sur la fourchette des prix. Si on veut tous se réunir, il faut bien que ça soit à la portée de toutes les bourses !

Avec un grand retard, les ateliers commencent autour de 10h30-11h. René entame la communication avec les techniques d’écritures web. Cela semble une évidence. La rédaction web est l’une des techniques du blogging les plus simples, mais également les plus négligées. Même si les blogueurs en savent quelque chose, la répétition n’est jamais de trop.

Le deuxième atelier porte sur le référencement, il est animé par Fotso Fonkam qui, en plus d’être mondoblogueur, est développeur web. C’est la technique du blogging qui est, selon moi, la plus compliquée et négligée. J’ai toujours eu des notions dans ce domaine grâce à l’autodidacte que je suis, mais jamais une formation n’a été organisée en ce sens dans le milieu du blogging à Douala, à ma connaissance. René clôture la journée d’atelier avec quelques techniques d’innovation dans la publication web.

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Fin du festival, place au deuxième atelier sur le référencement avec Fotso Fonkam. Crédit photo : tchakounte k.

La marche à pieds comme deuxième curiosité de la rencontre

On n’aurait pas pu penser mieux. Les différents lieux de rencontres étaient accessibles à pied. Du Hup High Lab au village du festival Afropolitain Nomade en passant par ces différents restaurants, c’était cool à pied. Sauf à quelques exceptions près, la marche à pied était le moyen de locomotion adopté. C’est encore plus plaisant en communauté. Une des curiosités des rencontres en groupes. Dispensé de cet exercice en raison de ma mobilité réduite, j’en étais jaloux. Heureusement que les autres ne tardaient pas à me rejoindre dès mon arrivée à destination. J’étais donc moins complexé.  

Le restaurant Friends Food de Bonamoussadi : notre dernière escale

Après quelques conciliabules pour trouver un restaurant à la taille de nos bourses, le Friends Food est enfin choisi. Il est à quelques minutes de Hup High Lab, juste avant le marché de Bonamoussadi. Il est à peine 15h et quelques-uns nous quittent déjà, leur voyage sera long car ils résident dans une autre ville du pays.

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Le restaurant Friends Food a clôturé le long weekend de Afropolitain 2022 et Mondoblog. Crédit photo : tchakounte k.

Le restaurant est super chic et assez sobre. Réputé pour ses retards de services, ils font heureusement bonne figure ce jour. La commande de chacun arrive en moins d’une dizaine de minutes. Les menus sont variés. Un quart de poulet rôti et plantains tapés accompagné d’une cannette de bière pour moi. C’est à chacun son menu. Tout cela dans une ambiance conviviale.

Il est presque 18h à Douala. L’heure de la séparation a sonné. C’est comme si le temps s’arrêtait. Camille va prendre son vol dans quelques heures. Le temps pour elle d’embrasser chacune et chacun individuellement pour dire un seul mot : MERCI. Mobiliser plus d’une quinzaine de blogueuses et blogueurs pendant trois jours d’affilé, sans prise en charge, est un exploit. Pour confidence, les blogueuses et blogueurs camerounais n’ont pas l’habitude de répondre favorablement à une telle sollicitation. Au final, c’est Mondoblog-Rfi et c’est le blogging qui gagne.


Festival Afropolitain Nomade, danses et musiques patrimoniales

Après dix ans d’existence, la 8ème édition du Festival Afropolitain Nomade se tenait à Douala pour la 2ème fois. Pendant deux jours, les 24 et 25 juin, j’ai assisté aux festivités culturelles pleines de surprises. De quoi s’agit-il ?

Hier c’était Fomaric, aujoud’hui c’est Festival Afropolitain Nomade

Festival Afropolitain Nomade 2022 est bouclé. Dans la ville de Douala, j’ai toujours eu l’habitude d’assister aux festivités musicales. La Foire musicale, artistique, industrielle et commerciale du Cameroun plus connue sur l’appellation de « Fomaric » est l’un des événements culturels qui a marqué mon enfance. Sa particularité est qu’il a tenu à marquer sa présence dans le temps avec 30 ans d’existence. Aujourd’hui, il a pris le nom du « festival » compte tenu de l’ampleur qu’il a sur l’histoire de la musique.

J’ai, pendant ma tendre jeunesse, assisté aux multiples concerts de musique en live sur podium géant. Et j’en garde très bons souvenirs. Je me souviens d’ailleurs de l’artiste Non Flavie que j’ai vu évolué sur le podium de Fomaric pendant plusieurs éditions. Aujourd’hui, artiste confirmée, alors qu’elle faisait partie de l’orchestre de Fomaric qui accompagnait les musiciens sur scène. Ce weekend, le Festival Afropolitain Nomade réveille mes vielles habitudes de mélomane de ma musique que j’étais.

Mes aventures avec les concerts de Fomaric n’ont pas fait long feu. Vous vous en doutez bien, pour un festival, les musiques devenaient monotones avec les mêmes style chaque. Les innovations y manquaient beaucoup et j’en avais assez d’assister aux concerts de musique camerounaise dite « moderne ». J’avais besoin d’autres choses d’émouvant et de captivant et non des musiques urbaines à la mode de la jeune génération.

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Les danseurs et musiciens d’Empire Moov sur la scène du podium du Festival Afropolitain Nomade à Douala. Crédit photo : René Nkowa

Musiques et danses patrimoniales (traditionnelles)

J’ai assisté à ce que je n’avais jamais vu lors des événements culturels aux podiums géants : les musiques et danses traditionnelles. Il faut préciser ici que musiques et danses traditionnelles ne sont pas des vains mots. Il s’agit des musiques jouées avec des instruments traditionnels qu’accompagnent les danses traditionnelles. Littéralement, traditionnel ici renvoie au patrimoine, aux instruments d’origine, comme le tamtam, le balafon, la percussion, etc. Ce genre musical est également accompagné de danses circonstancielles. A chaque style de musique correspond une danse.

On a souvent cette fâcheuse habitude de parler de musique traditionnelle avec des instruments modernes. Je veux dire des instruments qui ne proviennent pas du patrimoine culturel dont relève la musique en question. Mais, ma curiosité dans ce festival Afropolitain Nomade était constante. Les groupes de danses spécialisés dans les rythmes patrimoniaux étaient invités. Pour moi, bien que cela ne soit pas une grande première, j’ai considéré que c’était osé. C’est d’ailleurs une preuve de beaucoup de courage pour deux raisons au moins.

La première est celle d’avoir justement osé donner de la place à un style complètement en déphase entre deux époques. Au milieu d’une foule complètement jeune à plus de 90 %, c’était osé. La jeunesse a cette particularité qu’elle ne consomme que de la musique urbaine. Même si elle est colorée aux couleurs africaines (paroles, pas de danse), elle ne consomme que ça.

La deuxième raison est purement technique. Je me suis posé la question de savoir si les techniciens allaient réussir le pari de nous offrir la meilleure sonorisation possible. J’ai toujours assisté aux événements de ce type où les ratés ne manquaient pas. Les instruments traditionnels avaient du mal à être raccordés au système de sonorisation du podium pour une meilleure écoute. Le festival Afropolitain Nomade m’a donc permis de savoir que c’était possible.

Les compagnies de musique et danse patrimoniales Fokamaise et Empire Moov

Pendant les deux jours qu’a duré le festival Afropolitain Nomade, j’ai vu deux groupes, je veux dire deux compagnies de danses et de musiques. Ces sont des compagnies camerounaises basées à Yaoundé et à Douala. Elles sont spécialisées dans les musiques et danses patrimoniales. Leur principal instrument de musique, parmi tant d’autres, est la percussion. Elles ont pour activités principales, la formation des danseurs et musiciens et la promotion de la culture camerounaise.

J’ai affiché un air de villageois devant les prestations de la Fokamaise le vendredi 24 juin et celles de l’Empire Moov le samedi 25 juin. Cependant, durant un quart d’heure pour chaque troupe, j’ai été obnubilé. Curieusement, les danseuses, danseurs et musiciens sont presque les étudiants où la moyenne d’âge est de 20 ans. J’étais obnubilé, disais-je, par ce contraste entre la musique et la danse en face d’un public jeune friand de la musique urbaine en vogue. J’étais également obnubilé par le contraste entre style de musique et la danse exécuté par les jeunes. Une sorte de mélange de génération bien harmonisé dans un assemblage beau et féérique.

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Le groupe de musiques et de danses patrimoniales Fokamaise en action au Festival Afropolitain Nomade à Douala-Bonamoussadi. Crédit photo : René Nkowa

Mais, rassurez-vous, mon attention n’était pas limitée à la scène du podium aux couleurs moins larmoyantes. Heureusement ! Mon attention, disais-je, était focalisée sur la réaction du public. Il y a quand même des signes qui ne trompent pas. Les vibrations du son faisaient secouer les corps tandis que d’autres s’empressaient à filmer pour garder des souvenirs. Mais, ce n’était pas les signes les plus importants. L’intérêt du public était observable à partir de l’attention qu’il avait à scruter la scène comme s’il attendait le moindre loupé.

La Fokamaise et l’Empire Moov ont-ils réussi leurs prestations au Festival Afropolitain Nomade ?

Oui. Pour une seule raison : ils ont captivé l’attention du public. C’était un succès total et personne ne pourra nier cette évidence. Mais, c’est un style de musique et de danse qui ne sont pas encore dans les mœurs. Ce n’est pas lié au conflit de génération. Loin de là. Sinon, comment les musiques et danses patrimoniales exécutées curieusement par les jeunes n’attirent pas justement pas les jeunes ? Je mets cette défaillance sur le dos de l’éducation, bien que cela soit discutable.

Le festival Afropolitain Nomade est donc une belle occasion de rencontres culturelles ou ce que j’appelle la réconciliation culturelle. Il existe, dans la ville, de nombreuses occasions de festivités où les patrimoines culturels s’expriment. Mais, les programmer dans les festivals où les jeunes sont les plus nombreux est salutaire. Même si la part belle a été encore les musiques urbaines, du hip-hop, du rap, il faut au moins commencé quelque part.