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46664-Nelson Mandela : un chef ne meurt jamais il dort et veille aussi !

« Sur un personnage comme Nelson Rolihlahla Mandela, écrire des livres ne suffirait pas.» Voilà le commentaire qu’a fait mon épouse quand je lui ai dit que je devais signer un article sur Mandela. Et je crois qu’elle m’invitait à commencer un engagement qui pouvait s’inscrire dans la durée en raison du personnage plutôt que de dire « Il est tard (3 h30 du matin) Que vas-tu dire de plus  complet ou plus intéressant que les autres ? Viens te coucher ! »

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 J’ai essuyé la frustration de voir un Frère devenu Chrétien fondamentaliste s’éloigner de moi en 2009 quand enthousiaste du voyage que je préparais pour L’Afrique du Sud je lui ai dit que j’avais hâte de rencontrer le MESSIE MANDELA. L’emploi impropre selon lui du terme « Messie » ici l’a convaincu de me considérer comme diaboliquement possédé. Le messie ne peut qu’être biblique et la dimension d’un mortel a beau être planétaire il reste un impur et ne doit pas bénéficier d’une considération « idolâtrique ».  Pourtant la définition que font les différents dictionnaires du terme messie ne demande ni d’allégeance à faire à la Bible ni de latitude suffisante pour couvrir l’immensité de l’homme Mandela avec tous les défauts qu’il peut avoir eu… Je me le ferai suffire cependant.

Quand à Rome devant un parterre de 13 journalistes auxquels j’accordais une interview le 19 Octobre 2001 j’expliquais que mon personnage préféré de l’histoire était ce Nelson Mandela, certains m’ayant déjà suivi en ont profité pour insinuer que j’étais non seulement afrocentriste mais « afrosuprémaciste » (ils évitaient de dire raciste). Je les ai invités à considérer les interviews de ceux (blancs) qui m’accompagnaient et remarquer que tous (blancs) avaient cité Marilyn Monroe, Berlusconi, Shakespeare, Napoléon, Le Pape Jean Paul II, Madonna, Caravage, Bernini, et personne ne les avait taxés d’eurocentristes. J’étais pourtant sûr moi d’avoir l’avantage de citer un personnage qui mettait tous (ou presque) d’accord au-delà de l’appartenance ethnique. Pour les raisons que nous savons Mandela a été reconnu comme le politicien le plus clairvoyant et le plus illuminé du XXème siècle. Et pour cause je défie quiconque de me prouver que si un groupe d’Africains s’empare d’un coin de l’Europe, le colonise, le domine, assujettit bêtes et Hommes et le gère de façon autoritairement afrocentrée en se payant le luxe de noyer  dans le sang les révoltes des locaux et en se donnant la joie de jeter en prison les leaders de la rébellion, ils auraient survécu… Ne nous trompons pas. Nous nous connaissons les uns les autres.

Hors Mandela a pris sur lui le destin d’une Race. Il  a accepté la souffrance, le martyre, l’humiliation, et a cru en un objectif, celui de marcher longtemps mais de parvenir quand même à la liberté… Il entendait (et ceci ressort d’une interview de 1962) par cela le passage obligé pour la réconciliation et surtout la cohabitation pacifique. Je ne sais pas si cela aurait été possible dans une Europe envahie par des Noirs. En s’inspirant de Gandhi qui déjà lui n’était pas tendre avec les Noirs mais avait aussi lutté en Afrique du Sud il alla plus loin que le rêve de MARTIN LUTHER KING et se fit chantre d’un projet qui demandait de l’engagement… Il a en ceci anticipé largement le « YES WE CAN » de Barack Obama ! Mandela a donc eu une vision prophétique qu’il a prise pour une mission et s’est donné la peine de la parachever. Cela s’est passé sous nos yeux et si ca n’est pas messianique et crédible parce que nous l’avons vérifié, prêtez-moi  un autre mot pour le définir. Il a réconcilié deux mondes. Utiliser son succès pour confiner un Africain dans le nombrilisme plutôt que reconnaître sa dimension interculturelle est peu honorable.

Pour parvenir à imposer la justice pour tous au moyen de la persuasion d’une posture politique, Mandela a dû passer par la bataille pour certains, les laissés-pour-compte, il n’a jamais abandonné l’idée de la lutte armée. « L’emploi de la force légitime la réaction par la Force et c’est intelligent » disait Malcolm X.  Mandela l’a carrément matérialisé dans son entreprise en ajoutant : « Je retournais les armes de mes propres ennemis contre eux-mêmes ». Il a dû sacrifier sa tranquillité familiale, chose qui lui joue des tours aujourd’hui même pendant ses obsèques, et a d’abord réconcilié les Africains eux-mêmes de diverses souches et donc pas unis. Élevé par un chef qui pensait en faire son successeur sans en être le père il place la valeur de la tradition africaine au centre des chances de sortir vainqueur pour une Afrique du Sud qui au moyen de la réconciliation inventera plus tard inspirés par lui et Desmond Tutu des Concepts comme « Rainbow Nation » et « Ubuntu ». Il est Xhosa mais Luthuli le chef de son parti est Zulu. Il a fédéré autour de lui même les chefs des autres Nations comme Kenneth Kaunda en Zambie qui lui prêtent main forte et le renforcent dans son Combat. Son panafricanisme s’accroit quand il est contraint de quitter le pays et comprend que c’était l’occasion d’aller chercher du renfort avant de revenir porter un assaut virulent aux structures du pouvoir discriminant.

Il voyage en Éthiopie et bien qu’il se rend compte qu’à Addis-Abeba il y avait plus de chèvres dans les rues que d’êtres humains, en rencontrant l’empereur  Hailé Sélassié il est séduit et témoignant de ses yeux  de la fierté avec laquelle défilait l’armée éthiopienne, il comprend mieux ce qui avait fait de cet Etat le symbole pour les Africains surtout d’outre-océan (Rasta Jamaïcains en tête) de la victoire des colonisés sur les colons, du fait d’avoir barré la route au velléités coloniales Italiennes en infligeant a l’armée de Mussolini une cuisante défaite à Adua. Il Commence à mûrir l’esprit qui doit animer les Africains qui n’avaient rien à apprendre des autres. Sélassié Dieu vivant pour certains incarnait le messianisme qui fonda l’Unité Africaine et Mandela s’en nourrit à fond. Il Ajoute un chapitre à sa formation démocratique en remarquant qu’au Mali dans les avions on vendait des poules comme on vendait des arachides pendant que chacun se cherchait un siège. Il a appela ça «Vol démocratique». Il passe par le Ghana, la Sierra Leone, se fait aider financièrement par Sékou Touré qui venait de quitter la zone Franc-CFA, tandis que Senghor dont il ne comprend pas beaucoup l’attitude mais retient qu’au Sénégal il a mis le sénégalais au premier plan et surtout la sénégalaise au même plan que la française, lui permet d’avoir les passeports diplomatiques avec lesquels il peut voyager et se faire entendre. Il étudie dans les détails la guérilla camerounaise qui a vu tomber des têtes comme UM NYOBE, OUANDIÉ OU MOUMIÉ et parfait sa formation militaire au Maroc où s’étaient donné rendez-vous tous le révolutionnaires du continent, de Savimbi a Ngouabi ou Lumumba. C’est en Tunisie qu’il subit littéralement le charme du géant Soldat Noir comme pétrole Sudani qui à son passage pendant un défilé devant le régiment qu’il commandait  fut ovationné par tous, autorités et foule. On disait de lui qu’il avait guerroyé et mis en déroute tout seul une multitude de soldats ennemis. C’était un Héros National en personne. Mandela comprend par la suite que si Sudani très noir de Peau avait captivé son attention en Tunisie un pays d’Arabes c’est parce que lui Mandela Noir se reflétait en Sudani lui aussi Noir, chose qui semblait à lui-même raciste mais tout de suite il en profita pour y trouver un autre message… LE NOIR POUVAIT et DEVAIT ! C’est ce qu’on lui dira en Ouganda : «Vous avez frappé ceux qui dérangent les Noirs en sabotant des lignes de chemin de fer ? IL FAUT ENCORE LES FRAPPER ET ON VOUS AIDERA !»

C’est donc L’Afrique toute entière qui soutient Mandela et un Mandela AFRICANISÉ qui rentre en Afrique du Sud où l’attendaient Chief Luthuli et les autres pour entamer la dernière phase du combat, quitte à se faire arrêter, chose qui arriva définitivement (on pensait) en 1962. Mais il avait été initié et béni par Toute L’Afrique qui ne laissa rien. L ‘OUA ira jusqu’à imposer à tous ses États membres de rompre les relations diplomatiques avec l’Afrique du Sud. Ce fut fait. La seule chance de Yannick Noah de visiter le pays de l’Apartheid et y jouer fut son passeport français. Son pays le Cameroun ne traitait pas avec les racistes et Yannick y comprend vu comment on  le méprise qu’il est Noir. Il ne comprend cependant pas que s’il se trouve en Afrique du Sud malgré le boycott c’est que la France entretient encore des rapports privilégiés avec le régime ségrégationniste de l’apartheid. Mandela quant à lui reste en prison 27 ans dont 18 passés sur l’ile dite « Robben Island » avec le  numéro 46664, qui lui avait été attribué au moment de son incarcération et restera jusqu’à la fin, la façon de l’identifier. Pendant ces 27 ans ses compagnons et lui ont fait preuve d’une robustesse d’esprit hors du commun. Il assure lui-même sa défense et celle de ses amis pendant les procès de Rivonia où il élabore des stratégies qui ridiculisent le pouvoir. Il trouve le temps de passer son Doctorat en droit et de commencer à écrire son livre (Un long chemin vers la liberté publié en 1994 et traduit dans de nombreuses langues.) dont il fait sortir clandestinement les pages du manuscrit. Cela rappelle Malcolm X diplômé en prison qui profitait de toute petite lueur de lumière pour étudier et écrire.

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Les aînés savaient beaucoup de choses  sur Mandela qui n’a pas cessé de faire parler de lui, même prisonnier. Au milieu de années 80, avec l’implication de nouveaux sages européens à l’ONU, sa figure revient sur l’échiquier international au premier plan des sujets à l’ordre du jour. On sent un nouveau vent souffler sur le Monde, Le Rideau de fer s’achemine vers la fin, la guerre froide avec, la démocratisation avance les accords économiques basculent, la crise pointe et il faut associer les opprimés au progrès. Il faut libérer les chefs des révolutionnaires partout et entendre mieux les révolutions. C’est ce qui se passe en Amérique du sud, en Asie comme au Moyen Orient où Arafat n’est plus un terroriste mais un chef charismatique avec qui négocier.  Il est donc judicieux qu’on arrive à mettre l’accent sur l’Afrique où les coups d’Etat et les assassinats Politiques  avaient balayé une génération de trentenaires ou quadragénaires éclairés, en commençant par Lumumba du Congo dont se charge un certain Georges Bush Chef de la CIA. On arrive aux  N ‘Nkrumah du Ghana, Bouganda de la Centrafrique, Sadate d’Egypte, Amilcar Cabral de Guinée Bissau, et par extension, MALCOLM X, LUTHER KING Jr des USA, Samora Machel du Mozambique etc… La jeunesse connaît de nouveaux révolutionnaires car comme dit Fidel Castro, « Un révolutionnaire ne va jamais en vacances et la révolution encore moins ». UN NOUVEAU SYMBOLE EST NÉ POUR L’AFRIQUE en la personne de Thomas Sankara. Son destin va croiser celui de Mandela. On l’assassine en 1987 et cela accentue la recherche de panafricanisme des jeunes Africains surtout du Cameroun où il a fait sa formation d’officier militaire. Nous commencions tous à nous réclamer du combat de Sankara, nous nous intéressons à ce moment à celui qui peut encore fédérer nos âmes de cette façon panafricaine que n’incarnent que les grands. Les peu d’informations que nous avions nous aident. Mandela devient une connaissance du passé de nos ainés, mais un symbole présent pour nous. Nous avions enfin une télévision nationale. Ses images circulent. On admire son look, sa prestance, son élégance sportive, lui qui pendant sa détention a tellement subi d’abus et a changé de physionomie. Les travaux forcés, les pierres qu’il casse à la main et les cellules humides qui l’accueillent ont ruiné sa santé. Nous n’en savions rien. Son image que nous avions était celle de sa splendeur de batailleur.

Ce sont surtout les artistes qui nous impliquent profondément. Essindi Mindja fait un parallèle génial entre le tribalisme au Cameroun et la nécessité d’union pour aller (ce sont ses mots) « chasser ces blancs qui nous dérangent  en Afrique du Sud » au nom de Mandela. Il en  a besoin et l’Afrique avec. Lui, le regretté Essindi est comédien et professeur d’Histoire & Géographie de Lycées et Collèges d’Enseignement secondaire au Cameroun. Mais c’est une jeune chanteuse, une choriste de Manu Dibango, devenue soliste et guitariste de charme qui attire mon attention sur le cas Mandela avec une chanson en Anglais qui sublime son combat. KOKO ATEBA dans une émission télé « Tête d’Affiche » qui commençait le jeudi à 18 heures s’entretient avec Rémi Minko Mba et dit des choses dures sur elle-même qui passent en second plan quand elle égraine des notes en grinçant sur sa guitare, fond en chanson parlant du héros d’Afrique en passe de devenir notre nouvelle obsession et une icône mondiale atemporelle. Elle parle de ce Monsieur et dit de lui qu’il n’abandonnera Jamais. Notre curiosité augmente.  Nos consciences s’éveillent et suivent la Militante Camerounaise dans son œuvre de sensibilisation. Il y en aura d’autres. L’année d’avant La Princesse Dika Akwa avait fait pareil avec Cheikh Anta Diop tout de suite après son décès. Foly Dirane nous fait comprendre pendant son émission « Cocktail aux Décibels » qu’un jour la musique viendrait à bout de l’apartheid. Il présentait le Rasta Reggaeman Camerounais fraichement débarqué de Côte D’Ivoire ICE T COOL… Puis SAM FAN THOMAS produira Un MAKASSI Sur le même thème qui lui donnera notoriété continentale. Je me souviens des réunionnaises en Allemagne qui tombèrent amoureuse du Cameroun et des Camerounais rien que pour cette chanson, un Hommage á un Modèle interprété par un artiste talentueux (Guitariste, Chanteur, Danseur, Footballeur, Couturier)… Tamne Pius ne sera pas en reste. Le ton est donné. Le camerounais est intéressé et conscient des enjeux qui mettent l’Afrique sur un possible piédestal, celui d’un héros libéré et guide d’une nouvelle vision progressiste. Le Cameroun avait accordé l’asile politique pendant les années sanglantes de l’apartheid à l’artiste chanteuse et activiste Miriam Makeba décédée à Castel Volturno en Italie le 9 novembre 2008.. L’art se nourrit des moyens techniques que sont les medias pour sa diffusion. Si le combat de Mandela est rentré dans nos chairs et dans notre quotidien c’est aussi parce que les Journaux et l’information médiatisée commençaient à devenir des concurrents sérieux des livres surtout d’Histoire parfois cruellement et coupablement vides de regards introspectifs ou de point de vue africains ou simplement d’Histoire Africaine. Qu’importe. On pouvait combler ce vide du passé digne avec les pages que la dignité d’Un Homme s’apprêtait à écrire pour toutes les annales du Monde. Les journaux et media se chargeant de faire filtrer ce qu’on a su après le 11 février 1990 qu’il se tramait dans les coulisses. Plus la pression pour le Gouvernement Sud-Africain montait, plus l’attente devenait insoutenable et plus les initiatives pour la libération de Mandela se multipliaient et plus ça remplissait notre quotidien. Cela était dû au fait que dans sa prison ça mijotait chaud et vif.

Le chef de service Barnard approche Mandela pour négocier. Ils n’ont pas le choix mais veulent savoir s’il abandonnera la lutte armée. Pour cette raison, avant ces années 80 de grands changements, pendant que Michael Jackson devenait Blanc, Sankara devenait Mythe, L’Afrique préparait le retour du Multipartisme et Mandela s‘apprêtait à passer des étables aux étoiles du firmament… Mandela rencontre Botha et l’impressionne parce que pendant sa détention il a côtoyé de jeunes Africains comme ce professeur d’Afrikaner et de Hollandais qui lui a dit : « parler la langue de l’adversaire te donne un avantage ». Mandela s’adresse donc au Président en Afrikaner qu’il a appris en prison. Il rejette la proposition de droit de veto qu’on veut donner aux Blancs pour négocier sa libération. Arrivé aux affaires, De Klerk souhaite aller Vite. Plus tard, l’ayant rencontré, Mandela dira qu’il avait senti n’avoir pas le choix et était plus mû par l’idée d’entrer lui aussi dans l’Histoire… MANDELA EST DEVENU UNE MINE D’OR… Le toucher et l’avoir comme interlocuteur ou avoir son nom dans son histoire personnelle vaut son pesant de métal précieux. De Klerk qui n’était pas un progressiste abouti (mais qui je crois le deviendra) le sent et l’interprète politiquement de façon magistrale.

On avait annoncé la libération de Mandela pour le 11 février 1990, 7 jours plus tôt… nous qui déjà à la Mort de Sankara avions imposé des cours de politique contemporaine que nous appelions « Actualité » à Nos professeurs d’Histoire-Géographie et Instruction Civique voulûmes à nouveau que  le cas Mandela remplaçât pour nous ces cours malgré les promesses des profs de nous faire échouer aux examens de fin d’année. Ce danger n’existait pas car nous n’étions qu’au deuxième trimestre. On ignorait alors que la guerre qui menaçait d’éclater dans le Golfe persique et qui éclatera finalement le 2 Août allait par la suite occuper nos pensées au troisième trimestre pour le grand désarroi de nos enseignants à qui nous enlevions la possibilité de débiter les cours qu’ils avaient préparé. La Libération de Mandela que tout le monde prévoyait en Mondovision (chose qui a été non sans peine pour la police qui avait prévu d’en assurer la haute sécurité) ajoutait de l’enthousiasme à notre innocence d’enfants et de jeunes qui nous apprêtions pendant toute cette semaine-là à prendre à deux mains toute la liberté que notre pays nous donne annuellement de préparer à notre mesure en bénéficiant bien sûr de la collaboration de nos encadreurs, la fête qui nous est consacrée. C’était la semaine de la jeunesse, qui culminait avec la fête de la jeunesse elle-même et fortuitement F.W. De Klerk nous donnait une semaine pour nous déployer en fantaisie. Le thème était évident : Nos looks pendant le défilé et nos chants rendaient aussi hommage à côté de notre pays ou son président à Nelson Mandela. Heureusement que les informations le donnaient pour libre pas avant 14.h. On aurait donc eu le temps de défiler devant les autorités et de voir la fantasia des cavaliers du Lamido nous délecter de leurs belles chorégraphies avant d’aller, une fois consommés nos amuse-gueules d’après défilé et répondu présents au déjeuner familial suivre l’événement du siècle en direct. Pourtant L’après-midi du 11 Février comme celui de la fête du 20 mai (Fêter Nationale du Cameroun) d’ordinaire nous gâte par la variété des évènements récréatifs, culturels et les loisirs qu’il offre, sans oublier que pour un adolescent c’est le Day-Off de rêve qu’il a pour soigner ses amourettes. Généralement à N’Gaoundéré le clou de l’après-midi, la rencontre où on se donnait rendez-vous avec amies et copines c’était le stade avant le cinéma. Cet après-midi-là, comme souvent le stade avait commencé a recevoir du monde vers midi car personne n’aime non plus rater la finale du championnat de football des différents établissements scolaires. On ne pouvait surtout ne pas assister à l’affiche la plus classique. Le Collège de Mazenod, Notre établissement fidèle au top five des Établissement scolaires de la nation qui offrent le meilleur encadrement et les meilleurs résultats et le Lycée de la ville que nous définissions par dérision « Chine Populaire ». Nous n’avions pas le bénéfice des écrans géants à l’époque mais l’inventive Camerounaise veillait au grain. On avait d’accord rempli le stade mais chacun avait déjà stratégiquement ciblé une des cours des maisons alentour pour, une fois le signal donné courir voir Mandela « Revenir à la vie après 27 ans » pendant lesquels il a incarné le combat de nous tous. Le Camerounais de ces années-là n’était pas individualiste, du moins son égoïsme ne se prononçait surtout pas pour un téléviseur qui n’était pas à la portée de tous. On avait par endroit installé le petit écran devant la cour. Aliou Touré a bien pardonné que pendant quelques minutes je ne le voie pas jouer pour me fossiliser devant le téléviseur de chez Djiemeni Josiane et vivre le miracle. 14h44 l’incroyable se produit et mon idiotie de gamin ne comprit pas comment le jeune et prestant combattant auquel nous voulions ressembler en nous traçant la raie au milieu des cheveux sortait sous la peau d’un Monsieur visiblement vigoureux mais aux cheveux Poivre-Sel qu’on n’aurait pas tout de suite reconnu  si ce n’était parce que sa Compagne, épouse combattante et lieutenant de vie lui tenait la main ferme. WINNIE ET NELSON, toujours amoureux et finalement libres de nous divertir avec de la romance. On vit Plus tard l’archevêque Desmond Tutu danser sur Balcon… Le Monde faisait connaissance avec le vieillissant Mandela qui ce jour-là aussi avait commencé par sa culture physique avant de s’habiller pour sa libération. 73 ans… Il faut le faire. Il a vaincu la torture et l’injustice. À partir de ce moment, l’image Mandela a occupé nos journaux nos radios et nos écrans avec une constance jamais vue auparavant. On aurait dit que le monde était à ses pieds. Je voulus penser qu’il portait bonheur aussi à mon pays. Le parti au pouvoir nous avait fait marcher contre le Multipartisme anticipé. Le Congrès de Yaoundé avait été un succès et pendant que Mandela se promenait dans le globe pour alimenter tous de sa présence bénéfique, l’équipe Nationale de Football de Mon pays faisait des miracles pendant la Coupe du Monde en Italie avec notre demi-dieu, Notre Mandela Local, Notre vétéran capable Roger Milla en Vedette.

On ne voyait que du Mandela partout et ça ne gênait personne.  Johnny Clegg « le Zulu blanc » Sud-Africain et son groupe multiracial Savuka remettaient en chanson à la Jeunesse le Mandela qu’elle n’a pas connu. Le Groupe a cappella Noir Sud-Africain Ladysmith Black Mambazo et les Simple Minds au mythique concert de Wembley qui a rassemblé plus de spectateurs qu’une Finale de Coupe du Monde ont canalisé notre apathie en nous donnant des frissons avec leur musique et surtout leurs contenus évocateurs. Je  quittai le pays cette la même année pendant la coupe du monde, sans même attendre les résultats de mes examens. À Berlin l’euphorie Mandela se mêlait avec la joie des retrouvailles des familles allemandes qui fêtaient une réunification après une douloureuse séparation durée 45 ans. Pendant qu’on cassait les reliques de mur pour en emporter des morceaux à la maison on était soi-même star car tout le monde nous posait des questions sur Mandela et les lions Indomptables. Je faisais cadeau de mes maillots du Cameroun même à des inconnus. Mandela valait plus. J’ai vu des gens pleurer à chaque fois qu’il apparaissait  à la télé. Déjà avant de quitter le Cameroun j’avais vécu sans m’empêcher d’avoir la chair de poule sa rencontre émouvante avec de jeunes filles Sud-Africaines, membres d’une compagnie théâtrale  en visite à Berlin. Je crois me souvenir que pendant que les plus fortes ne contenaient pas leurs larmes, certaines s’étaient évanouies. Le personnage drainait des foules à Londres et partout où il passait. Il était aussi devenu un moyen pour les politiciens du Monde de se relancer. Margaret Thatcher pourtant hostile à sa libération l’accueillit comme un héros et le traita comme un fils en lui disant « Couvrez-vous, il fait froid à Londres. Le Monde a besoin de vous en santé»… J’ai suivi depuis cet instant les traces de Mandela pendant de années, déterminé selon moi aussi à entrer dans la cour des grands et à le rencontrer.

L’occasion me fut donnée le 14 Mai 1996, 6 ans après sa libération et à la fin de son mandat présidentiel quand il visita le Bundestag en Allemagne et y fit un discours mémorable. Entretemps j’étais devenu étudiant en Italie mais au bout de 3 années la poursuite de mon parcours me reconduit Allemagne. À la sortie du parlement à Bad Godersberg parmi les innombrables diplomates d’Afrique et d’ailleurs, parmi les politiciens Allemands et sans forcer le protocole, sans contrevenir aux normes de sécurité, tellement l’Homme était ouvert, je le retrouvai devant moi en train de sourire et de me tendre la main en disant à moi pas très à ma place avec mes dreadlocks, mon ensemble jeans à la mode déchiré par endroit, blouson comme pantalon, chapeau floqué MALCOLM X et Lunettes à la Spike Lee « how are you ? » j’étais pris au piège de son immensité. Je ne sus quoi dire ni quoi faire. Cet instant qui en réalité n’aura duré que quelques secondes fut et est encore l’éternité pendant laquelle mon exubérance s’assoupit et prit un coup terrible. Non, Je n’ai rien dit ni rien répondu au Divin Nelson Mandela. Ma main a été trop lourde pour se lever, aller à la rencontre de la sienne et la lui serrer. Plus tard j’ai revu la signification du mot « tétanisé ». Je l’ai vécue en plein! Lui ne pouvait pas attendre. Le protocole l’avait conduit vers des enfants Allemands qui eux plus inconscients que moi avaient pu ! Ils ont pu ce qui ne me fut pas possible. Ils l’ont salué. Une fois mes sens repris je lui ai couru après  et tout ce que j’ai pu faire c’est cette photo où il m’a encore adressé un sourire, cette photo dont j’ai conservé le négatif et cette photo que j’ai multipliée et expédiée à tous ceux qui me sont chers, cette photo que j’ai fait agrandir, Mandela qui me sourit de loin. Le même soir j’ai appelé au Cameroun et en Italie pour le raconter d’abord à mon Père et le narguer en lui disant « J’ai fait pour une fois ce que tu n’as pas fait… J’ai rencontré un mythe vivant … Qui ? Mandela… Tu l’as salué ? » J’ai raccroché. Pareil avec mes amis en Italie, Demba Diallo du Mali, Sassou du Tchad et Tous les Camerounais. Je crois avoir encore la photo agrandie dans note maison familiale à N’Gaoundéré au Cameroun. La mienne en Italie et le négatif aussi ont disparu avec le tremblement de terre qui a emporté mes 17 ans d’histoire en 32 secondes le 06 avril 2009.

Je ne me suis pourtant pas arrêté là… J’ai poursuivi Mandela où je pouvais puisque je voyage aussi beaucoup. L’Afrique Du Sud est parmi les pays où ma famille s’est établie, celui que Ma Famille a occupé de la façon la plus massive. L’occasion pour finalement y passer beaucoup de temps fut pour moi la Coupe du Monde de Football qui faisait finalement étape en Afrique en 2010. Nelson Mandela avait été l’artisan de la concrétisation de ce projet-rêve… Nous attendions ardemment que les équipes africaines y brillent de plein feu et surtout que nos Lions Indomptables arrivent au bout de la compétition. La déception de ne pas voir mes Lions traverser le premier tour et celle de voir les équipes Africaines tomber les unes après les autres jusqu’à la rocambolesque élimination du Ghana en quart de finale n’a cependant pas gâté ma Fête. Arrivé avec mon compatriote et exemple JP ESSO avec qui je me suis déjà retrouvé dans 4 pays de la planète au nom du Football camerounais j’ai vécu de moments incomparablement heureux en Afrique Du Sud. À la  joie de passer du temps avec tous mes frères et cousins s’est ajoutée l’expérience de la rencontre du Monde et des gens de tous les horizons. J’ai surtout savouré le bonheur de me confondre en Afrique Du Sud, devenant moi aussi un morceau de puzzle de cette Nation arc-en-ciel, laboratoire humain et naturel à ciel ouvert dans tous les sens. Une Expérience enrichissante comme peu d’autres. Je n’ai pas renoncé à faire mon travail d’Anthropologue que je me suis inventé. J’ai visité toutes les facettes de L’Afrique Du Sud que j’ai pues. J’ai vu de ses immenses Parcs Nationaux aux ghettos légendaires, au point de rencontre des deux océans (Indien et Pacifique) au cap, des rites de passage dans les villages aux  festivals tribaux en pleine capitale. J’y ai rencontré des amis que je ne voyais pas depuis 17 ans. Ayant ratissé Soweto à la recherche des témoignages possibles, J’ai fini par aller perturber une journée professionnelle du Président de la République Lui-même au Palais « Union-Building » mais il n’avait pas assez de temps pour moi. Mon plan secret était de rencontrer Nelson Mandela. Je l’avais loupé au concert d’ouverture à la fin duquel malheureusement il perdit dans un accident une de ses petites-filles. J’ai toqué à la villa de Winnie. Elle a demandé à ses collaborateurs de m’accorder le temps qu’il me fallait pour mes questions mais ne m’a pas expliqué la stratégie pour voir Nelson qu’elle rencontre quand elle le désire, chose que l’actuelle compagne de Nelson Graça Machel autorise avec grande dignité. J’ai absenté L’Archevêque Desmond Tutu hors secteur au moment de mon intrusion. J’ai attendu que Mandela se manifeste dans le restaurant qui appartient à sa famille. J’ai veillé devant sa maison de SOWETO. J’y ai passé un après-midi qui m’a permis de figurer dans la vidéo d’un Artiste de Hip Hop qui tournait juste en face, mais rien… À défaut de rencontrer la légende vivante, un Matin à Cape Town j’ai pris peu après 8 heures le bateau pour une Visite guidée a Robben Island. Une seule personne dans l’histoire a pu s’échapper de cette sinistre île de la mort. Il s’agit de Khoikhoi encore appelé Autshumato (mais les Sud-Africains le connaissent plutôt surtout comme Harry, die strandlooper.). C’était un interprète qui travaillait pour le compte des Hollandais au XVIIème siècle. Il s’enfuit à la nage en 1659, à sa deuxième tentative.

J’ai marché où Mandela a subi le pires humiliations. Chaque pas, chaque mur, chaque pierre avait un Histoire, celle du Dr Ahmed Kathrada, celle de Walter Sisulu, celle de Govan Mbeki, celle de Raymond Mhlaba Celle de Andrew Mlangeni, celle de Elias Motsoaledi, celle de Billy Nair, celle de Sonny Venkatrathnam, compagnon de prison de MADIBA  qui nous a raconté des souvenirs à geler le sang. Il m’a permis de me prendre en photo avec lui, il m’a accompagné dans la cellule de Madiba, là même où le Président Obama s’est recueilli récemment, il m’a fait asseoir sur le lit de Madiba, le temps de pleurer et méditer. Il m’a consolé et dit « It’s Over now » c’est fini, pense positif. Comme par miracle j’ai rencontré ce matin toujours sur l’île sans l’avoir programmé trois Camarades de classe du temps de mes études sur la campus de la « University of Miami ». Elles, deux blanches et une Afro-Américaine m’ont confirmé la puissante signification que ça avait de voir Mandela figurer en vrai à la fin du Film de Spike Lee « MALCOLM X » et prononcer cette Phrase « By any means Necessary » devant des enfants qui tour à tour se levèrent et dirent « I’m Malcolm X »,  Je suis Malcolm X. J’ai vu ce lien spirituel et mystique qui lie toutes les personnes Africaines d’origine de par le Monde se matérialiser en la personne de Madiba Mandela dont on sentait incroyablement la présence et l’énergie en ces lieux où tout parle de ses 18 ans de galère et grande ténacité. J’ai compris qu’il y avait un message d’unité et de paix. J’ai compris que ce géant parmi les Leaders Africains avait en lui la verve qui devrait animer tous ses pairs du continent et je me suis posé la question « WHAT IF ». Que ce serait-il passé si « par tous les moyens nécessaires » eux aussi bravant l’embargo ne l’avaient pas soutenu dans sa résistance musclée ? Je le dis en pensant au colonel Muhammar Ghedaffi qui a financé l ‘ANC le mouvement politique de Nelson Mandela même pendant que le Monde ne s’y intéressait pas suffisamment. Je me souviens que Le divin Madiba l’a appelé solennellement  « MY GOOD FRIEND » (mon Bon Ami), mots qui dans la bouche d’un sage signifient beaucoup. Je me suis senti frustré quand plus tard en racontant mes sensations aux jeunes Sud-Africains j’ai eu des réponses comme « Cesse d’idolâtrer u banal Être humain qui est aujourd’hui sénile n’a pas tous ses sens et est devenu gênant, sans même changer grand-chose à notre pauvreté ». Ma frustration double et j’espère qu’ils se rendront compte que quoiqu’on dise Mandela pour le monde, ce colosse planétaire mérite que le Monde entier s’arrête pour lui.

Maintenant que la mairie de Paris va je crois répéter l’exposition qu’elle lui avait  consacrée en juin 2013, encore une Exposition que vous pourrez visiter gratuitement ne serait-ce que pour vous rendre compte du Rôle de la France dans le destin de l’Afrique Du Sud et voir ses présidents se pavaner joyeux tour à tour aux Cotés de Mandela Libre, Maintenant que ses messages ont encore plus de sens, il va nous a quittés, on le sait mais on veut exorciser ce destin inévitable lui permettre de passer un mois ? Un jour ? Une semaine ? Une heure ? Encore parmi nous comme si ça le rendait plus vivant que jamais, comme si ça nous rassurait et comme s’il n’avait pas droit au repos. Moi, je continue à espérer que je le reverrai et aurait ainsi l’occasion de me rendre compte que je suis finalement adulte mais ai-je besoin de le revoir ? Mon professeur de thèse un Italien qui a été le premier à définir Mandela comme « Le politicien le plus illuminé de notre ère » a eu un tel rapport amoureux avec la terre d’Afrique qu’il a déménagé en Afrique Du Sud. Lui aussi a rencontré Mandela et comme moi son élève il a eu le choc de ne pas se sentir à la hauteur. Il m’a révélé ce qui nous est arrivé : « Quand tu rencontres une icône comme Mandela tout ce que tu peux faire et dire risque d’être Banal ! »

Dieu s’en va. Il nous manquera. Il ne nous abandonnera pas pour autant car comme ça arrive pour tout Seigneur, notre Culture Africaine aime croire que comme tout Ancêtre il sera là dans le vent, l’eau, le feu, le bois et la terre pour nous accompagner et intercéder pour nous chaque fois qu’il saura que même sans l’invoquer nous aurons  besoin de lui…

MANDELA EST MORT ? VIVE MANDELA… AMANDLA… NGAWETU ! QUE DIEU BÉNISSE L’AFRIQUE « nkosisikeleli Africa… »

Mougoué Mathias LiønKïng 

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tkcyves

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